17 h 40, toilettes du sous-sol
Et si je souris comme ça, devant le miroir, est-ce que j’ai l’air d’une femme… vivante ? Oh! ça, mon amour Galvin, rien n’est moins sûr ! Quoique pour une morte, j’aurais vraiment l’air bien ! Tu sais, il n’est jamais agréable de se faire cette remarque.
Regarde, il y a une fuite au niveau de mon coeur. Quand je sors de chez nous, je mets un doigt dessus pour la boucher. Ce n’est pas aussi évident que l’on pense, il y a toujours un jet qui arrive à gicler sur un passant.
Je trouve ça fâcheux, Galvin, que tu ne sois pas là ce soir, à notre souper mensuel que l’on se fait, depuis toujours, tous les quatre chez Sima et Jörn. Il va encore y avoir un vide ce soir à côté de moi. Oui, c’est bien moi, je suis la femme de l’homme invisible ! Bon, je me calme. De toute façon, je sais bien que, pour rien au monde, si tu avais été disponible bien entendu, tu n’aurais manqué une soirée chez nos vieux amis et c’est donc pour ça que, secrètement, j’ai décidé de me cacher pour t’écrire des petits papiers, tout au long de la soirée. Ainsi tu pourras la vivre à ton retour, cette fameuse soirée, comme si tu y avais été. C’est marrant comme idée, non ? Non, tu as raison. Mais c’est comme ça, je n’y peux rien.