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Filles de scène" est un hommage aux premières comédiennes anglaises.
Cette pièce de théâtre d'une auteure britannique est présentée ici dans une version bilingue. L'on découvre d'abord, page de gauche "Playhouse creatures" qui laisse ensuite la place, page de droite, à sa traduction française "
filles de scène".
Le Théâtre n'est pas exclusivement une affaire d'hommes.
April de Angelis, dans cette pièce qui lui a été commandée, en 1993, par la compagnie féministe du "Women's National Touring Theatre", en fait brillamment la démonstration.
Mêlant écriture contemporaine et citations, elle met en scène cinq femmes :
Doll Common, une femme laide et de forte corpulence, est spécialisée dans les rôles de servantes, de femmes âgées, de matrones et de ribaudes.
Nell Gwyn est réputée pour sa beauté et son esprit.
Elle deviendra la maîtresse du roi avant de quitter la scène.
Mrs Farley jouait les seconds rôles dans la troupe de roi.
Mrs Betterton est l'une des toutes premières actrices anglaises.
Elle est alors appréciée pour son talent et la beauté de sa voix qui lui permet de briller dans les opéras.
Elle est l'épouse de l'homme qui assure sur scène les grands rôles shakespeariens, l'écriture, en coulisse, des adaptations et la direction de la troupe.
Tout juste évoqué, il sera le grand absent de la pièce.
Et enfin, Rebecca Marshall qui, réputée pour sa beauté et son fort caractère, osa porter plainte, à plusieurs reprises contre des hommes qui la harcelaient sur scène.
L'époque est celle de la "Restauration anglaise".
Charles II, quelques mois après son retour en Angleterre en mai 1660, réinstallait le Théâtre à Londres où il était banni, par une circulaire du parlement, depuis 1642....
J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette pièce dans ce très beau livre.
J'en remercie sincèrement les éditions des"Presses Universitaires du Mirail", ainsi, bien sûr, que toute l'équipe de la "masse critique".
Ce morceau de Théâtre "historique" est fait de sensibilité et d'humanité.
Son écriture est d'une finesse toute féminine pourtant elle ne manque ni de force, ni de portée.
L'époque est très justement rendue.
Ces femmes sont magnifiques jusqu'à dans leurs outrances.
Seul un petit manque de corps de la pièce rend sa lecture un peu difficile.
Les scènes, trop disparates, auraient mérité un lien plus fort entre elles, assurant ainsi pour le lecteur un meilleur passage entre chacune d'elle.
Mais cela ne mérite pas de se priver de cette lecture magnifique et de manquer ce rendez-vous avec cinq des plus beaux premiers personnages féminins de la scène anglaise.