L'habit comme engagement politique
Ce numéro des Annales historiques de la Révolution française est vraiment original et détaillé.
Il développe différentes contributions pour étudier l'habit et les accessoires et démontre que l'usage de ceux-ci révèle un engagement politique.
Après une présentation précise et claire sur le thème du costume en Révolution, ce numéro s'inscrit dans l'héritage des travaux du Bicentenaire et tente d'en restituer les diverses orientations.
La totalité de la décennie révolutionnaire est prise en compte des premières cocardes et bonnets rouges jusqu'au Consulat.
J'ai particulièrement apprécié l'article sur le costume des femmes par
Dominique Godineau, très clair et suivant un plan précis.
Cet article détaille les vêtements, les accessoires (cocardes, bonnets rouges) des femmes et analyse les rapports entre costume, apparence et identité politique des citoyennes de 1789 à 1794.
Elle démontre que les vêtements se font plus légers, plus simples, plus souples (c'est la fin des paniers et autres robes imposantes) et reflètent le besoin de simplicité et de naturel lié aux nouvelles idées. Les femmes font même dons spontanément de leurs bijoux à l'assemblée dès septembre 1789. La féminisation des pièces empruntées au costume masculin se poursuit : cravate, collet, redingote…
Le port de la cocarde, signe d'engagement hautement révolutionnaire fait l'objet d'un débat : au début, les femmes en sont dispensées, comme non-citoyennes, puis elles obtiennent l'obligation de son port et finalement par cet objet, les députés en viennent à interdire les clubs de femmes…
L'article sur les modes du Directoire, rédigé par
Jean-Pierre Lethuillier est très intéressant aussi sur l'étude des gouaches et aquarelles (dont certaines sont reproduites) et sur la définition des termes Muscadins, Merveilleuses et Incroyables qui recouvrent des différences d'idées politiques.
Enfin, si le thème est intéressant (le costume de théâtre), j'ai personnellement eu des difficultés à suivre les propos de Lara le Drian… Un article complexe, richement illustré d'estampes, qui démontre l'apport des acteurs, dont surtout, Talma, dans la modification des costumes.
Un numéro des AHRF très intéressant, surtout pour une autrice de romans historiques !