Contons les moutons !
Ne comptez pas sur cet hommage à l'ovin tarbais pour rejoindre les bras de Morphée. C'est l'insomnie assurée.
Toujours sapé comme un nuage, bêle c'est un mot qu'on dirait inventé pour iel, satané tout petit Robert, le mouton est un suiveur discret qui a l'humilité de ne pas chercher à se distinguer de ses congénères. Même le langage courant ne distingue pas la brebis du bélier, l'agneau de l'agnelle. le mouton n'est pas genré, c'est un universaliste plus en quête d'herbe verte ailleurs que d'identité, onglon d'honneur à ceux qui veulent le distinguer.
François Appas, scribe de la Bibliothèque Rose, a décidé de redorer le blason de cette noble race, ovin à particule dont la placidité légendaire est à peine incommodée ici par de jeunes enfants taquins cachés derrière un puits.
Comme il est difficile de remplir 90 pages sur un mouton en train de brouter dans un pâturage, l'auteur rumine avec panache et le verbe haut sur les travers de notre société. Méchoui sceptique.
Avec un tel titre et une couverture aussi sérieuse, l'auteur n'aspire pas au Goncourt. Il respire au grand air. Il fricote plus du côté salon de l'agriculture. Néanmoins, il balaye les moutons devant sa porte avec style et une prose finement tricotée. Pelote de laine forcément, au parfum de bergerie.
Ne cherchez plus le mouton à cinq pattes : il est tarbais.
Sartre a dit que le moutons à cinq pattes est une anomalie.
Sartre a dit beaucoup d'autres âneries. Désolé JP, le mouton est un existentialiste.
Premier animal à avoir été domestiqué par l'homme, il nous connait bien le bougre. Il sait que nous ne sommes pas des agneaux.
Lisez ce livre comme une futile récréation, passez les chapitres comme on jouait à saute-mouton.