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EAN : 9782246827399
Grasset (07/09/2022)
4.04/5   13 notes
Résumé :
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé les Européens qui assistent médusés au retour de la guerre interétatique sur leur continent. En effet, depuis 1945, les Européens de l’ouest sont sortis de l’Histoire grâce aux Etats-Unis. Poutine, qui se comporte comme les Etats l’ont fait pendant des siècles, leur prouve qu’ils doivent aujourd’hui se réhabituer à vivre une tragédie et non un drame bourgeois. Le ‘’moment occidental’’ arrive à son terme, et l’on ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le mot “diplomatique” peut paraître rébarbatif et donc le contenu de ce livre tout autant ! Mais là vous faites une grosse erreur, il intéressant, captivant, très bien écrit, à la portée de qui veut se renseigner un peu sur le monde diplomatique et les rôles des diplomates !

Gérard Araud a une façon d'aborder l'Histoire de France, principalement, par le biais de décisions prises en politique et défendues par les diplomates, ambassadeurs entre autres !

Il explique ce qui avait été décidé et ce qui avait réussi tout autant que ce qui aurait pu ou du se faire ! Il nous fait entrer dans les coulisses d'événements avérés ou évités et démontre qu'un diplomate ne doit en aucun cas s'impliquer selon ses idées mais tout faire pour arriver au but qui lui a été assigné !

Je n'avais aucune idée précise sur la fonction d'un ambassadeur et encore moins de son rôle et Gérard Araud a trouvé le ton juste pour éclairer la lanterne des néophytes et surtout faire de cet essai une lecture très intéressante avec une vue différente sur l'Histoire politique.

Je comprends que l'auteur a pu être estimé avoir été l'un des meilleurs ambassadeurs français, il a manifestement l'art et la manière de partager son savoir-faire et ses connaissances !

#Histoiresdiplomatiques #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

Challenge ABC 2022/2023
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Je recommande vivement la lecture du bienvenu "Histoires diplomatiques - Leçons d'hier pour le monde d'aujourd'hui" de Gérard Araud qui a pour objectif de "nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française face au renouveau de la politique de puissance qu'entraînent le retrait américain et l'émergence de nouvelles puissances".
Gérard Araud revient avec réalisme sur les moments clés de notre histoire moderne, il les éclaire d'un point de vue souvent original et en tire avec profondeur les leçons que notre pays doit en tirer pour sa politique étrangère.
Le livre est bien trop riche pour être résumé en quelques phrases et j'ai dû me limiter dans les citations que j'en fais par ailleurs. Pour donner le ton de l'ouvrage, voici juste quelques perles :
Sur l'Union Européenne :
"Pour caricaturer, les membres de l'Union européenne ont transféré des champs de bataille aux corridors de Bruxelles leurs querelles où elles sont résolues sur la base des rapports de force mais par le biais de procédures agréées et dans le respect de principes généraux qui défendent les intérêts majeurs de chacun."
"La coopération est l'état le plus naturel des relations entre voisins européens; elle n'exclut pas, à l'occasion, la concurrence voire la rivalité. Il ne s'agit ni de l'ignorer, ni de dramatiser mais de l'admettre et de le gérer avec lucidité et retenue."
Sur la relation entre la France et l'Allemagne "plus forte que jamais, en position d'imposer sa vision de l'avenir de l'Europe" :
"(…) en s'opposant à l'apparition d'institutions européennes fortes et en étant incapables d'assainir les finances publiques et d'adapter l'appareil productif à la mondialisation, les gouvernements français successifs portent une part de responsabilité dans l'effacement de notre pays aujourd'hui. L'ascendant de l'Allemagne est d'abord le fruit de la crise de ses partenaires, au premier rang desquels la France. Elle ne l'a pas cherché; il est le fruit de ses vertus, des faiblesses des autres et des circonstances.
La conclusion s'impose d'elle-même : la « question allemande » est aussi et peut-être surtout une « question française ». C'est à la France qu'il appartient de rétablir un partenariat plus égal. Elle doit le faire sans naiveté mais sans paranoïa."
Sur l'OTAN :
Les Européens doivent être conscients que "l'engagement américain sur leur continent ne repose pas sur une solidarité occidentale fondée sur des valeurs communes comme ils s'en gargarisent mais, de manière plus solide, sur la nécessité pour Washington de s'assurer qu'aucune menace ne puisse y apparaître.
Sur les racines de l'anti-américanisme français :
"La France se doit de manifester sa gratitude pour le rôle des États-Unis dans la libération du territoire national en 1944-1945 et elle le fait avec sincérité et force." mais "La reconnaissance de la France ne peut manquer d'être teintée d'amertume" car il y a aussi "le souvenir vague que non seulement les États-Unis étaient absents en 1939 mais que, tout au long de l'entre-deux-guerres, ils se sont comportés à notre égard comme des créanciers sourcilleux dont les sympathies allaient vers l'Allemagne"
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Parcours passionnant dans l'histoire diplomatique européenne, illustrée par quelques moments essentiels (congrès de Vienne, traite de Versailles, Munich,...), pour en tirer une leçon essentielle, qui pourrait éclairer notre présent. Savoir arrêter une guerre, les finalités d'une alliance, ne oas confondre politique étrangère et diplomatie,... Les enseignements d'un grand diplomate ne sont pas inutiles pour qui veut s'écarter de l'émotion et de l'instant, et comprendre les forces de l'histoire dans les relations internationales .
Gerard Araud n'écarte pas les questions morales, mais les remet à leur place, dans un monde où chaque pays défend- plus ou moins bien - ses intérêts et répond à ses passions.
La politique internationale du Royaume-Uni est au coeur du livre, dans un compagnonnage pas toujours fraternel avec la France. du congrès de Vienne en 1815 à la crise de Suez en 1956, elles s'appuyaient malgré tout toutes les deux sur des principes d'équilibre. Que sont-ils devenus ?
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles.
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Il n’est donc de bonne diplomatie sans l’empathie pour l’interlocuteur et même l’adversaire. L’empathie – et non la sympathie – vise à comprendre de l’intérieur ce que peut ressentir, vouloir, savoir et donc faire l’autre côté de la table. Essayons de comprendre non seulement ce que cherche celui-ci mais pourquoi il le cherche. Ne projetons pas sur lui nos préjugés, nos espérances ou nos opinions mais écoutons-le. C’est cette empathie qui peut-être nous manque le plus aujourd’hui. Au nom de l’universalisme de nos valeurs – qui ne sont universelles que dans notre esprit – et dans la conviction que notre modèle de société est le meilleur auquel le monde entier doit aspirer, nous ne parvenons pas à comprendre les autres ou nous rejetons les raisons qu’ils invoquent dans l’enfer des erreurs ou de l’obscurantisme. Notre bonne conscience nous aveugle sur la vision qu’a le reste du monde d’un Occident qui se veut porteur de valeurs et qui est accusé, non sans raison, de double standard, d’hypocrisie et de brutalité et dont on n’oublie pas le colonialisme.
page 193
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En 1945, Washington, prenant acte que le Royaume-Uni et la France sont trop faibles pour assurer La Défense de l’Europe occidentale face à l’URSS, prend la décision de rester engagé sur notre continent pour prendre leur relève. La question aurait dû se poser en 1991 du maintien de cette présence après l’effondrement du bloc communiste…C’était une solution provisoire puisqu’elle ne reposait pas sur une nécessité géopolitique…aujourd’hui, alors que les environs de notre continent sont en flammes, de l’Ukraine au Sahel en passant par la Syrie, les Etats-Unis nous font savoir qu’ils n’ont pas l’intention d’y intervenir puisque leurs intérêts essentiels n’y sont pas en jeu. L’administration Biden s’en tient strictement à la garantie de l’Otan. La force des choses que représente ce retrait partiel des Etats-Unis réussira-t-ila convaincre les européens de sortir de leur apathie géopolitique pour prendre en main leur destin?
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C'est la roulette parfois russe plus que les échecs qui offre la meilleure métaphore des relations internationales.
La première conclusion à en tirer est la prudence, la modestie et la retenue que doit manifester toute politique étrangère. Les incertitudes sont trop grandes et les risques trop élevés pour tout jouer sur un coup de dés. Toute décision doit être prise avec la conviction que les informations qui la fondent, les instincts qui la guident et le raisonnement qui la justifie peuvent être erronés et qu'en tout état de cause, au moins une partie le sera. En théorie des jeux, on dirait qu'il s'agit de minimiser les pertes potentielles plutôt que de maximiser les gains hypothétiques.
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Ce livre se propose de nourrir le réarmement intellectuel de l'opinion publique française face au renouveau de la politique de puissance qu'entraînent le retrait américain et l'émergence de nouvelles puissances à partir d'exemples tirés de son histoire pour mettre en lumière les contraintes qui pèsent sur la politique étrangère aujourd'hui, une histoire dont ne nous sépare aucune solution de continuité malgré les apparences et qui donc peut transmettre ses enseignements sur la conduite de la politique étrangère.
Les exemples de ce livre présentent toute la gamme des obstacles que le praticien des relations internationales peut rencontrer lorsqu'il analyse une situation et propose une politique dans un système d'États concurrents qui est désormais le nôtre. C'est, à chaque fois, un rappel historique des faits, mais c'est aussi la vision d'un diplomate pour expliquer les choix qui ont été faits et leurs conséquences.
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Videos de Gérard Araud (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard Araud
Selon les sondages, Donald Trump apparaît en tête des intentions de vote de l'électorat conservateur, quel est le bilan de sa politique étrangère ? Quelles conséquences son retour à la Maison Blanche aura-t-il sur la suite de ces conflits ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : Gérard Araud, diplomate et ancien ambassadeur de France aux États-Unis
Visuel de la vignette : Timothy A. Clary / AFP
#etats_unis #politique #election --------------------------------------------- Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins
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