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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un bel hommage à la Grèce et des personnages attachants. Yannis, enfant autiste, rassuré par les chiffres qu'il mémorise et collectionne chaque jour, restaurant ensuite l'ordre du monde avec des pliages plus ou moins élaborés. Maraki sa mère, qu'il attend à dix heures, quand elle a fini la pêche, et Eliot l'architecte américain, venu sur l'île où sa fille Evridiki est morte il y a des années.
Ce trio cabossé par la vie va pourtant avancer ...
Une jolie complicité va s'installer entre Eliot et Yannis. Eliot pense d'abord poursuivre les rêves et les travaux de sa fille, sur les traces du nombre d'or, puis il apprend les mythes grecs à Yannis et l'aide à grandir, à s'ouvrir.
Un roman original, une belle découverte.
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Eliot Peters, citoyen américain, apprend brutalement le décès accidentel de sa fille Evridiki (Eurydice) alors qu'elle effectuait des recherches sur les vestiges de théâtres, en Grèce, notamment sur l'île de Kalamaki. En se rendant sur place pour s'occuper des formalités, il va l'enterrer sur sur l'île, dans le petit cimetière face à la mer. Ensuite, il faut continuer à vivre…

Bien installé et intégré comme architecte aux USA, car sa famille a dû quitter la Grèce autrefois, il a presque malgré lui, inculqué l'amour de ce pays, sa philosophie, sa culture à sa fille qui a senti l'appel des racines familiales. Finalement il choisit de s'installer sur l'île, et de reprendre les recherches de sa fille.

C'est ainsi que sa route va croiser celle de Yannis, un enfant autiste, que sa mère a du mal à apprivoiser : il refuse les contacts corporels, (on imagine la frustration douloureuse de la mère), les seuls contacts se font dans la mer quand elle lui apprend à nager, ou sur le chemin du retour en scooter.

Yannis pique de violentes colères, cassant tout, dès que l'angoisse l'envahit : les relations compliquées entre Maraki, sa mère et Andréa, son père, le maire de la ville, car l'autisme les a poussés vers le divorce, par exemple. Cet enfant est une éponge pour les émotions des autres et a mis en place des rituels pour tenter de se rassurer : les bols doivent être jaunes, il fait des pliages pour tenter de maîtriser les situations, va compter les clients du bar, ou l'arrivée des bateaux et les kilos de poissons pêchés tous les jours et traduit tout en chiffres…

Tout changement le perturbe et provoque des crises, mais dans le village il occupe une place particulière, chacun vivant en fonction de lui, de son rythme…

J'ai adoré la complicité qui se noue, peu à peu avec Eliot, qui remarque très vite son intelligence, sa maîtrise des chiffres, du calcul et va l'initier aux grands mythes grecs.

La mère de Maraki est très attachante car elle se bat seule pour assumer son fils, financièrement et affectivement. Elle va pêcher à l'aube avec son matériel traditionnel et Metin Arditi explique la fabrication de la palangre, comment la fabriquer à la main, comment l'utiliser…

Tous les personnages sont intéressants : Andréas, le maire qui veut à tout prix faire passer un projet immobilier qui va défigurer l'île, le prêtre qui donne des conseils, Grigoris qui tient le café Stamboulidis, le tout dans ce qui ronge la Grèce, avec les magouilles, les comptes truqués pour accéder à l'euro, la rancoeur contre Bruxelles qui étrangle les habitants…

Metin Arditi m'a fait rêver, aussi, avec la suite de Fibronacci et le Nombre d'Or qu'on utilise en architecture (répartir les gradins d'un amphithéâtre) ou dans les proportions d'une statue. Avec lui tout est simple et harmonieux.

L'Histoire de la Grèce, sa culture, son passé, sa haine des turcs qui l'ont occupée, les grecs d''Asie Mineure chassés d'Istambul en 1955, en passant par les nazis, puis la dictature des colonels, se mêlent harmonieusement à la petite histoire de nos protagonistes, sur fond de philosophie, d'architecture, archéologie…

L'auteur pose une question importante : l'île doit-elle rester une réserve avec sa plage protégée, ses pêcheurs, sa vie simple ou doit-elle céder aux sirènes de la spéculation immobilière, en attirant des étrangers riches, dans un hôtel luxueux, et des bateaux de tourisme énormes, ou étudier un autre projet qui respecte davantage la culture grecque ancienne?

Une mention spéciale à Kosmas, le prêtre orthodoxe, qui est à l'écoute de ses fidèles et aide Eliot pour affronter son deuil, parlant de religion avec douceur, sans être rigide dans ses conseils, loin des dogmes ou des diktats et à sa théorie des trois ancrages que nous propose le Christ : le libre arbitre, la Résurrection « à chaque instant l'être recommence. La vie reprend ses droits » et la troisième ancre : la vie renaît par le travail.

J'aime beaucoup Metin Arditi que j'ai découvert avec « La confrérie de moines volants » et dont j'ai adoré « le Turquetto » et une fois de plus l'enthousiasme est présent. L'histoire est belle, de même que l'écriture sobre, sans jamais pontifier, le soin apporté au style, à la présentation, chaque chapitre ayant un titre et non un simple numéro, et racontant une petite histoire.

Son approche de l'autisme est très fine, de même que ses répercussions sur la famille, les autres en général, et l'auteur l'intègre de fort belle manière dans le scénario, dans la réflexion sur le temps qui passe, le nécessité ou non du changement, le deuil. Tout est harmonieux dans ce récit, et l'auteur réussit même à faire rêver, lorsqu'il parle du parfum du Nombre d'Or.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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J'avais adoré le Turquetto, ma première lecture d'un roman de cet auteur. C'est donc sans hésitation que j'ai glissé L'enfant qui mesurait le monde dans mon panier, lors du dernier réapprovisionnement en librairie, et le souvenir laissé par Metin Arditi m'incita à le mettre en haut de la pile, espérant sans doute retrouver les plaisirs littéraires passés. Dans un registre différent, il a réussi encore une fois à m'embarquer. Je l'ai suivi avec émotion sur cette île grecque, plongeant sans retenue dans l'azur de cette Odyssée attachante au pays de l'amour universel. Et, qu'il prenne la forme inconditionnelle maternelle, celle de la floraison des sentiments dans la sécheresse des âmes blessées par le deuil et le destin, la compassion des habitants pour l'enfant autiste ou leur attachement à une terre, il démontre sa toute puissance, sa capacité à dépasser les différences, le handicap, les écarts générationnels, les nécessités économiques et les rêves de gloire. Il demeure cette étincelle dont est fait le génie des hommes, qui les emmène parfois tutoyer la beauté et le divin.
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Avec cette fable aux airs de conte ou de parabole, Metin Arditi décroche les émotions et nous balade dans les entrailles de la Grèce en pleine banqueroute. C'est un peuple éprouvé mais pas vaincu, c'est un pays doux où il fait encore bon vivre.

Il y mêle la complexité de l'autisme, les stigmates qui l'entourent et la capacité qui ont certains d'appréhender l'invisible.
La Grèce, berceau des tragédies est l'arène où se croisent ces personnages cabossés. L'auteur dissèque chaque personnage de chaque génération avec une grande acuité romanesque.

Le résultat est un récit moderne et intéressant, qui renvoie aussi bien au chaos qu'à la douceur des sentiments.


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Yannis, jeune autiste grec n'est pas seulement L'enfant qui mesurait le monde. Il est aussi celui qui ambitionne de le garder en harmonie et de lui éviter les désordres qu'engendre le chaos du monde moderne quand il vient fracasser par ses sombres réalités, sa petite île de Kalamaki.

C'est déjà pour lui le début du désordre quand les bateaux de pêche ne rentrent pas au port le matin dans le bon ordre ; quand le poids des poissons qu'ils rapportent varie sensiblement ; ou quand les clients du café du village sont plus nombreux que le jour précédent. Alors quand un grand groupe décide d'investir des millions d'euros pour construire sur son île un futur palace qui attirera les touristes du monde entier, c'est un cataclysme qui s'abat. D'autant plus que le projet divise l'île et ses habitants, aiguise les appétits pas toujours très nets et intéresse les pontes d'Athènes et de Bruxelles, les seconds n'ayant de cesse que de surveiller les actions des premiers.

Heureusement, Yannis peut compter sur Maraki, sa mère, qui a mis sa vie entre parenthèse pour s'occuper de lui, rejointe par Eliot, architecte américain récemment installé sur l'île sur les traces de sa fille défunte. Patiemment, il va apprendre à Yannis que la rupture de l'ordre établi est inéluctable, mais qu'elle se doit d'être accompagnée, adoucie, décidée.

Comme je l'avais déjà été dans plusieurs de ses précédents romans (Le Turquetto, Prince d'orchestre...) j'ai été à nouveau emballé par l'écriture de Metin Arditi, certes lente, mais faite de mots justes car économisés. Une écriture d'une poésie sublime lorsqu'il décrit l'atmosphère si particulière des ces îles grecques où le vent et la chaleur cohabitent si bien. Une écriture "musicale" où les variations de rythme cassent habilement l'ordre conventionnel du genre.

Arditi réussit surtout à faire cohabiter les extrêmes, appelant dans son roman les références classiques et glorieuses de la Grèce antique pour soutenir son propos, tout en les confrontant aux impitoyables réalités actuelles d'un pays financièrement exsangue, se faisant piller et dicter ses lois de l'étranger. Fierté et misère, les deux mamelles schizophrènes de la Grèce moderne. Dans la même veine, il appelle en soutien de son propos les principes idéologiques de la religion orthodoxe comme ceux totalement binaires des mathématiques de Fibonacci et de l'implacable logique du Nombre d'Or.

Alors oui, si on veut, c'est un conte et Metin Arditi ne tranche pas la querelle des anciens et des modernes. Mais puisque l'on ne peut arrêter l'évolution du monde, on peut cependant lui éviter le désordre absolu par l'application du compromis pragmatique, ambitieux et apaisant. Une lueur d'espoir. Et pas que pour les Grecs...
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Eliot est un architecte d'origine grecque mais vivant à New York. le décès de sa fille sur la terre de ses ancêtres le pousse à rejoindre la Grèce et plus particulièrement l'ile de Kalamati.
Sur cette ile vivent péniblement quelques pécheurs qui subissent de plein fouet la crise financière qui frappe le pays.
Maraki n'y échappe pas et elle doit de plus composer avec son petit Yannis, autiste , dont la journée est occupée à compter les bateaux , les clients du bar ou les kilos de poissons ramenés .
Il peut alors remettre le monde en ordre .

C'est un beau roman , tout en finesse, où finalement beaucoup de thèmes se bousculent.
Il y a l'autisme donc mais aussi le dilemme entre l'argent et la sauvegarde du patrimoine, le poids considérable exercé par Bruxelles sur le Grèce ou encore , la beauté et la pureté de la Grèce antique , de ses théâtres aux dimensions "fibonacciennes", de ses poètes .

Il y a la quête d'un père qui essaie de faire revivre sa fille en tenant de poursuivre son oeuvre ,mais aussi l'apprivoisement réciproque entre l'enfant et l'adulte qui peut faire penser au petit Prince par certains aspects.

C'est un beau roman donc , éclairé par la lumière grecque, porté de bout en bout par des personnages bien plantés par l'auteur . du travailleur au véreux, de l'idéaliste au pragmatique , de la mère dévouée au mari égoïste.
L'écriture est simple, précise et belle . Comme une petite vague qui viendrait doucement nous émouvoir en arrêtant sa course sur la plage. On aurait sans doute aimé que cette petite vague vive un peu plus longtemps, les ouvertures faites par ce roman semblant immense .
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Il y a tellement à dire sur ce livre – et tellement a été dit – que j'aimerais vous parler simplement de ce qui m'a touchée, interpellée, marquée :

– la douleur d'un père venu vivre sur les lieux du décès de sa fille, espérant ainsi rester au plus près d'elle, ne pas tout à fait la perdre, en posant ses pas dans les siens. Refaire les trajets, continuer les projets, grignoter quelques olives noires, un peu de tomates et de fromage feta dans un pain à la farine de maïs, le regard perdu dans les vagues, assis sur le sable. Ne pas effacer la trace.

– l'amour d'une mère pour son petit garçon autiste, qui fait du mieux qu'elle peut tous les jours, pour arriver à tout concilier : aller travailler en le sachant en sécurité, lui apprendre à gagner petit à petit de l'autonomie, de l'assurance, créer autour de lui un espace où il peut évoluer sans terreur, cris et pleurs.

– l'angoisse de cette question toujours présente : « qui allait s'occuper de Yannis quand elle ne serait plus là ? » Cette question, aucune maman ne devrait avoir à se la poser…

– l'image de Maraki, tournoyant sur son bateau, les notes entêtantes du rebetiko et la voix de Sotiria Bellou à plein dans les oreilles. Ce moment de grâce qui la fait tenir…

– la Grèce : sa mer, ses criques et cette terre, si belle ! Metin Arditi ne nous y emmène pas. On y est d'emblée. C'est assez saisissant.

– Cette place que les habitants offrent à Yannis, dans leur vie et la vie du village. Elle paraît saugrenue au départ, avec cet instant où tout se fige pour l'enfant qui mesurait le monde. Ce moment partagé qui signe son appartenance au monde des autres. Comme une reconnaissance.

Et n'allez pas croire que c'est un récit larmoyant. Bien au contraire : l'écriture, l'histoire sont flamboyantes. Metin Arditi inscrit son récit dans la modernité en abordant les préoccupations actuelles et légitimes de la population grecque : comment survivre économiquement ? Comment satisfaire l'Europe et ses énarques tout en ne perdant pas son âme ?

"Aujourd'hui, ce n'est pas Milos que nous combattons. C'est le FMI, L'Union Européenne et la Banque Mondiale".

Je vous laisse découvrir l'issue de ce combat, en concluant avec une toute petite phrase :
"Yannis, tu es un trésor !"
Lien : https://wordpress.com/post/p..
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C'est une fable, une parabole, un conte en forme d'hommage à un pays dévasté par une crise économique sans précédent. L'enfant qui arpentait le monde est un hymne à la Grèce, à sa beauté, son histoire, ses philosophes et à ses habitants. Trois d'entre eux constituent le socle du livre de Metin Arditi : Eliot, l'architecte américain, qui après avoir perdu sa fille, revient à ses origines ; Maraki, la pêcheuse à la palangre, divorcée ; Yannis, son jeune fils autiste, qui comptabilise chaque jour les arrivées des bateaux au port et les clients au café, pour maintenir l'équilibre du monde. Ils vivent sur l'île de Kalamaki, encore préservée du tourisme de masse, mais pour combien de temps ? Arditi, en écrivain de l'intime face au tumulte d'un monde qui change souvent pour le pire, lie entre eux les destins de ses personnages principaux et raconte en parallèle un environnement où l'avenir semble tributaire de décisions marquées par la corruption et le clientélisme et les diktats de Bruxelles. L'auteur accentue la pureté de son trio face au dérèglement économique avec un soupçon de candeur et en frisant parfois le manichéisme mais le portrait de Yannis, notamment, et les rapports que la communauté ilienne entretient avec lui, autant que la recherche par Eliot du fameux nombre d'or, contribuent à élever le roman, à lui donner une dimension quasi mystique et morale. La sagesse de la Grèce antique, battue par les flots de la récession, perdure et délivre, au moins dans la fiction de L'enfant qui mesurait le monde. Utopique et illusoire ? Sans doute, mais c'est précisément là où se situe la licence et la liberté de l'écrivain.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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L'histoire tourne autour d'un petit garçon autiste, surdoué. Tous les jours, il compte et fait des statistiques dans sa tête. Les nombres, ont pour lui une importance vitale. Et gare si cela ne tombe pas comme il le voudrait. Alors le monde perd son équilibre et tout s'écroule.

A cela s'ajoute l'installation sur l'île d'Eliot, architecte. Une osmose va se créer entre ces deux là.

Ce d'autant plus que l'île est partagée entre deux projets : l'un, celui d'un promoteur immobilier qui veut implanter un grand complexe hôtelier et l'autre, la création d'une université qui tournera autour du théâtre et de la philosophie.

Comment cela va-t-il tourner ? Et Yannis, que va-t-il devenir si l'équilibre de l'île est bouleversé ? Lui qui ne supporte pas le changement.

Un très beau roman couronné par plusieurs prix. Plusieurs thèmes sont abordés. Celui de l'autisme, celui de la décadence de la Grèce et sa beauté et surtout l'amour qui entoure Yannis, enfant adopté par toute l'île.

Metin ARDITI est un auteur que je lis depuis un moment, et je ne m'en lasse pas. J'ai toujours plaisir à le retrouver.
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Un moment particulier sur une île grecque.
Un enfant autiste, Yannis et un architecte américain, Eliot.
Et puis la vie sur cette petite île, ses habitants qui se connaissent tous et s'entraident, et puis ces projets touristiques qui pourraient bien déstabiliser tout ça.
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère, les rapports humains, et surtout cette mise en mots du comportement autistique. C'est tout à fait ça. Ne pas troubler l'ordre du monde, de leur monde.
Eliot et Yannis sont particulièrement attachants, mais beaucoup d'autres personnages aussi.
Metin Arditi a l'art de nous emporter dans des univers bien particuliers.
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