L'île de la Française

Dans son dernier roman, Metin Arditi nous emmène sur Saint-Spyridon, une île grecque (imaginaire) loin d'une Grèce de carte postale, sur laquelle éclata un scandale qui secoua toute le pays. Fin 1950, le pays est exsangue et beaucoup de jeunes femmes n'ont pas d'autre choix que celui de rentrer au monastère de l'île. Ce sera le cas de Clio, qui a travaillé pour Odile, la Française photographe avant de s'y résoudre.  Lorsque la fille d'Odile, Pénélope, avec laquelle elle a toujours eu une relation compliquée, disparait, elle renoue avec Clio autorisée alors à sortir du monastère...

C'est une histoire de regard à la fois sur le corps et sur la foi. Il y a un vrai parallèle entre la photographie, où la photographe s'efface pour mieux révéler l'âme de ceux qu'elle photographie et la vie monastique où les moniales s'effacent pour mieux servir le Christ.
L'higoumène ( la supérieure) impose, par une interprétation dévoyée des textes, des comportements qui sont la seule façon dont les moniales ont conscience de leur corps. L'irruption de la photographie au sein du monastère va être une révélation et transformer leur vie.

C'est une histoire de femmes car si les hommes sont présents dans le roman, à part André, le mari d'Odile dont l'esprit est partout, les autres sont lâches. Les femmes, elles, ont de fortes personnalités et de profondes failles. Odile, Clio, Andonia, Dimitra, toutes ces femmes vont vivre une sororité qui va leur permettre de se reconstruire mutuellement.

C'est une histoire de destin. La fatalité à travers la disparition de Pénélope. le sort des moniales qui va se trouver bouleversé à la suite du scandale qui éclate lorsque les photos prises au monastère seront exposées. le destin des grecs exilés d'Asie Mineure dans les années 20  considérés comme des étrangers chez eux. le destin de Clio, tellement différent de sa vie au début de l'histoire...

C'est un roman assez court, rythmé, les chapitres s'enchaînent sans temps morts. C'est un très beau roman plein de sensualité où l'on retrouve les thèmes chers à l'auteur: l'exil, la filiation, le rapport au corps, la foi et... la beauté !

Cala faisait un petit moment que je n'avais pas lu un livre de Metin Arditi et j'ai renoué avec un coup de coeur. 
Heureusement que Saint Spyridon est connu pour faire des miracles … Car le début du roman dans cette île grecque magnifique nous laisse plutôt présager du contraire… 
Un couple de français André et Odile sont propriétaires d'une petite maison sur l'île - ils viennent y passer toutes leurs vacances - et sont très aimés par les habitants de l'île. Ils sont amoureux de la culture grecque - lui est professeur de grec ancien - au point d'avoir appelé leur fille Pénélope. Pénelope qui est très jalouse d'une jeune fille grecque, Clio, qui vient faire le ménage à la maison et que sa mère apprécie infiniment . La petite Clio, petite orpheline de 13 ans va malheureusement devoir quitter le village et prendre le voile, entrer au Monastère d'une île voisine pour échapper à la misère. La vie au Monastère va se révéler nettement plus dure et effrayante que ce qu'elle imaginait. 
Quand Odile, devenue veuve, va revenir sur l'île suite à la disparition de sa fille Pénélope (suicide? fuite? décès?) Clio va avoir une permission exceptionnelle : sortir du monastère pour aller aider Odile quelques heures par jour pour l'aider et la soutenir : la découverte de l'art de la photographie va lui insuffler une bouffée d'insouciance et surtout la mettre sur la voie de la renaissance! Et je m'arrete là pour ne pas vous raconter l'histoire ! 
Un livre magnifique, humain, qui parle de soi et des autres, de souffrance et de joie, du rejet et de l'acceptation de soi, et aussi de la photographie, cet oeil qui révèle aux yeux de soi-même et des autres.
Un vrai coup de coeur que je vous recommande vivement.

Lien : https://www.cathjack.ch/word..

Metin Arditi nous livre ici une histoire tragique pleine de bon sens et de remises en question. Dans les années 50, Odile, photographe française, passe de nombreux été sur l'île de Saint-Spyridon, en Grèce. Une île ravagée par les guerres successives, pauvre mais tellement authentique. Elle voue une véritable passion pour la photographie, une passion qui va d'un côté lui apporter la renommée artistique, mais d'un autre côté lui faire perdre tout ce qui lui était précieux. J'ai été transporté par cet univers monacal et artistique, cette détresse que l'on ressent mélangée à de l'espoir. Un roman fort et juste qui nous rappelle que finalement, tout n'est qu'une question de point de vue.

Après des années de mutilations pour montrer à Jésus les sacrifices qu'elles font pour lui, les nonnes doutent de leur bon sens et découvrent le corps qu'elles camouflent sous leur déguisement (grâce à Clio, amatrice de photographie). Est-ce une honte de parler du corps, de dire je t'aime ou tu es belle ? de l'obscurantisme à l'acceptation de soi.
« Qu'est-ce qui était le plus proche du message christique ? Mutiler son corps ou l'honorer ? »
J'ai aimé ce livre qui se passe en Grèce peu après la guerre civile. En 1950, c'est la misère sous un soleil radieux et une mer vert émeraude. Les filles sont condamnées au couvent pour pouvoir manger.
Une Française passe ses vacances sur l'île. Sa fille disparaît. Elle forme Clio à la photographie. A lire absolument.

C'est une histoire vraie, un scandale des années 50 que nous relate Metin Arditi. Nous entrons dans un monastère et partageons la vie de moniales jusqu'au jour où un appareil photo surgit. Apparence et intimité soudain se troublent et nous révèlent des corps mutilés, brûlés, brisés. Ces corps, appartenant à des religieuses, se dévoilent sur des clichés et nous laissent sans voix. Ce n'est pas un roman mais une tragédie grecque où la beauté d'une île ne suffit pas à cacher ni un meurtre, ni des châtiments. Cependant, l'écriture de l'auteur nous emporte et on dévore ce récit d'une traite.