Bon, faisons un petit sondage : qui a étudié les '
Lettres de mon moulin', en entier ou au moins un extrait, au collège ou au lycée ? Beaucoup sans doute, si ce n'est tout le monde. Mais, en dehors des enquêtrices aussi minutieuse que Nastasia, qui sait qu'
Alphonse Daudet avait un ami du nom de
Paul Arène, officiant dans un style très proche ? Si proche qu'une partie de ces charmantes petites nouvelles seraient en fait de sa plume, soupçonne-t-on. Parmi les exégètes et les puristes dont les PAL s'alignent en tours de Babel, on va jusqu'à insinuer qu'Arène était meilleur que Daudet ! Faisons-nous une idée par nous-mêmes.
Le narrateur, voyageant par sa chère Provence, fait escale chez l'un de ses amis, pécheur de son état, vivant dans un petit bout de Camargue ayant descendu le Rhône jusqu'à la mer. Lors d'un tour en barque, il aperçoit au loin un petit village planté sur un piton d'allure inaccessible. Il se renseigne : le lieu s'appelle le Puget-Maure. le pic des Maures ! Mais les traces laissées par les Arabes dans le Midi, c'est sa grande passion ! Mais on le décourage. Les gens là-bas seraient spéciaux. Particulièrement fiers et butés. Ils tireraient orgueil d'un trésor légendaire caché dans les montagnes, et gardé par une chèvre d'or...
Aux senteurs de pins et de lavande vient se mêler le doux parfum du mystère, dans ce petit village isolé aux coutumes étranges et ces montagnes de pierrailles desséchées par le soleil où veillent des bergers solitaires. Les descriptions nous font voyager, l'histoire est particulièrement plaisante et menée avec élégance. Pêle-mêle, on retrouve un peu des ambiances de 'La mule du Pape', '
Le secret de maître Cornille, '
Les trois messes basses'...
Verdict ? Comme prévu les ressemblances sont fortes, mais si on remet en perspective avec '
Tartarin de Tarascon', on distingue plus nettement les deux influences différentes dans les '
Lettres de mon moulin'. A certains des égards, '
La chèvre d'or' m'a paru peut-être plus originale, mieux aboutie. A chacun de se faire son idée. Mais une chose est sûre : les deux savent aussi bien nous faire voyager.