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EAN : 9782010120039
Hachette (01/12/1986)
3.92/5   18 notes
Résumé :
Lors de la nuit de Noël, le sacristain Garrigou, représentant le diable, va faire commettre au révérend dom Balaguère un péché de gourmandise. En effet, chargé de célébrer trois messes consécutives, le saint homme ne pense qu’au réveillon qui l’attend après son office. Si la première messe se passe presque sans encombre, les deux autres se succèdent à un rythme de plus en plus effréné. La clochette de Garrigou tinte pour l’inciter à se dépêcher. Pris d’une folie de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
It's now or never... chantait Elvis Presley. C'est ce que je me dis avec les Trois Messes Basses d'Alphonse Daudet. J'ai même failli tenter un calembour bilingue de saison avec le titre de cette chanson, mais au dernier moment, je me suis dit qu'il était vraiment foireux ce calembour.
Au matin du jour où bon nombre d'entre nous (C'est un nous générique sans aucune valeur nominative !) nous apprêtons à nous bourrer la panse jusqu'à l'éclatement il m'est venu à l'esprit ce conte de Noël quelque peu irrévérencieux pour les choses un peu sacrées de l'Église et de la tradition...
Comme à son habitude (voir L'Élixir du Révérend Père Gaucher, par exemple), Alphonse Daudet continue d'étriller l'Église et ses ministres du culte.
On y rencontre donc Dom Balaguère, un prêtre qui, asticoté par son petit clerc Garrigou, un soir de Noël, se souciera bien plus de son estomac que des choses de la religion et qui se la bourrera, sa bedaine, jusqu'à l'en faire éclater... et gare à la sentence divine !
L'histoire se situe vaguement au XVIIe siècle dans un château imaginaire niché sur un mont venteux de Provence.
L'auteur prend plaisir à faire sombrer son prieur dans un cas d'espèce de péché de gourmandise caractérisé. le message me semble donc être du style : " Avant d'essayer de gouverner les actes et les consciences des autres, de prétendre les remettre dans les droits rails de la morale, commencez donc par vous regarder vous-même et laissez-nous vivre nos vies comme nous l'entendons. "
Cette nouvelle (ou ce conte, comme vous voulez) s'inscrit pleinement dans son temps, où la religion chrétienne était en sérieuse perte d'influence en France. Un tel écrit eût été inconcevable quelques décennies auparavant.
Bref, un petit conte plaisant, mais sans plus, qui servira juste à vous faire culpabiliser quelque peu au moment d'exercer votre gouliafrerie rituelle d'un soir de réveillon.
Mais ceci n'est que mon avis, ce n'est peut-être pas la peine de s'en resservir une louche, car il ne signifie peut-être pas grand chose.
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ISBN : Inconnu pour l'exemplaire ci-dessus montré mais 9782266156288 pour "Les Lettres de Mon Moulin" chez Pocket, dont ce conte est extrait.

Ah ! mes amis, si seulement l'accent breton, et en particulier l'accent léonard, pouvait avoir quelque ressemblance avec l'accent de la Provence ! Notez bien que "Les Trois Messes Basses", raconté par Job Larigou, humoriste d'origine bretonne qui a quitté ce monde de peigne-culs, comme disait Brel, en février 2009, un peu plus d'une semaine avant son quatre-vingt-et-unième anniversaire, ça doit quand même dépoter pas mal ! Lorsque tous les forums comme le nôtre auront leur version audio (ou si, on ne sait jamais, Nota Bene Culture Littéraire se donne une chaîne YouTube), eh ! bien, je vous promets de vous en donner un extrait, lu par Tante Janik !

J'arrête dès maintenant nos tristes laïcards qui ne s'opposent plus qu'à une seule religion, comme si les autres (et en particulier l'islam) n'existaient pas, tout comme je dresse d'emblée une barricade, que j'espère imposante, tout autour des opinions politiques d'Alphonse Daudet (lequel, n'en déplaise à un parfait ignare que j'ai croisé sur le Net un jour et qui confondait Alphonse avec son fils, Léon, me soutenait dur comme fer qu'Alphonse Daudet était "un suppôt de l'extrême-droite", ne connaissait absolument pas de formation politique qui portât ce nom, que l'on nous ressert aujourd'hui à toutes les sauces, y compris les plus surprenantes).

Que les choses, donc, soient bien claires. Si je vous parle aujourd'hui de ce conte extrait des "Lettres de Mon Moulin", c'est parce que j'ai eu envie de le relire, c'est tout. Et ensuite, c'est parce qu'il m'a toujours fait rire, et ce depuis l'âge désormais lointain de mes cinq ans, date à laquelle, enfant précoce, je l'ai découvert avec ravissement dans une Edition Nelson que je possède encore et qui appartenait à ma grand-mère. Pourquoi ne trône-t-elle pas plus haut ? Eh ! bien, figurez-vous que je l'ai rangée, bête que je suis, avec tout le soin requis pour un ouvrage de cette sorte. du coup, c'était fatal , je ne sais plus dans quelle pile ou sur quelle étagère, derrière quelle autre rangée de livres, elle se trouve. Inutile donc, vous le voyez bien, de chercher midi à quatorze heures !

Ce qui aggravera les chose aux yeux de certains imbéciles , "Les Trois Messes Basses" est un conte de Noël à la provençale. L'action s'y déroule dans les années seize-cent et quelque chose, et non seulement les principales notabilités de la région, du côté du Mont Ventoux, mais aussi la suite des petites gens, domestiques, métayers, bergers, agriculteurs, etc ... s'y réunissent en un ensemble touchant pour y entendre les trois messes basses que le prêtre en charge de la paroisse de Trinquelage, le brave dom Balaguère, doit commencer à y célébrer à minuit, en cette nuit du 24 décembre qui glorifie la Nativité du Christ.

Il fait froid, il y a pas mal de vent, les étoiles scintillent gaiement dans un ciel d'un bleu foncé de velours magnifique et tout le monde est heureux de se retrouver pour célébrer ensemble l'une des plus belles fêtes chrétiennes - qui reprend également, soulignons-le, la fête du Solsctice d'Hiver pratiquée par les peuples pré-chrétiens. Et puis, allons, soyons franc, tous sont aussi alléchés que le Renard de la fable à l'idée du réveillon qui suivra et auquel tous les assistants sont invités, les uns à la table des nobles et des bourgeois, à l'étage, les autres, bien au chaud dans les cuisines, avec le personnel du château de Trinquelage. Egalitaire avant la lettre, ce réveillon partagera les mêmes plats entre tous. Et tous se régaleront.

Déjà, rien qu'à entendre Garrigou, le jeune sacristain de dom Balaguère, fort affairé à aider son supérieur à revêtir les habits sacerdotaux de cette nuit exceptionnelle, le lecteur a faim. Surtout à notre époque où les poulardes farcies aux morilles et ruisselantes de graisse dorée, les carpes - "énormes, mon révérend !" - empanachées de sauce et présentées sur un lit de fenouil et les innombrables carafes de vins de toutes les couleurs (ou presque) qu'il dépeint pratiquement dès la première phrase du texte avaient, nous le savons, un goût bien plus relevé et bien plus naturel que leurs équivalents que nous allons chercher docilement, chaque année, en bons consommateurs, dans les hyper-marchés et autres points de grande distribution. Même les fruits de mer, après quatre siècles de pollution patiente et opiniâtre, n'ont plus le même fumet, c'est certain ...

La nostalgie, une nostalgie très particulière que ne pouvait pas prévoir l'auteur (qui en imaginait cependant une autre pour la fin de son conte) voilà la première caractéristique des "Trois Messes Basses."

De manière inattendue, et par notre seule faute à nous, qui avons fait et laissé faire les industriels amoureux de rendement et d'argent, cette nostalgie a pris le pas sur la dominante première du conte : la Gourmandise. A celle-là, je mets une majuscule car elle est ici représentée par le démon qui en a la charge et qui, en ce soir de Noël, a pris l'apparence de Garrigou, l'innocent sacristain-enfant de choeur, pour tenter de s'emparer de l'âme, aimable mais volontiers tentée par les petites douceurs de l'existence comme les plats savoureux et les vins qui vont avec, de dom Balaguère.

Garrigou passe donc tout le temps que son maître accorde à ses préparatifs pour une messe digne de ce nom à lui faire miroiter toutes les merveilles qui, depuis le matin et, pour certaines d'entre elles, depuis la veille, se préparent dans les cuisines du château. de temps à autre, un dom Balaguère aux anges le fait répéter ou préciser un détail. Et notre Garrigou-Méphistophélès de se répandre, et de se répandre avec un enthousiasme contagieux sur le menu qui, la messe dite, s'offrira, dans toute sa gloire, à l'appétit des réveillonneurs.

Oui, c'est ça, le hic : avant d'atteindre au firmament, finement parfumé et cuit à point, du Réveillon de Noël, dom Balaguère doit à ses fonctions - et à sa foi en Dieu et en son Divin Fils - de dire non pas une mais bel et bien trois messes qui, pour être qualifiées de "basses", n'en semblent pas moins, en pareilles circonstances, terriblement longues à s'écouler ... Et de les dire dans les règles : avec surplis, étole, agenouillements, signes de croix, pater, ave, credo, sermons, bénédictions et autres particularités du rituel. Pas un seul verset, pas un seul chant ne doit être oublié, encore moins sauté. La Messe de Minuit, dame, ce n'est pas n'importe quoi, surtout en cette époque !

La première des trois messes se déroule avec une dignité incontestable, et cela en dépit des visions dorées de chairs fumantes et de vins goûteux que Garrigou envoie au prêtre devant son autel. La seconde ... Ah ! La seconde ... C'est déjà autre chose ...

Le talent de Daudet, dans nombre de ses textes, c'est la gaieté, une gaieté franche et qui ne peut que gagner le lecteur, de tempérament si morose soit-il. Surtout que, pour mieux souligner les intentions diaboliques de Garrigou, l'auteur fait intervenir, aux moments opportuns, la petite sonnette du sacristain, ce "drelindin din" qui restera à jamais dans toutes les mémoires de ceux qui auront lu "Les Trois Messes Basses." Aigrelette et ironique, pas très méchante dans le fond (le démon de la Gourmandise n'est pas le plus désagréable et passe plutôt, fonction oblige, pour un "bon vivant" lui aussi), elle nous remplit les oreilles de sa ritournelle tentatrice qui, débutant sur un tempo lent et plein de solennité, se met à dérailler dès la seconde messe pour sombrer dans une folie de vitesse qui contraint les assistants à se lever et à se rasseoir d'abord bien trop vite, puis en un parfait contretemps, au point qu'on en arrive à se les imaginer, lors des deux dernières messes et en particulier de la troisième et dernière, comme des acteurs et figurants filmés en 24 secondes mais qui repasseraient sur l'écran au rythme des films muets, c'est-à-dire en 16 secondes.

Si l'on oublie les fourgonnettes débordantes de policiers moustachus si chères au cinéaste, c'est un peu Mack Sennett à l'église de Trinquelage, avec un Daudet scénariste qui s'amuse franchement à nous décrire la précipitation de la messe finale, troussée en si peu de temps que les assistants ne savent plus du tout où ils en sont, se tournent, se retournent et virent comme de véritables totons pris de folie avant de se ruer, exténués mais bien heureux, eux aussi, à l'idée d'un Réveillon si rondement amené, dans la grande salle et les cuisines du château.

Quant à la fin du conte, elle contribue à le maintenir, lui qui eût pu n'être que comique, comme '"L'Elixir du Révérend Père Gaucher" par exemple, dans le fantastique, mais un fantastique là aussi teinté de nostalgie. le pauvre dom Balaguère, emporté le soir même du Réveillon fatal par une attaque, reçoit sa punition par la voix-même d'un Eternel exaspéré et si, dans le fond, le châtiment, là non plus, n'est pas franchement terrible, on convient qu'il soit long à endurer pour tous ceux qui ont péché par la faute de dom Balaguère ... et de son damné Garrigou.

Un conte élégant, plein d'humour et de la nostalgie des temps anciens, parfumé aux herbes et aux mystères des clairs de lune provençaux, qui nous rappelle le talent d'un écrivain peut-être mineur mais d'une sensibilité et d'un naturel indéniables dans le trait. A découvrir pour les plus jeunes. A relire pour les plus vieux. Et à savourer sans remords : l'Eternel ne devrait pas nous en vouloir ... ;o)
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En cette période de Noël, je me suis offert un petit plaisir teinté de nostalgie en relisant Les trois messes basses de Daudet.

Ce petit conte sur la gourmandise et sur ce brave curé qui paye cher son vilain défaut me plaît décidément beaucoup. Plus que la morale de l'histoire, ce qui m'enchante c'est le parfum de la Provence, le fumet des plats, le tintement de la cloche de Garrigou et la dernière messe qui vire au loufoque.

Le style de Daudet met l'eau à la bouche et donne envie de se resservir ! Tant pis si la gourmandise est un péché ;-)
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La veille de la Nativité, quoi de plus délicieux que la lecture d'un conte de Noël au coin du feu...?
Une lecture à haute voix - à deux voix, qui plus est ! - dans un silence ouaté, juste ponctué par le crépitement des flammes...

J'ai retrouvé ce soir-là la magie des veillées d'il y a un siécle ou deux, à l'époque où les écrans n'avaient pas encore envahi nos vies...

Les ailes du moulin de Daudet se sont remises à tourner et tous mes souvenirs d'enfance me sont revenus d'un coup, la vieille classe poussiéreuse et la voix puissante de mon institutrice qui nous offrait des lectures contées :
Les bonnes odeurs de la Provence, la procession des villageois montant vers le château pour la messe de minuit, et surtout cette description pantagruélique des mets de roi préparés avec talent par une armée de marmitons...!

La gourmandise est un vilain défaut, vous l'apprendrez à la lecture de ce conte savoureux, et, avec ou sans cheminée, nul doute que vous ne vous laissiez entraîner à lire toutes les lettres de mon moulin...!
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Les trois messes basses est un conte fantastique apparu dans les célèbres Lettres de mon moulin. On y découvre un prêtre atteint du péché de gourmandise et qui devra en répondre auprès de Dieu, Saint Pierre et tous les saints.

J'avais lu quelques extraits des Lettres de mon moulin lorsque j'étais au collège (certainement des lectures imposées dans le cadre scolaire) mais n'en avais pas conservé de souvenir, si ce n'est la fameuse chèvre de monsieur Seguin. Et en quelques pages, j'ai trouvé un don chez Daudet pour créer une atmosphère, brosser en peu de mots un portrait juste et précis de ses personnages. Je m'y voyais grâce à sa plume très concise. Par le biais de cette histoire, Alphonse Daudet montre qu'il maîtrise l'art de la nouvelle, la vraie. Et ce n'est pas donné à tout le monde.

Cette lecture m'a donné envie de poursuive la découverte des Lettres de mon moulin.


Challenge Solidaire 2019
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Drelindin din !… Drelindin din !…
C’est la troisième messe qui commence. Il n’y a plus que quelques pas à faire pour arriver à la salle à manger ; mais, hélas ! à mesure que le réveillon approche, l’infortuné Balaguère se sent pris d’une folie d’impatience et de gourmandise. Sa vision s’accentue, les carpes dorées, les dindes rôties, sont là, là… Il les touche ;… il les… Oh ! Dieu !… Les plats fument, les vins embaument ; et secouant son grelot enragé, la petite sonnette lui crie :
- Vite, vite, encore plus vite !…
Mais comment pourrait-il aller plus vite ? Ses lèvres remuent à peine. Il ne prononce plus les mots… À moins de tricher tout à fait le bon Dieu et de lui escamoter sa messe… Et c’est ce qu’il fait, le malheureux !… De tentation en tentation il commence par sauter un verset, puis deux. Puis l’épître est trop longue, il ne la finit pas, effleure l’évangile, passe devant le Credo sans entrer, saute le Pater, salue de loin la préface.
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[...] ... Drelindin din ! ... Drelindin din ! ...

C'est la seconde messe qui commence et avec elle, commence aussi le péché de dom Balaguère.

"Vite, vite, dépêchons-nous !" lui crie, de sa petite voix aigrelette, la sonnette de Garrigou, et cette fois le malheureux officiant , tout abandonné au démon de gourmandise, se rue sur le missel et dévore les pages avec l'avidité de son appétit en surexcitation. Frénétiquement, il se baisse, se relève, esquisse les signes de croix, les génuflexions, raccourcit tous ses gestes pour avoir plus tôt fini. A peine s'il étend ses bras à l'Evangile, s'il frappe sa poitrine au Confiteor. Entre le clerc et lui, c'est à qui bredouillera le plus vite. Versets et repons se précipitent, se bousculent. Les mots à moitié prononcés, sans ouvrir la bouche, ce qui prendrait trop de temps, s'achèvent en murmures incompréhensibles.

Oremus ps ... ps ... ps ...

Mea culpa ... pa ... pa ...

Pareils à des vendangeurs pressés foulant le raisin de la cuve, tous deux barbotent dans le latin de la messe, en envoyant des éclaboussures de tous les côtés.

Dom ... scum ! ... dit Balaguère.

... Stutuo ! ... répond Garrigou ; et tout le temps la damnée petite sonnette est là, qui tinte à leurs oreilles, comme ces grelots qu'on met aux chevaux de poste pour les faire galoper à la grande vitesse. Pensez que de ce train-là, une messe-basse est vite expédiée.

- "Et de deux !" dit le chapelain, tout essoufflé. Puis, sans prendre le temps de respirer, rouge, suant, il dégringole les marches de l'autel et ...

Drelindin din ! ... Dreliindin din !

C'est la troisième messe qui commence. Il n'y a plus que quelques pas à faire pour arriver à la salle-à-manger ; mais, hélas ! à mesure que le réveillon approche, l'infortuné Balaguère se sent pris d'une folie d'impatience et de gourmandise. ... [...]
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[...] ... - "Deux dindes truffées, Garrigou ? ...

- Oui, mon révérend, deux dindes magnifiques bourrées de truffes. J'en sais quelque chose, puisque c'est moi qui ai aidé à les remplir. On aurait dit que leur peau allait craquer en rôtissant, tellement elle était tendue ...

- Jésus Maria ! Moi qui aime tant les truffes ! Donne-moi vite mon surplis, Garrigou ... Et avec les dindes, qu'est-ce que tu as encore aperçu à la cuisine ? ...

- Oh ! Toutes sortes de bonnes choses ! Depuis midi, nous n'avons fait que plumer de faisans, des huppes, des gélinottes, des coqs de bruyère. La plume en volait partout ... Puis de l'étang, on a apporté des anguilles, des carpes dorées, des truites, des ...

- Grosses comment, les truites, Garrigou ?

- Grosses comme ça, mon révérend ... Enormes ! ...

- Oh ! Dieu ! Il me semble que je les vois ! As-tu mis le vin dans les burettes ?

- Oui, mon révérend, j'ai mis le vin dans les burettes ... Mais, dame ! Il ne vaut pas celui que vous boirez tout à l'heure, en sortant de la messe de Minuit. Si vous voyiez cela dans la salle-à-manger du château, toutes ces carafes qui flambent, pleines de vins de toutes les couleurs ... Et la vaisselle d'argent, les surtouts ciselés, les fleurs, les candélabres ! ... Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil. Monsieur le Marquis a invité tous les seigneurs du voisinage. Vous serez au moins quarante à tables, sans compter le bailli ni le tabellion ... Ah ! Vous êtes bien heureux d'en être, mon révérend ! ... Rien que d'avoir flairé ces belles dindes, l'odeur des truffes me suit partout ...Meuh ! ...

- Allons, allons, mon enfant. Gardons-nous du péché de gourmandise, surtout la nuit de la Nativité ... Va bien vite allumer les cierges et sonner le premier coup de la messe car voilà que minuit est proche, et il ne faut pas nous mettre en retard ..." ... [...]
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Quel livre possède à la fois le parfum de l'enfance et tient lieu d'elixir de jouvence ? Un moulin… des lettres… et surtout le mistral et le chant des cigales…
« Lettres de mon moulin » d'Alphonse Daudet, c'est à lire au Livre de poche.
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