Mémoires du Sida

Ce sont de courts témoignages, sobres, courts, quelques lignes, de personnes, hommes et femmes, entre vingt et soixante-cinq ans, qui s'expriment sur la maladie, en particulier le moment et la manière dont ils ont eu connaissance de leur séropositivité, rangés chronologiquement en quatre étapes : "La vie avant 1980", "Les années noires (1981-1986)", "La bataille (1987-1995)", "L'événement de Washington [la trithérapie] et le traitement dans la vie" ; le tout s'arrêtant en 2000.

Des certitudes de décéder dans les années qui suivent les résultats positifs du test et des constats de dégradation de la santé des proches en quelques mois en début d'ouvrage, on évolue progressivement vers les témoignages de la pénibilité de la prise d'une quinzaine ou vingtaine de médicaments par jour et de l'amélioration des bilans après chaque examen sanguin.

Mais surtout, ce qui m'a paru marquant, c'est l'omniprésence du secret, du silence, que l'on aurait pu croire plus important autrefois qu'aujourd'hui : pas du tout, le choix des auteurs fait apparaître que l'activité sexuelle dans les années 90 à 2000 n'est pas moins honteuse que dans les années cinquante : on craint de déclarer son homosexualité, on craint la réaction des parents ; on craint celle des collègues, de la famille si l'on se faisait surprendre à prendre des médicaments.

La sexualité semble rester, du moins semblait rester, puisque le livre date un peu maintenant, tabou - et la maladie n'est qu'une manière indirecte de l'évoquer - quand bien même les hémophiles qui témoignent ont été contaminés par d'autres biais.