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Laure Bernardi (Traducteur)
EAN : 9782080800701
412 pages
Flammarion (08/10/2003)
4/5   7 notes
Résumé :

Moïse l'Egyptien ou l'histoire de la confrontation symbolique entre Israël et l'Égypte. Trait d'union entre ces deux univers religieux, ce Moïse égyptien n'appartient pourtant pas à la tradition canonique et relève d'une " contre-histoire ", qui place au premier plan des éléments réprimés dans la mémoire officielle. Elle commence avec Aménophis IV, pharaon égyptien du XIVe siècle a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est l'oeuvre d'un specialiste ayant une grande connaissance de la civilisation egyptienne,doublee d'un savoir particulierement bien articule sur la structure des religions.De Moise,nous savons qu'il n'y a pas de traces scripturaires.Les fouilles n'ont apporte aucun temoignage de sa presence reelle.Tout ce que l'on peut dire sur le personnage ne parvient a trouver une assise qu'a partir d'interpretation,de recoupements historiques,de verifications,de concordance a l'amorce du monotheisme(ATON)en Egypte puis parmi les peuples du Sinai.Toutefois,il semble exister un accord sur le fait qu'historiquement,la mise en place du monotheisme final s'est probablement realisee en plusieurs temps.Il se peut que l'homme Moise soit une figure heroique legendaire recomposee apres coup,afin de donner un caractere solennel au fondement de cette religion,comme cela apparait dans d'autres cultures de la region a cette epoque historique.
Le monotheisme n'a pas seulement invente l'idee d'un dieu unique;son adoption fut une revolution intransigeante qui ne laissait aucune place aux verites des autres,et inaugura un nouveau genre de violence
A lire Moise et le monotheisme de Freud
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Un ouvrage passionnant qui exige une prise de notes pour poursuivre les recherches. Avec Jan Assmann nous partons à la rencontre des divers érudits ayant traité la problématique de Moise égyptien les siècles précédents pour ensuite avoir une idée globale de la thèse des spécialistes d'influences, d'époques et d'objectifs variés. Nous fermons ce livre avec plus de questions qu'en l'ouvrant, tout en ayant l'agréable sensation d'avoir fait plusieurs pas sur la voie de la connaissance. Il s'agit plus ici d'une recherche sur le Moise de mémoire, et donc symbolique, pour allier histoire et théologie dans cette science humaine que je découvre : la mnemohistoire. Il ne s'agit donc pas de se demander si Moise a vraiment existé, mais plutôt de s'interroger sur le sens de son souvenir dans le(s) monothéisme(s) que l'on connaît bien… Lecture que je conseille vivement !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La déesse se révèle sous la forme d’une divinité universelle qui réunit en elle toutes les divinités, et abolit toutes les distinctions. Tous les noms que les peuples donnent à leurs divinités suprêmes sont ses noms à elle, Isis est appelée la « déesse aux dix mille noms », elle réunit en dernière instance la totalité des noms de dieux. Dans le Corpus Hermeticum, on trouvera un passage célèbre (parce que cité par Lactance) qui jouera un rôle important dans notre histoire. Il stipule que Dieu a soit tous les noms, soit aucun nom puisqu’il est unique et qu’il est tout. Isis s’identifie à cette conception de la divinité. Mais elle va plus loin encore. Elle a aussi, outre ces « noms des peuples » équivalents, un « vrai nom ». Seuls les deux peuples qui « possèdent la doctrine originelle » l’utilisent : les Égyptiens et leurs voisins du Sud. Il s’agit bien sûr ici de Philae, le lieu de culte principal de la déesse situé à la frontière de l’Égypte et de « l’Éthiopie »(1) (...) mais il n’existe pas d’opposition, encore moins d’antagonisme contre-religieux, entre la religion d’Isis chez les Égyptiens, fondée sur le culte du « vrai nom », et les cultes d’Isis chez les différents peuples qui s’adressent à la même divinité en recourant à ses noms conventionnels. La notion de « vrai nom » ne fait pas de ces peuples des païens, mais simplement des hommes initiés à un moindre degré. Tous révèrent la même divinité, et il s’agit bien de cette identité naturelle transcendant toutes les différences culturelles. Et tous ont la possibilité d’être initiés et d’apprendre le vrai nom de la divinité.
(...)
L'idée de conventionalité et donc de la traductibilité des noms de dieux reposait sur l'évidence naturelle, c'est-à-dire sur une référence à des expériences accessibles aux hommes. C'est exactement en ce sens que Sénèque renvoie à l'évidence visible de l'unité de Dieu : « Ce tout, que tu vois, et qui englobe les dieux et les hommes, est un être unique. Nous ne sommes que les membres d’un grand corps. » Selon Servius, les stoïciens enseignaient qu’il n’existait qu’un dieu dont les noms variaient en fonction de ses modes d’action et de ses attributions (…) dans la sphère de cette conviction religieuse générale, que j’appelle « cosmothéisme » (reprenant par là une expression datant du XVIIIe siècle et sur laquelle je reviendrai), il n’y avait pas place pour l’antagonisme religieux. C’est la raison pour laquelle la force antagonique de contre-religions comme le judaïsme et le christianisme a produit un tel choc dans les milieux cultivés de l’Antiquité.

(1) Le fait qu’Apulée attribue la vraie tradition non seulement aux Égyptiens, mais aussi aux Éthiopiens, s’explique par la situation géographique de Philae, principal lieu de culte d’Isis, à la frontière entre l’Égypte et la Nubie (« Éthiopie »). (pp. 87-93)
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Quelles que que soient les différences de culture, de langue et de mœurs, les religions avaient toujours un fonds commun. D'où leur fonction de médium de la traductibilité interculturelle. Les divinités étaient internationales parce qu'elles étaient cosmiques. (...)
Ceci explique que la Distinction Mosaïque ait quelque chose de radicalement nouveau, qui a considérablement modifié le monde dans lequel elle a été opérée. L'espace « séparé ou divisé » par cette distinction n'est pas l'espace de la religion en général, mais bien celui d'un type de religion tout à fait spécifique. Je voudrais donner à ce nouveau type de religion le nom de « contre-religion », parce qu'il exclut tout ce qui lui est antérieur et tout ce qui lui est extérieur en le qualifiant de « paganisme ».
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Lorsque Sigmund Freud comprit que le flot grossissant de l'antisémitisme allemand commençait à dépasser l'intensité traditionnelle de la persécution et de l'oppression, et à devenir meurtrier, il ne s'est pas demandé tout simplement ce qui n'allait pas chez les Allemands, ni pourquoi ils étaient pris d'une telle folie meurtrière, mais bien plutôt ce qui n'allait pas chez les Juifs et pouvait expliquer comment «  le Juif s'est attiré cette haine éternelle ». (…) En faisant de Moïse un Egyptien, et en faisant remonter le monothéisme à l'Egypte, Freud pensait déconstruire la distinction meurtrière. C'était une méthode de déconstruction par retour historique comparable à celle qu'avait adoptée Nietzsche dans sa Généalogie de la morale.
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La Distinction Mosaïque trouve son expression dans le récit de la sortie en grec : exode - des enfants
d'Israël hors d'Égypte. C'est ainsi que l'Égypte est
devenue le symbole de ce qui est exclu, rejeté, religieusement faux, qu'elle est devenue l'incarnation
du « paganisme ». De la même façon, la pratique la plus frappante en Égypte, le culte des images, est devenue le plus terrible des péchés.
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Chez Reinhold comme chez Warbuton, la révélation du mont Sinaï n'est rien d'autre que l'exécution au grand jour d'un rite initiatique égyptien organisé non pour quelques élus mais pour le peuple tout entier.
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