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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
" Dans l'exercice du Mal, qu'est-ce qui relève de la pulsion de mort, de l'instinct de destruction, de la volonté de pouvoir que tout être à en lui, et qu'est ce qui découle de la formation morale et intellectuelle, du contexte politique, du milieu, de l'idéologie ? "

Voilà, cette interrogation posée par Pierre Assouline dans la cliente nous livre le roman.
Le narrateur, à travers" une enquête ", la dénonciation, la délation de Juifs commis par une femme ordinaire : une fleuriste, cliente de ceux qu'elle dénonce pendant l'occupation .
Il va chercher à comprendre le Pourquoi ?
Lancinant pourquoi, pourquoi l'homme fait le Mal, pourquoi cette femme a dénoncé ?
Il lui apparaît, au long de son enquête une succession d'événements qui vont l'amener à comprendre.
Ce qui est très intéressant dans ce roman écrit avec une plume légère, ironique parfois et pleine de dérision, c'est que le Mal est complexe. Il est engendré parfois par l'obéissance servile et sans complaisance de policiers qui pensent seulement avoir fait leur travail.
Oui, la banalité du Mal existe, comment l'accepter, la comprendre ?
C'est ce que nous permet de faire Pierre Assouline, d'y réfléchir.
Est-ce suffisant ?
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Ah Obsession quand tu nous tiens! le Mal, pourquoi le Mal, la délation?

Vaste question qui nous interpelle tous lecteurs de Babelio passionnés par cette période de l' Occupation.

Pierre Assouline n'échappe pas à cette interrogation. Sa qualité de romancier lui permet d'exorciser ce thème en rédigeant cet excellent livre, moitié autobiographique, moitié fiction, histoire, peut-être, de trouver le repos.

Un biographe, chargé de rédiger un ouvrage sur la vie de Désiré Simon, notamment afin d'éclaircir son rôle pendant l'Occupation, découvre, par hasard, une lettre de dénonciation concernant directement la famille d'un ami et membre de sa belle-famille. Bouleversé, hanté par la question du "Pourquoi", il va tenter de comprendre les motivations de la délatrice. Il va alors être propulsé dans une spirale infernale qui va l'entraîner au delà de la raison. Son obsession l'entraînera à bafouer tous les droits.

C'est une écriture simple mais terriblement passionnée. le lecteur déchiffre bien les ressorts qui ont amené Pierre Assouline à écrire ce roman et qui ne peuvent que susciter plusieurs questions philosophiques. Ce récit est très agréable à lire et ne tombe nullement dans le manichéisme, bien au contraire.
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L'HISTOIRE
Le narrateur, biographe, entreprend de rédiger un livre sur la vie d'un écrivain, Désiré Simon. Lors de la lecture de ses Mémoires, il découvre que celui-ci aurait été accusé en 1941 d'avoir des origines juives : "On lui demandait de prouver non ce qu'il était mais ce qu'il n'était pas".
Souhaitant faire toute la lumière sur cette information, il obtient l'autorisation du ministère de la Culture de consulter à titre exceptionnel les archives de l'Occupation et se met alors à éplucher les rapports de police, les dossiers des renseignements généraux, les listes confidentielles, les milliers de lettres de dénonciation, et cela jusqu'à la nausée.
Sa recherche va aboutir à une autre découverte, bien plus terrible et lourde de conséquences pour le narrateur : il met la main sur une lettre dénonçant la famille de son ami François, les Fechner, cousins germains de sa femme. Seul Henri, le père de François, a survécu et a pu récupérer ses biens à la Libération.
Après avoir consulté une quantité astronomique de dossiers, le narrateur parvient à retracer l'histoire de cette famille et à identifier l'auteur de cette dénonciation. Fourreur de père en fils depuis des générations, cette famille juive originaire d'Europe de l'Est habitait à Paris, dans le XVe arrondissement. Victime de l'aryanisation de son magasin rue de la Convention, elle avait ouvert un atelier clandestin rue Lecourbe. Mais, un jour, un certain Chifflet, inspecteur au Service de contrôle des administrateurs provisoires, sonne à leur porte en donnant le nom d'une de leurs clientes.
C'est le début de la fin : l'enquête débouche sur l'arrestation et la déportation des Fechner. Et cette cliente n'était autre que Cécile Armand-Cavelli, la fleuriste qui se trouve aujourd'hui encore juste en face de leur magasin, rue de la Convention !
Si François parvient à tourner la page pour protéger son père et le soustraire de ce passé douloureux, le narrateur n'y parvient pas. Hanté et écoeuré par sa découverte, il veut savoir pourquoi cette femme a dénoncé cette famille, et tous les moyens seront bons pour obtenir une réponse...


LA DÉLATION SOUS L'OCCUPATION
Le système de délation nous est présenté ici par le biais, original, de la recherche d'un biographe dans les archives. C'est en sa compagnie que nous découvrons au fur et à mesure et de manière crescendo ces innombrables lettres de dénonciation et leur contenu. Il est impossible de savoir le nombre de lettres qui ont été écrites, mais tout le monde pouvait en être victime :
"C'était le mari trompé qui trahissait sa femme au coeur innombrable, la maîtresse délaissé son amant trop volage, l'ami floué son associé duplice, le père de la fiancée son futur gendre indésirable. Cela s'est passé entre Français. Des chrétiens ont fait ça à des Juifs. Mais des Juifs se sont également fait ça entre eux."
Au-delà de ces lettres, c'est également l'attitude de l'administration française qui est soulignée dans ce roman via le personnage de Robert Chifflet. En parlant des fonctionnaires, le narrateur explique que "Ces gens-là sont les pires parce qu'ils sont beaucoup plus répandus, plus invisibles, plus nocifs que les vrais monstres. Ils ont leur morale en devanture, le sens du devoir en bandoulière, et le service de l'État en parapluie."
Dans un cas comme dans l'autre – délation et comportement de l'administration française –, ces informations nous sont délivrées de manière subjective par un narrateur qui est totalement imprégné de cette période et visiblement insuffisamment armé psychologiquement pour faire face aux horreurs qu'il découvre :
"Les années quarante m'étaient devenues une seconde patrie. Mon pays d'adoption en quelque sorte. Mais je ne l'habitais pas, c'est lui qui m'habitait. L'Occupation m'avait pénétré. Je n'étais plus un homme, j'étais une guerre civile."
"Plus que jamais la guerre était en moi. Je respirais l'air du temps de l'Occupation. Personne ne pouvait accéder à ce désarroi, rien n'était en mesure de l'atténuer. J'assistais impuissant au lent grignotage de mon esprit par un corps étranger."
Incapable d'avoir le moindre recul et la moindre analyse historique, le narrateur absorbe tous ces documents jusqu'à la nausée, comme il le dit lui-même, et ne parvient pas à avoir une vision globale et objective de la France sous l'Occupation. Et c'est bien là l'une des difficultés du travail de l'historien, surtout quand cela concerne cette période si complexe de l'Occupation. Ainsi, n'oublions pas que beaucoup de fonctionnaires ont poursuivi leur travail de sein de l'administration française sous l'Occupation en tant que résistants, permettant ainsi de sauver de nombreuses vies humaines.
"Plus je m'enfonçais dans le maquis des archives, plus je m'apercevais que les années noires avaient été grises. Elles n'étaient qu'ambiguïté et compromis. Elles avaient la couleur du flou."
Ce roman nous donne ainsi une vision subjective et partielle de l'Occupation, mais ce point de vue se justifie puisqu'il s'agit bien d'un roman et non d'un livre d'histoire et que l'intrigue est menée par un narrateur-héros psychologiquement fragile. le mode de narration amplifiant notre propension à nous identifier à ce narrateur, on pourrait avoir tendance à adopter la vision très noire de ce dernier. Gardons-nous en et n'hésitons pas à visionner des documentaires et à lire des livres d'histoire pour se faire une opinion plus nuancée de cette période.
"Jamais un historien ne pourra donner la vraie mesure du phénomène. Seul un romancier y parviendrait. Ou un psychiatre. Nul besoin de se sentir une vocation de proctologue pour fouiller le cul du monde.
Si cela n'avait été que haineux, ce serait simple. Mais lorsque le mal s'exprimait dans toute sa banalité, lorsqu'il apparaissait profondément ordinaire, la raison déposait les armes. Car, avec l'Occupation, on n'est plus dans la politique. Pendant quatre ans, ce fut à chaque heure l'heure de vérité qui révéla la part d'humain ou d'inhumain en nous."


UN ACHARNEMENT EFFROYABLE
Le narrateur est le personnage principal de ce roman, mais il ne possède ni nom ni histoire. L'on sait juste que c'est un homme et qu'il est biographe. Un personnage suffisamment neutre pour que tout un chacun puisse s'identifier à lui.
Le lecteur est ainsi immédiatement plongé dans cette histoire terrible aux côtés du biographe, partageant ses pensées, ses émotions, ses hésitations, ses hallucinations, ses joies, ses doutes, ses souffrances… Ce point de vue unique nous conduit à ne connaître les pensées des autres personnages que par le prisme du narrateur qui entre rapidement dans une spirale infernale dont on aimerait lui dire qu'elle va le conduire à commettre une erreur, comme tentent de lui faire comprendre successivement plusieurs personnages du roman (François Frehner, Henri Frehner, monsieur Adret, les personnages du bus…), mais non, le narrateur s'est lancé dans une course folle et il ne connaîtra de répit que lorsqu'il connaîtra la vérité. le narrateur a beau expliquer qu'il cherche à comprendre et non à venger la famille de son ami, sa quête de vérité va le conduire à se perdre lui-même et à frôler la folie, perdant le sommeil, ne pensant plus qu'à cette femme, à ce qu'elle a fait. Elle ne répond pas à ses questions ? Tant pis pour elle, de justicier, il devient bourreau, la harcelant de jour comme de nuit (appels et lettres anonymes, filatures...). Et elle, de bourreau, elle devient la victime.Certainement non préparé et traumatisé par la découverte des archives de l'Occupation, le choc subi par le narrateur a été décuplé lorsqu'il a appris que la famille de son ami avait elle-même été victime de cette délation. Perdant tous ses repères, toutes ses valeurs, le narrateur n'a plus qu'un but : comprendre devient son idée fixe, son obsession.
Même si le narrateur devient très vite inquiétant de par son caractère obsessionnel et paranoïaque, le lecteur ne peut s'empêcher de le suivre, totalement aspiré par cette histoire, ne parvenant pas à lâcher ce roman et souhaitant connaître la vérité et avoir la réponse : pourquoi ? le suspense va grandissant, rythmé par une écriture légère et fluide alternant narration et dialogues, et ce n'est qu'à la fin du roman, après une quête effrénée et complètement folle, que nous reprenons notre souffle et découvrons la vérité...


UN DÉNOUEMENT EXTRÊMEMENT FORT
La vérité, la voici enfin, inattendue, puissante, émouvante, dramatique... Elle nous laisse hébétés, remplis d'effroi et d'émotions. Qu'en est-il du narrateur ? Il disparaît soudainement, nous laissant seuls avec nos sentiments contradictoires. On le retrouve dans le dernier chapitre, quelque temps plus tard, mais il reste très pudique sur cette histoire et ses répercussions. Certes, l'on comprend qu'il en a tiré des leçons, mais pas assez à mon goût compte tenu du dénouement. Mais faut-il se flageller éternellement comme fut tentée de le faire Cécile Armand-Cavelli ? Non, et le narrateur l'a bien compris. Conscient de ses erreurs passées, il ne les oublie pas mais s'en sert pour avancer et vivre au présent.


UNE LEÇON DE PRUDENCE ET DE SAGESSE
Ce roman pose beaucoup de questions au lecteur : peut-on vivre avec le poids de la culpabilité ? et, si oui, comment ? peut-on juger des personnes et des actes commis lors d'une époque que l'on n'a pas connue ? avons-nous le droit et les capacités d'apporter un jugement moral sur une époque aussi complexe ? qu'aurions-nous fait à la place des personnages ? la fin justifie-t-elle les moyens ?...
Pierre Assouline décrit brillamment comment l'ignorance et les préjugés peuvent conduire à de terribles erreurs. Il nous met en garde contre les jugements expéditifs : la vérité n'est pas toujours celle qu'on croit... Ne jugeons pas trop vite.

Un roman bouleversant, profondément humain et écrit avec force et sensibilité.
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Le narrateur, biographe, s'intéresse à la vie d'un romancier ayant vécu pendant la seconde guerre mondiale. Pour ses recherches, il consulte minutieusement les archives de l'Occupation, et y apprend, à sa grande surprise, que des membres juifs de sa propre belle-famille ont été dénoncés. Certains des acteurs de ce drame étant toujours en vie, il cherche à en savoir plus auprès d'eux...

Encore un excellent ouvrage qui ouvre les yeux sur une période de notre Histoire souvent abordée ou interprétée de manière manichéenne, ne montrant qu'un côté, celui du bourreau ou de la victime. La réalité est beaucoup plus complexe, les notions de Bien et de Mal sont bouleversées. Au-delà des cas de vengeance purs, d'intérêt vénal, il s'agit bien souvent de sauver sa peau, tout simplement, dans une situation de chaos dont on ignore les lendemains. Autant dire qu'il est impossible de juger ces actes plusieurs décennies plus tard.

Je laisse la place à Pierre Assouline qui l'exprime si bien en quelques phrases, ainsi que dans l'ensemble de cette histoire douloureuse : "Plus je m'enfonçais dans le maquis des archives, plus je m'apercevais que les années noires avaient été grises. Elles n'étaient qu'ambiguïté et compromis. Elles avaient la couleur du flou. L'engagement net et entier, de quelque bord qu'il fût, était l'exception et non la règle. La lecture de centaines de lettres de dénonciation m'avait ahuri. Non par la violence de la haine ordinaire mais justement par sa sérénité, du moins jusqu'au printemps 1942. On s'expliquait, on argumentait. Ils sont trop ceci, ils sont trop cela, on devrait donc les mettre ailleurs, le plus loin possible de chez nous. Ce furent des années de grand débarras. On a beaucoup jeté. Mais je fus encore plus accablé en forant davantage dans ce gisement de rancoeur. C'était le mari trompé qui trahissait sa femme au coeur innombrable, la maîtresse délaissée son amant trop volage, l'ami floué son associé duplice, le père de la fiancée son futur gendre indésirable. Cela s'est passé entre Français. Des chrétiens ont fait ça à des Juifs. Mais des Juifs se sont également fait ça entre eux. A l'instant de sauver leur peau, certains étaient capables de tout." (p. 59-60)

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Un écrivain se plonge dans les archives de l'Occupation et de la collaboration pour écrire une biographie. . Il prend ainsi connaissance de milliers de lettres anonymes, où des Français dénoncent leur voisin, un membre de la famille, un ami, des juifs.Il tombe par hasard sur une lettre dénonçant la famille d'un de ses amis. L'identité du dénonciateur est un choc.
Un beau récit sur ce côté sombre de cette période de notre histoire. Comment certaines personnes ont pu en arriver à dénoncer ainsi des proches. Au delà de l'histoire elle-même c'est aussi cette question que pose l'auteur.
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Ce livre est une vraie gifle, que dis-je, un aller-retour !
Une vraie claque.

Au travers la vision de son personnage principal, Pierre Assouline nous plonge au coeur d'une période noire, très noire, celle de l'occupation, pendant laquelle la dénonciation est "une vertu civique qui se distingue de la vulgaire délation", puis celle de l'épuration.

Une terrible histoire très bien racontée, pleine de rebondissements crédibles. J'ai tourné les pages de plus en plus vite, avide de découvrir ce qui était tu depuis plus un demi siècle.

Chacun de nous s'est sûrement déjà demandé comment il aurait agit au cours de cette période de l'Histoire.
Faut il réveiller les vieux démons ? Faut il chercher à comprendre le "Pourquoi" de certains actes aux conséquences fatales ? Est on légitime à juger ce qui s'est passé, sachant que l'on ne saura jamais ce qui s'est réellement passé ?

Ce qui est horrible est de découvrir la noirceur de l'âme humaine. Comment certains personnes peuvent elles continuer à vivre comme si de rien était, malgré leurs actes ? En rassurant leur conscience tachée de sang d'innocents en arguant avoir "simplement" obéis aux ordres ? Ce qui est sûre, c'est que chacun de nous n'est pas en mesure de savoir ce qu'il aurait fait, ni comment il aurait réagit.

Une terrible histoire donc, au coeur de l'Histoire. Et je me dis que durant cette période celle racontée par Pierre Assouline est une goutte d'eau dans l'Océan !
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très bon livre, une chute incroyable. Une belle leçon de vie, quand le travail d'historien ne doit pousser à juger, une réalité encore plus terrible que ce à quoi on s'attendait. J'ai adoré!
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Livre mêlant L Histoire (celle de l'Occupation durant Seconde guerre mondiale) et le destin individuel d'hommes et de femmes qui ont vécu cette période, La cliente de Pierre Assouline est un roman bouleversant.

Le narrateur (dont on ne sait s'il s'agit de l'auteur lui-même) est un historien qui décide de rédiger la biographie d'un certain Désiré Simon. Ce dernier était un romancier à succès, publiant beaucoup au début de la Seconde guerre mondiale. L'homme ne semble pas souffrir des contraintes de l'Occupation. On ne lui connaît aucune acte de collaboration avec les autorités françaises et allemandes ni aucun engagement de près ou de loin avec la Résistance. C'est cette absence de repères qui va pousser le narrateur à consulter sous dérogation les archives conservées sur l'Occupation et notamment celles concernant les dossiers de dénonciation. Désiré Simon a en effet fait l'objet de poursuites de la part de la police française. Il lui a été reproché de dissimuler ses origines juives.
C'est en parcourant minutieusement tous les documents d'époque que le narrateur tombe sur une lettre de dénonciation anonyme, signée par « une honnête citoyenne », concernant la famille Fechner, qui tient un atelier-commerce de fourrures. La mention de l'adresse sur le courrier lui créé un choc : le narrateur reconnaît une partie de sa famille. Il va alors pousser les recherches plus avant pour tenter de découvrir la véritable identité de la délatrice. Il y parviendra. Révélant le résultat de ses recherches aux Fechner, il apprend d'eux qu'elle était l'une de leurs voisines et clientes. Et fait plus stupéfiant encore : celle-ci réside et travaille (elle est fleuriste) aujourd'hui encore tout près de chez eux. le narrateur va tenter de s'approcher d'elle.

Dans une écriture passionnée et raisonnée, Pierre Assouline revient sur la sombre période de notre histoire, celle de l'Occupation et plus particulièrement sur la dénonciation des Juifs, qui occasionnèrent les arrestations et les déportations que l'on sait. Avec une acuité et une rigueur remarquables, l'auteur fait se confondre la réalité du fait historique et la fiction. le rythme, l'intrigue ne se relâchent pratiquement jamais et font de ce roman un livre vraiment à part.
L'auteur y insère des réflexions qui ne manquent pas d'interroger le lecteur : quelle morale en temps de guerre ? Quelles sont les raisons qui mènent un être à rentrer dans la collaboration avec l'Occupant, dans l'abjecte délation d'innocents plutôt que dans l'inaction, le silence ou autrement dans la Résistance active ? Ces raisons sont-elles multiples ou peuvent-elles être contenues en une seule ? Quelle place donner à ces actes insensés ? Nous faut-il les oublier ? Les remiser dans la mémoire collective ? Etc.

Si Pierre Assouline nous donne à voir au travers du portrait et des motivations d'une délatrice ce que fut la dénonciation des Juifs et toutes ses conséquences tragiques, il nous apprend que L Histoire contient des histoires, des trajectoires, des destins humains tout aussi singuliers.

Un livre fort, émouvant, édifiant dont je conseille vraiment la lecture.

J'adresse une pensée toute particulière à la personne qui m'a fait connaître Pierre Assouline et m'a décidé de lire ce roman. Elle se reconnaîtra.
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Avec sa plume magnifique, Pierre Assouline aborde le sujet délicat de la délation sous l'occupation allemande. Avec son sens du détails, l'auteur met en lumière la banalité du mal à travers les petites choses de la vie.

Le roman est construit autour de quatre enquêtes étroitement liées.
* La première concerne un écrivain accusé à tord, pendant l'occupation, d'avoir des origines juives.
* La deuxième en rapport avec le titre "La cliente" explore les motivations d'une fleuriste du XVème arrondissement de Paris, à dénoncer son voisin juif et fourreur de métier. Comble de la noirceur de l'esprit humain, cette même femme est la cliente de ce fourreur cinquante ans après les faits.
* La troisième enquête est plus insidieuse et se situe au niveau du fonctionnaire de police qui a incité la fleuriste à écrire la lettre anonyme de dénonciation. On avance encore d'un cran dans l'ignominie.
* Enfin, la dernière enquête, encore plus troublante, que la précédente, concerne le narrateur lui-même et son acharnement à découvrir la vérité, à la limite du raisonnable.

Mais ce qui m'a vraiment interpellé dans ce récit, c'est d'apprendre que le vieux fourreur, Henri Fechner, a survécu et qu'il a toujours su qui l'a dénoncé aux autorités mais qu'il a décidé de ne pas se laisser aller à la haine car il avait encore d'autres choses plus importantes à faire...
Une belle leçon de vie et de philosophie toujours d'actualité aujourd'hui...

Un livre magnifique, une écriture fluide et maîtrisée, qui fait réfléchir sur la nature humaine et ses parts d'ombres.
Un ouvrage à découvrir, de plus Pierre Assouline est un auteur que j'affectionne beaucoup et que, bien sûr, je recommande pour d'autres titres: "Lutetia", "Sigmaringen" entre autres.
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Le style est clair, moderne, agréable.
Ce n est pas de l immense littérature mais est efficace.

Le fond de l histoire est excellent.
Assouline sait nous amener là où il veut, nous faire douter, nous en vouloir un peu.

Son personnage finit hanté, comme le furent Henri Fechner et la délatrice, finalement pas si satanique.

Un vrai plaisir de lire cet ouvrage.
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