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EAN : 9782847209433
256 pages
Gaïa (04/09/2019)
3.62/5   29 notes
Résumé :
Aminah a quinze ans et guette les caravanes de marchands pour vendre un peu de nourriture pour sa famille. Jusqu’au jour où son père disparaît, ce qui la met à la merci des autres tribus. Wurche est une princesse, fille têtue d’un chef qui terrorise la région de Gonja en pleine apogée du commerce d’esclaves.

Les cent puits de Salaga se déroule au Ghana dans la période pré-coloniale. Sur fond d’esclavage, de relations entre Africains, et de commerce en... >Voir plus
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Ghana fin du XIXème siècle.

L'esclavage est aboli en Europe et en Amérique, mais il perdure en Afrique. Les européens se disputent la zone, et les querelles de tribus font rage.

Ce roman choral nous conte l'histoire de deux jeunes femmes que tout oppose :

Wurche: fille du roi de Salaga et Kpembe. Princesse fière et fougueuse qui aimerait pouvoir aider son père à la "gouvernance". Elle va finalement se retrouver piégée dans un mariage arrangé.

Aminah : fille d'artisan. C'est une jeune fille douce et persévérante. Après le saccage de son village, elle sera vendue comme esclave.

Leur destin va les amener à se rencontrer...

Ce fut une très belle découverte, même si au début je me suis un peu perdue dans les tribus ;)

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Afrique - XIXème siècle.

Premier chapitre : Aminah, adolescente, prépare et vend de la nourriture aux personnes de passage dans son village, tout en s'occupant de ses petites soeurs, des jumelles.
Dans son village de Botu, circulent des rumeurs : des cavaliers enlèveraient des personnes pour les « vendre » en tant qu'esclaves.

Deuxième chapitre: à Salaga, Wurche est la fille du roi : elle assiste à des courses de chevaux et à des négociations entre son père et des tribus voisines. Elle a, comme Aminah, une quinzaine d'année...

Chaque chapitre commence par le prénom d'une des deux adolescentes, l'auteure va nous raconter le passage  à la vie adulte de ces jeunes filles, qui n'ont en commun que leur âge et leur lieu de naissance : un village pas très éloigné de l'océan en d'Afrique de l'ouest (une contrée qui ne s'appelle pas encore le Ghana).
Qu'elle soit fille de roi ou de cordonnier, leur destin est tracé: épouser l'homme désigné par leur famille ou les alliances futures... jusqu'au jour où, pour Aminah, le monde s'effondre : elle est emmenée par les marchands d'esclaves ...avec ses soeurs, sa maison est brûlée ainsi que tout son village...

J'ai aimé l'aspect historique de ce livre : il y a beaucoup de livres qui ont pour toile de fonds la traite des esclaves en Amérique mais finalement peu en Afrique : l'histoire se passe à la fin du XIX ème siècle, on apprend au fur et à mesure que l'esclavage a été aboli en Europe et aux États Unis mais perdure en Afrique. De plus, les européens essaient de s'attirer les bonnes grâces des africains : anglais, allemands, français c'est à qui l'emportera pour s'allier les peuples africains : guerre fratricides et divisions au rendez vous ...

Côté personnages il sont également convaincants , j'aurai aimé en savoir plus sur Moro, fils d'esclaves devenu chasseur d'esclaves à son tour. Il est conscient du «mal » que représente l'esclavage sans savoir comment faire la transition... quant aux deux personnages principaux, Wurche m'a séduite par sa volonté et sa fierté et Aminah par sa douceur et son opiniâtreté...

En conclusion : un moment de lecture dépaysant et instructif.
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Dans ce que l'on appelle aujourd'hui le Ghana, entre 1892 et 1897 où les enjeux de pouvoir entre les peuples locaux ainsi qu'avec les Européens mènent la danse, nous suivons la destinée d'Aminah d'un côté et de Wurche de l'autre, jusqu'à ce qu'elles se rejoignent.

La première vit modestement dans un village avec sa famille, elle est de caractère doux et loyal. La seconde est princesse de Salaga, elle a l'esprit indépendant, aime participer aux tâches du pouvoir et n'apprécie pas les contraintes liées à son sexe.

Le récit alterne systématiquement leur point de vue, et il est fait à la troisième personne. Cela fonctionne bien au départ mais je n'y vois pas vraiment d'intérêt une fois qu'elles se côtoient au quotidien, même si cela appuie leurs différences, de statut notamment.

Je ne vous dévoilerai pas comment elles se rencontrent mais je peux vous dire qu'il est question de pouvoir, d'esclavage, d'amour, de liberté, agencés en une intrigue bien construite qui se lit toute seule. Les caractères sont approfondis et évoluent de façon intéressante. le fond permet d'observer les jeux de pouvoirs et d'alliances entre les peuples locaux et avec les Occidentaux, rapportant bien la complexité des faits, sans manichéisme.

Un roman historique qui m'a donné un agréable moment de lecture.
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J'ai commencé ce roman sans en avoir lu la quatrième de couverture, mais en sachant que j'étais rarement déçue par les romans des éditions Gaïa. Je craque toujours pour leur littérature scandinave et c'était bien la première fois que je m'éloignais de ces pays de grands froids pour tester une autre zone géographique de leur catalogue.

Ce fut comme d'habitude un grand plaisir de lire l'un de leurs romans, je n'ai pas vu le temps passer et le livre fut fini en quelques instants. C'était mon premier roman ghanéen et je pense que ce ne sera pas le dernier. J'ai beaucoup aimé découvrir un pays que je connaissais pas du tout et surtout cette époque de précolonialisme où l'esclavagisme était toujours de rigueur. La ville de Salaga m'a clairement fait penser aux villes d'esclaves que l'on pouvait voir dans Game of Thrones. Des villes qui glacent le sang car leur commerce est basé majoritairement sur le trafic d'humains.

Dans ce roman, on suit deux adolescentes qui deviennent des femmes trop tôt. L'une d'elle est la princesse d'un clan royal. C'est une jeune femme qui sait ce qu'elle veut, qui veut prendre part aux décisions politiques de son père, qui ne veut pas se marier et qui a une forte attirance pour les femmes. Malgré son impétuosité, elle se retrouve emprisonnée dans un mariage arrangé. L'autre jeune femme est née dans un petit village du Ghana au sein d'une famille simple et aimante. Parti vendre ses chaussures dans d'autres villes, son père ne reviendra jamais. Elle se retrouve à devoir assurer la subsistance de sa famille jusqu'à ce que des chasseurs d'esclaves viennent mettre le feu à son village et embarquer les jeunes enfants et adultes. Elle va alors connaître la vie d'esclave, arrachée à sa famille.

Peu importe le milieu d'où elles viennent, elles ont toutes les deux fait parties de famille aimantes qui sont enchaînées à leurs traditions. Elles se retrouvent sacrifiées au nom de leur famille ou à cause de la cruauté de l'humain.

Les personnages secondaires sont quant à eux très bien décrits et tout aussi attachants. le destin ne les épargne pas non plus et on regrette à certains moments de ne pas en savoir plus sur eux.

J'ai passé un très bon moment aux côtés de Wurche et Aminah.
Lien : https://www.labullederealita..
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Un peu déçu par une intrigue trop simple et des personnages trop caricaturaux. Tout est finalement un peu superficiel. Surtout, l'amitié entre deux femmes qui est vendue dans la 4ème de couv (l'argument qui m'a fait acheter ce livre, j'avais très envie de voir développer le thème de la sororité) n'est d'après moi qu'une vaste arnaque et n'existe tout simplement pas.

Lecture plutôt agréable malgré tout, rattrapée par l'argument que Ayesha Harruna Attah développe sur l'esclavage intra-continental. Réflexion intéressante sur les mécanismes ayant mené certains africains à travailler eux-même à l'asservissement de leur continent. Mais là aussi, une petite déception. Selon moi, les causes profondes de cet esclavage inter-africain ne sont pas suffisamment exposées. Elles le sont, mais un lecteur Européen malavisé pourrait s'y tromper. Mais finalement nous (Européens) ne sommes pas le premier public visé. L'auteure s'adresse d'abord à ses compatriotes.
Malgré tout, pour un lecteur rapide qui pourrait penser : "Ah! comme quoi il n'y avait pas que les Européens, donc au fond ça va, tout le monde est pareil". Non. Les structures économiques et sociales du continent, et notamment de la Côte d'Or, sont profondément changées par la demande colossale en esclaves des Européens. La mise en place d'une telle structure pour répondre à la demande n'a pas pu être démantelée en un claquement de doigt, et perdure après la fin "officielle" du commerce transatlantique (les guillemets parce qu'on rappelle que les Etats sudistes américains pratiquent l'esclavage encore longtemps après, sans parler du Brésil, dernier pays à l'abolir - il y avait donc encore de la demande, et on payait à prix d'or car les patrouilles de la Royal Navy rendaient le "bien" plus rare...).

Lecture en demi-teinte donc. En tout cas, de la jeune génération d'auteures d'Afrique de l'Ouest anglophone, il y en a bien d'autres que je recommande avant :

- Going Home, Yaa Gyasi
- Under the Udala Tree, Chinelo Okparanta

Et bien sûr tous les livres de Chimamanda Ngozi Adichie (là vous pouvez foncer, on tient l'une des prochaines prix Nobel)
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
- Encore un puits ! s'exclama Wumpini.
- Salaga est la ville aux cent puits, répondit Wurche.
- Pourquoi y en a-t-il autant? demanda Aminah.
- Ils ont été creusés pour qu'on puisse laver les esclaves après leurs longs voyages.
Une ville créée pour vendre les êtres humains, pensa Aminah. Pareille ville ne pouvait prospérer. Voilà pourquoi Salaga avait subi tant de guerre.
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Aminah regarda sa robe chiffonnée, en tas sur l’herbe, voulant plus que tout la rattraper. Mais la poigne de Maigida était de fer. Au lieu de la ramener chez lui, ils s’arrêtèrent au marché. Il conduisit Aminah jusqu’à un arbre, l’attacha par la cheville, et lui désigna une large pierre. Elle essaya de croiser son regard, mais il refusait de la regarder.

« Je vous en prie », le supplia-t-elle. Je vous en prie, rhabillez-moi. Pas ça, je vous en supplie. Il ne dit rien d eplus. D’autres chasseurs amenèrent leurs captifs, qui s’assirent auprès d’elle. Elle baissa la tête et vit ses seins, son triangle noir. Jamais elle ne s’était sentie aussi exposée depuis qu’on l’avait arrachée à Botu. Même avec une robe, elle attirait des gens comme Wofa-Sarpong et l’homme au turban de la caravane. Qu’en serait-il, nue? Qu’était devenu cet homme qui voulait l’acheter? Pourquoi ne lui arrivait-il rien de bon ?

Elle se recroquevilla par terre, enroula les bras autour de ses jambes, et enfouit sa tête entre ses genoux. Quand cela va-t-il finir ? aurait-elle voulu crier. Mais elle se contenta de se bercer d’avant en arrière, essayant d’ignorer les rayons du soleil qui s’abattaient sur son dos.
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Les Allemands avaient tué la ville. Même au cours de son bref séjour à Salaga, elle avait été intriguée par les quantités de choses qui s’y échangeaient ici. Elle avait le cœur lourd, et pourtant, l’instant d’après, il devint léger. C’était un nouveau départ. Elle se prit à rêver d’un atelier de cordonnerie, qu’elle bâtirait avec Moro et qu’elle décorerait en souvenir de Botu. Elle fabriquerait des souliers qu’elle vendrait, tandis que Moro travaillerait la terre, et leurs enfants grandiraient en apprenant à créer des objets et à cultiver le sol. Enfin, un jour, son père arriverait juché sur son âne albinos en disant qu’il avait perdu son chemin.
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Les caravanes. Elles arrivaient à l’aube. Elles arrivaient quand le soleil atteignait le zénith dans le ciel. Elles arrivaient quand minuit enveloppait le monde de son velours bleu. La seule certitude, c’était que la caravane de Sokoto viendrait avant la fin de la saison sèche. Pourtant aujourd’hui, les choses avaient changé. Pendant des semaines, Aminah et le reste des habitants de Botu avaient même douté que la caravane vienne. Les nuages qui apportaient la pluie n’avaient pas encore crevé, mais déjà les éclairs illuminaient le ciel au loin et le tonnerre résonnait. L’herbe était haute. Et on parlait de cavaliers qui se rapprochaient. Des cavaliers qui rasaient tout sur leur passage. Des cavaliers qui effrayaient les caravanes. Des cavaliers qui enlevaient les gens. Ce n’était pas bon signe. Le père d’Aminah devait aller à Jenne vendre ses chaussures. La famille d’Aminah devait vendre sa nourriture.
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-Très bien. il dit que les chrétiens ont certaines idées qui sont bonnes. Ils nous apportent toutes sortes d’améliorations, par exemple avoir plus d’écoles, plus de sécurité, des routes plus larges. Et ils veulent mettre fin à l’esclavage. Alhaji Umar dit que les chrétiens, mais aussi les musulmans, ont pris part à la traite pendant des siècles, ils ont encouragé les raids de gens tels que Babatu et notre ami Moro, mais soudain ils ont décidé qu’il fallait y mettre fin. Sur la Côte-de-l’Or, d’où vient ce journal – j’apprends la langue anglaise, tu vois – l’esclavage a été interdit. Imagine, juste de l’autre côté de ce fleuve. Ça s’appelle l’émancipation.
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Video de Ayesha Harruna Attah (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ayesha Harruna Attah
"Les cent puits de Salaga" d'Ayesha Harruna Attah. Traduit de l'anglais (Ghana) par Carine Chichereau. À paraître le 4 septebre 2019.
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