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Le Labyrinthe magique tome 2 sur 6
EAN : 9782916749129
448 pages
Fondeurs Briques (20/05/2009)
4/5   3 notes
Résumé :
Max Aub (1903-1972) fut un éternel exilé. Né à Paris, il passe sa jeunesse en Espagne où il se lie à l'avant-garde intellectuelle (García Lorca, Buñuel et Dali), avant d'être le commanditaire du Guernica de Picasso, en tant qu'attaché culturel de la République espagnole à Paris, et de participer à Sierra de Teruel, le film de Malraux. Interné par Vichy en 1941, Max Aub réussit à gagner le Mexique où il se consacre à une uvre littéraire protéiforme, encore méconnue e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
1936 - Guerre civile d'Espagne
« A côté de l'amitié, de la solidarité et de l'effort commun, il y a l'égoïsme, la lâcheté et surtout la trahison » (Claude de Frayssinet – traducteur,
p. 13). Cette ellipse donne le ton au livre qui a pour toile de fond la guerre civile, sans parler de tactiques ou de stratégies militaires.

Les nombreux protagonistes sont de parfaits inconnus, aux biographies parfois très détaillées et aux traits physiques inventés. de temps à autre, quelques noms connus sont cités mais Max Aub ne se veut pas historien, il écrit une fresque historique en six volumes (celui-ci est le deuxième) et se place clairement du côté Républicain. Après la guerre civile, alors que les nationalistes de Franco ont gagné, la vindicte du dictateur le fera rechercher au-delà de la frontière. Max Aub sera interné dans le camp de concentration du Vernet par le gouvernement de Vichy où il écrira l'étrange et passionnant « Manuscrit Corbeau ».

Le 18 juillet 1936, le coup d'Etat manqué du général Mola face au gouvernement républicain regroupant socialistes, anarchistes et communistes, signe le début de la guerre civile. le Frente Popular compte un nombre important de mouvements de gauche en lutte constante et depuis des années, contre les nationalistes, militaires, haut clergé et riches propriétaires terriens. Peu ou pas de cohésion entre les différentes factions sauf leurs animosités réciproques.

Le livre de Max Aub comprend trois parties :

La première se passe à Valence où un groupe de jeunes communistes, étudiants et ouvriers, a mis sur pied une troupe théâtrale. La déclaration de guerre civile va les confronter à leurs idéaux, à leur conscience, à leurs parents, à leur engagement politique. L'un part au front, l'autre se heurte mortellement aux idées paternelles, un couple se trouve et doit se quitter, tous ont des discussions acharnées sur ce qu'il convient ou non de faire. La ville est en plein chaos, les nouvelles d'assassinats et de tueries défilent à un rythme effréné. Bientôt, ce sera leur tour. Les habitants se préparent, ils s'arment et souvent agissent sur ordre de leurs partis respectifs qui ont leur propre police et leurs propres tribunaux plutôt expéditifs.

La deuxième partie se passe à Burgos et est un court volet sur l'esprit nationaliste et sur la Phalange.

La troisième partie se passe à Madrid, au cours de la première semaine de novembre 1936, lorsque les Regulares Indigenas de Franco tentent, sans succès, d'occuper la capitale. le 7 novembre, arrivent en renfort pour les Républicains, les Brigades internationales. La troupe théâtrale de Valence a fait le déplacement en espérant jouer pour ceux du front. Les acteurs ont répété « le siège de Numance » de Cervantès où il est question d'un peuple qui résiste désespérément face aux Romains !

Max Aub a vécu les premiers mois de la guerre civile parmi ces jeunes qui espéraient un changement radical des conditions de vie de leurs parents et un autre avenir pour eux. Toutes les idées s'affrontent, progressistes ou non, réalistes ou non, anticléricales ou plaçant Dieu au centre du débat, philosophiques et artistiques. Ce qui intéresse l'auteur, c'est de donner la parole au peuple, c'est de faire vivre au jour le jour ces équipes de défense, par quartiers ou par corporations, c'est de révéler des natures humaines fortes et inventives que le quotidien laborieux gardait dans l'ombre. le peuple a peur, il côtoie la mort, il attend, il sait qu'il va devoir défendre chèrement sa liberté, sa ville et malgré tout, il garde espoir. Cet espoir maintient la vigilance et la détermination.

Il faut voir ces quatre cents coiffeurs madrilènes creuser des tranchées, élever des murets, s'entraîner vaille que vaille avec un fusil pour trois et dix cartouches par personne, ratiboiser les troupes marocaines solidement entraînées. le mot d'ordre des assiégés est le célèbre NO PASARAN répété avec force pour la victoire, forcément pour la victoire.

Pourquoi ce titre « le labyrinthe magique » ? Parce que « l'Homme est un noyau tellement compliqué que nous ne pourrons jamais prévoir toutes ses réactions. Loué soit-il pour cela. Parce que, sinon, il n'y aurait pas de progrès possible car nous atteindrions une limite » p. 423.

Lecture exigeante, riche en réflexions, creuset inépuisable de sujets de dissertations ou d'épreuves Bac philo.
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EL LABERINTO MAGICO, tomo 2: CAMPO ABIERTO


Je continue mon errance dans le Labyrinthe Magique de Max Aub. Il me faut dire d'emblee qu'ou bien je m'habitue, ou alors ce deuxieme tome est decidement beaucoup plus facile a lire. Cela tient peut-etre au fait que bien qu'Aub l'ait ecrit en quelques mois (entre Mai et Aout 1939) lors de son court sejour a Paris, il l'a retravaille pendant deux ans avant de le publier en 1951, six ans après la publication de ce qui doit etre le troisieme tome, Campo de sangre.


Campo abierto traite des premiers mois de la guerre civile espagnole, de Juillet a Novembre 1936. Les premiers chapitres sont ancres dans la Valence republicaine, un se passe a Burgos qui est aux mains des insurges, et tous les derniers decrivent la premiere semaine de Novembre a Madrid. Aub s'interesse donc beaucoup plus a ce qui se passe du cote des republicains, mais il ne lache pas pour autant le vecu de leurs adversaires phalangistes.


A Valence c'est le bordel. Chaque parti agit comme s'il etait le seul legitime, comme si tous les autres partis de la coalition republicaine etaient des ennemis. Ils s'arment. Ils s'organisent en comites de defense et en patrouilles d'attaque.Ils se creent des tribunaux politiques, non reconnus par la republique, qui agissent (c'est un euphemisme; qui tuent en fait) hors de tout droit, de toute equite, de toute ethique. Un pistolet dans le pantalon permet tout, devenant l'ultime instrument d'une justice expeditive. Les premiers chapitres decrivent donc beaucoup de morts, par erreur, par betise arbitraire, par acharnement deplace, par pure injustice, par abus de cruaute. Mais ils decrivent aussi l'enthousiasme, le devouement, la solidarite de beaucoup de jeunes idealistes. Les uns qui forment une troupe de theatre itinerante, d'autres qui se portent volontaires pour le front ou pour n'importe quelle tache, dont la remuneration est le reve d'une future societe meilleure. Et dans tout ce fracas l'amour arrive a percer, imprevu, hesitant, fragile.


A Madrid, debut Novembre, les troupes franquistes sont aux portes de la ville. Elles ont pris les villages environnants, et, jour après jour, penetrent les quartiers peripheriques de la capitale. Des syndicats de travailleurs se mobilisent. Les coiffeurs ne laisseront pas ces "sans ame", ces maures apportes par Franco, violer Madrid. Ils s'organisent et font le tir depuis des immeubles frontaliers. Et ils parlent. Aub nous fait part de leurs convictions, de leurs doutes, de leurs peurs. Y aura-t-il une aide francaise? Est-ce vrai que les dirigeants politiques quittent la ville, fuient? Les tresors du Prado sont mis en surete dans des caves; cela suffira-t-il a les sauver? Aub prend clairement parti pour les assieges, mais il n'oublie pas pour autant de decrire le courage des attaquants, la rage qui les submerge de se voir arretes, alors qu'ils sont a un jet de pierres du palais royal, par la grotesque resistance de citoyens entre deux ages, non entraines et mal armes.


Aub ne se veut pas historien. Il ecrit une vision romanesque de situations historiques pour mieux cerner l'homme, la condition humaine dans ces situations. C'est une grande fresque ou une multitude de personnages discutent sur la vie, sur la societe, sur la mort, dans un décor des plus dramatiques. Mais toutes ces voix rapportees ne deviennent pas cacophonie, mais au contraire coherence. Une polyphonie qui ne desagrege pas l'intention de l'auteur, mais au contraire raffermit, enrichit son message. Dans Campo abierto Aub s'est limite: il y a moins de personnages que dans le tome precedent, et certains reviennent a differents chapitres; on peut les suivre, et ils donnent une substance romanesque a l'oeuvre. le lecteur peut suivre Aub plus aisement. D'autant plus que le langage hyperbaroque, reinvente, qui etait le trait distinctif du premier tome, est ici adouci, sinon abandonne. On ne se casse plus les dents a chaque phrase.


J'ai plus aime ce tome que le precedent. Je l'ai trouve plus "roman". Campo abierto (Champ ouvert) est plus "ouvert" pour le lecteur que je suis, plus accessible. En mieux donc, il poursuit le dessein commence dans Campo cerrado: exprimer l'humain d'hommes empetres dans des circonstances adverses, voire tragiques.


Un tres beau tome. Complexe. Dechirant mais pas amer. La determination, l'espoir, sont presents a chaque page.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tu crois que tous ceux qui sont en train de creuser des tranchées autour de Madrid, ou qui dressent des barricades dans les rues, le font par décision du gouvernement ? Penses-tu ! D’ailleurs le gouvernement ne décide rien du tout. Il ne pense qu’à sauver sa peau… Tu crois que les Madrilènes sont disposés à se laisser massacrer pour défendre la République ? Non, mon vieux ! Ils sont prêts à mourir parce qu’ils veulent éviter que les fachos entrent.

p. 289
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Que les gens s’entretuent comme ça, depuis la nuit des temps … Entre les civilisations qu’elles soient primitives ou raffinées, toujours la guerre. Tuer, s’entretuer, pour une chose ou pour une autre. Mais toujours mieux et de façon plus généralisée, à mesure que la population augmente. Pour le pouvoir. Uniquement pour le pouvoir. On peut appeler ça comme on veut. Pour le pouvoir. Pour qu’un individu puisse faire ce qu’il croit bien, ce qu’il croit être bien pour lui. Sans autre loi.

p. 415
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Le fascisme a apporté avec lui une effrayante marée de suie, d’énormes vagues de boue. Le fascisme est la grande construction du mensonge, ses fondements sont la délation, et la délation est la forme la plus abjecte du mensonge, parce qu’elle n’ose pas inventer pour faire le mal et qu’elle interprète la réalité à sa façon.

p. 413
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