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Nicole Cadene (Autre)
EAN : 9782072901546
240 pages
Gallimard (18/02/2021)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Adolescente, Hubertine Auclert (1848-1914) avait envisagé de prendre le voile, mais les religieuses n'avaient pas voulu d'elle. Elle se tourne alors vers un autre sacerdoce, la cause des femmes. Il y a fort à faire, comme elle le confie à son journal : exclues de la citoyenneté, privées de leurs droits civils, interdites de présence dans l'espace public, soumises à un moralisme étroit, les femmes de la fin du XIX ? siècle sont en outre, pour les plus vulnérables d'e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Hubertine Auclert (1848-1914) est une pionnière du « suffragisme » (les suffragettes sont les anglaises) et à l'origine du mot « féministe » pour désigner le combat pour l'égalité des sexes. Jugeant les mouvements existants trop modérés, elle fonde son propre groupe, le « Droit des femmes » qui devient ensuite « Suffrage des femmes ». et même un journal, « La Citoyenne », pour revendiquer des droits politiques.
C'est une partie de ses écrits qui sont exhumés et retranscrits fidèlement ici et ce livre nous plonge dans la pensée de cette militante assez incroyable.
On y croise de grands évènements (exposition universelle) objets d'une lecture différente de celle de l'historiographie consacrée : « Tous les hommes qui détiennent en France une parcelle de pouvoir, une ombre d'autorité commerciale, industrielle, ou qui ont dans la main un outil, sont représentés dans les commissions d'organisation de l'Exposition, les femmes ne le sont pas. »
Mais aussi des situations plus humbles et racontant la multitude des luttes de l'époque :
« Nous avons songé à proposer d'honorer, en Mme Wigurska (doyenne des lingères, ndb), le persévérant labeur féminin. Solenniser les quatre-vingt-trois ans de cette vieille-jeune ouvrière, ce serait certainement faire rejaillir de la sympathie sur toutes les travailleuses ; seulement, comment décider les femmes toujours prêtes à glorifier les hommes, à rendre hommage à une humble de leur sexe qui préconise l'émancipation par le travail ? »
Même si quelques passages m'ont paru un peu tirés par les cheveux (et c'est pour moi un sujet sensible, les cheveux), il n'en reste pas moins que ces textes témoignent d'un état d'esprit et constituent de ce fait un témoignage plus qu'éclairant.
Comme la postface, à l'heure des déboulonnages en tous genres :
« Hubertine Auclert devrait être au Panthéon, aux côtés d'Olympe de Gouges qui ne s'y trouve pas non plus. »
Bonne réflexion à tous...
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😊 A la découverte de 😊
Hubertine Auclert Journal d'une suffragiste - Édition présentée par Nicole Cadène
Gallimard

Merci à l'opération masse critique de Babelio pour cette passionnante découverte.

J'ai vraiment apprécié la découverte d'une femme que je ne connaissais absolument pas, Hubertine Auclert. Et pourtant, en tant que femme, je me devrais de la connaître. Elle n'a cessé de lutter toute sa vie, agir et revendiquer la cause des femmes et en particulier le droit de vote. Elle est même considérée comme l'initiatrice du terme de féminisme à partir de 1882.
Elle ne verra malheureusement jamais les fruits de son combat en mourant quelques semaines avant la grande manifestation suffragiste dont elle rêvait le 5 juillet 1914.
Une initiatrice méconnue de la lutte pour le droit de vote accordé aux femmes. Elle a donné le jour à des combats qui seront largement repris par d'autres par la suite. C'est très intéressant de découvrir ou redécouvrir cette femme.

Dans la première partie du livre, Nicole Cadène nous relate la genèse de cet ouvrage. le journal tenu par Hubertine a visiblement disparu, et les différentes copies qui en ont été faites aussi. Pourtant, ces dernières vont finir par réapparaître. le fruit d'un long labeur et d'une obstination sans failles qui permettra non seulement de retrouver ces copies mais aussi de retrouver des pages supplémentaires de ce fameux journal.
Nicole Cadène va nous relater son travail de recherche mais aussi nous expliquer le contexte, la vie de cette femme, ses aspirations...

La seconde partie nous livre la retranscription du journal de Hubertine Auclert, du mieux possible, avec des mots manquants qui n'ont pu être déchiffrés et sûrement des pages qui ont disparues avec le temps.
On y découvre l'intimité de cette femme, ses pensées personnelles, ses joies mais aussi ses désillusions.
C'est un journal personnel, d'où un style très à fleur de peau. Ici on ne cherche pas les belles phrases ou les effets de styles, mais juste une retranscription de ses pensées, de ses états d'âme.
Des pensées sans filtre où l'on découvre intimement cette femme.

La troisième partie nous livre des articles de journaux écrits par Hubertine. Ici le style est plus travaillé, beaucoup plus net et impactant. Les thèmes développés sont très intéressants et nous dépeignent cette société qui exclue et exploite les femmes. Ces dernières n'ont aucun droit, soumises à la loi de et pour les hommes. Elles n'ont pas le droit de travailler pour gagner leur vie, et les quelques emplois autorisés (ouvrière, lingère) sont sous payés et ne leur permettent pas de vivre. La prostitution est le lot de nombreuses femmes comme unique moyen de survie pour elles et leurs enfants.
Le ton est ici résolument plus dénonciateur que dans le journal intime. On est dans une vraie affirmation, une démonstration de l'inacceptable.
Cette partie est riche et très instructive. On a une peinture de la condition de la femme et de l'importance que revêt le droit de vote pour les femmes, de la prise en compte de leurs voies, de leurs existences. Celui-ci n'arrivera d'ailleurs que bien tardivement, en 1944 (pourtant en 1919 le parlement avait voté pour mais le Sénat avait bloqué le projet de loi).

Enfin le livre se termine par une impressionnante liste de sources. de quoi trouver de quoi de documenter sur le sujet.

Pour retrouver ce livre, c'est par ici http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio-histoire/Journal-d-une-suffragiste
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Je le reconnais, je ne connaissais pas Hubertine Auclert. Et c'est en lisant ce livre que je me suis rendu compte que je connaissais si peu l'histoire de la lutte des femmes pour obtenir des droits dont je peux moi-même jouir aujourd'hui. de toute ma scolarité, il me semble que l'on m'ait simplement enseigné le fameux "1944 : droit de vote des femmes" et que le reste de mes connaissances (insuffisantes) sont le fruit de mes intérêts personnels. C'est affligeant.

La lecture de ce livre est tout autant inspirante que déprimante. Nicole Cadène fait un très bon travail pour présenter sa démarche et recontextualiser les écrits d'Hubertine Auclert avant de laisser place à ceux-ci. On découvre alors une femme déterminée, qui ne semble pas faiblir malgré les échecs répétés. Souvent flouée, elle aura tout de même persisté toute sa vie dans sa lutte sans jamais avoir la chance de voir ses espoirs se réaliser. Et c'est en cela que ce livre est déprimant - de se dire que sa lutte aura presque été vaine et qu'il aura fallut deux guerres mondiales et des décennies avant que le suffrage ne devienne réalité. le journal d'Hubertine Auclert est très intéressant pour découvrir sa perception de la condition féminine et de sa lutte. Bien que très forte, on ressent parfois une certaine vulnérabilité de sa part et un sentiment d'impuissance, ce qui aide selon moi à l'humaniser et à la considérer en tant que femme plutôt qu'en simple figure du féminisme.
La lecture des articles rédigés par Hubertine Auclert et mis en avant dans ce livre est également très intéressante. Les thèmes sont captivants et les écrits enrichissants.
Nicole Cadène conclut ensuite ce livre en ouvrant le sujet sur la place que nous accordons aux femmes qui ont fait L Histoire. Une place bien petite.

J'ai beaucoup apprécié ma lecture, que j'ai trouvée très instructive. On sent que Nicole Cadène a fait beaucoup de recherches et ses notes sont très intéressantes (autant pour apporter du contexte que pour encourager à approfondir les sujets abordés), bien que ce ne soit pas toujours très pratique de les consulter en fin de l'ouvrage car elles sont très nombreuses.
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On connaît mal, peu ou pas, Hubertine Auclert (1848 – 1914). Et ce n'est pas étonnant car son journal a été oublié par l'Histoire ainsi que son travail, comme trop souvent les actes significatifs des femmes. Pourtant, elle fait partie de celles qui se sont battues pour acquérir le droit de vote. Trouvant que les mouvements de son époque ne sont pas avancer les choses, elle fonde la société «Le Droit des femmes » qui devient par la suite « Suffrage des femmes ». et même un journal, « La Citoyenne », pour revendiquer des droits politiques. Quand elle s'établit en Algérie pour quelques années avec son mari, Pierre Antonin Lévrier, elle observe les femmes du pays et note :

« Pour les étrangers, les fonctionnaires, les Israélites, les colons, les trafiquants, l'Arabe, moins considéré que ses moutons, est fait pour être écrasé. le refouler dans le désert pour s'emparer de ce qu'on ne lui a pas encore pris, tel est le rêve. Les Français algériens, qui ont déclaré que le fanatisme rendait les Arabes incivilisables, s'obstinent à ne rien tenter pour les tirer de l'ignorance, si favorable à l'exploitation et à la domination. »

Hubertine Auclert, Les femmes arabes en Algérie

Toute sa vie, Hubertine lutte contre les préjugés.

Son journal intime, intitulé ici Journal d'une suffragiste (chez Folio inédit Histoire) a été étudié, traduit et surtout, perdu. Nicole Cadène relate dans une longue et très intéressante introduction le récit de son enquête pour retrouver les pages manquantes et en faire une transcription fidèle.
J'ai lu toute cette partie ainsi que la postface avec beaucoup d'intérêt. Et je vous invite à en faire autant si vous vous intéressez aux femmes engagées. le journal se lit rapidement.

Hubertine Auclert est enterrée au Père-Lachaise. Il existe à Paris (11ème) une place qui porte son nom.
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Un témoignage historique de premier plan sur une pionnière du féminisme. le livre est court, mais il offre le portrait vivant d'une femme étonnante à bien des égards, par sa vie privée, touchante, par l'intensité de son engagement. Et en même temps il offre l'occasion de saisir une femme et une période dans sa complexité historique. Voici une pionnière du féminisme, appelée à devenir une figure de plus en plus étudiée dans les classes, ce qui serait bien normal, mais qui en même temps se cherche un peu sur le plan politique, participe un temps à un journal dirigé par l'épouvantable Drumont, terrifiant antisémite de l'époque, en qui l'historien Gérard Noiriel voit la préfiguration d'un journaliste célèbre.
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critiques presse (1)
LeMonde
19 avril 2021
Histoire d’un livre. Hubertine Auclert milita pour le droit de vote des femmes sous la IIIe République. Puis on la perdit de vue. L’historienne Nicole Cadène a retrouvé son journal.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sur toute la ligne résultats négatifs. Je monte toute seule à l’assaut des préjugés et quand je crois toucher au but, avoir vaincu les plus grandes difficultés, je suis précipitée au-delà du point de départ. Si j’étais riche ce que je fais paraîtrait sublime, étant pauvre, ce n’est que ridicule.
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C’est parce que l’on a posé en principe qu’elle ne devait pas travailler, que dans toutes les professions la femme peine presque gratuitement 
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Videos de Hubertine Auclert (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubertine Auclert
HUBERTINE AUCLERT (1848-1914), "La première suffragette". Présentation par Olivier Duhamel.
Née en 1848 à Saint-Priest-en-Murat dans l'Allier, Hubertine Auclert est une féministe "intégrale", une "suffragette" passionnément engagée en faveur du droit de vote des femmes.
A treize ans, après la mort de son père, Hubertine Auclert est mise au couvent. Quand elle en sort en 1869, alors qu'elle y a été tentée de devenir nonne, c'est en "militante anticléricale" qu'elle rejoindra Paris.
Hubertine Auclert sait que sa revendication d'une égalité civique des femmes ne heurte pas seulement les "bourgeois" mais qu'elle divise les socialistes et les féministes. En 1878, dans : "Le droit politique des femmes, ou question qui n'est pas traitée au Congrès international des femmes", Hubertine Auclert met habilement l'accent sur les raisons d'une telle division :
" Vous refusez le vote aux femmes sous prétexte qu'elles voteraient pour les prêtres et les jésuites - ce qui n'est pas prouvé - et vous ne craignez pas de permettre aux jésuites et aux prêtres de voter. Supposez-vous donc que les prêtres et les jésuites ne votent pas pour eux-mêmes ?"
"Républicains, qui vous croyez radicaux, socialistes, qui niez le droit politique de la femme ; vous êtes des autocrates, vous niez la liberté, vous niez l'égalité. Pensez-vous pouvoir établir sérieusement un gouvernement républicain en conservant des esclaves qui feront de la France un pays continuellement en état de fermentation ?"
Hubertine Auclert voit juste : la tendance dominante des socialistes et des féministes se méfie de l'influence de l'Eglise sur le vote des femmes.
Imitant les méthodes des suffragettes anglaises, Hubertine Auclert pratique un art de la provocation et de la désobéissance civile qui fait grand bruit, mais parfois la marginalise : grève des impôts, refus du recensement, inscription sur les listes électorales, subversion des symboles de la République, par l'affiche, le dessin, le timbre ou les banderoles de son groupe « le suffrage des femmes ». En 1908, elle va jusqu'à briser une urne et en 1910 c'est avec Marguerite Durand qu'elle se présente aux élections.
Elle poursuit cet activisme jusqu'à sa mort en 1914 : enterrée au cimetière du Père-Lachaise à Paris, son tombeau évoque « le Suffrage des Femmes ». En 1914, son combat est loin d'être gagné. En 1919, on pouvait espérer, mais le Sénat bloque le dossier. Comme tant d'autres, Clemenceau craignait l'emprise de l'Eglise sur le vote des femmes, surtout dans les campagnes.
Dans les années 30, malgré l'engagement d'une Louise Weiss, c'est toujours la même histoire. Jusqu'à ce qu'enfin, en 1944, De Gaulle et les résistants reconnaissent aux femmes, qui résistèrent aux nazis autant que les hommes, le droit de vote.
Électrices, les femmes deviennent en droit éligibles. En droit, mais pas en fait. Leur petit nombre d'élues provoque l'indignation. Commence le combat pour la parité, mené notamment par Françoise Gaspard. Un combat qui se solde par une demi-victoire avec, en 2006, une révision de la Constitution prescrivant de "favoriser l'égal accès..." . En droit, tout est réglé. En pratique, tout reste à faire.
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