AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 58 notes
5
6 avis
4
9 avis
3
0 avis
2
2 avis
1
0 avis
Suite à « De l'ardeur »,(Histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne) qui lui vaut le prix Renaudot Essai 2017 », et « Par une espèce de miracle (2021) », où elle accompagne dans l'exil Yassin al-Haj Saleh ( une autre figue importante de la dissidence syrienne) , Justine Augier prolonge le geste qui fait de l'écriture le lieu de son engagement avec son dernier livre «  les pouvoirs de la littérature » . Dans ce texte poignant , elle révèle la source de cet engagement : sa mère et les livres auxquels elle l'a initiée très jeune, et qui deviendront une part essentielle de son existence. Un texte qui verra le jour grâce à l'insistance de sa mère peu avant sa mort, une espèce de testament qu'elle exécute ici en lui rendant hommage. Sa mère était Marielle de Sarnez, une combattante, personnage politique , députée du MoDem.

Pour ma part, ce texte confirme encore une fois ma confiance dans le pouvoir de la Littérature qui m'a soutenue durant des moments extrêmement difficiles de ma vie, et qui m'a aussi aidée à changer de perspective et d'attitude pour amorcer ou éviter désagréments , et situations des plus désagréables qui auraient pu aboutir sans sa présence, à des conséquences plus nocives. Mais je pense que ce pouvoir sur nous n'arrive pas du jour au lendemain , les lectures laissent en nous une sédimentation , une espèce de limon , qui s'active au contact d'un nouveau livre qui va nous influencer, toucher, émouvoir …..”Elle fait vivre la pluralité en chacun, donne vie en soi à d'autres regards sur le monde, réactive une manière enfantine de se réinventer, enjoint à déployer des représentations et entraîne l'imagination,… »

Encore une fois je suis admirative de la confiance absolue de Justine Augier, héritée de sa mère, en la possibilité du Changement qui n'appartient à aucune classe, bien que revenant ici souvent sur la guerre civile syrienne qui reste profondément ancrée dans sa conscience, particulièrement parce que le Monde y a été sourd, aveugle et muet, elle exprime l'horreur du « Rien n'est impossible », l'impensable banalité du mal .

Cette femme qui nous a offert deux très beaux livres poignants sur deux joyaux humains qui brillent parmi les ruines de la révolution syrienne, rend ici un superbe hommage à la Littérature en agrémentant son texte de citations d'écrivains et de textes littéraires intéressants. Son adieu à sa mère s'avère aussi et toujours avec la Littérature avec un poème d'Aragon trouvé dans un de ses livres , encadré au crayon :

C'est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d'un trou

Bravo encore une fois Justine ! Ton engagement, ta sensibilité et tes mots me touchent profondément ! Et ta culture littéraire est épatante !

« La vérité, c'est qu'il y a des moments dans l'histoire, des moments comme celui que nous vivons, où tout ce qui empêche l'homme de désespérer, tout ce qui lui permet de croire et de continuer à vivre, a besoin d'une cachette, d'un refuge. Ce refuge, parfois, c'est seulement une chanson, un poème, une musique, un livre. Je voudrais que mon livre soit l'un de ces refuges. »
Romain Gary ( Éducation européenne

«  Ce fut un voyage au plus profond de la lumière »
Henry Miller
Commenter  J’apprécie          8819
Choisi à la Librairie Périple2- Boulogne-
Billancourt- Mardi 7 février 2023

Gros coup de coeur pour ce texte " bref et fulgurant " offrant une réflexion puissante sur l' Écriture, entre l'Intime, l'Universel et le Politique ( dans une large acceptation)

Comme Justine Augier l'exprime très explicitement, elle songeait depuis un long moment à ce projet d'écriture, tout en l'abandonnant. Et puis est survenue la grave maladie de sa maman, qui l'incita à reprendre et à concrétiser ce projet de livre...

Ce qui donne à ces lignes une résonance universelle, toute particulière...Un essai mélangeant l'intime, le rapport singulier, unique d'une mère et d'une fille, les souvenirs, l'histoire familiale, et les engagements politiques, humains de l'auteure, pendant 15 ans, loin de la France, pour trouver son chemin, sa propre existence, ses propres engagements( ayant vécu la difficulté d" être la fille de...",fille d'une femme politique célèbre )....
Une réflexion qui nous emmène dans une certaine idée de la Littérature, avec un "L" MAJUSCULE ...

Parmi les grands souvenirs de lectures de lectures...je note dans mes "urgences à lire" les livres d' Alexietvitch....dont Justine Augier parle avec beaucoup de justesse et d'enthousiasme...

Ce récit offre également de belles pages sur la complexité de " La Transmission" entre enfants et parents...et sur "La Transmission" en général...

Je me permets d'ajouter un extrait qui en exprime l'essentielle richesse intellectuelle et émotionnelle :

"Les textes que ma mère m'a fait découvrir émergent à présent les uns à côté des autres, dessinent une carte que j'ai longtemps été incapable de déchiffrer, et d'ici je vois enfin combien ils ont été décisifs, et comme ils sont beaux ensemble. Ceux qu'elle m'a fait découvrir,ceux que j'ai lus pour m'éloigner, ceux dans lesquels je l'ai retrouvée, ceux que j'ai lus pour tenir en son absence : ils composent la carte d'un lieu où la relation persiste et se réinvente. "

Commenter  J’apprécie          393
Lire et écrire, actes de résistance

Justine Augier a grandi avec les livres et a compris combien ils étaient essentiels. Dans ce court essai, qui rend aussi hommage à sa mère, elle dit le pouvoir de la littérature. En partageant ses combats et sa peine, elle nous offre un nouvel horizon. Lumineux.

C'est durant le confinement, ce temps suspendu, que Justine Augier a eu l'idée d'écrire sur les pouvoirs de la littérature. Une idée qui va l'accompagner quelques temps et qu'elle va confier à sa mère qui se bat contre une leucémie qui finira par l'emporter. Mais avant sa mort, elle aura eu le temps d'intimer à sa fille sa volonté de la voir mener à bien ce projet. Alors, il n'est plus question de tergiverser. Elle reprend ses notes et se met au travail. Assez vite, elle dresse ce constat: "Les livres sédimentent en moi d'une façon mystérieuse, ils déclenchent de longues et lentes transformations dont il m'arrive parfois de repérer les effets, discernant une preuve du cheminement. le philosophe Emanuele Coccia n'hésite pas à évoquer la radioactivité de l'écriture, pour tenter d'approcher cette façon dont la matière mutante ne cesse de cheminer en nous et d'irradier." Alors revenir à ses lectures, surtout celles partagées avec sa mère, c'est continuer à vivre avec elle. C'est retrouver dans les souvenirs toute ces "figures d'une génération qui font le lien avec une époque qui commence à se dessiner, floue encore, une époque vouée à imprégner mon enfance." Il y a là Romain Gary mais aussi Simone de Beauvoir, Boris Vian, André Malraux et Albert Camus. Des auteurs qu'elle idolâtre et aime découvrir au fil des parutions. Puis viendront Miller, Lowry et Lawrence Durrell auquel Justine doit du reste son prénom.
Des lectures qui donnent des envies d'ailleurs mais poussent aussi à la liberté, y compris celle de s'émanciper de sa mère, de choisir d'autres auteurs, d'autres styles. C'est l'époque où après Camus, elle choisit Sartre, Proust, Claudel, puis Deleuze et Barthes, Blanchot et Derrida. "J'éprouve une joie profonde à découvrir mes auteurs, à découvrir qu'on peut écrire de tant de manières différentes". Quand sa mère lit Yourcenar, elle tourne vers une autre Marguerite, Duras qui lui paraît "tellement plus essentielle et profonde. La grande découverte c'est le Ravissement de Lol V. Stein" et ces mots qui sonnent si justes, ces combats qui réveillent les consciences.
"Sa" Marguerite a poussé Justine vers la révolte, vers les témoignages, vers d'autres héros tels que Razan engagé en Syrie contre le dictateur. "La littérature prend soin des rêves défaits et les attise, dans l'espoir aussi que peut-être et d'une façon mystérieuse, ils puissent cheminer pour en embraser d'autres."
La fille de Marielle de Sarnez, femme politique et brièvement ministre des affaires européennes, réussit avec brio et bonheur à nous faire partager ses bonheurs de lecture et sa conviction qu'il faut toujours avancer dans la vie avec les livres. Quel beau message pour ouvrir la rentrée littéraire 2023 et la promesse de découvrir les nouveaux livres d'auteurs avec lesquels nous cheminons, mais aussi de faire de nouvelles découvertes.

Commenter  J’apprécie          392
Justine Augier, fille de Marielle de Sarnez, ancienne députée européenne et décédée des suites d'une leucémie, écrit un essai intitulé Croire, sur les pouvoirs de la littérature, en établissant des parallèles entre l'engagement littéraire, politique et médical.

La littérature permet de lutter contre l'enfermement et de se remettre en question individuellement et collectivement. Arme contre l'oubli, issue du frottement entre l'intime, l'autre et l'universel, mettant en lumière des personnages ou événements dans les contextes les plus sombres, employant des mots qui doivent rester choisis, la littérature a, de nos jours encore, un rôle important à jouer.

Dans un livre extrêmement documenté, avec beaucoup de références et citations, Justine Augier présente une réflexion très aboutie sur les pouvoirs et donc les obligations de la littérature et des auteurs. Les analogies qu'elle établit avec l'engagement politique de sa mère donne une autre dimension au récit, tout comme les passages sur les traitements dispensés à l'hôpital et le travail des soignants.

En indiquant que cet essai est une commande de sa mère avant de mourir et en faisant des liens entre la littérature et sa vie, dans la sphère publique et privée, elle lui rend un bel hommage.

Commenter  J’apprécie          290
La littérature, un hommage d'une fille à sa mère.
Justine Augier a rassemblé un ensemble de livres et de mots afin de décrire ce qui la lie d'abord inconsciemment puis consciemment, à sa mère. L'ambiance est certes intimiste et dure du fait de la maladie et de la fin de vie de sa mère, mais tout autant tournée vers le politique, le militantisme, le totalitarisme et la philosophie sociale. Ses références littéraires sont multiples et vastes du fait de l'appel à de nombreux textes, textes qui lui parlent, qui lui rappellent la vie de sa mère. Je sous-entends par là que les 140 pages ne sont pas guillerettes mais leur justesse est telle, que j'ai fini par décider que l'ouvrage était tourné vers l'avenir et la possibilité de plénitude que me donne la littérature.
Elle appuie sur la chance que certains ont de pouvoir accéder à des textes et des oeuvres qui ouvrent l'esprit. Elle évoque à quel point, dès que nous pouvons y consacrer une belle part de notre temps, la lecture devient une chance de nous éloigner du désespoir, voire de devenir « un résistant » comme elle le dit si positivement.
Elle y voit pareillement un atout de celle-ci contre l'oubli. Fixer les faits, l'histoire, la psychologie des évènements est une réelle félicité. Et elle a raison.
La liste des auteurs, des grandes figures et des oeuvres cités serait trop longue ou, si j'en donne quelques uns, elle en deviendrait partiale.
Et pour toutes ces idées réunies, Justine Augier a réussi un pari ; celui de nous conforter dans l'idée que l'accès à la lecture, à la culture est une étoile dans notre ciel. Nous sommes sur le bon chemin en conservant notre passion de la lecture, peut-être un des seuls qui maintienne notre cerveau et dirigent plus sensément nos choix de vie.
Commenter  J’apprécie          230
Un récit sur le pouvoir des mots, sur la puissance de la littérature, une ouverture au monde, une réflexion sur l'intime, sur le deuil.

Ce récit est un échange entre sa mère et elle au travers de la littérature, s'y entremêle les livres que sa mère lui avait conseillée, ceux qu'elle a lu pour s'en éloigner et ceux qu'elle lis pour se consoler.

C'est aussi un texte politique, une réflexion sur l'Europe, sur la question Syrienne, révolution qu'elle connaît bien au travers de deux de ses livres, un sur Razan Zaitouneh avocate syrienne et l'autre sur Yassin al-Haj Saleh, l'un des plus grands intellectuels syrien en exil à Berlin.

J'ai beaucoup appris de cette lecture, j'ai apprécié sa complexité, l'auteure nous communique la force des mots, nous sommes conviés auprès des écrivains qui l'ont aidée à penser qu'on peut changer le monde, contre l'enfermement des identités, contre le fatalisme, et je ne vous cache pas que j'y ai vu aussi mes lacunes littéraires.

Je remercie Babelio et les éditions Acte Sud pour ce cadeau, ce beau texte sur le pouvoir de la littérature à découvrir.
Commenter  J’apprécie          232
Un récit/témoignage dont le titre a suscité en moi le désir de le lire dès sa sortie car en tant que lectrice je suis toujours très intéressée par le sujet : le pouvoir des mots, les traces laissées par la littérature et le refuge que celle-ci peut offrir dans certains moments capitaux de notre vie, ici le deuil de la mère de Justine Augier, Marielle de Sarnez, mais également de figures de l'opposition syrienne disparues parfois sans laisser de traces.
Je pensais trouver essentiellement un essai sur les pouvoirs de la littérature (et c'est le cas à travers de nombreuses situations et références littéraires) mais il y a deux axes, deux lignes empruntées par l'auteure : celui du rapport mère/fille qui ont en commun le plaisir de lire, des mots et la transmission de cette passion mais également le silence autour de l'absence ou de la perte de ceux qui ont tenu tête au pouvoir syrien.
C'est un récit bouleversant, intime, éclairant et révoltant parfois sur la mise sous silence de certains comportements vis-à-vis de certains méfaits. Les références sont nombreuses, une lecture exigeante, poignante parfois à travers ce que les mots d'une fille laissent apparaître de sa mère, de façon pudique mais aussi d'elle-même et de ses combats.
Commenter  J’apprécie          180
Cet essai est une petite pépite, une réflexion sur les pouvoirs des mots, la force de la littérature, la puissance des textes. Tout est mêlé à la pudeur d'une introspection touchante, une réflexion intime sur la maladie qui a emporté la mère de l'autrice. Ce superbe récit empli de références historiques, politiques et littéraires, est né suite au confinement et résonne comme une prière. La relation mère-fille est finement analysée, socle robuste sur lequel Justine Augirer s'est solidement ancrée pour trouver son équilibre. Elle puise aussi sa force et son épanouissement dans l'écriture de son texte sur la littérature qui va l'aider à faire son deuil et cheminer vers l'espérance. La réflexion va jusqu'à évoquer la résistance syrienne avec l'histoire de l'avocate Razan Zaitouneh. À la lecture, j'ai eu le coeur serré et parfois les larmes aux yeux. C'est beau, subtil, pudique, profond, courageux puis évidemment vibrant et touchant. Un texte superbe à découvrir de toute urgence !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
Commenter  J’apprécie          50


Justine Augier nous offre un livre intense sur les pouvoirs de la littérature. Elle ouvre son livre sur la capacité de la littérature à faire vivre les absents, à nous permettre de les rencontrer à nouveau grâce aux mots.

« Il ne s'agit pas seulement de faire vivre les absents, mais de créer la possibilité d'être en même temps qu'eux, d'entrer en conversation ».

Et pour cause, sa mère, Marielle de Sarnez, femme politique renommée, est morte d'une leucémie en 2021. Sa mère qui lui a toujours mis entre les mains des classiques pour l'inciter à découvrir le monde autrement, sa mère qui aimait le silence, imposant alors à sa fille l'écriture pour s'exprimer.
Justine Augier traverse le temps pour se souvenir, sa plume s'anime alors que le monde sort d'une pandémie historique.

En parallèle, elle exprime l'histoire syrienne, C'est le parcours de Razan Zaithouneh qu'elle reprend, la littérature au service de la politique. Ou la politique comme son point d'ancrage en plus de la littérature.
Justine Augier mêle tout ça brillamment. La littérature a tout va, celle qui fait lumière sur l'obscurité, celle qui permet de se rappeler, celle qui nous fait vibrer, celle qui dénoue ce qui nous enferme.
Elle écrit avec une telle ardeur que ça en est émouvant, multipliant les citations pour nous rappeler les pouvoir de la littérature d'hier et d'aujourd'hui. Pour nous rappeler l'histoire d'hier et d'aujourd'hui.

« La littérature redonne au temps sa texture, l'épaissit, convoque les fantômes, ceux d'avant et ceux qui viennent, et cette conversation à laquelle toujours elle nous fait revenir demeure pleine d'espoir »
Commenter  J’apprécie          40
Justine Augier nous livre à travers un long monologue le récit intime de son deuil à la mort de sa mère, dont elle nous conte la longue maladie et les derniers instants. Un objet littéraire un peu étrange, où l'auteur fait une sorte de rétrospective sur sa relation avec sa mère et ses propres choix politiques, souvent en opposition avec cette dernière, sur fonds de références littéraires partagées mais non avouées.

Le lecteur se retrouve embarqué dans un voyage à mi-chemin entre autobiographie (où l'on découvre Vienne, Jérusalem, Beyrouth…), biographie de la figure maternelle (de ses proches et de son engagement politique) et références littéraires (Césaire, Perec, Lévi, Darwich, Gary, Proust, Camus, Svetlana, Arendt…). La Syrie et l'obsession de l'auteur pour Razan et Yassine, que je n'avais pas bien saisie mais qui prend tout son sens si l'on commence par lire de l'ardeur, n'est jamais bien loin, mettant une touche finale à un essai aussi poétique que chaotique. Une lecture bien sombre, mais qui a l'air d'avoir aidé l'auteur à dépasser une période compliquée, et qui a au moins le mérite de fournir plein de bonnes idées de lecture, au cas où l'on en manquerait !
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (230) Voir plus




{* *}