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EAN : 9782330144562
334 pages
Actes Sud (06/01/2021)
4.11/5   14 notes
Résumé :
Pendant une année, Justine Augier fait l’aller-retour entre Paris, où elle habite pour la première fois depuis la fin de ses études, et Berlin où elle rend visite à Yassin al-Haj Saleh, un des esprits les plus libres et les plus lucides de la dissidence contre le régime d’Al-Assad, pour remonter avec lui le fil de sa vie syrienne, de son exil forcé, d’une histoire personnelle intimement tressée à celle, violente, de son pays (seize années dans les prisons du père av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
"C'est sans doute la grande singularité de cette histoire syrienne, la longueur du conflit, l'abondance de l'information produite et ce renoncement qu'on ne cherche plus à camoufler, l'impunité qu'on accepte en renonçant à tout, la négation des crimes qui renouvelle à l'infini tous les crimes ." Terrible non ? Justine Augier après son superbe et tragique livre "De l'ardeur", qui traite du conflit syrien à travers l'histoire de l'avocate syrienne Razan Zaitouneh enlevée et disparue à jamais la nuit du 9 au 10 décembre 2013 à Douma, nous revient ici avec le même sujet de fond. Cette fois-ci elle arpente le conflit à travers le regard de l'exilé politique Yassin al-Haj Saleh, sur l'Europe et l'Allemagne, qu'il découvre. Dissident, contre le régime d'Al-Assad, il passe seize ans dans les geôles du père Assad, "arrêté à vingt ans, relâché à trente-six". En un premier temps de son exil il s'installe en octobre 2013 à Istanbul, qu'il quitte suite au coup d'Etat du 15 juillet 2016. Par un concours de circonstances apprenant l'existence de Wiko , centre qui accueille chercheurs et artistes du monde entier à Berlin , où il postule pour une étude comparative de crimes de masse, Il y est accepté un mois plus tard comme résident. La femme de Yassin , Samira Khalil , dissidente, sera aussi enlevée et disparaîtra avec Razan, la même nuit de décembre 2013.
"Le droit n'est pas la justice ", ce n'est que dans la promesse de justice que l'on peut trouver une forme de consolation, une promesse douteuse. C'est à travers la lecture et précisément dans la pensée et les écrivains de l'après-guerre, que l'exilé trouvera un point de résonance entre la tragédie qui sévit son pays et le passé de l'Europe. Il se retrouvera particulièrement dans les écrits de Hanna Arendt, dans sa vie , son exil, ses arrestations, mais aussi dans les sujets qu'elle approche et dans sa façon de les approcher.
L'angle d'attaque de Justine Augier pour ce conflit, un des plus meurtriers du XXI éme siècle , est ici tragiquement passionnant. Une excellente plume sincère, analytique et humble. Un second livre écrit pour continuer à lutter contre l'oubli et l'indifférence de la communauté internationale, mais qui parle aussi de nous, occidentaux, de nos valeurs et nos renoncements à travers le regard d'un exilé politique, que Justine exprime avec ces paroles tragiques "C'est là que se situe la trahison du monde : toutes les valeurs sur lesquelles on a prétendu fonder l'Union européenne et une certaine forme d'universalité au sortir de la seconde guerre mondiale n'avaient soudain plus de valeur". Un livre poignant où Justine met aussi sa propre vie privée en parallèle qui semble être en symbiose avec ses recherches, nous livre des informations importantes tel le cas de Lafarge ( producteur géant français du ciment ) qui n'hésite pas à collaborer avec le Daech pour des fins économiques mais pas que, et donne de nombreuses références sur ses lectures éclectiques qui font échos à ce qu'elle nous raconte. Un livre qui devrait atteindre de nombreux lecteurs et lectrices pour son approche humaniste à une tragédie auquel on ne peut fermer les yeux , pour lutter contre l' indifférence envers la souffrance de l'Autre et empêcher la haine de l'Autre , source de la montée en puissance de l'extrême droite en Europe. Et comme ultime consolation pour ce conflit sanglant resté en suspens , Justine cite la philosophe Isabelle Stengers "Prendre soin des possibles ", de l'action qui offrirait une alternative au désespoir, vu que la justice divine est inexistante et la justice humaine impuissante.
Encore une fois, Bravo Justine !



"L'incroyable est souvent un moyen utilisé par le mal ."
" Il faut casser l'arak, en y mettant un peu d'eau, en le diluant, en lui faisant perdre sa pureté pour qu'il devienne supportable."

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Une Lecture « coup-de-poing… » dont on ne peut pas ressortir indemne !
Une lecture aussi nécessaire que perturbante car elle pose tant de questions délicates sur le monde, la géopolitique… ; elle nous interpelle à travers la barbarie du régime syrien sur toutes les dictatures du monde !
Une lecture qui nous fait connaître un opposant syrien, ayant été obligé de se réfugier en Allemagne, après un nombre impressionnant d'années en prison…

Avant de débuter mon « ressenti de lecture », je remercie abondamment les éditions Actes Sud et leur partenariat avec Babelio, qui viennent de me permettre de lire et découvrir l'intense travail de cette auteure-journaliste, Justine Augier.
Cette dernière nous offre une double narration : sa propre démarche intellectuelle vis-à-vis du Moyen-Orient, des dissidents face à des régimes « totalitaires » et sa rencontre avec un dissident hors du commun , Yassin Al-Haj Saleh.
« C'est aussi à Vienne que j'ai pris la décision d'écrire mon premier livre et ce désir a puisé dans cette attention aux disparus, à leur absence essentielle et à la façon dont cette absence habitait la pensée et la langue.
Après avoir quitté Vienne j'ai passé huit ans au Moyen-Orient, à Jérusalem d'abord, puis à Beyrouth. Ce déplacement forme une autre face de mon appréhension du monde. (p. 64)”

Des analyses approfondies sur le Mal, les réalités ambiguës de victime, les traumatismes et séquelles de la prison, de la torture…
« Pour Yassin, la condition de victime peut finir par ressembler à un piège, enfermer dans un récit qui dédaigne tous les autres récits de souffrance. (...)
C'est une lutte permanente, difficile à mener. La condition de victime peut devenir un piège mais pour certains elle ouvre sur la douleur de l'autre pour créer la possibilité d'une conversation et il en est sûr: Ceux-là sauvent le monde. (p. 88)”

« Yassin aime citer cette phrase écrite par Jean Amery dans - Par-delà le crime et le châtiment-: "Ce dont je suis certain c'est qu'avec le premier coup qui s'abat sur lui, il est dépossédé de ce que nous appellerons provisoirement la confiance dans le monde."- Je relis Amery dans les semaines qui suivent et trouve cette autre phrase, qui vient compléter celle-là: "Celui qui a été soumis à la torture est désormais incapable de se sentir chez soi dans le monde. " (p. 109)

Lecture très intense, qu'on ne peut lire que lentement, avec attention, en réfléchissant soi-même sur…les multiples questionnements soulevés, abordés par Justine Augier

Il est question de courage ultime, de résilience, comment peut-on poursuivre à se battre contre la barbarie… ? Comment ne pas lâcher prise alors qu'on a quasiment tout perdu ? Yassin Al-Haj Saleh trouve un soutien, une raison de se battre dans LES LIVRES, dans l'oeuvre de penseurs majeurs, dont celle d'Hannah Arendt, qui l'accompagne au plus près… dans l'ECRITURE et ensuite, après sa libération, dans la TRANSMISSION.

Impressionnée par le parcours et le cheminement intellectuel de Justine Augier… son immersion totale dans le monde du Moyen-Orient, sans omettre la complexité extrême de son travail d'enquête , d'investigation dans des circonstances aussi lourdes, dramatiques et perdurantes , que l'auteure nous explique très précisément!

Cet ouvrage m'a appris un grand nombre de choses sur la Syrie, le Moyen –Orient mais aussi sur les intellectuels « éprouvés » ayant réfléchi, subi, écrit sur l'univers carcéral, ainsi que sur les grandes tragédies à travers l'histoire, bafouant La Démocratie !

Parmi ces découvertes : Jean Amery, ce dissident, Yassin Al-Haj Saleh… et ses écrits, etc. dans un même temps, approfondi la pensée d'Hannah Harendt… Sous le choc de cette lecture, j'ai réservé à ma médiathèque l'ouvrage précédent de Justine Augier [présentement emprunté par un autre lecteur ], « de l'ardeur » sur l'avocate syrienne, Razan Zaitouneh, enlevée et disparue en 2011…Razan qui fut à l'origine de cette rencontre avec Yassin... !

Cette lecture a été très éclairante et précieuse…apportant un grand nombre d'éclairages et d'analyses approfondies, accompagnée de toutes les émotions violentes incontournables du sujet…montrant aussi implicitement combien le domaine de "L'INFORMATION" est chose bien complexe et aléatoire, au vu des gouvernements, des intérêts diplomatiques, économiques, etc.

A tel point, que j'ai du mal à achever ces lignes…me demandant si j'ai suffisamment rendu compte des recherches exigeantes et impliquées de Justine Augier, qui nous propose dans un même temps une prolongation de réflexions et de connaissances avec un certain nombre de lectures et de "penseurs engagés"...cités et présentés !

En terminant ce vaste travail de recherche aussi approfondi que possible de Justine Augier, je ne peux m'empêcher d'avoir des pensées pour le peuple syrien, et pour le peuple birman , présentement dans la rue, pacifiquement , se battant avec une rare vaillance contre la junte militaire et un général, personnage aussi cruel que le Sire Assad !!!

Pensées soutenues de SOLIDARITE pour tous les peuples qui vivent sous des dictatures et des régimes de terreur ainsi que pour tous les dissidents à la vaillance infinie, qui offrent par leurs engagements , l'ESPOIR à leurs « frères »…!

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Dans « De l'ardeur », Justine Augier évoquait la vie de Razan Zaitouneh, avocate syrienne, militante des droits humains et opposante à Bachar al-Assad, enlevée en décembre 2013 et dont on est toujours sans nouvelles.
Dans cet ouvrage-ci, elle s'intéresse cette fois à Yassin al-Haj Saleh, également opposant au régime des al-Assad (père et fils). Contrairement au livre sur Razan (qu'elle n'a jamais rencontrée), pour lequel elle n'avait pu se baser que sur des écrits, des photos ou vidéos et les témoignages des proches de Razan, Justine Augier a eu cette fois la possibilité de rencontrer Yassin à plusieurs reprises, à Berlin où il s'est exilé.
Avec lui, elle retrace son parcours et sa dissidence, son emprisonnement de ses 20 à ses 36 ans dans les geôles du père Assad, sa participation au printemps syrien à partir de 2011, sa fuite et son exil en Turquie en 2013 jusqu'à son arrivée en Allemagne en 2016, sa tragédie personnelle depuis que sa femme Samira a disparu, enlevée en même temps que Razan et deux autres compagnons d'infortune.
Il est question de la barbarie du régime syrien, de tortures et de traumatismes, du complexe du survivant, de la douleur de l'exil et de l'impuissance face à la guerre sans fin, d'emprisonnement et du pouvoir des livres (ceux d'Hannah Arendt entre autres) qui permettent de s'en évader un tant soit peu.
Mais ce livre est bien plus que la biographie d'un seul homme, il est aussi une réflexion profonde sur le Mal et l'humanité, sur ce que peuvent (ou pas) le droit et les tribunaux pour rendre justice au peuple syrien martyrisé par son dirigeant, sur l'abandon éhonté dans lequel ce dernier est laissé par la communauté internationale, sur les échos que ce conflit meurtrier fait résonner dans le passé récent de l'Europe.
Justine Augier ne se pose pas en moralisatrice omnisciente, loin de là (« ...honte de venir d'un milieu privilégié, de me promener avec un passeport privilégié, d'appartenir au monde occidental responsable de tant de violences et d'indifférence »). Avec humilité et sincérité, elle fait part du pourquoi et du comment de sa démarche et de ses recherches, explique son propre parcours, ses doutes, son questionnement, la réflexion qui l'a amenée à écrire sur la Syrie.
J'avais préféré « de l'ardeur », précisément parce que je l'avais trouvé plus ardent, mais « Par une espèce de miracle » est tout aussi poignant et désespérant, admirable d'humanisme et de sensibilité, de richesse intellectuelle, remarquable par son talent d'écriture. Un livre essentiel pour ne pas oublier la tragédie syrienne (et toutes les autres).
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Encore une pioche chez ma dealeuse de livres Bookycooky. Biographie de l'écrivain Yassin al-Haj Saleh qualifié de « grande figure de l'opposition syrienne ». Justine Augier fait de nombreux allers-retours Paris-Berlin pour le voir et écrire son ouvrage. de l'âge de 20 à 36 ans, il était en prison, condamné pour sa participation au Parti communiste syrien. Ses lettres publiées pour sa femme arrêtée aussi, dont il reste sans nouvelle, donnent les larmes aux yeux. Lecture parfois ardue pour moi qui ne connaît les conflits de ce pays qu'en surface. Colère et dégoût contre la Société Lafarge. Grande érudition d'écriture. Gros travail de fond. Mon erreur : l'avoir lu en période de vacances. Sensation, après la dernière page, d'avoir le privilège de connaître un grand homme et de penser qu'il faudrait le faire lire à ceux qui font une globalité sur ces exilés qu'ils ne veulent pas chez eux. Intelligent, marquant, indispensable pour avoir un petit espoir de faire évaluer les mentalités. Et pour finir, un bel hommage aux livres qui, ici, prouve qu'ils peuvent sauver.
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Je viens de refermer et finir "Par une espèce de miracle", dont le sous-titre, "L'exil de Yassin Al-Haj Saleh", indique parfaitement l'objet et le contenu de ce livre.
En effet, Justine Augier, auteure que je ne connaissais pas, et qui avait précédemment écrit "De l'ardeur , histoire de Razan Zaitouneh, avocate syrienne", y raconte le destin et ses rencontres et échanges durant plus d'une année avec Yassin Al-Haj Saleh, figure historique de l'opposition à la dynastie Hassad et qui est désormais en exil.
Elle a eu connaissance de cette figure de la vie intellectuelle syrienne à l'occasion de son enquête sur Razan Zaitouneh.

J'ai beaucoup apprécié ce livre.

Tout d'abord, car en cette période où, depuis un an, l'actualité est totalement focalisée et concentrée sur quasiment un unique sujet (le tristement fameux virus), il m'a semblé très intéressant de lire sur un sujet totalement occulté des radars médiatiques, tout comme le sont d'ailleurs d'autres conflits armés ou sujets de société.
Il est salutaire de lire et de se pencher sur d'autres sujets que le Covid, car eux aussi sont éminemment dramatiques et importants.

Et ce récit, poignant et douloureux, est passionnant.

Il est consacré à un opposant syrien en exil dont le destin, comme beaucoup de ces compatriotes depuis plusieurs années, est dramatique.
Emprisonné très jeune dans les années 80 et durant plus de 16 ans, car militant politique et opposant de longue date, Yassin Al-Haj Saleh a connu un espoir fugace en participant au printemps arabe et à la révolution contre le régime dictatorial syrien, avant d'être contraint à la fuite et à l'exil.
Justine Augier l'a rencontré à Berlin où il est en exil et ce sont ces échanges qu'elle présente et décrypte dans ce livre de témoignage.

Par le biais de Yassin Al-Haj Saleh l'auteure va rencontrer de nombreux autres membres de la diaspora syrienne, et une foule de thèmes y sont abordés: la souffrance de l'exil, le deuil d'être chers perdus, les trajectoires personnelles, les interrogations et doutes...

Et c'est également un formidable hymne à la lecture car Yassin Al-Haj Saleh a découvert les livres en prison et puise désormais sa force et ses convictions en grande partie de grands auteurs ayant écrit sur les thèmes qui hantent sa vie.

Une lecture marquante. Un livre très important.


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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Quand l'orientaliste allemande lui demande s'il ira le lendemain à la conférence sur les traités dans l'islam qui doit se traiter au Wiko, il se met bien à l'aise sur sa chaise pour expliquer qu'il est rarement impressionné par ces occidentaux qui font de la recherche sur l'islam......Il essaie de m'expliquer, de s'expliquer qu'il ne supporte pas cette façon de figer le monde arabe dans l'époque du Prophète, qu'il y voit une façon de nier aux Arabes un droit à l'histoire, qu'il ne supporte pas l'idée que parce qu'il vient du Moyen-Orient il devrait s'intéresser à tout ce qui touche à l'Islam.
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Il a voulu écrire sur la Syrie parce qu'il y avait un manque de connaissances terrible, humiliant même. Il s'agissait d'en finir avec une approche purement géopolitique ( les présidents, les capitales), avec les concepts forgés par les Occidentaux ( le monde arabe, le tiers-monde, le Moyen-Orient), d'en finir avec le prisme culturaliste (le sunnisme, le chiisme, la mentalité arabe, l'islam) , d'en finir avec une Syrie dépeuplée et de parvenir à représenter le pays comme objet de réflexion dans sa singularité, de l'appréhender comme on appréhende toutes les autres sociétés de la planète.
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Il a fallu encore cinquante ans après cette double adoption [celle de la Convention ONU pour la prévention et la répression du crime de génocide et celle de la Déclaration universelle des droits de l'homme] pour que soit créée la Cour pénale internationale. La même année, en 1998, Pinochet a été arrêté à Londres suite à un mandat d'arrêt émis par un juge espagnol pour génocide, terrorisme et torture. Un autre recours se mettait en place comme si, déjà, on commençait à douter du système qu'on avait mis des décennies à construire. Ce recours permettrait de contourner les inerties de l'institution internationale en se tournant vers les juridictions nationales, en faisant appel au principe de compétence universelle.
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Les ruines semblent de nouveau envahir toute une littérature que je découvre avec le livre d'Anna Tsing sur le matsutake, ce champignon qui ne pousse que dans les forêts exploitées puis abandonnées, qui ne pousse que sur les ruines et serait le premier organisme à avoir repoussé après Hiroshima. Un nouvel imaginaire se dessine dans ces temps placés sous le signe de la catastrophe et dans la préface au livre de Tsing, la philosophe Isabelle stengers écrit : "S'intéresser aux ruines ne signifie pas contempler un paysage désolé mais apprendre à saisir ce qui, discrètement, s'y trame. Dans les ruines il peut se passer bien des choses, des choses intrigantes, surprenantes ou effrayantes mais qui, le plus souvent, échappent à l'approche détachée de celui qui jauge et mesure une réalité offerte à ses entreprises. Les ruines appellent un mode d'observation qui a été délaissé par ceux qui ont exigé que la réalité se soumette à leurs propres catégories et réponde à leurs propres questions. Elles demandent ce que Tsing appelle l'art d'observer. Et elles demandent l'art du récit, qui nourrit l'imagination et la sensibilité, par-delà ce qui pourrait être classé sans suite, comme réactionnaire, dérisoire ou insignifiant. (p. 171)
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C'est aussi à Vienne que j'ai pris la décision d'écrire mon premier livre et ce désir a puisé dans cette attention aux disparus, à leur absence essentielle et à la façon dont cette absence habitait la pensée et la langue.
Après avoir quitté Vienne j'ai passé huit ans au Moyen-Orient, à Jérusalem d'abord, puis à Beyrouth. Ce déplacement forme une autre face de mon appréhension du monde. (p. 64)
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Videos de Justine Augier (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Justine Augier
À l'occasion de la 25ème éditions des correspondances de Manosque, Justine Augier vous présente son ouvrage "Croire : sur les pouvoirs de la littérature : récit" aux éditions Actes Sud. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2672967/justine-augier-croire-sur-les-pouvoirs-de-la-litterature-recit
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