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Croire sur les pouvoirs de la littérature - Justine Augier

La littérature pour Justine Augier semble être une échappatoire au regret, une réponse à un fléau, une liberté à l'enfermement ; faire exister celles et ceux qui ne sont plus.
Les livres ne provoquent pas de révolution mais ils nous travaillent, longtemps et d'une façon mystérieuse.
Ce récit émouvant et d'une écriture réfléchie, inclus sa mère disparue dans des livres qui les relient.
Ces livres sont les leurs, sont les nôtres dans les flots des auteurs qui ont été, qui sont encore et pour l'éternité.
La littérature donne vie en soi et à d'autres regards sur le monde,…
Accepter que la littérature rentre chez soi, permet de ne plus sortir de la beauté des pensées des personnages et des histoires ensorceleuses.
Libérer l'écriture, libérer la littérature c'est le thème central et profond finalement au monde qui nous entoure
Quand vous écrivez, vous tentez de trouver quelque chose que vous ne savez pas. Pour moi, tout le langage de l'écriture est de trouver ce que vous ne voulez pas savoir, ce que vous ne voulez pas comprendre, James Baldwin
Je ne connaissais ni Justine Augier, ni son écriture, et j'ai découvert qu'elle est la fille de Marielle de Sarnez et une belle plume !
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Justine Augier ("De l'ardeur", "Par une espèce de miracle"...) qui pratique et incarne une forme de pudeur et d'éthique littéraire assez uniques voit son projet d'écrire sur la littérature comme lieu de l'engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l'urgence mute, l'intime et l'universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.
À l'intersection du littéraire et du politique un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins.
Ça c'est la présentation éditeur. Book listé recos Télérama. Lu extrait. Emprunté en num bib ched. Autrice recycle un précédent reportage sur Razan Zaitouneh, avocate et dissidente syrienne avec l'accompagnant de sa mère malade mourante leucémie (Marielle de Sarnez) qui l'initia à la grande littérature. Bourré de références. Haut sentiment de soi-même. Pas mon kif.
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Razan Zaitouneh, avocate et dissidente syrienne, disparaît en 2013, kidnappée par un groupe armé près de Damas. Justine Augier qui a déjà consacré un ouvrage à la jeune femme, revient sur ses années d'engagement durant lesquelles elle a réuni sans relâche les preuves des crimes commis par Bachar al-Assad, et constitué la liste sans fin des morts du régime. L'écrivaine entremêle ce retour sur les activités militantes de l'avocate et sa propre réflexion sur les pouvoirs et la force d'engagement de la littérature. Elle a promis à sa mère, la femme politique et grande lectrice Marielle de Sarnez, alors gravement malade, qu'elle écrirait ce livre qui l'habite depuis longtemps. Il constitue à la fois un récit de deuil, retraçant une relation mère-fille complexe qui s'est nouée en partie autour de leurs lectures respectives - de leurs accords et désaccords - et l'affirmation d'une croyance puissante en la capacité des livres à dire et transformer le monde.
Justine Augier délivre un texte d'une grande force, qui revendique la responsabilité de la littérature, non seulement de faire vivre les fantômes, mais d'entrer en conversation avec eux. A travers des citations choisies avec justesse, elle échange avec les auteurs qui ont accompagné sa trajectoire, les écrivains de la Shoah, Proust, Romain Gary, Annie Ernaux, Svetlana Alexievitch ...Un livre délicat et galvanisant, qui éveille le lecteur et lui insuffle l'envie de rouvrir le dialogue avec les auteurs qui ont compté pour lui.
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Justine Augier, fortement marquée par ses rencontres avec des dissidents syriens qu'elle a documentées dans ses précédents livres et par la mort de sa mère Marielle de Sarnez, entreprend ici un essai sur la littérature, comment elle infuse nos vies et comment elle peut aider à vivre et à comprendre ce qui nous arrive. L'autrice évoque ses lectures d'enfance, lectures influencées par sa mère ou en opposition à celle-ci, ses lectures pour appréhender le monde et l'Histoire et notamment l'oppression des hommes envers d'autres hommes (Shoah, Syrie…). Elle raconte sa mère, ses combats et ses derniers mois…
”La littérature redonne au temps sa texture, l'épaissit, convoque les fantômes, ceux d'avant et ceux qui viennent, et cette conversation à laquelle toujours elle nous fait revenir demeure plein d'espoir.”
Croire est un bouleversant livre de deuil, de guerre et de vie, un hommage à la littérature dans tout ce qu'elle a d'intime et d'universel.
Masse Critique Babelio
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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« Si tu veux un monde juste, il faudra en trouver un autre. »
Les premières pages donnent le cap à tenir « ..., j'ai pensé trouver de quoi tenir en me tournant vers ce que peut la littérature contre ce qui entrave, au-delà de ces semaines confinées, en revenant à cette croyance ténue mais entière en une capacité des phrases à changer quelque chose au réel, par l'entremise de ceux qui lisent. » (page 10), quelques phares baliseront le parcours : Syriens et Syriennes martyrisé.es, mère hospitalisée en fin de vie ; on tangentera des continents : l'Europe, la complexité, l'universel (notion aussi indéfinie que celle de diversité, car en l'absence d'énumération des « valeurs universelles » que signifie universel ; le dernier chapitre du livre s'intitule « réarmer les mots », étrange d'utiliser ce vocable guerrier « réarmer », il se passe décidément quelque chose du côté du vocabulaire) ; pour cette croisière, assez courte, un seul mets, des citations sur une immense table où l'on peut aller se resservir à volonté de Proust, Duras, Arendt, Ernaux, etc.
Ce texte, mélange du récit de la fin de vie de sa mère innommée dont on finit par savoir qui elle était - comme F d'ailleurs -, des hésitations à écrire ce texte, de rappels sur Razan Zaitouneh objet d'un précédent livre et de réflexions sur les pouvoirs de la littérature n'est pas désagréable à lire mais un tantinet lourd et redondant. Justine Augier, n'impose pas de point de vue. le titre « Croire » ainsi que « croyance » (utilisé de nombreuses fois) et « foi » (une seule fois dans le texte me semble-t-il, page 10) montrent que ce récit reste un essai sur la littérature, que les pouvoirs de celle-ci sont une croyance, pas une vérité absolue, pouvoirs qu'il faut plausiblement relativiser : en 2023 les français lisent en moyenne 41 minutes (les romans et essais sont loin du podium sauf la catégorie floue « autres genres de romans » pour les femmes ; source : baromètre bisannuel, Les Français et la Lecture, du CNL, disponible sur Internet) pour 3 heures et 14 minutes d'écran (hors livre numérique). Espérer que le réel, tel que l'imagine (le réel comme l'universel n'étant pas défini dans ce texte, parle-t-elle du réel comme Patrick Pouyanné le 30 août 2023, lors d'un débat à l'université d'été du Medef avec le climatologue Jean Jouzel : « Je respecte l'avis des scientifiques, mais il y a la vie réelle. ») Justine Augier, change par l'entremise de ceux qui lisent relève probablement de l'utopie sauf à considérer que les « Livres pratiques, arts de vivre et loisirs », les plus lus par les français.es aujourd'hui, possèdent, en plus du pouvoir de changer la couleur du mur du fond et l'agencement du jardinet, le pouvoir de bousculer le Monde dans la direction souhaitée, souhaitable, par l'autrice. N'oublions pas que certains génocidaires rwandais et des commandants d'einsatzgruppen étaient loin d'être analphabètes. N'oublions pas que foi et croyance s'accompagnent souvent d'une certaine radicalité, d'une difficulté à appréhender le « réel » autrement que par le prisme de sa croyance, sa foi.
« Cette idée d'un moment crucial que l'on pourrait manquer et ne pas réussir à identifier continue de me travailler, tandis que les dangers ne cessent de monter [quels dangers ?, il faut parfois sortir de l'implicite convenu] - à quel moment devient-il impératif de rompre avec l'engourdissement ? Et cette idée que l'on pourrait même souhaiter qu'il soit trop tard, pour ne pas avoir à affronter ses responsabilités. » (page 40), évoque le problème des signaux faibles et de leur détection ou bien celui du bruit des pantoufles bien plus problématique que celui des bottes ou bien le nous-n'avons-pas-voulu-cela-mais-avons-accepté-tout-ce-qui-précède. Tanguy Viel avec Iceberg, Annie Ernaux avec l'Écriture comme un couteau, Sophie Divry avec Rouvrir le roman, Marie-Hélène Lafon avec Chantiers m'ont plus fait réfléchir sur la littérature que ce « récit » de Justine Augier. Et si la littérature avait le pouvoir de nous permettre de faire un pas de côté pour mieux cerner le réel, le voir avec un angle légèrement différent que quand on y patauge ?
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Justine Augier nous incite à la suivre sur le pont suspendu qu'elle tisse au-dessus du gouffre du deuil, comme une couture censée réparer une déchirure entre l'avant et l'après du décès de sa mère. Lectrice et autrice engagée, c'est en parcourant leurs bibliothèques respectives qu'elle prend conscience de l'héritage éducatif qui lui a été offert sans jamais la contraindre : une extraordinaire capacité d'engagement au service de l'humanité. Des mots qu'elles ont échangés ou tus et de ceux de leurs lectures, elle tisse un ouvrage politique autant que personnel sur leur pouvoir. En nous invitant, par de nombreuses citations, de Rilke à Samira al-Khalil, à parcourir le siècle de littérature qui l'a façonnée, elle nous rappelle avec profondeur comment les livres servent le dialogue avec nous-mêmes, notre pensée, nos métamorphoses, et comment la diffusion d'une certaine littérature nourrit la lutte contre un étiquetage réducteur de l'autre. Nos lectures comme le ciment qui maintient tout ce dont nous sommes faits.
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Le livre de Justine Augier est singulier. C'est un hommage très émouvant à sa mère (Marielle de Sarnez) disparue en 2020 d'une leucémie. C'est aussi une ode à la littérature, à la place des livres dans nos existences. de nombreux écrivains ont marqué celle de Justine Augier. Elle les cite abondamment (Camus, Ernaux, Carrère, Beauvoir, Gary,…), fait référence aux livres conseillés par sa mère, raconte aussi comment elle s'est forgée une culture littéraire personnelle, choisie. L'épreuve du deuil est évidemment difficile et dans les livres, elle cherche des réponses… Car les livres consolent, nous font grandir, peuvent aider à surmonter des épreuves. La lecture a aussi un sens politique : elle éduque au silence, à l'écoute, à la prise en compte de l'expérience d'autres que soi. Justine Augier a pendant longtemps vécu à l'étranger, (notamment en Afghanistan), s'est beaucoup intéressée à la guerre en Syrie. Ce livre lui permet aussi de rendre un vibrant hommage aux opposants politiques qui se sont battus avec courage contre le régime de El Assad. Ecrire est pour Justine Augier un moyen de faire en sorte que les combattants de la liberté, et leurs souffrances, ne soient pas oubliés.
Lien : https://inthemoodfor.home.blog
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