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EAN : 9782707310002
80 pages
Editions de Minuit (01/03/1985)
3.91/5   23 notes
Résumé :
Le Vieillard et l'enfant a fait l'objet de quatre éditions successives. La première, publiée à compte d'auteur au cours des années 50-52 sous la signature d'Abdallah Chaamba, se présentait sous forme de trois opuscules qui furent adressés à diverses personnalités de la littérature et des arts. Cette édition ne fut pas mise dans le commerce. La deuxième, reprenant en un volume le texte des trois brochures, parut aux Éditions de Minuit en 1954. La troisième, établie e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
François Augieras - encore un des 53 Désemparés de Patrice Delbourg - est ce jeune poète abusé sexuellement  par un oncle colonel en Algérie alors qu'il n'a pas 20 ans.

Dans le désert algérien, il découvre une sensualité faite de soumission et de révolte, la magie des nuits sahariennes sur les toits d'un bordj algérien, une homosexualité revendiquée , le paganisme innocent d'une religion quasi panthéiste  et ...la libération souveraine de l'écriture!

 Dans de petits carnets de papier coloré -un ocre, un bleu, un rose- , il récite, comme une prière incantatoire, cette étonnante  initiation où  l'esclavage est brisé par l'alchimie libératoire de l'écriture. Il envoie  ces petits carnets par la poste et les publie , d'abord à  compte d'auteur, sous le pseudonyme  d'Abdallah Chaamba. Les éditions de Minuit reprendront en un volume les trois brochures. La quatrième édition, cette fois signée François Augieras et préfacée par lui, paraît en 1963. En 1971, épuisé moralement et physiquement, François Augieras meurt,   à 46 ans , dans la grotte de Domme,  en Perigord , où il s'est retiré pour peindre, écrire et méditer  loin du bruit et de la fureur des hommes.

Le vieillard et l'enfant est donc un récit initiatique -et non le  récit  quasi autobiographique d'une adolescence marquée du sceau de l'inceste, du viol et de l'emprise sexuelle. Voyeurs, passez votre chemin...

Le vieillard et l'enfant est un long poème,  qu'on ne se lasse pas de relire, un bréviaire d'un genre assez iconoclaste dont les 80 pages se glissent dans la poche et se relisent avec le même délice....

On pense aux Illuminations de Rimbaud, version nocturne, car les nuits sahariennes semblent,  beaucoup plus que les journées d'écrasante chaleur , la clé de voûte de chaque page, le point d'orgue de chaque cantate.

On pense au  Nathanaël gidien, qui aurait ravi la parole au vieil André Gide, et lui aurait rivé son clou, préférant aux Nourritures terrestres elliptiques et prudentes de son vieux mentor  la proclamation triomphante d'une sensualité assumée,  juvénile et incroyablement mature dans sa forme et son langage .

Gide ,d'ailleurs, l' apprecia beaucoup .
Peut-être jalousa-t-il secrètement la fraîcheur jaillissante, la musique envoûtante de ces petits carnets d'un Nathanaël vengeur et sauvageon...

Une pépite,  une gemme!

Je vais me précipiter sur les autres livres de François  Augieras et sur ce qui a subsisté de son oeuvre peint...Le peu entrevu sur internet m'a laissée admirative...
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Au début des années 50, l'auteur tente vainement de faire publier son texte dont le lecteur ne peut sortir indemne. Loin du déballage à la mode des années 2020, le viol qu'il a subi dans sa jeunesse par un oncle y est transposé sous la forme de violence y compris sexuelle de la part d'un vieux colonel français sur un adolescent arabe aux yeux bleus. Pas de détails, sordides ou non, car le but de l'ouvrage n'est pas ici. Jean Chalon dit de François Augiéras qu'il est un phare souterrain. je comprends cette phrase comme ceci: cet auteur, mystique, est l'explorateur de la noirceur chez l'Homme. La souffrance, la peur et le désir de mort, la tristesse, la quête à jamais fracassée de l'absolu.
Remarquablement bien écrit, le texte est court et semble être comme il doit être.
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Je lis tout Augiéras.
Toujours un grand plaisir
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mes carnets, je les mettrai à la poste; au hasard; vers l'Asie, vers l'Europe et vers l'Océanie; et je danserai dans les vallées de pierre.
Les nuages bleus et noirs. O, l'éternelle victoire des petits livres qui ruinèrent la gloire des Conquérants.
Cet homme qui n'en sait rien ne survivra que dans mes humbles carnets; lui, dont l'orgueil alla jusqu'à se bâtir un mausolée de son vivant, il devra tout à un enfant qui sait à peine ecrire; lutte avec l'ange dont je suis le vainqueur; il ne restera rien de lui, rien de son musée, sauf ce que j'aurai sauvé d'un éternel oubli dans mes carnets de couleur , ocre, bleu et rouge, mis à la poste, secrètement dans ce désert.
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Quand il en a fini avec moi, sur les reserves à outils sans toiture, comme des rayons de miel emplis de ténèbres, nul n'a désiré ecrire autant que moi; et, quand j'ai sauté dans un de ces trous à bêches et à poutres et pris mes carnets dans un mur, mes mains errent sur l'argile craquelée du sol, et devinent ma détresse dans l'obscurité de ma vie.
Il m'a photographié ; pour lui seul je suis venu de la nuit; cet homme devant qui je parais. J'ai quitté pour lui mes éternelles errances sur les collines de pierre, et, ce soir, je suis debout devant son lit et il s'en fâche. Il s'élève contre mes façons avec tant de sottise, faisant état de son rang et de son âge, que j'en frappe le ciel noir, au seuil de dix siècles de guerres, d'embuscades et de ruses.
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Je ferai ce qu'il veut; nous mettrons le gramophone en marche, je fixerai une aiguille de couture à l'appareil, nous écouterons la musique à côté d'un coin de la table. La tête dans les bras, du sable dans les poches de mon blouson de laine, je fermerai les yeux dans l'obscurité de la nuit.
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Nous dînons devant la véranda, à la lueur d'une lampe posée sur la table tirée dans la cour, jusqu'à nos arbres. Il fait si chaud déjà qu'il dormira sur un toit dans le grand lit de fer. Il y dort nu dès les premières chaleurs, près des palmes, du côté des longues falaises roses. La lune dessine violemment nos toits blancs où je dors où je veux, le plus souvent sur une tour, à l'est, à l'ombre d'un créneau, le ciel immense, limpide ou traversé de nuages blancs au-dessus de ma tête ; et tous les astres de la nuit.
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Je bois mes larmes, je vais toujours plus loin sur les falaises roses, prenant le ciel à témoin de mon âme éternelle, jusqu'à des vallées de pierre, comme les cratères de la lune.
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Videos de François Augiéras (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Augiéras
François Augiéras (1925-1971) : Une vie, une œuvre [2000 / France Culture]. Par Christian Giudicelli. Réalisation : Marie-Andrée Armynot. Équipe technique : Christian Fontaine et Stéphane Desmond. Émission “Une vie, une œuvre” diffusée sur France Culture le 6 août 2000. François Augiéras est un écrivain français, né à Rochester (État de New York) le 18 juillet 1925 et décédé à Périgueux le 13 décembre 1971. François Augiéras est le fils de Pierre Augiéras, un pianiste français renommé, et d'une mère peintre sur porcelaine d'origine polonaise. Pierre Augiéras, installé aux États-Unis pour raisons professionnelles, meurt d'une appendicite deux mois avant la naissance de son fils. Revenu en France quelques mois après sa naissance, François Augiéras passe son enfance seul avec sa mère. À Paris, qu'il trouve sinistre, il étudie au collège Stanislas. Il vit ensuite à Périgueux, où il s'installe à l'âge de huit ans. À l'âge de treize ans, à la bibliothèque municipale, il découvre André Gide, Nietzsche et Arthur Rimbaud. Attiré par l'art, il quitte l'école à l'âge de treize ans pour suivre des cours de dessin. En 1941, il s'inscrit dans un des mouvements de jeunesse qui prolifèrent sous le régime de Vichy, mais dès 1942 il s'en détache pour devenir acteur dans un théâtre ambulant. Il s'engage, en 1944, au dépôt de la flotte à Toulon, puis passe en Algérie où il se retrouve à Alger. Il ne s'y attarde guère, pressé d'aller vers le Sud qu'il pressent être son véritable pays, et où il rejoint son oncle Marcel Augiéras, militaire colonial en retraite, qui vit à El Goléa, dans le Sahara. Augiéras s'inspire de cet épisode pour écrire en 1949, “Le Vieillard et l'Enfant”, qu'il publie à compte d'auteur sous le pseudonyme d'Abdallah Chaamba. L'ouvrage retient l'attention d’André Gide qui, quelques mois avant son décès, rencontre le jeune écrivain après que ce dernier lui a envoyé deux lettres. Augiéras décrit plus tard un Gide manifestement ému par sa rencontre avec lui, et s'imagine comme le « dernier amour » du grand écrivain. “Le Vieillard et l'Enfant” est publié en 1954 par les Éditions de Minuit et une rumeur prétend alors qu'« Abdallah Chaamba » est un pseudonyme posthume de Gide. Solitaire et révolté, Augiéras multiplie les voyages, parcourant notamment l’Algérie et la Grèce, et faisant retraite au mont Athos. En 1957-1958, il participe à la revue “Structure”, que dirige Pierre Renaud à Paris, puis s'engage dans une compagnie de méharistes du sud algérien. Ses livres s'inspirent de sa vie mouvementée. Lui-même écrit : « J'ai accepté – ou appelé – de dangereuses aventures, toujours avec cette arrière-pensée : ça deviendra des livres ! » D'un tempérament panthéiste, Augiéras évoque ouvertement dans ses écrits l'attirance sexuelle à la fois pour les garçons et les jeunes filles, mais également pour les animaux. En 1964 paraît sans nom d'auteur, aux éditions Julliard, “L'Apprenti sorcier”, un texte peu connu, sauvage, d'une force peu commune, où un adolescent entretient des rapports masochistes avec le prêtre chez qui il est placé, puis vit une histoire d'amour avec un jeune garçon. En 1967, Augiéras achève le premier livre qu'il signe de son véritable nom, “Une adolescence au temps du Maréchal et de multiples aventures”. Les errances, la précarité, l'extrême solitude aggravent son état de santé. Les séjours à l'hôpital de Périgueux se succèdent. À la fin des années 1960, il réside un temps dans les grottes de Domme pour échapper aux conditions de vie dans les hospices, et y écrit sur des cahiers d'écolier. Son livre “Domme ou l'Essai d'occupation”, qu'il ne parvient pas à faire éditer de son vivant, est inspiré de sa vie dans les grottes. Miné par la pauvreté et la malnutrition, prématurément vieilli par ses conditions de vie, il s'installe dans une maison de repos à Fougères, puis dans un hospice pour indigents à Montignac. “Un voyage au Mont Athos” est publié en 1970. Usé du cœur, François Augiéras meurt le 13 décembre 1971 à l'hôpital de Périgueux. Il est inhumé à Domme le 18 décembre 1971. L'un de ses rares amis, l'instituteur Paul Placet, s'emploie ensuite à faire connaître l'œuvre d'Augiéras en organisant des expositions de ses peintures et en diffusant ses manuscrits. Avec la participation de :
Jean Chalon, écrivain et exécuteur testamentaire de l’œuvre de François Augiéras Michel Mardore, romancier, critique de cinéma, réalisateur, photographe, auteur d’un projet de film inabouti, d’après le livre “L’Apprenti sorcier” de François Augiéras Paul Placet, écrivain et ami intime de François Augiéras, auteur d’une biographie intitulée “François Augiéras, un barbare en Occident” (La Différence) Stéphane Sinde, auteur d’un film documentaire sur François Augiéras : “François Augiéras, un essai d’occupation” Textes lus par Fabrice Eberhard Sources : France Culture et Wikipédia
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La jeunesse au vert
Le vieillard et l'enfant
Les vieux s'amusent
Quand j'étais vieux
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