Le vrai sacrifice, c’est toute œuvre que nous accomplissons pour nous unir à Dieu d’une sainte union ; toute œuvre qui se rapporte à ce bien suprême, principe unique de notre véritable félicité. C’est pourquoi la miséricorde même qui soulage le prochain, si elle n’a pas Dieu pour but, n’est point un sacrifice. Car le sacrifice, bien qu’offert par l’homme, est une chose divine ; et les anciens Latins l’appelaient ainsi. Et l’homme consacré par le nom de Dieu, dévoué à Dieu, est un sacrifice, en tant que pour vivre à Dieu il meurt au monde : miséricorde que l’on exerce envers soi-même. N’est-il pas écrit : « Aie pitié de ton âme, sois agréable à Dieu(1). » Notre corps lui-même, quand pour l’amour de Dieu nous le mortifions par la tempérance, quand nous ne prêtons pas nos membres au péché comme des armes d’iniquité, mais à Dieu comme des armes de justice, notre corps est un sacrifice(2). A quoi l’apôtre nous exhorte ainsi : « Je vous conjure donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, de faire de vos corps une hostie vivante, sainte, agréable au Seigneur ; que votre culte soit raisonnable(3). »
Si donc, esclave ou instrument de l’âme, ce corps, autant qu’un bon et légitime usage le rapporte à Dieu, est un sacrifice, combien plutôt l’âme elle-même, lorsqu’elle s’offre à lui, embrasée du feu de son amour, et que dépouillant la concupiscence du siècle pour se réformer sur l’immuable modèle, elle fait homme à la beauté infinie de ses propres dons. « Ne vous conformez point au siècle, ajouta l’apôtre, mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit, recherchant quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. »
(1) Si 30, 24.
(2) Rm 6, 13.
(3) Rom 12, 1. (livre X, VI, pp. 411-412)
Quelquefois Dieu ordonne le meurtre soit par une loi générale, soit par un commandement temporaire et particulier. Or, celui-là n’est pas moralement homicide, qui doit son ministère à l’autorité ; il n’est qu’un instrument comme le glaive dont il frappe. Aussi n’ont-ils pas enfreint le précepte, ceux qui, par l’ordre de Dieu, ont fait la guerre ; ou, dans l’exercice de la puissance publique, ont, suivant les lois, c’est-à-dire suivant la volonté de la plus juste raison, puni de morts les criminels : aussi n’accuse-t-on pas Abraham de sa cruauté, mais on loue sa piété, quand, meurtrier par obéissance, il veut frapper son fils. Et l’on demande justement s’il faut reconnaître un ordre divin dans la mort de la fille de Jephté, accourue au-devant de son père, qui a fait vœu d’immoler à Dieu le premier objet offert à sa vue au retour du combat et de la victoire. Et si l’on excuse Samson de s’être enseveli lui-même avec les ennemis sous les ruines d’un édifice, c’est qu’il obéissait au commandement intérieur de l’Esprit qui par lui faisait des miracles. (livre I, XXI, pp. 62-63)
À travers son récit de l'ascension du Mont Ventoux, Pétrarque nous plonge peu à peu vers les régions intimes de sa conscience. Au fur et à mesure de son élévation, le récit se charge d'un sens plus profond, et se transforme en une réflexion sur le sens de la vie, et sur les notions de voyage extérieur / voyage intérieur. Et pour cause, Pétrarque a emporté avec lui le livre des Confessions de Saint Augustin, dont il ne se sépare jamais.
Écrivain et poète Italien du 14e siècle, Pétrarque est né sous le signe du voyage. Une série de podcasts en 6 épisodes, véritable odyssée sonore à travers les livres, en compagnie de cet illustre précurseur de l'humanisme.
Un podcast original de la Bibliothèque nationale de France
Production exécutive : NARRATIVE
Conception et direction de projet : Sophie Guindon
Conseiller scientifique : Philippe Guérin
Ecriture : Nelly Labère
Réalisation, design sonore et montage : Julia Griner et Ariane Neumann
Prise de son : Ruben Perez – La Fugitive
Musique originale : Julia Griner
Voix : Elodie Huber et Jean-Philippe Vidal
Production : Cecile Cros assistée de Charlie Dervaux
Textes de Petrarque extraits des Lettres familières (livre IV, lettre I)
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://essentiels.bnf.fr/fr/
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