Pour devenir un parfait petit scientifique de la nature, évitez de suivre les penchants naturels de l'être humain dont l'esprit incline naturellement à l'exagération infinie et à donner du crédit à ce qui lui plaît, ne suivez les idoles et les systèmes mis en place par ce qu'ils vous en imposent ou s'imposent d'eux-mêmes ; ne vous laissez pas mener par les mots qui eux aussi s'imposent à vous plus souvent que vous ne les choisissez et évitez de considérer que l'univers est à votre mesure, là aussi tendance naturelle à l'espèce humaine.
Pour devenir un parfait petit scientifique de la nature, ne vous laissez pas happer par les matières vides qui ne mènent qu'aux controverses aux disputes et ne servent à rien comme tout ce qui est spéculatif et ne s'attache pas de prêt à la matière. Ne faites pas comme Aristote qui laisse son imagination gonfler sur la base de quelques expériences seulement jusqu'à développer des systèmes gigantesques et sans aucun intérêt ; pas non plus comme les chimistes qui affabulent sur la nature des choses en ramenant toutes les situations qu'ils rencontrent aux deux ou trois expériences qu'ils ont faites dans leur vie ; et pas non plus comme Platon ou Pythagore qui se laissent mener par le bout du nez par la théologie et la superstition.
Pour devenir un parfait petit scientifique de la nature, ne vous lovez pas dans les sillons de la tradition, ne laissez pas le hasard, comme c'est le cas depuis la nuit des temps, organiser les découvertes et surtout, surtout, ne désespérez pas. Vous aussi vous allez y arriver, comme Francis, qui n'a pas démérité je crois et qui vous donne toutes les raisons d'espérer : toutes les choses qu'on trouverait si une méthode démultipliait les effets du hasard ! si tout le monde s'emplissait d'espérance pour ses applications plutôt que deux ou trois pélerins depuis Cro-Magnon ! si on passait à faire des choses utiles plutôt que vénérer des idoles ou se triturer le ciboulot dans le vide ! toutes ces choses, qu'on ne peut pas seulement imaginer car on a toujours tendance à se reporter au passé pour imaginer le nouveau, naturel qui aveugle sur le potentiel à venir !
Non, pour devenir un parfait petit scientifique de la nature, suivez les méthodes modernes mises en place par votre serviteur (qui nous livre sa recette et est bien conscient de la gloire (posthume vu son grand âge) qui l'attend).
C'est clair, lumineux, précis, en rien pompeux et paraît extraordinairement moderne (je passe la phase de mise en oeuvre qui, elle, pourrait paraître datée...).
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Il y a des idoles formées par les relations des hommes entre eux et les associations qu'ils forment, que j'appelle les idoles de la place du marché.
Jusqu'ici, la philosophie naturelle ne s'est jamais trouvée sans tâche, mais toujours souillée et corrompue : dans l'école d'Aristote, par la logique ; dans l'école de Platon, par la théologie naturelle ; dans la seconde école platonicienne, celle de Proclus et des autres, par les mathématiques, lesquelles doivent teminer la philosophie naturelle, et non l'engendrer ou la procréer. Mais d'une philosophie pure et sans mélange, il faut espérer mieux.
L'entendement humain ressemble à un miroir déformant qui, exposé aux rayons des choses, mêle sa propre nature à la nature des choses, qu'il fausse et brouille.
Il ne faut pas priver les sens et l'entendement humain, faible comme ils sont, de leur autorité, mais leur fournir des aides.
Si un homme, à l'âge mûr, aux sens inteacts et à l'esprit purifié, s'applique tout de nouveau à l'expérience et au particulier, de cet homme il faut alors bien espérer. Et ici, nous nous promettons le futur d'Alexandre le Grand. Que personne ne nous taxe de vanité avant d'avoir entendu la fin d'un discours qui est fait pour ôter toute vanité.