Anita Rau BadamiFrançoise Adelstain (Traducteur)
EAN : 9782234054523
442 pages
Stock
(15/10/2002)
4/5
7 notes
La Marche du héros
Résumé :
Dans une petite ville du golfe de Bengale saisie par la modernité, la Grande maison, malgré son état de délabrement, constitue un îlot de résistance. Elle appartient depuis des générations à une famille brahmane, les Rao, dont le chef actuel, Sripathi, peine à joindre les deux bouts. Sa seule vraie fierté, Maya sa fille, s'est rendue coupable d'un crime majeur en rompant l'engagement qui la liait à son fiancé indien pour épouser un Américain. Blessé dans son orgueil, muré dans sa rancœur, Sripathi a coupé tout lien avec elle. La tragédie s'abat un matin, annoncée par un coup de téléphone : Maya et son mari viennent de se tuer dans un accident de voiture. Ils laissent une petite fille de sept ans, dont Sripathi et sa femme vont avoir la garde. Une enfant en pleine détresse, transplantée dans un monde étranger, mais qui est peut-être la seule à pouvoir sauver du désespoir ce vieil homme qu'elle refuse d'appeler grand-père...
Une belle histoire, un beau roman pour découvrir l'Inde entre tradition et modernité. Où l'on constate que le poids de la famille dans ce vaste pays-continent est un frein à l'accomplissement personnel. Phénomène difficilement compréhensible pour l'occidental individualiste, la famille élargie ou indivise fonde l'unité même du système social indien.
Dans ce type d'organisation familiale, les fils restent ensemble dans la maison paternelle avec leurs épouses et enfants. Ainsi les fils, leurs parents, leurs femmes et enfants partagent une maison, prennent leurs repas ensemble et participent conjointement aux activités rituelles, sociales et économiques. Autour de ce noyau central peuvent se rajouter d'autres membres tels que des soeurs, des tantes restées célibataires, des veuves abandonnées, des oncles lointains ainsi que les employés de maison, très présents même dans les milieux relativement modestes.
Ce récit est un parfait exemple des changements de mentalités qui s'opèrent dans un pays où les pesanteurs socio-culturelles limitent toute évolution significative, en dépit des nombreuses lois sociales rarement appliquées.
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Putti avait parfois le sentiment désespérant de se noyer dans l'amour carnivore de sa mère, aussi impuissante qu'une mouche dans de la mélasse. Et durant ces nuits où, allongée à côté d'Ammayya, elle ne parvenait pas à dormir, elle contemplait, lugubre, la protubérance irrégulière de la hanche gauche de la vieille femme, soulignée par le rayon de lumière d'un réverbère qui réussissait à s'insinuer par les interstices des persiennes closes, la main ridée, chargée de bagues, qui reposait fermement sur la hanche comme pour l'empêcher de saillir. Elle attendait que le souffle de sa mère se transforme en ronflements. Puis, introduisant une main sous la ceinture de son jupon, elle la laissait descendre le long de son ventre haletant jusqu'au chaume humide des poils pubiens, et la senteur de son désir s'élevait doucement dans la chambre close où elle était née et où il était probable qu'elle mourrait.