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EAN : 9782849904480
187 pages
Editions des Equateurs (18/08/2016)
3.59/5   34 notes
Résumé :
" Le pistolet était placé à côté du frein à main. Quand le conducteur fut assuré que personne ne pouvait voir la scène sur le point de se dérouler, la scène imaginée, fantasmée, celle qui marquerait son entrée hors du champ de la norme, de la loi, de la vie sociale, quand il fut tout à fait sûr que la longue et morne rue longeant le mur d'enceinte du lycée était déserte, il prit l'arme, la pointa sur ma tête, m'ordonna d'ouvrir la portière et de monter à l'avant, à ... >Voir plus
Que lire après À la place du mortVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre pioché dans la liste " Première sélection du prix Interallié 2016", à l'intrigante quatrième de couverture s'avère être une pépite littéraire.
Un garçon de douze ans, attend une fille ,ce premier mardi du mois de juin 1984,sur un trottoir d'une rue longue et morne au milieu de l'après-midi.....mauvais endroit, mauvais moment.....le destin décide de la remplacer par une Peugeot sombre, le canon d'un revolver, et un type derrière pour appuyer sur la détente.....une rencontre qui lui laissera à jamais une trace indélébile, " La petite âme noire et rabougrie, la difficulté à vivre, le vertige de la peur où je plonge souvent sans raison en regardant la lumière déclinante du soir, en dînant avec des amis, en écoutant une chanson à la radio, en pensant à la neige grise et sale des bas-côtés des routes de montagne l'hivers...". N'ayez crainte je ne vous ai rien raconté. Ce n'est que le tout début de l'histoire et d'une aventure déroutante, dérangeante aux tréfonds de l'âme humaine , où nous entraîne l'auteur par le biais d'une prose puissante, évocateur, et d'une pudeur touchante, étonnante,vu ce qu'il nous raconte.

C'est psychologique, analytique, mais extrêmement concret, précis.Raconté par digressions à partir de "l'accident " qui est au coeur du livre, on traverse trente ans de la vie d'un homme. Traînant toute son enfance un statut de remplaçant, "l'accident " s'y ajoutera et dominera sa vie d'adulte, "la seule chose que le temps n'aura pas corrompue......comme figées derrière une paroi de verre".
Le temps de la lecture de 187 pages, sans jamais suffoquer, nous partagerons cette bulle terrible qu'a été sa vie intérieure, alors que la façade n'en laisse presque rien transpirer, et socialement, professionnellement il sera un homme qui a " réussi".

Un excellent premier roman troublant.
Je suis loin d'être friande de ce genre de sujet ,mais là c'est une prestation intellectuelle d'exception, époustouflante ! Si vous n'êtes pas trop sensible, une lecture que je conseille absolument !
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« A la place du mort », signé Paul BALDENBERGER, est un livre révélateur.
A l'entame de ce récit qui semble autobiographique, le titre, en une polyphonie de sens, annonce, à la fois l'existence étriquée que peut mener un enfant lorsqu'il sent avoir été conçu pour remplacer un frère aîné mort à l'âge de sept ans. Il évoque aussi cette place, à côté du conducteur, que tous les enfants rêvent de pouvoir tenir un jour. Celle d'où on voit tout et à partir de laquelle on peut jouer à être le pilote, le gardien de la route. Mais cette place du mort, réputée ô combien dangereuse, est d'abord dans ce récit celle que prend un adolescent de douze ans qui, sous la menace d'un revolver braqué sur son front et alors qu'il rêve déjà d'être adulte, devient l'enfant sur lequel un prédateur sexuel a jeté son dévolu.
Et la magie du texte est là. Dans un récit non linéaire l'auteur nous révèle le cheminement chaotique d'un enfant - adolescent qui en réchappera pour devenir un adulte portant ce poids du viol, à la fois vivant et mort dans son être, souillé par cette expérience à laquelle, enfant, il n'aurait jamais dû participer.
L'auteur, avec brio, écrit sans aucune violence verbale, ni complaisance pour une quelconque vulgarité. Tantôt avec des mots d'adulte, tantôt avec ceux d'un enfant qui ne peut connaître les termes appropriés de sodomisation ou de fellation mais qui peut pressentir les choses et tenter de construire des parades pour s'en sortir et rester vivant. La question taraudera longtemps l'enfant devenu adulte : ‘A-t-il oui ou non pris une part active dans le viol ? Ses paroles, son obéissance, seules voies d'issue de secours aux yeux de l'enfant apeuré, ont-elles contribué à autoriser ce qu'il a subi ? le syndrome de Stockholm n'étant pas loin, qu'elle est sa part de responsabilité ?'
Ces questions analytiques, le silence à maintenir ou non, la réduction du viol à un supposé plus acceptable attentat à la pudeur étaient-ils de l'ordre de la solution, d'une fuite vers l'oubli ou d'une acceptation active de la non- sanction de la faute ?
Le thème est abordé de front par l'auteur. le lecteur se prend ces interrogations en pleine face, en plein coeur. Et ce n'est pas une compassion purement livresque pour le héros multi-âges victime du viol qui pourra le délivrer du malaise qui jaillit de ce récit, lui rappelant que la place du mort que chacun, victime potentielle de la barbarie humaine, est susceptible de devoir endosser un jour !
Un livre fort, dur et juste. Un livre qui impressionne !
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Au début du roman, tout me semblait confus.
D'autant que le texte est dense, avec pratiquement pas de dialogues.
Et puis, on comprend comment ça fonctionne.
Le sujet est grave et ignoble : le viol d'un garçon de 12 ans.
L'auteur y revient tout le temps, c'est le coeur de l'histoire.
Mais il y a l'avant et l'après de ce viol.
Des tranches de vie de l'enfant d'avant et de l'homme d'après surgissent au gré des pages et allègent le côté oppressant du sujet.
Car toujours, on revient au viol.
D'une histoire lourde, l'auteur a su faire un roman où se mêlent l'émotion et l'espoir.
C'est un premier roman très prometteur.
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Delphine Bertholon dans Les Corps inutiles a raconté comment une jeune fille de 15 ans tente de vivre après une agression sexuelle. Paul Baldenberger (dont on apprend qu'il s'agit d'un pseudonyme et que le récit est autobiographique) nous propose une variation sur ce même thème avec une jeune garçon de douze ans dans le rôle de la victime.
David, qui attend la belle Nina de Valmain, la «fille idéale» près de l'aumônerie est contraint de monter dans une Peugeot 505 bleue et de subir les assauts d'un homme : « J'ai regardé devant pour ignorer l'arme endormie entre ses cuisses. »
Le traumatisme est si violent que seul le mutisme peut enfermer ce crime.
« Il me faudra des années pour revenir à ce tremblement premier, celui des roues de la Peugeot rue Louis-Vicat, l'une des dernières rues pavées de ma banlieue. Tout s'éclairera alors et je tisserai un fil supplémentaire entre ces trois heures et le reste de ma vie. »
Au moment de prendre la plume et de raconter cet épisode, on sent que le temps a passé, mais que les plaies restent ouvertes. Qu'à l'heure du bilan, l'auteur éprouve une sorte de nécessité à revenir sur ce drame et sur toutes les blessures familiales, que ‘est pour lui le moyen de les transcender, à commencer par l'exil de sa mère en 1941 à Tunis où elle est contrainte de fuir, laissant ses parents s'engager dans la résistance : « Lorsque je raconte cette histoire vieille de soixante ans à mon amie, ses yeux brillent. Je suis le grand narrateur, l'homme qui a toujours des histoires sur tout, qui tricote des rêves avec ces lambeaux de passé où il semble si à l'aise, si léger, qui font comme des bandelettes dont il se couvre le corps. »
C'est du reste la grande vertu de ce roman, cette belle écriture, fine et précise, qui permet de dire les choses d'une façon terriblement simple. Comment le petit garçon a grandi à l'ombre d'un frère décédé, comment il a vécu ses premiers émois sexuels, avec Christelle a sept ans. Placé derrière elle durant un cours de chant, il «éprouve une irrésistible envie de toucher sa nuque, de l'embrasser, de la mordre.» Avec Nina quelques années plus tard et à qui il n'osera avouer qu'elle est «comme par inadvertance, associée à un événement plus grand qu'elle, qui la dépasse comme il me dépasse et me submerge. »
Comment tout cela s'arrête brutalement, après ce «tremblement au milieu du mouvement et je suis au-delà de ma vie, comme projeté dans un autre monde, découvrant une nouvelle forêt tandis que l'ancienne s'est évanouie. »
Comment la mort envisagée alors trouve dans l'éloignement un pis-aller. Mais avec un ami allemand avec lequel il grimpe en montagne et avec un séjour en Oregon auprès d'une famille américaine, il reprend goût à la vie. Une vie d'où toute vulgarité est bannie, où le beau est un baume délicat, où le luxe est un pansement agréable et où les partenaires sont belles et riches, même si les relations sont éphémères.
Voilà un premier roman réussi parce que l'on sent à chaque ligne sa nécessité et parce que l'on en oublie le sordide pour n'en garder que la transcendance.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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David, 12 ans, sous la menace d'une arme, s'assoit dans la voiture d'un inconnu qui le violera.
30 après les faits, il analyse de façon quasi clinique les 3 heures passées avec son agresseur.
Il refuse de se considérer comme une victime et, dans un tourbillon de souvenirs, d'interrogations et de digressions, démontre comment ces heures ont bouleversé mais aussi magnifié sa vie. Comment la secousse sismique qui a alors traversé son corps et son esprit a été déterminante pour son avenir. David livre dans ces pages ce qu'il a préféré taire à tous.
L'écriture soignée et précise oblige à regarder la réalité en face, ce qui n'est pas toujours facile car le sujet est très délicat, pour ne pas dire scabreux.
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critiques presse (1)
Lexpress
26 septembre 2016
D'un viol commis dans les années 1980 Paul Baldenberger a tiré un premier roman bluffant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Moi, qui ne suis pas particulièrement attiré par la spiritualité asiatique, je suivrai le conseil tombé du ciel que le chauffeur, dans un anglais approximatif, m’a donné sans que je lui demande quelque chose. Il m’indique qu’il y a, à deux pas de l’hôtel, le plus vieux temple bouddhiste de Corée. Se trompant sur mon importance réelle, il ajoute que même le Premier ministre anglais a voulu le visiter lors de sa venue en Corée deux ans plus tôt. Il espère bien que l’évocation de ce visiteur de marque saura faire naître chez moi l’envie d’y jeter un œil ; je souris à l’idée d’un Cameron –dont le souhait a retenu l’attention d’un chauffeur de maître qui, quelques années plus tard, en fera un argument de vente pour touriste argenté –découvrant qu’on lui a collé une visite de temple dans son programme alors qu’il aurait mille fois préféré prendre le temps de petit déjeuner ou téléphoner au speaker des Communes pour évoquer un sujet délicat d’investiture à une élection partielle ou tout autre sujet crucial, auquel la visite de ce foutu temple l’a obligé à renoncer.
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Les seules choses que l’on possède vraiment sont celles que l’on n’a pas eues, que l’on a perdues ou troquées contre des plaisirs éphémères et frelatés.
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J'ai dix-sept ans et ces trois heures passées dans une voiture au fond d'un parking appartiennent au passé. Hors de question de les évoquer avec mes aventures d'alors. Ces aveux ne viendront que plus tard lorsque, pour la première fois, je m’installerai avec ma petite amie et trouverai fair-play de décliner rapidement cette identité, juste pour qu'il ne soit plus besoin d'en parler et que mon côté inaccessible parfois, mystérieux souvent, inatteignable par intermittence trouve là son explication alors que ce n'est pas sa source première. Bref, une vérité pour en cacher beaucoup d'autres plus difficiles plus sombres infiniment plus mélancoliques mais il ne faut surtout pas le dire, ou alors par petits bouts, comme une parole incomplète et sans lien entre les différents morceaux pour que personne, surtout, n'ait la vision globale: ne pas parler de mon obsession de la mort, de ma grande solitude intérieure comme cadenassée dans une boîte noire et hermétique, mon sentiment d'inexistence et de vide, ma capacité de caméléon à endosser tous les rôles, tous les personnages pour cacher le vide béant au cœur, mon hypersensibilité qui tend à l'insensibilité, ma lucidité sans affect que je cache derrière un cynisme un peu mondain et provocateur.
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J'ai toujours avoué que j'avais été violé. Je l'avoue rapidement, cliniquement, administrativement, comme on décline une identité un peu honteuse, sur laquelle il conviendra ensuite de ne pas revenir. Le reste m'appartient, du moins jusqu'à maintenant.
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Le temps bouscule tout, dérange tout, détruit tout. Il est le grand corrupteur et les taches de rouille qu'il disperse avec générosité et constance finissent toujours par se voir, par grignoter tous les aciers de nos souvenirs, même les mieux trempés, les plus résistants, ceux qu'on croyait incorruptibles.
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Videos de Paul Baldenberger (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Baldenberger
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