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Philippe Pignarre (Traducteur)
EAN : 9782348045905
250 pages
La Découverte (09/01/2020)
4/5   1 notes
Résumé :
La question posée devant les tribunaux israéliens en 2009, puis tranchée par la Cour suprême, était simple : à qui reviennent les archives de Kafka ? À l’héritière de Max Brod, Eva Hoffe dont la famille fuyant le nazisme s’était installée en Palestine ? Aux Archives de la littérature allemande de Marbach ? À la Bibliothèque nationale d’Israël ?

Les procès vont réveiller « l’éternel débat sur l'ambivalence de Kafka envers le judaïsme et le projet d'éta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre évoque « la controverse Kafka », c'est à dire la bataille juridique qui entre 2009 et 2016, a opposé Eva Hoffe, habitante de Tel Aviv, ( qui par l'intermédiaire de sa mère, se trouve détentrice d'un fond Kafka important), le centre d'archives littéraires Marbach en Allemagne , et la bibliothèque nationale d'Israël pour la récupération de ce fond Kafka.
Les étapes des différents procès sont comme feuilletonnées et leur récit alterne habilement avec des chapitres qui reviennent sur la vie de Kafka à Prague, son amitié avec Max Brod, (par lequel ce fond Kafka est arrivé jusqu'à Tel Aviv) mais aussi examinent de façon très documentée des questions plus générales, comme le rapport de Kafka à sa judéité, les liens entre son oeuvre fictive et le « continuum de la littérature juive », les rapports entre les allemands et leur patrimoine littéraire, ou la façon polémique dont l'Etat d'Israel, créé pourtant après la seconde guerre mondiale entend être le lieu où sont réunies toutes les oeuvres de la diaspora juive, au détriment des pays de la Mitteleuropa où se sont pourtant épanouis les talents d'origine juive, pays dont ils avaient adopté la langue, et dont la culture constituait leur terreau, comme l'a montré la découverte en 1982 de la bibliothèque de Kafka. Inversement, autre élément mis en évidence par cet ouvrage : la discrétion de la postérité de Kafka en Israël : pas de rue à son nom, pas d'édition complète en hébreu, par ex.
Ces chapitres qui élargissent le propos initial du livre, cherchent donc à montrer, en cercles concentriques, comment le procès a exposé les « différentes manières dont Israël et l'Allemagne restent dépendants de leur passé tourmenté et des nobles mensonges dont leur guérison dépend. Chacun tente de lier un «  nous » national au nom de Kafka. […]. Ainsi, l'Allemagne entend s'annexer un auteur dont la famille a été décimée pendant l'Holocauste, entremêlée avec la tentative de dépasser ce passé honteux. On a vu que le procès a aussi réveillé l'éternel débat sur l'ambivalence de Kafka envers le judaïsme et le projet d'établissement d'un Etat juif – et sur l'ambivalence d'Israël envers Kafka et la culture de la diaspora. ». On croise ainsi un certain nombre de «  grands témoins », auteurs contemporains de Kafka, mais aussi exégètes, comme George Steiner, Starobinski, ou encore des auteurs contemporains comme Nicole Krauss. On croise aussi les personnages de Kafka, la situation au coeur du procès n'étant pas sans évoquer la situation de certains grands romans de l'auteur pragois, notamment le Procès.
L'ensemble est très dense, très documenté, parfois un peu répétitif, et trop complaisant pour «  l'héritière » Eva Hoffe, mais reste absolument passionnant, les questions abordées étant encore d'actualité. L'auteur, journaliste qui vit à Jérusalem, ne cache pas que le jugement rendu par la cours suprême d'Israël ne lui semble guère satisfaisant, et son propos est convaincant tant il met l'accent sur l'unicité du fait d'être un auteur germanophone , d'origine juive, intéressé par le sionisme mais largement assimilé, au sein d'une ville tchèque, au coeur de l'Empire austro-hongrois. Rien que pour son évocation de la richesse culturelle de cette Mitelleuropa de l'entre-deux guerres, ce livre mérite d'être lu. SP.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Comme l'homme de la campagne dans la parabole, Eva Hoffe restait échouée et déconcertée devant les portes de la loi. Il n'y aurait pas de vérité rédemptrice pour elle. Elle ne comprenait pas la loi ou les subtilités du raisonnement juridique, mais elle comprenait la sentence. C'est le procès lui-même qui constituait son héritage. Paradoxalement, elle avait hérité de son déshéritement, hérité de l'impossibilité de respecter les dernières volontés de sa mère. Elle ne possédait que sa dépossession.
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Sa réputation reposant sur des textes qu'il n'a ni achevés ni approuvés, le Kafka que nous connaissons est une création de Brod.
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