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Paris, sous le Directoire, puis au début de la Restauration. La jeune Ginevra tombe sous le charme de Luigi, un Bonapartiste traqué par le nouveau régime. Mais les familles des tourtereaux sont impliquées dans une vendetta sanglante.

Comme à peu près toutes les histoires d'amour malheureuses, cette nouvelle est présentée comme un Roméo et Juliette, version corse. Je ne suis pas vraiment d'accord avec la comparaison, même si on est dans le registre tragique. Ce n'est pas pour autant hyper original et dans l'ensemble c'est même plutôt prévisible. Mais la lecture reste agréable et, même si Balzac ne peut pas s'empêcher d'être très bavard, ça se lit facilement.

Pourquoi classer ce livre dans la liste de ceux que je vais rapidement oublier, alors? Pour commencer parce que rien n'est vraiment marquant dans cette histoire. Les personnages sont des clichés ambulants et on n'est à aucun moment réellement surpris par les péripéties du récit. L'intérêt est que c'est l'un des premiers écrits De Balzac, ça permet de comparer avec ses oeuvres plus fouillées, c'est toujours quelque chose que j'apprécie de faire. D'autre part, ce genre de textes peut être une bonne porte d'entrée pour des lecteurs-trices qui auraient envie de découvrir l'auteur mais auraient des appréhensions devant l'ampleur de son oeuvre ou que ses romans les plus connus (qui sont souvent de grosses pavasses) effraieraient.

Pas inoubliable, donc, mais simple d'accès et pas déplaisant à lire.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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La vendettaDe Balzac est peut être une histoire corse, mais elle se déroule à Paris. En 1800, arrivent à Paris un "étranger, suivi d'une femme et d'une petite fille"- étranger? corse, plutôt! "je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous." Il viennent demander asile et protection après avoir "tué tous les Porta".

Quinze ans plus tard, Ginevra prend des leçons de peinture chez Servin qui était le maître reconnu pour la "peinture féminine" c'est une élève douée mais rejetée par les filles de la plus haute aristocratie. Occasion de décrire les caractères de ces jeunes filles qui"appartenaient à un monde où la politesse façonne de bonne heure les caractères, où l'abus des jouissances sociales tue les sentiments et développe l'égoïsme". Les pages décrivant l'atelier, les cabales et mesquineries des jeunes filles sont un pur bonheur de lecture. 

Après le second retour des Bourbons en juillet 1815, les bonapartistes sont pourchassés. Ginevra découvre qu'un proscrit corse se cache dans l'atelier de Servin. Coup de foudre, les deux jeunes corses vont se marier. Tout serait pour le mieux si on ne découvrait pas que Luigi est un survivant de la vendetta qui a chassé les parents de Genivra de Corse. Roméo et Juliette à Paris!

Ginevra tient tête à son père, elle épouse Luigi sans son consentement. La vengeance opérera cependant.....

Qui mieux que Balzac décortique les rapports familiaux ou sociaux? Les mesquineries des aristocrates dans l'atelier du peintre sont distillées avec un art consommé. de même les rapports père-fille, l'abus de pouvoir du père. Refuse-t-il le mariage à cause de la vendetta ou par peur de perdre sa fille?

Court roman ou longue nouvelle qui mérite un moment de lecture!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Dans certaines régions méditerranéennes dont la Corse, la Sardaigne ou encore la Sicile, la vendetta est la poursuite de la vengeance d'une offense ou d'un meurtre, qui se transmet à tous les parents de la victime. Au cours d'un voyage en Corse en 1838, donc après la parution de ce roman, Balzac évoque d'ailleurs "cette île française qui se chauffe au soleil d'Italie, où tout bout comme dans une fournaise et où l'on se tue les uns les autres de père en fils".
Cependant, ce court roman n'est pas seulement une histoire corse, même si l'on peut imaginer une source d'inspiration dans une nouvelle publiée en 1829 par Prosper Mérimée intitulée Mateo Falcone et sous-titrée Moeurs de la Corse. Ce n'est pas non plus uniquement un mélodrame sentimental dans lequel les rejetons de deux familles ennemies tombent amoureux…
Balzac veut aussi mettre l'accent sur la période d'épuration qui suit l'abdication de Napoléon puisque l'intrigue proprement dite commence en 1815, soit quinze ans après une sorte de prologue qui relate l'arrivée des di Piombo à Paris et l'aide que leur apporte Napoléon. La tragique vendetta accentue l'atmosphère de haine et de répression de la Restauration. L'ambiance corse avec ses dramatiques clichés pèse sur les réalités françaises qu'elle colore tragiquement. En effet, Balzac, bien que royaliste, reste un homme d'ordre qui désapprouve les désordres de son temps.
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J'ai lu facilement et rapidement cette nouvelle assez conséquente qu'est La Vendetta (83 pages dans mon édition Folio classiques).

Balzac y met en scène une famille corse - le père, la mère et la fille, arrivant à Paris sans le sou suite à une vendetta où leur famille a été exterminée, mais surtout la famille ennemie, les Porta. Après que Napoléon leur est venu en aide, conformément à l'honneur et à la tradition corse, tout en avertissant Bartholoméo di Piombo qu'en France de telles pratiques ne sauraient être tolérées, la famille s'installe dans une certaine aisance, et coule des jours heureux. Ginevra, dont le caractère fier et emporté rappelle celui de son père, a désormais 25 ans, mais n'a pas songé jusque-là à quitter ses parents.

Du reste, lorsqu'elle rencontre un jeune soldat de Napoléon - l'intrigue se passe juste après les Cent jours, alors que ceux qui ont pris part au retour de l'Empereur sont traqués et condamnés à mort - caché par le peintre aux cours de qui elle assiste, Servin, cela provoque un drame familial. Bartholomeo ne supporte pas l'idée que sa fille aime un autre que lui. Oui, mais voilà, lui et sa femme ont élevé leur fille en la gâtant, elle est leur égale, et parvient à leur faire accepter de rencontrer l'homme qu'elle aime.

Quelle ne sera pas leur horreur lorsqu'ils apprennent son nom ! Les deux jeunes gens n'ont plus qu'à vivre de leurs propres forces et expédients, et faire face aux rigueurs de la pauvreté, armés de leur seul amour. Bartholoméo saura-t-il pardonner à Ginevra ?

Je deviens familière des "ambiances à la Balzac" : ici, la peinture domine toute la première partie de la nouvelle. Quel régal que d'observer ce microcosme des leçons de jeunes filles, la cruauté dont elles peuvent faire preuve entre elles ! Si bien de son temps, Balzac est de tous les temps, lorsqu'il nous décrit le terrible clivage politique engendré par la Restauration, jusqu'au sein des familles, où l'on se déchire parce qu'on est d'un bord ou de l'autre.

Comme justement Luigi Porta (ou da Porta) fait partie des fidèles soldats de Napoléon, et de l'entourage de Labédoyère, qui fut condamné à mort (nous en avons l'écho au sein de cette société close qu'est l'atelier de Servin), j'ai apprécié ce rappel d'une époque historique qui m'a intéressée récemment, avec le mythe des Grognards, ceux qui étaient revenus de Waterloo, et encore avant des campagnes militaires précédentes.

Je suis moins convaincue par l'idéal corse, ce sens aigu et orgueilleux de l'honneur, cette religion de la vengeance qu'est la vendetta - comme le dit Bartholomeo : "nous les Corses, nous nous expliquerons directement avec Dieu". Toutefois, je ne peux que constater que Balzac fait encore du grand art en produisant des scènes, des portraits contrastés, d'une force passionnée, virulente ; ce faisant, autant qu'il nous entraîne sur leurs traces et nous confond avec leurs émotions, il nous offre toujours cette incroyable puissance d'analyse, ce recul sur l'âme humaine, avec des phrases d'une netteté redoutable, d'une poésie sensible, qui font mouche et qu'on n'oublie pas.
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Balzac dans cette nouvelle de 1830 entremêle l'art, l'amour, la passion, mais surtout la vengeance.

Par vengeance, je ne veux pas dire la loi du Talion. Non, bien plus que de rendre coup sur coup, les Piombo et les Porta se vouent une haine destructrice. La vengeance, ou plutôt la vendetta corse outrepasse les lois, même celles de Napoléon!

Pour l'art, Ginevra donne toute la passion et la patience que l'on attribue habituellement à cet âge à l'amant. Objet d'un amour paternel aussi fort qu'égoïste, Ginevra se voue à ses parents. Mais l'amour d'une Piombo avec un Porta vient tout basculer.

La passion dévorante succède à la passion enivrante. Cet amour que la société refuse, ce bonheur impraticable va mener Ginevra et Luigi à leurs pertes. Leur faute est leurs noms, leurs obstinations, mais aussi leur impossibilité de subsister. Qu'il est difficile de vivre à Paris, où coexistent le luxe et la pauvreté la plus éclatante.

Nouvelle riche dans sa variété des thèmes abordés, elle n'est néanmoins pas à bouder.
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Une nouvelle vraiment très réussie, fondée sur une intrigue à la fois très simple et très émouvante. C'est un peu Roméo et Juliette version 1er Empire, les considérations sociales en plus. On apprécie la mise en scène de personnages historiques au côté des personnages fictifs, un exercice souvent difficile qui fonctionne très bien ici.

Les proportions du récit sont assez surprenantes puisque les trois quarts consistent à mettre en scène la rencontre et les circonstances difficiles du mariage de Ginevra et Luigi, tandis que les conséquences de cette union sont traitées de façon un peu expéditives, comme pour retranscrire l'idée d'un automatisme du désastre du mariage d'inclination lorsqu'il ne reçoit pas l'aval de son milieu. Âmes chagrines s'abstenir, on n'en ressort pas fou de bonheur, loin s'en faut. le récit du mariage en lui-même est formidable de cynisme, quoique le personnage de Ginevra soit tout-à-fait admirable dans son erreur et dans les épreuves terribles qui en découlent. On en vient à mesurer la difficulté qu'il y avait à subsister de ses seuls talents dans un siècle si compliqué où l'on pouvait tout perdre sur la chute d'un régime auquel on s'était montré un peu trop attaché (et Dieu sait s'il y en a eu, des changements de régime !), et où la concurrence devenait féroce dans tous les domaines.

Pas besoin de connaissances particulièrement poussées sur l'époque pour savourer ce récit très fluide, qui se lit tout seul. L'écriture est élégante tout en restant centrée sur l'histoire, s'autorisant par endroits quelques brèves digressions génériques qui relèvent d'une vraie finesse d'observation dans les rapports humains. Vraiment, si vous avez peur de vous lancer dans la Comédie humaine, c'est un excellent point de départ.
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Relecture plus attentive après bien des années et redécouvertes évidemment hors contexte temps puisque le thème s'inscrira toujours dans les registres répétitifs des passions qui caractérisent bon nombre de nos évolutions .o tempora o mores
Temps et rappels d'événements intemporels

Les amours vouées à l'échec, au drame que préfigurent des contextes
familiaux en guerre continuelle baignant dans la même incompréhension de vouloir s'en démarquer pour changer .
Les braises où couve l'étincelle qui déterminera inexorablement l'embrasement
Passions déchaînements s'enchaînant
La vendetta .
Sujet tristement à part à ranger du côté hautement réservé de réflexions de justice à mener
Tenter de se dégager du contexte prédéterminé pour le mener vers plus de hauteur, pour en dévier les courbes
fatales des destins à fortiori condamnés
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2ème tentative pour entrer dans l'univers De Balzac. Après l'échec cuisant de ma lecture « la peau de chagrin » où j'ai trouvé que les descriptions tuaient un peu l'histoire, j'ai refait une tentative. Pour être tout à fait transparente avec vous, j'ai vu passer un tweet qui disait qu'il fallait lire « Illusions perdues » à 30 ans et pas avant, histoire de comprendre les enjeux de ce roman. Je n'ai aucune idée de pourquoi il faut attendre cet âge. Les ayant dépassés depuis un certain nombre d'année, je me résous à retenter cette découverte de cet écrivain. J'ai donc acheté pas mal de ces livres, ce qui représente un risque pour moi, dans le sens où les descriptions et moi, c'est une longue histoire.
Alors, pour commencer à renouer avec cet auteur, je me suis donc plongée dans une de ses nouvelles : la vendetta. Et l'auteur ne manque pas à ses traditions avec des descriptions en veux-tu en voilà. J'ai fait un gros effort sur moi-même pour m'imprégner de ces descriptions. Il faut dire qu'en réalité, sans celles-ci, on serait à même de considérer l'histoire somme toute banale. Les descriptions sont en réalité là pour donner de l'épaisseur à l'histoire et à ses personnages. C'est bien ici la leçon que je tirerai de cette lecture.
Que dire d'autre sinon que j'ai passé un très bon moment. Balzac a l'art de raconter cette histoire dramatique. En si peu de pages, on ressent l'amour de ce couple, les liens familiaux très forts. La situation dans laquelle tous ces personnages se trouvent ne peut que forcément mal finir.
En bref, je conseille cette lecture à tous ceux qui veulent découvrir cet auteur. C'est une très bonne entrée en matière.
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Quelle puissance faramineuse met Balzac pour décrire cet amour immortel. Quel délire d'écriture. Toute la deuxième partie. Celle qui rappelle Manon Lescaut est tout à fait splendide, magistrale et dépeint la puissance d'un amour comme on le lit rarement en littérature.
Et cette phrase magistrale du père « reviens, tu m'as vaincu »
Poignant et sublime
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Ce court roman, un Roméo et Juliette corse et bonapartiste, est l'un des premiers De Balzac. Il témoigne déjà de qualités littéraires certaines. On y sent poindre le talent d'un auteur qui ralliera le panthéon des grands classiques.
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