«
le chef-d'oeuvre inconnu »
Balzac (Poche, collection Libretti, 35p environ, suivi dans cette édition de «
La leçon de violon » de
E.T.A. Hoffmann, 13p)
Balzac imagine le jeune peintre Poussin, qui, accompagné d'un peintre déjà connu, Porbus, (bien réel), rend visite à une sorte de « monument de la peinture européenne », Frenhofer, (personnage lui imaginé par l'auteur.). Ce dernier refuse de dévoiler son ultime chef-d'oeuvre, un portrait d'une très belle femme nue, tableau pas encore tout à fait terminé, sur lequel il travaille pourtant depuis des années ; il ne lui reste que « quelques touches finales à poser ». N'ayant plus de modèle, il n'acceptera de le montrer qu'après que Poussin, avide de le découvrir, ait fortement insisté auprès de sa jeune et splendide fiancée, a priori plus que réticente, pour qu'elle accepte de poser nue pour le grand peintre. Après cette séance finale de travail, le maître dévoile un tableau dont on ne dira rien ici... le peintre, certes capable de discours extrêmement pertinents sur l'art, était devenu fou, dans la quête d'un absolu inatteignable.
Les dialogues entre les peintres sont très riches ; « La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer (…) Autrement, un sculpteur serait quitte de tous ses travaux en moulant une femme (…) Nous avons à saisir l'esprit, l'âme, la physionomie des choses et des êtres. »
Le point de vue de la belle fiancée est aussi intéressant, il révèle une part de ce qu'est le regard de l'artiste, de ce qu'il peut avoir de « surhumain ».
La nouvelle de Hoffmann, que le présentateur a choisi de mettre à la suite, a une certaine parenté avec le texte
De Balzac ; un vieux violoniste très connu, très pointu en analyse musicale, consent à donner quelques leçons de musique, mais il n'entend plus rien du crincrin horrible qu'il sort de son instrument.
Deux petits textes très courts, très intéressants, qui témoignent des capacités
De Balzac (et d'Hoffmann) à décortiquer le travail de l'artiste.