Ma chronique risque de surprendre, mais je l'assume.
Une Rose seule, c'est... Un jour sans fin vision
Muriel Barbery.
C'est comme ça que je l'ai ressenti, une version mélancolique de la comédie filmée.
Ici, Rose remplace Phil Connors.
Ici, c'est Kyôto et pas à Punxsutawney.
Et ici, c'est un érable qui remplace la marmotte.
Pourquoi cette comparaison ?
Parce que le roman de
Muriel Barbery est un éternel recommencement.
Rose, la quarantaine, se réveille dans la maison de son père Haru. Un père qu'elle n'a jamais connu. Elle vivait en France au côté de sa mère et sa grand-mère, lui vivait au Japon. Il vient de mourir et Rose est convoquée pour la lecture du testament.
Nous allons la suivre pendant plusieurs jours, donc.
Pour le même rituel.
Les mêmes gens qu'elle côtoie ou qu'elle croise.
Les visites, les repas...
Sous la plume de la romancière, ce sont souvent les mêmes mots qui reviennent. Accompagnant l'héroïne dans sa quête.
Guidé par Paul, l'homme de confiance de son père, Rose va découvrir cet homme mystérieux et va peut-être se trouver elle-même, répondre à ses propres interrogations.
C'est un voyage au Japon, particulier, qui nous est proposé là.
Tout en douceur.
On se déplace au côté de Rose, pieds nus, glissant sans bruit sur les tatamis, on s'y assied à ses côtés, attendant le café (ou le cachet, selon les excès de la veille) qu'apporte la discrète Sayoko.
Le parfum des fleurs, le goût du saké, le poisson qui frémit sur le gril, les silences, les échanges en anglais avec le personnel (d'ailleurs, même si le langage est basique, j'ai dû faire appel à ma mémoire pour la traduction), l'eau, le sable, la quiétude des temples, tout cela participe à l'ambiance de ce roman.
J'étais tellement envouté par l'atmosphère que, pendant ma lecture, en fond sonore, j'ai mise de la musique japonaise...
Zen, soyons zen...
Ah, un détail, rassurez-vous, il n'y a pas de radioréveil bruyant, pour obliger Rose à sortir du lit chaque matin, un jour sans fin, d'accord, mais on est au Japon et le vent dans les branches d'un érable, c'est quand même plus poétique...