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Chloé Billon (Traducteur)
EAN : 9782847207255
284 pages
Gaïa (05/10/2016)
3.41/5   16 notes
Résumé :
En tant que commissaire du gouvernement croate, un homme est envoyé sur une île isolée de la mer Adriatique en vue d'organiser des élections locales. Avant lui, sept autres personnes ont échoué dans cette mission. Il découvre ainsi les coutumes et traditions pour le moins farfelues des habitants. Roman lauréat de cinq prix littéraires en Croatie.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai posé mes valises en Croatie le temps de cette lecture et j'y ai rencontré des personnages pour le moins atypiques. Siniša doit se faire oublier : il avait un avenir prometteur en politique mais le camp adverse l'a piégé et son parti l'envoi en exil sur une île très lointaine : « - Tu as déjà entendu parler de Terzola ?
Siniša s'était certes attend à un tournant, mais pas aussi radical.
- Terzola ? Vous voulez dire, l'île ?
- L'île, l'île
- Qu'est-ce que j'en sais… Juste dans les mots croisés. Numéro douze horizontalement, en six lettres « Notre île habitée la plus lointaine. » C'est tout.»
Sa mission est de réussir à organiser des élections locales sur cette terre reculée mais la mission s'annonce on ne peut plus périlleuse. Il est le huitième envoyé et ses sept prédécesseurs ont échoué, la population locale parle un dialecte incompréhensible et puis il n'y a absolument rien sur cette île (pas de réseaux, pas d'internet, pas d'électricité…).

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, tout d'abord à cause du dialecte car est difficilement compréhensible a moins de lire certains passages à haute voix. Chapeau bas a la traductrice pour qui cela n'a pas du être facile. Ensuite à cause du langage parfois un peu cru de notre personnage. Mais très vite, passé ces deux barrières, je me suis prise au jeu et j'ai vraiment aimé cette lecture qui sort de l'ordinaire. Tonino fils m'a beaucoup plu, c'est un personnage sacrement drôle et tellement attachant. Dommage que la fin du roman ne soit pas plus favorable pour lui.
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Siniša est un jeune loup promis à un brillant avenir politique. Mais suite à un piège tendu par ses opposants, le voici mêlé à une sombre histoire de moeurs. Son chef, le Premier ministre, lui conseille de se faire oublier un moment et l'envoie pour ce faire sur Terzola, l'île croate habitée la plus éloignée du continent, avec pour mission d'y organiser des élections locales. Mission qui paraît tout à fait anodine, si ce n'est que sept envoyés avant lui s'y sont déjà cassé les dents. On dit que certains seraient même devenus fous. Il faut reconnaître que Terzola n'a pas grand-chose en commun avec Hvar.

Premièrement, l'île est une espèce de maison de retraite gérée depuis l'Australie par Bonino, un ancien du cru ayant fait fortune dans l'exploitation de mines au pays des kangourous. Les jeunes sont envoyés dans l'hémisphère sud pour travailler dans les mines de Bonino, puis reviennent sur Terzola pour finir leurs vieux jours. Les habitants de l'île sont approvisionnés une fois par semaine par des bateaux italiens. Deuxièmement, les Terzoliens s'avèrent parler un dialecte incompréhensible, mélange de croate, d'italien et d'anglais. À tel point que Siniša se voit assigné un interprète, Tonino, qui sera également son hôte et son assistant. Qui plus est, l'île est bercée par des histoires et des coutumes plus effrayantes les unes que les autres et ses habitants semblent pour le moins farfelus. Et surtout, comme si ça ne suffisait pas, les Terzoliens sont déterminés à continuer à vivre comme ils l'ont toujours fait. Ils redoutent la politique de Zagreb et ne voient pas l'utilité de créer des listes qui pourraient les diviser.

Au fil de son séjour, Siniša va être amené à croiser des personnages souvent hauts en couleur : des vieux grabataires au passé trouble, des Bosniens poursuivis par la mafia italienne, des aborigènes dotées de mystérieux pouvoirs guérisseurs, un gardien de phare illuminé… J'ai beaucoup apprécié ce roman qui fleure bon la Dalmatie profonde. Même s'il s'agit d'une fiction, je trouve que la mentalité dalmate et ses différences avec Zagreb sont parfaitement perceptibles et décrites avec beaucoup de réalisme. Bien que l'île de Terzola n'existe pas en tant que telle, le parler terzolien s'inspire plus ou moins directement de certains dialectes dalmates réels.

Et c'est là qu'il me faut souligner le travail exceptionnel abattu par ma collègue Chloé Billon. Pendant mes vacances en Croatie, alors que je discutais des spécificités du croate parlé en Dalmatie avec deux jeunes gens du coin, j'ai évoqué ce roman et il se trouve que l'un d'entre eux l'avait lu (en croate, bien entendu). Nous avons commencé à discuter du livre et je me suis alors rendu compte que le travail de traduction allait encore bien plus loin que ce que je m'étais imaginé. Prenons les dialectes, par exemple. le dialecte croato-italien étant déjà (intentionnellement) difficilement compréhensible pour les Croates, il fallait pouvoir le transformer en un langage tout aussi difficilement compréhensible (mais compréhensible quand même) pour les francophones. Idem pour le dialecte « anglais », qui, dans l'original, correspond en fait à de l'anglais prononcé avec l'accent croate. Il faut donc lire les dialogues à voix haute pour en comprendre le sens. Dans sa traduction, Chloé a également dû l'adapter pour le faire correspondre à une prononciation française.

Au-delà de cet aspect traductionnel très intéressant (du moins, pour moi), j'ai été touchée par cette histoire qui parle d'amitié, de loyauté et de tolérance aussi. de l'intégrité de Siniša au dévouement total de Tonino, en passant par le côté cash de Selim: tous les personnages sont attachants d'une manière ou d'une autre. Ce livre est pour moi un véritable coup de coeur et je suis très admirative de ce que Chloé a réussi à en faire.
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Une chouette découverte que ce roman, dans lequel un bellâtre trentenaire, jeune loup du pouvoir en place en Croatie, est envoyé sur une île perdue de l'Adriatique, afin de se faire oublier après une nuit de beuverie trop médiatisée.
Terzola fait partie de la Croatie, mais Sinisa est envoyé sur l'île afin d'y organiser un semblant d'élections.
Vous l'aurez compris, ses prédécesseurs s'y sont cassé les dents, et lui débarque dans ce microcosme peuplé de vieillards, qui parlent un sabir mi italien, mi croate, mi anglais (oui, cela fait trop de moitiés, mais cela résume bien !), sans téléphone, sans internet, sans eau courante, et surtout, sans besoin de lui et de ce qu'il véhicule...
Au fil du temps, l'envoyé et la population vont peu à peu s'apprivoiser, essayer de se comprendre, je dis bien, essayer...
Un roman plein d'humour, de situations farfelues et ubuesques, qui montre bien la réalité politique de la Croatie, selon une personne à qui j'ai fait lire ce roman et qui s'y rend régulièrement, et de ce peuple assez particulier.
Seul bémol : de nombreuses tirades en "terzolien" ne sont pas traduites en Français (enfin, certainement adaptées, chapeau pour la traduction, d'ailleurs). Il faut quelquefois les lire à haute voix, en phonétique, pour en apprécier l'humour ! Je comprends un peu l'italien, ça ne m'a donc pas gênée, mais cela peut peut-être rebuter certains lecteurs.
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Sinisa est un jeune loup de la politique mais totalement grillé par une nuit trop alcoolisée, le voilà en partance pour Terzola l'île la plus éloignée de la Croatie continentale avec comme mission: organiserune élection municipale. Facile? Sauf qu'avant lui sept autres envoyés (ou "diferi") se sont cassé les dents sur cet amas de pierres absurde. le jeune citadin se retrouve confronter à une église sans prêtre, à l'absence de téléphone, d'internet, de femmes et à des habitants aussi étranges que leur sabir (d'ailleurs bravo à la traductrice) et à leur accent australien. Il y croisera Tonino, LE jeune ayant appris le beau croate dans les journaux, des mafieux italiens, un bosniaque mythomane, un gardien de phare mathématicien, une starlette du porno et beaucoup de chèvres...
Le livre multiprimé en Croatie se lit avec plaisir et un petit côté jubilatoire. Je ne sais pas si c'est de la grande littérature mais c'était très certainement un bon moment de lecture!
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Le huitième envoyé est une histoire extrêmement originale, amusante et philosophique.

Le point de départ est le suivant : un homme jeune, en Croatie, se retrouve piégé par ses pairs et est exilé du jour au lendemain sur une île habitée mais quasiment inaccessible.

Jusque-là tout pourrait arriver, il pourrait se rebeller, revenir en arrière. Pourtant, il prend à coeur sa nouvelle fonction : être le représentant de l'état. Il ne pourra partir de l'ile que lorsqu'il aura réussi sa mission, jamais réalisée par ses sept prédécesseurs :  mettre en oeuvre des élections sur l'île pour désigner un représentant des habitants. Or ceux-ci ne le souhaitent pas du tout.

S'en suivent des situations de plus en plus incroyables et très drôles.

Le héros fait face à un système indépendant, face à lui-même, à ses réflexes, ses contradictions, son conditionnement ...

J'ai franchement ri par moments, ce livre fait non seulement réfléchir mais il fait du bien.

Il a reçu le prix du jury des étudiants de l'INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) dans le cadre du salon du livre des Balkans en 2017.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ž́eljka était allongée et regardait le plafond. Tout droit, à la verticale et sans ciller. Elle essayait de se rappeler le titre de ce film ou de cette série dans lequel un couple fait l'amour, et l'homme demanda sans cesse à la femme de dire quelque chose. Elle n'y arrive pas , elle n'a pas la tête à ça, elle préférerait faire ce pourquoi elle est là, nue et suante, mais il insiste. Et quand il lui redemande pour la cinq centième fois, elle s’écrie « Tu as un plafond magnifique» ! Et l'homme jouit. Juste au son d'une voix qu'il a réussi à obtenir à force de prières.
Siniša avait joui une bonne demi-heure auparavant. A présent, ayant repris son souffle, il regardait le plafond. Mais contrairement à Ž́eljka, il ne se taisait pas, il parlait, parlait, parlait...
- ... et à la fin il me dit même pas qui sont ces connards, leurs noms et prénoms, tu parles, que dalle, mais il m’exile sur cette île, qu'elle aille se faire foutre avec tous ses habitants et juste quand je lui dis O.K., O.K., j'y vais, pas de problème, il me révèle, soi-disant, «le secret le mieux gardé de Croatie». Son secret, je me dis, je l'emmerde, mais il me raconte que les gouvernements précédents ont envoyé là-bas sept représentants en dix ans et qu'aucun d'entre eux n'a rien réussi à mettre en place. Ces imbéciles ne veulent pas du pouvoir, qu'il soit le leur ou celui des autres, ils veulent rien et ils s'en contrefichent de nous tous et moi maintenant je dois aller chez eux. Et leur organiser des partis, des élections et un gouvernement. Je me dis, en principe c'est trois mois de travail au plus et bye bye, mais putain, comment est-ce possible que personne n'y soit arrivé en dix ans ? Je pige pas, il y a une embrouille quelque part, et une grosse. Mais peu importe, une punition, c'est une punition, il faut se la faire. Seulement, si jamais je fais le taf en trois, quatre mois, bon, disons six, ça sera surement trop rapide pour lui. Et qu'est ce qu'il va m'inventer après ? Assistant au département des pompiers, ce genre de connerie? Coordinateur des agrumes, putain de sa mère. Mais merde, qu'est-ce que je suis con, mais qu'est-ce que je suis con, une pute m'apporte un hectolitre d'eau gazeuse et la moitié de l'Afrique en citrons à l’intérieur, et moi... Imbécile... Et imagine, putain, imagine si je n'y arrive pas, si ces Dalmates se payent ma tête, me mènent en bateau, et que j'ai honte de revenir, et ? Ça aussi ça peut arriver, merde, ils en ont déjà rendu fous, sept, putain, je n'ai réussi à en avoir que trois au téléphone et aucun ne veut sortir un mot, quand au septième, il a carrément disparu. Il n'a pas de famille, pas de proches, tu piges, comme moi, et personne n'a la moindre idée d’où il est parti après cette Terzola, Perdola, Merdola, Troudola, c'est quoi son nom déjà... Qui sait peut-être qu'ils lui ont cassé la gueule avant de le foutre à l'eau...
Siniša, inquiet, se tut quelques secondes, puis il se retourna vers Ž́eljka :
- Et toi, ma petite poire des cyprès, qu'est-ce que tu penses de tout ça ?
- Tu as un beau plafond, s'exclama-t-elle immédiatement, comme si elle attendait ce moment depuis longtemps.
- Quoi ?! Le plafond ?! Je... Je... Putain, dans cinq jours, je pars dans les sphincters du trou du cul du monde ! Sur une île où il n'y a pas de pêche, pas d’élevage, pas de vignes, rien sous le soleil ! Juste un groupe d’imbéciles que je vais devoir dresser ! Et toi, tu admires le plafond ! Un putain de plafond, un plafond blanc, un putain de plafond banal et blanc ! Mais tu es complétement folle, merde, cent fois plus que moi ! C'est toi qu'il aurait dû envoyée là-bas, pas moi !
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- Tu as déjà entendu parler de Terzola ?
Siniša s’était certes attend à un tournant, mais pas aussi radical.
- Terzola ? Vous voulez dire, l’île ?
- L’île, l’île
- Qu’est-ce que j’en sais… Juste dans les mots croisés. Numéro douze horizontalement, en six lettres « Notre île habitée la plus lointaine. » C’est tout.
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Zuccaru, foarina, rajzini, calcagnoli, mescia namber seven… En ce matin de vieille de Noel, Siniša écoutait le parler terzolien, tantôt chantant, tantôt dur, tantôt résonnant sourdement, telle la chaine de l’ancre qui racle, lorsqu’on la relève, le sommet de la proue de bois. Au début, pendant les premiers jours de son mandat, alors que sa tâche lui semblait encore ennuyeuse mais facilement réalisable, il avait affiché face au patois de l’île la plus totale indifférence. Avec le temps, cependant, à défaut d’autre passe-temps, il lui était même devenu plutôt distrayant de deviner la signification de ces singuliers mots et expression, le plus souvent des créatures frankensteiniennes faites de lambeaux d’italianismes dalmates et d’anglicismes avec l’accent australien, déformés puis recousus au fil d’une syntaxe croate.
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