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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un auteur dont j'aime parcourir la production, variée et qui me surprend à chaque fois.
Un objet, un essai qui reste littéraire, pour aborder les problématiques du monde numérique et y apporter des points de vue personnels, étayés.
Brillant, de la part de cet auteur qui nous fait partager ses réflexions, et qui nous propose son interprétation des faits, positionnée à l'opposé de l'interprétation couramment véhiculée.
Un renversement de paradigme selon le vocabulaire consacré : le monde numérique n'est pas la cause des changements de mentalités, il en est la conséquence.
Une nouvelle forme d'intelligence aurait ainsi émergé, qui a généré cette « insurrection numérique ». Alexandro Baricco n'en élude pas les conséquences : une nouvelle façon pour chacun d'être au monde avec ces outils, le renversement des élites, qui sont avant tout les dépositaires des Vérités, et les risques de manipulation de l'information (outil de pouvoir toujours présent dans toute l'histoire de l'humanité, sous tous les cieux et sous toutes les cultures).
On peut s'interroger sur ce sujet grave, qui aboutit à un conditionnement de notre espèce, et qui érige d'autres murs entre les individus, avec des groupes prêts à s'affronter.
Une lecture passionnante pour qui veut décoder l'histoire (récente) de la mise en place de notre monde numérique, et qui se révèle parfaitement accessible à des non-techniciens du sujet. Un essai, original dans sa construction et sa présentation, éclairé par un réel souci pédagogique, avec un texte accompagné des « cartes du territoire » pour mieux visualiser.
Un essai riche en personnages ; ce sont les évocations des tycoons de cette aventure à travers leurs actes, leurs discours.
Une aventure irréversible. L'antichambre d'un nouveau monde.
C'est la fin du « monde d'hier ».
La nostalgie ne serait plus de mise selon ces propos pétris d'un certain optimisme… auquel on voudrait adhérer,…
Mais il y a 5 ans, les temps changent et … si vite !

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Alessandro Baricco, né en 1958 à Turin est un écrivain, musicologue et homme de théâtre italien contemporain. Après des études de philosophie et de musique, Alessandro Baricco s'oriente vers le monde des médias en devenant tout d'abord rédacteur dans une agence de publicité, puis journaliste et critique pour des magazines italiens. Il a également présenté des émissions à la télévision italienne. Il est un des collaborateurs du journal La Repubblica.
The Game, un essai datant de 2018, vient d'être réédité en poche et se penche sur l'ère numérique, ce nouveau monde dans lequel nous sommes tous plongés. J'ai dévoré ce bouquin avec un intérêt soutenu.
Tout d'abord l'auteur s'attache à nous rappeler les grandes dates de l'histoire de ces moyens technologiques mis à notre disposition et qui débute à l'époque de la contreculture californienne, la création de l'internet, puis du Web (C'est pas pareil), l'arrivée des PC, des smartphones et des applis etc. Ca date d'hier et pourtant ça paraît une éternité, même pour moi qui ai vu débarquer tout cela alors que j'étais déjà adulte. Souvenirs, souvenirs, il y avait donc une vie avant ?
Après ce rappel bienvenu qui recèle quelques révélations - à moins que je n'aie oublié ces points d'histoire ? – l'intérêt réel de l'ouvrage commence à pointer quand Baricco analyse la situation avec un regard vraiment original, en inversant les raisonnements communément admis. Comme ce point de vue : ne croyez pas que c'est la révolution numérique qui produit une révolution dans nos cerveaux, nous incitant à penser autrement, en réalité c'est tout le contraire. « Nous pensons que la révolution mentale est un effet de la révolution technologique, or nous devrions comprendre que c'est le contraire qui est vrai. » Et si nous pensons que les ordinateurs ont généré une nouvelle forme d'intelligence, dites-vous que c'est notre nouveau type d'intelligence qui a généré les ordinateurs et tous les outils dont elle avait besoin, smartphones, Google et tutti quanti.
Tout va y passer, les CD et le Mp3, Google, Facebook, Twitter, YouTube etc. toujours avec cette approche remettant en perspective ce que nous pensions savoir ou ce que nous pensions être la seule manière de considérer ces outils, ces applis et les GAFA. « Dans un monde où Google existe, le monopole de Google n'est pas si dangereux. (…) Google, Facebook, YouTube. Essayez de les imaginer au XXe siècle, à l'époque du nazisme ou en Union soviétique : le drame. »
Certes, Alessandro Baricco laisse de côté certains points, l'argent, l'addiction etc. Il aurait fallu un bouquin deux fois plus long et je ne suis pas sûr que tout soit envisageable dans un seul ouvrage. Toujours est-il que j'ai trouvé ce livre passionnant et il est servi par une écriture rondement menée, toujours humoristique, où l'écrivain s'adresse au lecteur de façon sympathique (« Je pense que je vais aller me chercher une bière »).
Une lecture qui m'a déconcerté, remettant en cause certains de mes préjugés mais qui m'a finalement séduit par son optimisme.
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"The game" est une réflexion intelligente et particulièrement brillante sur l'ère numérique. C'est très accessible, et le processus d'évolution ( de révolution ?) des outils digitaux, sous la plume de Baricco, est lumineux. J'avoue avoir découvert pas mal de choses. En plus, l'auteur manie l'humour avec finesse et on a vraiment l'impression qu'il est en train nous parler.

Un moment de lecture très plaisant.

#TheGame #AlessandroBaricco #Folio #lecture #livres #chroniques #Numérique #Digital

Le quatrième de couverture :

Nous voilà immergés dans une nouvelle ère numérique. La profonde mutation que nous connaissons aujourd'hui n'est pas seulement le fait d'une révolution technologique impliquant des outils inédits, mais aussi le résultat d'une insurrection mentale. En passant d'un système analogique à un système numérique, notre mode de vie, nos réflexes se trouvent profondément modifiés. Afin d'expliciter ce changement,

Alessandro Baricco remonte le temps et dresse un historique des événements fondateurs qui ont contribué à forger nos habitudes contemporaines. Avec son style si singulier, mêlant sérieux et humour, il établit une histoire et une géographie de cette nouvelle civilisation...
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Très intéressant, enthousiasmant par moments, rassurant plutôt.

Le bémol selon moi est la non considération des enjeux écologiques ou les impacts du Game sur ces enjeux... Pas d'allusion, pour exemple, au stockage (réel, physique, énergétique massif) des données et l'utilisation éventuelle du web ou autre aspects du Game pour faire avancer la planète dans telle ou telle prise de conscience et actions... Pourtant essentiel, car si le support physique qu'est la terre nous devient invivable, le Game disparaîtra.
De même, dans ce livre manque - et pour cause ce livre est antérieur - l'impact du sanitaire, singulièrement l'impact du covid sur les relations réelles, sur la mise à mal de la "culture", sur le développement voire l'imposition du télétravail, sur un éventuel renversement des valeurs, la mise en avant du sécuritaire, à tout prix... Baricco ne l'a pas vu venir du tout, n'en parle pas du tout. (Enfin, en cela il n'est pas le seul...) Un coup d'accélérateur ou de frein, imprévisible ? en tout cas im-prévu..

Sinon, j'apprécie beaucoup et suis en accord avec la démarche ("historique" ou plutôt géologique) de compréhension, notamment l'inversion de la causalité, la volonté de fuir un 20e siècle atroce, etc. qui a poussé à systématiquement chercher à squizzer l'autorité, les élites, et les intermédiaires... Pousser à l'efficacité fluide, à la vibration par superposition de couches (post-expérience...), lisez, vous comprendrez : Baricco est très clair/explicite.

Je partage aussi le côté positif-optimiste : ce sont les enfants du Game, nés dans le Game qui trouveront les solutions aux problèmes posés... On va devoir un peu ronger notre frein...
Ou encore l'idée qu'on ne cesse de chercher à ajouter de la vie à la vie. On ne supprime pas quelque chose, on ajoute des strates. Et si l'être humain a toujours fait ça, par le rêve, le livre, le cinéma, le théâtre, il est ici bien plus accessible que jamais dans l'histoire. Enthousiasmant, oui.
Et puis, tout ça va clairement dans le sens d'un "ferme ta gueule homme blanc occidental, tu as déjà tout dit et tout abîmé, ta gueule", que je cautionne absolument.

Enfin, sur ce, je vais essayer de me maintenir au courant, d'observer et encourager cette génération qui est et qui vient, pour qu'elle nous em-porte vers quelque chose de Beau et d'Humain.

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Un essai qui parle du numérique sans en utiliser le langage d'initié déjà c'est plaisant. Avec l'autodérision d'un écrivain de la soixantaine curieux mais pas sectaire c'est encore mieux. le découpage en phase avec des cartes, des étapes des moments d'histoire est très pédagogiques et les analyses sont fines et donnent à réfléchir sur le comment on est arrivé là et comment vivre au mieux avec, en tirant les bénéfices et en gardant une bonne dose de vigilance mais aussi de confiance dans l'espèce humaine... A lire à coté du livre de Edward Snowden et regarder "derrière nos écrans de fumée" et "citizen four".
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Au même titre que Christophe Galfard, dans son ouvrage "L'Univers à portée de main", Alessandro Baricco propose une expérience de pensées sur l'émergence des nouveaux outils numériques ; sur la manière dont ces outils ont été conçus pour nous permettre de nous retrouver dans un deuxième monde, où le corps expérimente en permanence les effets physiologiques du jeu (identité transposée, rapport Homme-Machine-Ecran, compétitions et recherches de likes…) : The Game.
Plutôt que de réitérer un discours alarmiste sur l'inquiétude d'un monde qui n'est pas appréhendé par tous de la même manière, l'auteur nous invite à réfléchir aux causes de la création (mouvement de libertés pour contourner les discours élitistes) et de l'engouement (simple pression du pouce) de ces nouveaux objets du quotidien, devenus des extensions corporelles, augmentant les capacités de l'être humain par leur simplicité d'usage et la facilité avec laquelle tout devient possible, rapide, presque immédiat.
L'écriture oscille entre l'expérience de pensées, la poésie et l'humour ; et dresse au fur-et-à-mesure des chapitres, une carte de l'évolution des nouvelles technologies, depuis la création du jeu vidéo Space Invaders : une belle mise en abîme de l'univers du gaming, dont l'acmé réside dans la présentation du premier IPhone par son créateur Steve Jobs !
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Attention, ce livre n'est pas un roman, mais un essai sur notre condition d'êtres numériques. Il retrace les grandes étapes de ce qu'il faut bien appeler une révolution, même si elle ne s'est pas imposée comme telle, ni aussi brutalement que les révolutions proprement dites. le ton est un peu agaçant, mais Baricco met le doigt sur les bouleversements cognitifs et sociologiques fondamentaux que des gamers un peu cinglés de la silicone valley ont provoqués, sans avoir semble-t-il la moindre idée des transformations civilisationnelles qu'ils allaient déclencher. C'est l'un des rares essais, à ma connaissance, qui aborde la question sous cet angle, la plupart se situant en général dans le camp de la technophobie et dénonçant - souvent à juste titre - les dangers d'une "gouvernementalité algorithmique". Baricco, lui, met l'accent sur le changement de point de vue qui s'est opéré entre une "ancien monde" structuré par des pouvoirs pyramidaux, dans tous les domaines, et un monde nouveau, où ces pouvoirs se sont horizontalisés, anonymisés, démocratisés. Il y a bien d'autres idées passionnantes développées dans cet essai, à lire par ceux qui voudraient ne pas se contenter d'une hostilité de principe à l'égard du phénomène numérique, fût-il argumenté. La critique que je lui adresserais, in fine, serait que son enthousiasme pour le gaming apolitique lui fait oublier la très préoccupante concentration de cette nouvelle puissance entre les mains de quelques acteurs devenus intouchables : les GAFAMI, pour ne pas les nommer.
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Posons le décor : je suis fan absolu de Baricco dont j'ai lu beaucoup de fictions et de « non fictions » ; j'ai même pu interpréter au théâtre le personnage de Savigny - inspiré d'un rescapé du radeau de la méduse - dans son oeuvre majeure « Océan Mer » !
donc je ne suis pas objectif… !
mais qui l'est dans une critique sur Babelio ou ailleurs ??

Je crois aussi que je peux me permettre de comparer entre ses oeuvres. Selon moi, dans cet essai, il réussit parfaitement à marier son talent de conteur, de peintre de l'âme humaine, avec un travail impressionnant de chercheur et de vulgarisateur scientifique (qu'il avait esquissé dans ses précédents essais sur les nouveaux barbares). Et tout ça avec un humour décapant et une pseudo légèreté assez inégalés dans cet exercice à quelques rares exceptions. Je pense à ce que fait Alexandre Astier dans ses exoconférences et avec lequel Baricco partage aussi une formation en musique.

Légèreté, humour, vulgarisation certes … mais aussi de la profondeur, des références nombreuses et une complexité assez impressionnantes. Et cela rend aussi certains passages assez ardus à ingurgiter : je songe aux longs développements des « commentaires » qui concluent et prolongent les différents chapitres.Il faut s'accrocher parfois et parfois relire certains passages ; d'ailleurs Baricco nous y invite régulièrement dans une forme de pédagogie répétitive ou circulaire …

Et sur le fond justement, il y a de magnifiques trouvailles et des thèses défendues qui sont plus que brillantes. lumineuses ! … elles donnent un éclairage sur ces « deuxièmes mondes » numériques qui tournent comme des réalités parallèles mais aussi emboîtées les unes dans les autres. Très surprenante aussi l'hypothèse des origines, des intentions émancipatrices et des ruptures sémantiques voir philosophiques des fondateurs (hélas des hommes,blancs, ingénieurs et américains dans leur immense majorité !)

Fulgurante aussi la trouvaille d'avoir nommé ce deuxième monde The Game (LeJeu pour les anglophobes !!) car ce nom se décline en multiples facettes et ramifications.

Allez voir aussi la description de la « posture zéro » homme/clavier/écran (avec le passage du Baby foot à la console Space Invaders !) , de l'aérodynamique des « vérités-minute », des pyramides inversées que sont les applications avec leurs icônes qui flottent à la surface de nos écrans comme la partie immergée de véritables icebergs technologiques…

j'ai lu que certain-es critiques reprochent à Baricco dans cet ouvrage une forme de complaisance béate, voire d'idolâtrie et de naïveté vis à vis de ce monde numérique dans lequel il semble nager avec bonheur. c'est vrai en partie . mais alors il faut aussi prendre le temps de lire ses développements lucides sur les insurrections indispensables pour lutter contre les dérives constatées : une nouvelle forme d'élite et de concentration de pouvoirs entre quelques milliardaires (principalement les boss mégalo des GAFA…) … Il en appelle d'ailleurs aux plus jeunes générations nées dans le Game qui seules pourront le renouveler en lui apportant notamment une vision plus diversifiée : femmes, jeunes, cosmopolites, artistes

Et pour terminer je ne résiste pas à recopier ici un passage que je pense beaucoup d'entre vous devraient apprécier (pages 391 et 392 de l'éditions poche ! sur 410 pages !).
Baricco y constate et célèbre l'incroyable survie et vitalité d'un objet totalement anachronique dans The Game

« … Nous ne nous perdrons jamais vraiment tant que nous aurons des livres entre les mains. Pas pour ce qu'ils racontent, non. Pour la façon dont ils sont faits. Ils n'ont pas de liens. Ils sont lents. Ils sont silencieux. Ils sont linéaires, vont de gauche à droite, de haut en bas. Ils n'affichent pas de score. Ils commencent et se terminent. Tant que nous saurons les utiliser, nous serons humains. C'est pourquoi le Game les place entre les mains des enfants. du moins il attend qu'ils posent leur PlayStation, puis il les place entre leurs mains »

Tiens, je vais demander à mon libraire préféré (pour mémoire le Relais de Poche à Verniolle /Ariege !!!) s'il veut l'afficher dans sa vitrine !
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Ce livra m'a été proposé dans le cadre d'une masse critique.
Ce n'est pas le genre d'ouvrage vers lequel j'irai dans un premier temps.

Il s'avère que j'ai été agréablement séduit.
Séduit par le sujet, quelque peu vulgarisé, mais qui permet de suivre aisément l'analyse faite par l'auteur. Il nous plonge dans un univers parallèle à notre monde, le "deuxième monde", nous en dévoile les rouages, les connexions, les points forts et les plus faibles.
Séduit par un propos sans jugement, sans connotation et sans prise de position
Séduit par un humour omniprésent qui permet un détachement nécessaire pour pénétrer avec facilité dans son discours
Séduit par des exemples concrets, qui ramènent au réel et à la vie courante

Baricco dresse une historique des étapes qui ont permis cette révolution numérique, des acteurs et des protagonistes qui l'ont engendrée.
Il mêle à cela avec brio une pensée davantage philosophique, et déborde avec aisance du cadre pour créer un parallèle pertinent avec nos vies respectives.

Si, de prime abord, il m'a été difficile d'entamer cette lecture, j'avoue en ressortir avec un certain plaisir de lecture.
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C'est toujours pour moi une gageure de me lancer dans ce type d'essai. Car je suis une attardée du monde numérique. Je n'adhère pas vraiment. Tout se mélange dans ma tête et, dès qu'on cherche à m'expliquer, mon cerveau se bloque. Je regarde cette jeune génération hyperconnectée, qui ne parle plus mais tweete, qui ne sort plus discuter avec leurs camarades mais les rejoint sur snap ou autres... Je constate leur curiosité qui s'amoindrit, leur appétence qui disparait, leurs yeux qui se ferment par manque de sommeil du fait de leurs veillées digitales, leurs cris dès qu'on leur demande d'écrire... Aussi, ai-je été interpellée par cette réflexion fort juste d'A. Baricco: "Quand les gens pensent voir la fin de la culture chez un jeune de seize ans qui n'emploie pas le subjonctif, sans remarquer que par ailleurs ce garçon a vu trente fois plus de films que son père au même âge, ce n'est pas moi qui suis optimiste, ce sont eux qui sont distraits." J'ai alors décidé de ne pas faire partie de ces personnes qui jugent sans essayer de comprendre, ceux que je traitais de « vieux cons » quand j'étais jeune… Et cette lecture a été pour moi une révélation, essentielle pour éviter de mépriser les adolescents que je côtoie chaque jour.

La première chose que j'ai appréciée, c'est le fait de ne pas me sentir noyée, le fait de comprendre le propos tenu. Je ne dis pas que l'eau ne me passait jamais par-dessus la tête, que je n'étais pas parfois attirée vers le fond : la différence entre Internet et le web, la post-vérité, le storytelling… Mais A.Baricco nous rattrape juste à temps pour nous remettre à flots. Il nous explique les choses par le biais d'images, d'anecdotes (qu'est-ce que j'ai aimé celle du libraire qui n'avait pas le dernier livre de Valérie Trierweiler !) ; A.Baricco a évoqué des choses qui me parlent pour m'expliquer des choses obscures. Il m'a guidée, prise par la main pour m'emmener là où je ne voulais pas aller du fait de mon blocage. Il m'a ouvert l'esprit. Ainsi, pour expliquer l'évolution de notre pensée, il est parti des jeux qui étaient présents dans les cafés : d'abord le baby-foot, puis le flipper, puis le Space Invaders… Les jeux se sont succédés et déplacés en même temps vers l'abstrait, vers un deuxième monde, qui cohabite avec notre premier monde, en même temps qu'il fusionne avec lui.
J'ai aimé la relation instaurée entre l'auteur et le lecteur : j'avais presque l'impression d'être dans le bureau d'A. Baricco, qu'il me tenait une discussion, créant des pauses au cours desquelles il allait « se chercher une bière », faisait une incursion aux toilettes… Une complicité me mettait en confiance, acceptant de recevoir le message. Je sentais l'auteur prendre plaisir à ses explications (il le dit d'ailleurs : « je commence vraiment à m'amuser »), savourer le fait de renverser notre vision des choses (prendre l'iceberg dans l'autre sens). A. Barrico nous explique, sans porter de jugement. On ne sait d'ailleurs pas trop s'il adhère ou pas à l'invasion numérique; il est certainement comme moi, indécis, voyant les bons côtés et regrettant aussi d'autres éléments de notre premier monde qui disparaissent.

J'ai ainsi quelque peu modifié ma façon de voir les choses, j'ai ouvert la porte. Mais j'ai aussi appris beaucoup de choses puisque A. Baricco refait un historique de l'évolution du numérique. J'ai mieux cerné l'idée de navigateur, moteur de recherche… Pour certains très calés, cela parait certainement inutile, ennuyeux… Mais pour moi c'était nécessaire. Et j'ai trouvé amusant de me replonger dans cette ère si proche et pourtant si éloignée où on glissait une cassette dans le walkman, enviant le copain qui avait un MP3… Cet historique était accompagné d'explications sur les mentalités qui nous ont menés à cette omniprésence du numérique. Une chose m'a été révélée: ce n'est pas le numérique qui change l'esprit: c'est parce que notre esprit change que le numérique évolue et devient si présent.

Je le répète, ce ne fut pas une lecture facile à chaque page pour moi ; j'avoue avoir sauté quelques lignes mais cela ne m'a pas empêchée de comprendre la suite. Preuve que l'auteur nous tient vraiment la main, ne nous lâche pas, acceptant néanmoins que notre regard se porte ailleurs à quelques moments. Les éléments, particulièrement, auxquels je n'ai attaché aucune attention furent les cartes qu'A. Baricco a conçues et qui sont glissées au fil des pages. Je n'y ai pas vu d'autre intérêt que le plaisir de l'artiste. Mais ce dernier ayant accepté que je divague de temps en temps, je ne peux qu'accepter que celui-ci ait divagué également !
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