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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Celui qui fut le gardien du nom, la mémoire vivante de ce théâtre équestre, ne revit jamais Aubervilliers. du New Jersey ne revint que ce bocal de faïence noire. Il est là, sur mon bureau, devant le dessin à l'encre de Chine d'Ernest Pignon-Ernest, le montant assis, antérieurs tendus, l'encolure en arc-en-ciel, l'air pensif. le couvercle est entouré d'une tresse de ses crins. Il contient des petits éclats d'os et des cendres….. Elles attendent patiemment de rejoindre les miennes. »

Il s'appelait Zingaro et il fut celui qui inspira ce théâtre équestre !

Quel bonheur que cette lecture ! Complètement assommée par un rhume et de la fièvre, il me fallait trouver un récit facile, fluide, qui ne demandait aucun effort intellectuel ! Dans la famille, la condition animale nous tient à coeur, nous ne pouvons nous passer de nos amis à quatre pattes, chien ou chat. Je ne pratique pas l'équitation, j'aime la beauté du cheval qu'il soit pure sang ou de trait. Je suis entourée de passionnés d'équitation, de ma fille à ma nièce en passant par ma belle-fille, ma petite fille, le cheval tient une grande place dans notre milieu familial. Si moi je pleure d'émotions devant le Lac des Cygnes ou Carmen, ma fille et ma mère se disputent un mouchoir devant les prestations du Cadre de Saumur.

Alors qu'elle ne fut pas mon coup de foudre devant l'écriture poétique de Clément Marty, nom de scène Bartabas. Cet homme qui fuit ses semblables pour se réfugier auprès de ses chevaux où il se sent à sa place, s'exprime, selon moi, beaucoup plus facilement à l'écrit qu'à l'oral. C'est un amoureux des mots qui nous offre une magnifique découverte de ses rencontres passionnées et passionnantes avec ses partenaires équins. C'est tellement beau ce qu'il évoque, sa manière de décrire ses chevaux, ses rencontres, ses coups de coeur. Il écrit avec son coeur et c'est contagieux. Il raconte ses compagnons chacun avec son tempérament, ses blessures, son histoire, son nom. Ce sont souvent des chevaux sauvés des mains d'un maquignon peu sympathique, d'un abattoir. J'ai démarré la lecture les larmes aux yeux et je l'ai terminé de la même façon tant l'écriture de cet homme m'a touchée. J'étais sans filtre devant ce sondeur d'âme, devant ce chant d'amour aux équidés, cet homme qui sait si bien disparaître pour laisser s'exprimer l'animal, lui donner toute sa place.

Il y a des moments émouvants, des moments plein de tendresse. Il sait nous dessiner ses chevaux avec poésie, faire partager sa vision de l'oeuvre d'art que deviendra le cheval dès qu'il sera en confiance avec l'homme et il tisse sous nos yeux l'oeuvre artistique. Il y a aussi une grande sensualité qui se dégage de ces descriptions, je sentais sous mes mains les muscles du cheval, la texture et l'odeur de sa robe. Je ressentais la relation charnelle entre l'homme et l'animal, cette fusion entre les deux animalités.

Ce fut vraiment un enchantement, c'est un très bel hommage que rend l'auteur à tous ses compagnons de route. Un véritable chant d'amour avec l'animal ! Bravo l'artiste ! Et merci Kawane pour son billet !

« Zingaro, mon sang, ma chair, ensemble nous nous sommes appris, nous éduquant l'un l'autre, jusqu'à inventer un langage seulement connu de nous. Ce fut long et laborieux parfois. Tant de maladresse d'abord, de tâtonnements, de vaines tentatives pour se chercher, se comprendre, acquérir tous les gestes qui me fondent aujourd'hui. Nous nous sommes construits petit à petit en marge du voyage, par tous les temps, par tous les lieux, jamais loin des arènes qu'elles soient de Nîmes ou de Madrid. A toute heure du jour et même de la nuit, nous nous sommes donnés sans nous préserver, comme un premier amour. »
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Je ne connais pas suffisamment les chevaux pour savoir bien en parler, mais ils me fascinent. Ma pratique équestre est relativement limitée, mais j'en garde des souvenirs enthousiastes et parfois cocasses. Ainsi, il y a très longtemps, avec quelques amis tout aussi aguerris que moi à l'exercice, nous étions partis galoper dans le Bois du Névet tout près de Locronan, accompagnés d'un guide. Un moment donné, ma jument s'emballa ayant pris peur, je crois me rappeler que la personne devant moi avait perdu son foulard qui ondula au sol tel un serpent. La jument affolée m'emporta à l'intérieur de la forêt aux arbres serrés, nous éloignant du chemin sur lequel nous étions.
Le guide me cria : « Bernard, accroche-toi au plus vite à une branche sinon tu vas avoir les genoux broyés ! » C'est vrai, les chevaux savent bien évaluer la distance entre deux arbres où ils peuvent se frayer un chemin, mais j'ai découvert ainsi qu'ils ne savent pas forcément apprécier le passage nécessaire pour tenir compte de la présence du cavalier... J'ai donc obtempéré jusqu'à ce qu'une âme charitable vienne me décrocher de ma branche. J'ai peut-être raté une carrière d'écuyer acrobatique qui aurait pu commencer dès ce jour-là...
D'un cheval l'autre, j'ai aimé entendre ici des chevaux cavaler, ruer, péter, s'ébrouer, hennir... J'ai aimé leurs odeurs, leurs écumes, leurs regards aussi, j'ai caressé leurs crinières, leurs flancs, leurs croupes. J'ai vu la brume du matin sortir de leurs naseaux... Bartabas m'a simplement appris à les contempler avec humanité, c'est bête, non ?
Bartabas, poète des compagnons sabotés, nous invite à découvrir ici tour à tour un bestiaire, une fresque épique, un carrousel, un opéra équestre, à entrer dans la danse, à venir dans le cercle de sable, sous la grande cathédrale de toile, la piste aux étoiles balayée par les lumières des projecteurs à moins que ce ne soient déjà nos yeux émerveillés qui courent sur les pages comme des lucioles.
D'un cheval l'autre, j'ai ressenti la beauté et les tourments que peut susciter un tel amour pour les chevaux. D'un cheval l'autre, Bartabas nous invite à découvrir l'histoire des Zingaros, ses chevaux splendides, mais c'est son histoire aussi que Bartabas nous délivre ici, sa passion, ses chagrins, ses rêves.
« J'ai vu parfois, dans le regard du cheval, la beauté inhumaine du monde avant le passage des hommes. »
Bartabas est un taiseux qui se confie à nous. Il se fait intime pour nous, tandis qu'il veut mesurer le monde avec ses chevaux. Et il le fera, avec grâce, simplicité et générosité.
« Cette nuit-là, nous avons fait un pacte, un pacte pour la vie : j'allais contaminer son animalité et il allait me permettre d'exister parmi les hommes. Aux humains de mon espèce, nous allions nous révéler. Pour la vie. »
D'un cheval l'autre, Bartabas nous fait entrer dans son humanité. Son coeur est immense, c'est un cirque à lui tout seul.
Il nous parle de Zingaro comme d'un frère, cet ange saboté qui inspira ce magnifique théâtre équestre et lui donna son nom.
Souvent, les chevaux de Bartabas s'appelleront Zingaro.
Il nous fait rencontrer ses autres frères : Hidalgo, Chapparo, Vinaigre, Quixote, Lautrec, Felix, Dolaci, Micha Figa, Horizonte...
C'est un livre d'une beauté solaire.
« Comme Don Quichotte,
je veux que l'imaginaire soit vrai. »
Vivre avec les chevaux, ce sont des heures inlassables de dressage, d'éducation... C'est inventer des mots que l'animal sera seul à comprendre, c'est tâtonner dans cet apprentissage à la fois grandiose et parfois décourageant, espérer, trébucher, se relever, il faut s'apprivoiser, grandir ensemble avant d'entrer dans la lumière des autres...
Aimer les chevaux, c'est se donner à chaque instant comme dans un premier amour.
« Il est présomptueux de croire que les chevaux sont nés pour les hommes, et vain de chercher celui que l'on voudrait parfait. Il me faudra toujours les accepter tels qu'ils sont, les adopter, m'appliquer à faire éclore les trésors qu'ils recèlent et parfois même célébrer leurs défauts. Cette philosophie guidera désormais mon approche des chevaux… et des hommes. »
J'ai aimé ainsi la philosophie de Bartabas.
Bartabas a parcouru le monde, mais ses voyages les plus fabuleux sont les histoires qu'il a écrites avec ses chevaux, des histoires intimes faites de longs apprentissages, de tendresse, de douleurs aussi lorsque le cheval fourbu par les âges tremble dans le cercle de sable, puis tire sa révérence un soir dans la pénombre du jour. Qui de l'homme ou de la bête apprend le plus de l'autre ?
« Je me suis immergé jusqu'au plus profond de toi-même, j'ai récupéré ton animalité et l'ai faite mienne. de cela nous avons fait sens, nous étions prêts à affronter le monde. »
J'ai aimé ce chant d'amour, fraternel, sensuel, charnel, animal, touchant d'émotions.
« Et parce que nous fûmes deux amants se devinant du regard, les yeux dans les yeux à hauteur d'homme, je me suis toujours interdit de l'enfourcher comme un cheval. »
J'ai découvert un écrivain, un vrai, qui nous entraîne à folle allure dans un imaginaire débridé.
Ce livre m'a fait prendre conscience de la finitude de la vie, mais aussi de ses magnifiques vertiges.
Je referme le livre et j'entends encore quelques hennissements, ceux de Zingaro, ceux de ses frères entrés dans la lumière, qui l'ont quittée parfois aussi tandis que le chagrin de Bartabas nous étreignait.
J'ai juste envie de me retourner, revenir là-bas encore un peu, perdre mes pas dans ce cercle de sable désormais vide et me pincer les lèvres pour ne pas pleurer.
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Petite, j'aimais aller chez mon oncle qui possédait des chevaux de course. J'aimais les voir courir dans le pré, et curieux, venir à ma rencontre. J'aimais leur souffle chaud sur ma main posée sur leurs naseaux. J'aimais la douceur et la profondeur de leur regard.
Qu'ils étaient beaux, eux immenses et moi si petite.

Après la magnifique critique d'Onee que je vous invite à découvrir, j'ai eu envie de retrouver ces souvenirs d'enfance que je pensais perdus. Ils sont revenus avec une force émouvante. Et à ces images qui ne peuvent s'effacer, se sont mélangées celles de Bartabas.
Instants d'intimité et de bonheur.
Tristesse d'une vie qui n'est plus.
Les chevaux de mon oncle ont quitté le pré depuis bien longtemps maintenant.

Les mots de Bartabas ont résonné en moi, par leur douceur, leur peine, et par cette douce nostalgie qui se glisse entre les pages.

*
Je n'ai jamais vu de spectacles de Bartabas, j'aimerais beaucoup. En prenant ce livre dans mes mains, je me posais des questions quant au bien-être et au respect animal.

« Il est présomptueux de croire que les chevaux sont nés pour les hommes, et vain de chercher celui que l'on voudrait parfait. Il me faudra toujours les accepter tels qu'ils sont, les adopter, m'appliquer à faire éclore les trésors qu'ils recèlent et parfois même célébrer leurs défauts. Cette philosophie guidera désormais mon approche des chevaux… et des hommes. »

Les mots de Bartabas me rassurent.
Les mots de l'auteur m'ont touchée, m'ont bouleversée. Plusieurs fois, mes larmes ont coulé sans que je puisse les retenir.
L'amour que j'ai ressenti entre Bartabas et ses chevaux ne peut être feint.
C'est beau, c'est douloureux.

« À cheval je n'ai pas besoin de mots.
C'est une étreinte charnelle qui alimente mes rêves. »

*
Ils sont tous là, prêts à entrer sur la piste
Encore dans l'ombre
Ils attendent que j'ouvre le livre à la première page.
Chevaux artistes,
Chevaux danseurs.

« Ici, pas de rôles ni de romances,
personne ne se déguise
en autre chose que lui-même.
Ce sont de vraies gens et de vraies bêtes
qui se jouent de la vie. »

Lorsque le rideau se lève enfin,
un à un, ils viennent à moi,

« Pour éteindre l'insomnie, je les épelle un à un. Longue caravane, sans tambours ni musique, ils défilent lentement dans ma nuit et m'emmènent vers le sommeil, enfin. »
Chaparro, Pantruche, Horizonte, Micha Figa, Lautrec, Quixote, Vinaigre, le Caravage, Zingaro
et tant d'autres.

Dans leur robe d'apparat, d'ébène ou de lune,
chacun porte dans son regard et ses mouvements
le poids de son histoire personnelle.
Certains avancent confiants, majestueux, princiers,
Alors que d'autres, inquiets, s'approchent
avec timidité.
D'autres encore, la peur ancrée
dans leurs yeux immenses,
me fixent sans se dérober.

Sous la lumière des projecteurs
Un à un, ils entrent dans la danse.
Accord parfait entre l'homme et le cheval

« Jouer à se faire peur, jouer avec la peur des autres, jouer à se défier violemment puis me lover dans son corps assis en signe de soumission pour qu'enfin le public entrevoie tout l'amour qu'il avait fallu partager pour en arriver là. »

Force et fluidité
Patience et douceur
Grâce et sensualité
Complicité et amour
Respect et confiance
Se livrer et se libérer
Se comprendre et les comprendre

« Tu te nommes Dolaci et tu m'as appris à faire mes gammes.
Avec toi, j'ai compris que dresser un cheval ne peut se résumer à la compréhension de sa locomotion et à la résolution de ses résistances physiques. Je dois aussi sonder son âme. »

Le cheval et son cavalier se rejoignent,
s'enlacent dans une valse sensuelle
Un contact d'une infinie douceur
Deux êtres en parfaite communion
Bartabas murmure à l'oreille de ses chevaux.

« Zingaro, mon sang, ma chair, ensemble nous nous sommes appris, nous éduquant l'un l'autre, jusqu'à inventer un langage seulement connu de nous. »

Caresser, regarder, écouter, se chercher, se trouver, rassurer, soigner, partager, apprendre,
un lien se crée.
Instant magique.

*
J'aimerais m'approcher doucement, sans gestes brusques,
Une main tendue, je les laisserais m'effleurer,
Je les laisserais m'apprivoiser.

« J'approche mes lèvres du bout de ton nez, il est doux comme la chair d'un coquelicot. Tu sens l'âtre et l'automne, la feuille brûlée et la réglisse aussi. de tes naseaux s'échappe un soupir qui m'invite au voyage. »

Et puis, le spectacle s'achève,
Les lumières des projecteurs s'éteignent, le rideau tombe.
La nuit s'avance ne laissant qu'un vide endeuillé,
une douleur profonde, un sentiment d'inachevé.
Mes yeux s'emplissent de larmes.

« J'avance au hasard.
J'ai du mal à me suivre.
Je suis attelé à un cheval mort. »

*
« D'un cheval l'autre » n'est pas un roman, mais plutôt des tranches de vie, des instants privilégiés, des moments d'intimité entre l'homme et ses chevaux. Après avoir fait la connaissance avec chacun d'eux, le lecteur découvre leur passé, souvent triste, leur personnalité. On les voit devenir des artistes accomplis, guidés sans brusquerie, chacun à leur rythme, avec respect.

Ce lien invisible qui lie Bartabas à ses compagnons de route est magnifique. Son écriture est belle, poétique, sensible, sensuelle. J'aime beaucoup sa façon de s'effacer pour laisser l'animal maître des lieux.

« Toujours à l'écoute, il assoit son galop, en cadence je l'accueille au creux de mes reins, j'instruis mes vertèbres. Nous sommes faits l'un pour l'autre. »

Que dire de plus ?
J'ai aimé ce livre.
Un coup de coeur ?
Oui.
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Un grand merci à Babelio pour cette masse critique et aux éditions Gallimard pour l'envoi de ce livre majestueux.

Bartabas reste pour moi un personnage emblématique, impressionnant, du monde équin. Je pense que chacun a déjà entendu ce nom du moins les amoureux des chevaux, il a fait son chemin accompagné de ses "mille" chevaux au pas cadencé de poésie, il nous livre ses rencontres, ses histoires, la fusion, l'écoute et le respect, d'homme à cheval, de cheval à homme pour ne faire plus qu'un. Savoir écouter, comprendre cheval, sentir, effleurer, pour mieux accompagner sur la piste cet animal humble, généreux, puissant et intelligent, qui restera un mystère sur terre.
D'un cheval autre, Bartabas nous conte tout le livre de sa vie équestre, chapitre après chapitre, c'est l'histoire d'un cheval, puis d'un autre, puis des autres, et encore un autre, ainsi s'en va la vie d'un homme-cheval.
Si vous aimez les chevaux dans le sens le plus humble et respectueux, si vous admirez plus son allure que son pedigree, si prenez plus de plaisir à le panser qu'à le monter, et parcourir sa robe, vous perdre dans la chaleur de sa crinière, si la douceur de ses naseaux vous émeut plus que tout , alors oui, vous pouvez lire ce livre car vous vous y retrouverez, dans le silence, la solitude, la communion des âmes, quelques notes de musique parfois, de la poésie sous chaque sabot, oui laissez vous emporter par tous ces chevaux qui ont fait cet homme : Bartabas, ou Bartabas qui a fait de ces chevaux tout un monde singulier, magique, poétique, qui n'existe nulle part ailleurs si ce n'est sa volonté d'être tout pour le cheval.

Comme toute passion, elle est dévorante, de bonheur, de souffrance, elle vous bouffe la vie, votre vie, mais c'est votre choix, votre vie, votre bonheur, et combien Bartabas a su par ce livre nous murmurer cela, vivez votre passion pleinement, sans compter, sans se retourner.

Une lecture qui m'a enchantée, bien même que j'ai déjà effleuré le monde de Bartabas, c'est un réel plaisir de le lire, sa plume est gracieuse comme ses chevaux, poétique, légère et harmonieuse à l'image de son art.
Savoir dire avec parcimonie, l'essentiel, un juste équilibre, pour laisser toute la lumière cet animal, le compagnon de tous les instants : le cheval.

Chapeau bas Monsieur Bartabas, et grand merci pour ce que vous nous offrez, merci aussi pour tous les chevaux que vous avez sauvé d'un destin tragique, vous pouvez comme vous le dites vous nommer l'abbé Pierre des chevaux.

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Cher lecteur,

Bartabas, emblématique homme de cheval, m'a pourtant, toujours inspirée du respect. Je l'ai découvert, il y a fort longtemps, grâce à "Bartabas, roman" de Jérôme Garcin puis à travers ses spectacles équestres.


Si vous espérez qu'il se livre (enfin), oubliez. Une nouvelle fois, il s'efface au profit de ses chevaux passésetprésents. En toute humilité. Comme pour s'excuser de ne pas toujours avoir su être à la hauteur. Nos chevaux nous donnent tout, dès qu'on sait leur parler. Nous ne savons jamais assez les remercier.


Les spectacles de Bartabas sont, souvent, singuliers. Et ils l'étaient encore plus, quand il a commencé, en 1984. Ces spectacles paraissent toujours dirigés par les chevaux. On comprend pourquoi quand on sait comment ils sont choisis. Pas de choix sur des papiers, un dressage ou une aptitude particulière. Non. L'homme préfère choisir sur une histoire, une expression, une attitude, une rencontre. Tant pis si les origines sont bancales, si le physique, dans un premier temps, ne fait pas rêver.

Si Bartabas, réputé pour être caractériel, reconnaît aisément ne pas savoir faire avec les hommes et gueuler facilement, il fait preuve d'une abnégation sans failles pour ses compagnons sabotés.

"J'ai vu parfois, dans le regard du cheval, la beauté inhumaine du monde avant le passage des hommes."

Lien : https://lireparelora.wordpre..
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En 1957 était publié « D'un château l'autre » de Louis-Ferdinand Céline. Dans « D'un cheval l'autre », on est bien loin de Sigmaringen. le grand écuyer Bartabas nous invite en effet à partager ses rencontres avec les chevaux qui ont le plus compté dans sa vie d'artiste et d'homme.
Il y a Hidalgo, « le cheval de la préhistoire » qui a « vu naître Bartabas le Furieux ».
Il y a Zingaro bien sûr, l'imposant frison à « la grâce de ceux qui n'ont pas encore la parole » et celui qui a donné son nom au théâtre équestre fondé en 1984.
Il y a Chaparro et son « enthousiasme communicatif de ceux qui ont côtoyé la mort et sont reconnaissants à la vie ».
Il y Dolaci, celui qu'il attendait, dont le galop est « limpide comme un choral de Bach ».
Il y a Quixote qui galope en arrière.
Il y a Félix, « une petite frappe pleine de morgue », un « hooligan en blouson noir ».
Il y a Horizonte qui porte encore beau à trente ans.
Et puis il y a tous ceux qui sont cités à la fin du livre dont certains ont été tirés des mains de maquignons sans scrupule.
Jérôme Garcin, auteur de « Bartabas, roman » publié en 2004, disait récemment de son ami qu'il était un cheval. Cette affirmation est assez proche de la réalité. Je dirais que ce taiseux solitaire un brin misanthrope et insomniaque comme ses compagnons qui ne dorment que quatre à cinq heures par jour a communié avec tous ceux qui ont partagé sa vie. « J'allais contaminer son animalité et il allait me permettre d'exister parmi les hommes » confie-t-il à propos de Zingaro.
Avec pudeur, émotion, sensualité et lyrisme, Bartabas nous fait partager ses plus belles histoires d'amour avec ces chevaux qui lui ressemblent tant. Une très belle lecture qui nous fait toucher la grâce.

EXTRAITS
- Les chevaux sont mes yeux pour regarder le monde.
- Pour éteindre l'insomnie, je les épelle un à un. Longue caravane, sans tambours ni musique, ils défilent lentement dans ma nuit et m'emmènent vers le sommeil, enfin.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Il y a quelques semaines, j'avais découvert « l'homme cheval » dans le roman de Jérôme Garcin « Bartabas » qui brossait le portrait d'un homme aux multiples talents. J'avais déjà mesuré la force des liens qui unissaient Bartabas et ses chevaux. Il disait, s'agissant d'un nouveau venu, Zingaro, du nom de son théâtre équestre, « J'allais contaminer son animalité et il allait me permettre d'exister parmi les hommes… ».
Sous sa propre plume, l'écuyer, chorégraphe, metteur en scène, réalisateur Bartabas présente les chevaux qui ont été acteurs, comédiens au sein du théâtre équestre Zingaro et de ses différents spectacles à travers le monde, les uns après les autres, singuliers, différents mais tous de fidèles compagnons de route et compagnons d'art d'une troupe et véritables compagnons de vie d'un homme. Ils s'appelaient Quixote, Horizonte, Caravage…
Pas de casting pour recruter les artistes, un regard, un comportement, un physique d'ex vedette reléguée des champs de courses, ou bien, quatre poulains criollos trop jeunes pour le dressage certes, mais qui occuperont la scène selon leur propre chorégraphie improvisée, comme un signe de reconnaissance à celui qui les a sans doute sauvé d'un destin improbable.

On imagine cet homme, aux apparences plutôt rustres et au regard sombre, taiseux, solitaire, qui tombe le voile de la sensibilité face à Zingaro silencieusement euphorique, « tel un danseur improvisant devant son chorégraphe, il vient de m'offrir le canevas de ce qui sera son solo ».
On imagine aussi une scène où l'homme ne tient pas toute la place, une scène offerte aux chevaux nommés de noms d'artistes évoluant sur l'andante du Concert en si mineur de Bach qui s'échappe du piano d'Alexandre Tharaud. Comme les petits rats de l'Opéra accompagnent les étoiles, d'autres espèces animales, oiseaux ou autres volatiles, subliment les ballets de l'Opéra équestre.
A travers un grand hommage à ses chevaux , Bartabas signe également le portrait d'un homme qui, se confesse-t-il, dès potron-minet, en attendant le soleil, écoutait ses chevaux et qui appréhende maintenant d'avoir à parler aux hommes.

Subjuguée par les mots, émue par la force des sentiments, la sincérité qui se dégage de ce récit, portée par la poésie, je peux dire que ce livre m'a réellement touchée. Chapeau bas M. Bartabas!
Un grand merci à Babelio et à l'équipe de « masse critique », ainsi qu'aux Editions Gallimard.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Un livre magnifique !

Une écriture poétique, où l'homme s'efface derrière ses chevaux et retrace sa vie et son oeuvre à travers eux.

De belles rencontres avec ces noms, ces frisons, criollos, lusitaniens, akhal teke...
On ressent toute la timidité, le respect, et l'amour que Bartabas porte à ses protégés.
Souvent des blessés de la vie, du voyage, ou des sauvetages, où l'homme et l'animal avancent ensemble, et s'adaptent, mais ne sont jamais soumis.
Les spectacles racontent leur vie, leur caractère. On peut presque les voir bouger dans les chapitres.

Bartabas, Homme-centaure, plus à l'aise parmi ses chevaux que parmi les Hommes... Et tous ces chapitres leur rendent hommage.
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Dans ce récit, Bartabas rend hommage aux chevaux qui ont jalonné sa vie. Il rappelle le respect que l'homme doit à l'animal et comment, parfois en symbiose, l'un et l'autre se complètent. Dans un style incisif et une langue épurée, par moment poétique, il nous accompagne dans un magnifique voyage au coeur d'une complicité animale empreinte d'amour, de respect et de douleur. L'homme s'efface dans ces pages et ne se révèle intimement que lorsque l'Autre, le cheval, le lui permet. Pour les amoureux des chevaux et pour les amoureux de la vie aussi.
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Bartabas nous présente dans cet ouvrage les chevaux qui l'ont accompagné lors de la grande aventure de Zingaro. de l'arrivée de Zingaro, cheval frison qui a donné son nom à la troupe, jusqu'à la retraite d'Horizonte, le livre se déploie en de nombreux fragments et souvenirs. Tous sont centrés autour d'une figure équine, parfois plusieurs. Et bien sûr se dessine en creux le portrait de l'homme de cheval.

C'est un livre de rencontres entre un homme et des chevaux, tous différents, tous exceptionnels. Ils intègrent la troupe avec leur personnalité, leur vécu et le rôle de l'écuyer est de les amener en douceur vers la grâce. Bartabas nous fait partager les grands moments de son existence: des moments joyeux, de plénitude, mais aussi plus tristes et plus douloureux. Mais toujours il y a cet hommage vibrant pour ses compagnons à quatre jambes.

J'ai beaucoup aimé cette lecture et cette écriture simple et belle.
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