« Je ne sais pas si ce qui suit est une histoire qui ressemble à un conte ou un conte qui ressemble à une histoire; ce que je puis dire c'est qu'au fond de ce récit il y a une vérité, une vérité très triste, de laquelle je serai peut-être le dernier à tirer profit étant donné mes dispositions imaginatives.
Avec cette idée, un autre eût peut-être fait un gros livre de philosophie larmoyante; moi, j'ai écrit une légende qui pourra distraire un moment ceux aux yeux desquels elle ne signifierait rien. »
Ainsi commence l'une des cinq légendes narrées par
Gustavo Adolfo Bécquer, poète et dramaturge sévillan du XIXème siècle surtout connu pour ses Rimes et Légendes.
De Soria à Tolède, en passant par Séville, dans les villages de Castille ou les rues des villes millénaires, le poète est un promeneur. Il s'imprègne des lieux, se nourrit du passé, et brode de courts récits pétris de romantisme, de surnaturel, et de mystique religieuse. le lecteur ressent son amour pour les ruines, les châteaux, les forteresses antiques et les ruelles médiévales.
Ma préférence va au « Bracelet d'or (Légende tolédane) », dans lequel le jeune Pedro décide de dérober le bracelet d'or de la Virgen del Sagrario, sainte patronne de Tolède, pour l'amour de la belle María. Mais face à la statue qui semble s'animer, le destin de Pedro bascule.
On pense à Hoffmann (à la lecture du « Gnome (légende aragonaise) » , à Gautier, à Grimm. Cette mise en bouche est efficace. Séduit par ce fantastique romantique, on a très envie de lire les
Légendes espagnoles et contes orientaux.