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EAN : 9782714303455
245 pages
José Corti (01/09/1989)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Dans les ténèbres de mes circonvolutions cérébrales, nus et recroquevillés sur eux-mêmes, dorment les enfants extravagants de ma fantaisie, attendant en silence que l'art les dote de la parole afin de pouvoir se présenter avec la décence requise à la face du monde.

Fertile comme un lit d'amour dans la misère, pareille à ces parents qui engendrent plus d'enfants qu'ils n'en pourront jamais élever, ma muse organise le sanctuaire mystérieux de ma tê... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Je ne sais pas si ce qui suit est une histoire qui ressemble à un conte ou un conte qui ressemble à une histoire; ce que je puis dire c'est qu'au fond de ce récit il y a une vérité, une vérité très triste, de laquelle je serai peut-être le dernier à tirer profit étant donné mes dispositions imaginatives.
Avec cette idée, un autre eût peut-être fait un gros livre de philosophie larmoyante; moi, j'ai écrit une légende qui pourra distraire un moment ceux aux yeux desquels elle ne signifierait rien. » 

Ainsi commence l'une des cinq légendes narrées par Gustavo Adolfo Bécquer, poète et dramaturge sévillan du XIXème siècle surtout connu pour ses Rimes et Légendes.
De Soria à Tolède, en passant par Séville, dans les villages de Castille ou les rues des villes millénaires, le poète est un promeneur. Il s'imprègne des lieux, se nourrit du passé, et brode de courts récits pétris de romantisme, de surnaturel, et de mystique religieuse. le lecteur ressent son amour pour les ruines, les châteaux, les forteresses antiques et les ruelles médiévales.
Ma préférence va au « Bracelet d'or (Légende tolédane) », dans lequel le jeune Pedro décide de dérober le bracelet d'or de la Virgen del Sagrario, sainte patronne de Tolède, pour l'amour de la belle María. Mais face à la statue qui semble s'animer, le destin de Pedro bascule.
On pense à Hoffmann (à la lecture du « Gnome (légende aragonaise) » , à Gautier, à Grimm. Cette mise en bouche est efficace. Séduit par ce fantastique romantique, on a très envie de lire les Légendes espagnoles et contes orientaux.
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J'ai relu "les légendes" de Gustavo Adolfo Becquer, après avoir lu "La Tres Fechas" de César Aira. Un peu de théorie littéraire avant d'ouvrir la Grande Bibliothèque.

« Les Trois Dates » forment le titre d'une légende, contée par Gustavo Adolfo Becquer, traduites par M.A.L.C. (2017, Hachette – BNF, 84 p.). L'auteur (1836-1870) raconte une anecdote vécue lors d'un voyage effectué à Tolède. Marchant dans une rue étroite et inhabitée, il regarde une fenêtre et il croit apercevoir derrière un rideau une main blanche de femme qui bougeait. Il passe plusieurs jours devant cette fenêtre et à chaque fois il revoit la main blanche. « j'ai passé d'autres jours, et chaque fois que je passais, le rideau se levait de nouveau, restant ainsi jusqu'à ce que le bruit de mes pas se perde, et de loin j'y retournai les yeux pour la dernière fois ». Un an plus tard, il retourne à Tolède et entend sonner les cloches du couvent de San Juan de los Reyes. Il assiste à la cérémonie durant laquelle une fille devient novice. Ce n'est pas n'importe quelle fille, c'est la femme dont il est obsédé.
Une belle écriture de ce romantique avec de longues descriptions. « L'église était haute et sombre : ses nefs étaient formées de deux rangées de piliers formés de colonnes élancées réunies en faisceau, reposant sur une large base octogonale, et de la riche couronne de chapiteaux s'élevaient les robustes ogives. le maître-autel était situé à l'arrière, sous une coupole de style Renaissance constellée d'angelots à boucliers, de griffons, dont les sommets simulaient des feuillages abondants, de corniches à moulures et de rosaces dorées, et de dessins fantaisistes et élégants. Autour des nefs on apercevait une multitude de chapelles obscures, au fond desquelles brûlaient des lampes, comme des étoiles perdues dans le ciel d'une nuit noire. Chapelles d'architecture arabe, gothique ou churrigueresque : certaines fermées par de magnifiques portails en fer ; d'autres, avec d'humbles balustrades en bois ; certaines plongées dans les ténèbres, avec un ancien tombeau de marbre devant l'autel ; ceux-ci, abondamment éclairés, avec une image vêtue de paillettes et entourée de voeux d'argent et de cire avec de petits noeuds de ruban colorés ».


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Poète sévillan, amoureux de la vieille Espagne dont il assiste impuissant à la mort annoncée conséquence d' un progrès industriel qui va grandissant, Gustavo Adolfo Bécquer (1836-1870) est considéré comme le dernier des grands romantiques espagnols.
Poèmes, récits, légendes lyriques, la plume de Bécquer trempe dans l'encre du mystère, du rêve mais également de l'effroi.
Les ombres d' Aloysius Bertrand, d' E.T.A. Hoffmann et d' E.A.Poe ne sont pas très loin!...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"En avant !", s'exclama de nouveau Pedro comme hors de lui-même, et il s'approcha de l'autel; y grimpa, il atteignit le piédestal de l'image sainte. Autour de lui, tout se revêtait de formes chimériques et horribles; tout était ténèbres ou lumière douteuse, plus impressionnante encore que l'obscurité. Seule la reine des cieux, doucement éclairée par une lampe d'or, semblait sourire, tranquille, bonne et sereine au milieu de tant d'horreur.
Cependant, ce sourire muet et immobile qui l'avait tranquillisé un instant finit par lui inspirer de la crainte, une crainte plus étrange, plus profonde que celle qu'il avait ressentie jusqu'alors.
Il reprit pourtant le contrôle de lui-même, ferma les yeux pour ne pas voir la statue, étendit la main d'un mouvement convulsif et lui arracha le bracelet; le bracelet d'or, pieuse offrande d'un saint archevêque; le bracelet d'or dont la valeur représentait une fortune.
Le joyau était enfin en sa possession; ses doigts crispés le serraient avec une force surnaturelle; il ne restait qu'à fuir, fuir avec lui; mais pour cela, il fallait ouvrir les yeux, et Pedro avait peur de voir, de voir la statue, de voir les rois des sépultures, les démons des corniches, les dragons à tête humaine des chapiteaux, les étirements des ombres et les rayons de lumière qui, semblables à de blancs et gigantesques fantômes, se déplaçaient lentement au fond des nefs, pleines de rumeurs inquiétantes et étranges.

"Le bracelet d'or"
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L'abbesse murmura de nouveau les mots inintelligibles ; les prêtres le répétèrent, et tout redevint silencieux dans l'église. Seulement de temps en temps on les entendait au loin comme de longs gémissements effrayants. C'était le vent qui bourdonnait en s'écrasant aux angles des remparts et des tours, et secouait, au passage, le verre coloré des ogives.
Elle était immobile, immobile et pâle comme une vierge de pierre arrachée à la niche d'un cloître gothique.
Et on la dépouilla des bijoux qui lui couvraient les bras et la gorge, et enfin on la dépouilla de sa robe de mariée, cette robe qui semblait faite pour qu'un amant brise ses broches d'une main tremblante d'émotion et d'affection.
Le mari mystique attendait la femme. Où? Au-delà de la mort; Sans doute ouvrant la dalle du sépulcre et l'appelant à la franchir, comme la timide épouse franchit le seuil du sanctuaire des amours nuptiales, parce qu'elle tomba à terre affaissée comme un cadavre. Les religieuses jetaient, comme si c'était de la terre, des poignées de fleurs sur son corps, entonnant une psalmodie triste ; un murmure s'éleva de la foule, et les prêtres, de leur voix grave et sourde, commencèrent l'office des morts, accompagnés de ces instruments qui semblent crier, augmentant la crainte profonde qu'inspirent en eux-mêmes les paroles terribles qu'ils prononcent.
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L'église était haute et sombre : ses nefs étaient formées de deux rangées de piliers formés de colonnes élancées réunies en faisceau, reposant sur une large base octogonale, et de la riche couronne de chapiteaux s'élevaient les robustes ogives. Le maître-autel était situé à l'arrière, sous une coupole de style Renaissance constellée d'angelots à boucliers, de griffons, dont les sommets simulaient des feuillages abondants, de corniches à moulures et de rosaces dorées, et de dessins fantaisistes et élégants. Autour des nefs on apercevait une multitude de chapelles obscures, au fond desquelles brûlaient des lampes, comme des étoiles perdues dans le ciel d'une nuit noire. Chapelles d'architecture arabe, gothique ou churrigueresque : certaines fermées par de magnifiques portails en fer ; d'autres, avec d'humbles balustrades en bois ; certaines plongées dans les ténèbres, avec un ancien tombeau de marbre devant l'autel ; ceux-ci, abondamment éclairés, avec une image vêtue de paillettes et entourée de vœux d'argent et de cire avec de petits nœuds de ruban colorés
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De profundis clamavi ad te ! disaient les religieuses du fond du chœur avec des voix lugubres et lugubres.
Dies ire, dies, illa!, répondaient les prêtres avec un écho tonitruant et profond, et tandis que les cloches sonnaient lentement aux morts, et de carillon en carillon on entendait le bronze vibrer d'un bourdonnement étrange et lugubre.
j'ai été ému; non, ému non, terrifié. Je croyais assister à quelque chose de surnaturel, avoir l'impression qu'on m'arrachait quelque chose de précis pour ma vie, et qu'un vide se formait autour de moi ; Je pensais que je venais de perdre quelque chose, comme un père, une mère ou une femme aimée, et j'éprouvais cette immense tristesse que la mort laisse partout où elle passe, tristesse sans nom, qu'on ne peut peindre; et que seuls ceux qui l'ont ressenti peuvent concevoir...
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La journée a été triste, avec cette tristesse qui atteint tout ce qui s'entend, se voit et se sent. Le ciel avait la couleur du plomb et, dans son sombre reflet, les bâtiments semblaient plus anciens, plus étranges et plus sombres. L'air gémissait le long des rues tortueuses et étroites, apportant ses rafales, comme des notes perdues d'une symphonie mystérieuse, des mots déjà inintelligibles, clameurs de cloches ou échos de coups profonds et lointains. L'atmosphère froide et humide glaçait l'âme de son haleine glaciale.
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