Je connaissais bien sûr le romancier
Tahar Ben Jelloun, ainsi que le sociologue polémiste, puisque mon tout premier souvenir de lecture de cet écrivain fut, il y a de très nombreuses années en France, "
La plus haute des solitudes"..., sur la solitude affective et sexuelle des émigrés en France...
Tout récemment, j'ai découvert une autre facette de son talent en acquérant en format de poche son écrit consacré à Matisse, qui se trouve encore dans ma PAL....
Celui-ci, publié par l'excellente maison d'édition, Les éditions des Busclats, est une découverte faite cette semaine par le plus grand des hasards, si ce n'est ma curiosité et mon attirance pour cette maison d'édition, que je trouve très attrayante.
Et une nouvelle fois, je ne fus pas déçue. Un très beau texte, passionné, enthousiaste d'un autodidacte dans le domaine de l'art, qui ne s'en cache pas; ce qui ajoute un élan et une authenticité à ce parcours faussement dilettante où
Tahar Ben Jelloun narre avec beaucoup de naturel ses coups de coeur en peinture, comme en sculpture. Parmi ses toutes premières émotions esthétiques, les sculptures d'
Alberto Giacometti, après la lecture aussi enthousiaste du texte de
Jean Genet , "L'Atelier de Giacometti"
Ce texte est un vrai petit trésor car
Tahar Ben Jelloun nous raconte de façon très communicative le cheminement individuel d'un vrai regard sur le monde de l'art, mais aussi sur celui des artisans dans le pays de son enfance...Son plaisir intense des belles choses...
"Le regretté
Abdelkébir Khatibi, poète, sociologue, m'a dit un jour : "Il faut apprendre à lire un tapis comme on déchiffre un manuscrit ancien ". Depuis je considère le tapis comme une oeuvre d'art qui me raconte des histoires. Parfois je les imagine, je les invente, je ne me décourage pas. Un tapis est un regard et une fenêtre sur une civilisation. "(p. 17)
Ce petit ouvrage m'a offert, cerise sur le gâteau, la découverte d'artistes méditerranéens qui m'étaient inconnus, sans omettre la partie la plus importante de cet écrit, qui dit l'admiration et l'amitié pour un artiste chilien, installé au Maroc, et mort prématurément. Je veux nommer "
Claudio Bravo"...
Ma curiosité aiguillonnée, j'ai été rechercher des reproductions des oeuvres de ce créateur...
Une oeuvre insolite, originale... On pourrait qualifier ce peintre d'"hyperréaliste", mais cela resterait trop réducteur, trop limitatif de ce que ses peintures nous transmettent. Inclassable !!
Comme l'écrivain l'exprime précisément...
Claudio Bravo a abordé les sujets, les thématiques les plus éclectiques où la Méditerranée, le Maroc, et la lumière occupent une place prépondérante...
J'arrêterai là mon babil...pour laisser aux prochains lecteurs, nombreux, j'espère, le mystère entier des artistes cités et l'oeuvre unique de
Claudio Bravo; Pour ma part, je suis fort joyeuse d'avoir fait connaissance avec le travail de ce peintre, grâce à Tahar ben Jelloun.....Reste le feu communicatif de ce dernier pour l'art...
" Je pense à Matisse, à Delacroix, à
Claudio Bravo; je revois certaines de leurs oeuvres et cela me donne l'envie et l'énergie d'écrire, d'inventer et de danser dans l'immense hangar où reposent les mots de ma tribu" (p. 79)