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3,98

sur 846 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
[ 5 Janvier 2022 – Librairie Caractères- Issy-Les-Moulineaux]

Un trésor incroyable !

Une lecture précieuse à lire et savourer lentement….Un mois à faire durer et à profiter de la belle prose de cette auteure qui est parmi mes écrivains « préférés »

Simon, le personnage central de ce récit est analyste. A la faveur d'une brèche dans son quotidien : un bol cassé, le départ brusque d'une patiente lui fait prendre conscience qu'il a fait, bien sûr, profession d'écouter et d'aider les autres, et ceci au risque d'oublier sa propre histoire et ses propres désirs !

« Toute sa vie passée à écouter les autres. Il n'écoute plus personne. Il y a là une paix profonde et une tristesse. Aussi profonde l'une que l'autre. Il vient de déposer l'habit. Pas défroqué non, parce que sur sa route il n'y a ni dieu ni voeu éternel. Il s'éloigne simplement et il se sent de plus en plus nu. Parfois une question le saisit. Ecouter et parler n'est-ce pas ce qui rend humain chaque être ? Est-ce qu'il n'est pas en train de trop s'éloigner ? « (p. 68)

Un de ses amis lui trouve une belle idée pour réaliser une véritable échappée dépaysante à souhait : le Japon et les îles subtropicales de Yaeyama !

Simon sera accueilli par un couple extraordinaire, d'un certain âge, couple harmonieux, qui, faute d'avoir pu avoir des enfants, a trouvé une philosophie de vie, Monsieur et Madame Lô, en ayant parmi beaucoup d'autres talents, un art absolu de l'Hospitalité !
Le temps va se ralentir… suspendre son vol…Simon va faire le point sur son existence, dont le retour sur l' immense chagrin d'un premier amour et la mort de son meilleur ami. Top là !! Pas un mot de plus !

j'intercale une brève parenthèse : Comme Jeanne Benameur le souligne dans ses remerciements, en fin de volume, elle remercie sa psy...et les psychanalystes, en général.... ce texte, à la fois, d'une rare densité et d'une simplicité extrême... est rempli de passages très délicats et profonds sur le "métier fort complexe" de psychanalyste...Cette "Ecoute des autres" si formatrice et aussi , envahissante, qui a rempli jusque là l'existence de Simon !

"Peu à peu,il à appris à écouter chacun de ses patients comme on écoute un chant.(...)
Sentir qu'un patient commence à se dépouiller des faux-semblants,ça c'est quelque chose.
On entre dans sa propre histoire pieds nus,toujours."(p.12)

Une prose toujours lyrique, étincelante… qui envoûte, nous entraîne dans une dimension autre, un pays autre, un art de vivre autre!

Un arrêt vital pour Simon... qui fera ainsi la paix avec lui, son passé dont il fuyait le noeud le plus douloureux ! Une Renaissance, au sens entier du terme !
Les mots, le style éminemment poétique de Jeanne Benameur agit sur le lecteur [en tous cas, cela le fut pour moi ! ] comme un horizon s'éclairant, un baume réparateur, cicatrisant...redonnant une harmonie oubliée aux choses et aux êtres !
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Dans La Patience des Traces, nous suivons Simon qui choisit de perdre tout repère dans une île japonaise isolée afin de prendre le temps de se retrouver, de revenir sur des souvenirs pénibles qui l'empêchent d'avancer...

Passées les premières pages, une fois que Simon arrive au Japon en fait, je me suis laissée happée par ce récit introspectif. J'ai été touchée par le parcours intérieur de Simon et par sa relation avec ses hôtes si bienveillants au point de trouver presque dommage les quelques digressions qui nous font quitter cette bulle apaisante.

J'ai été surprise par la fin abrupte, mais très juste finalement puisqu'il n'y avait plus rien ajouter...
Jeanne Benameur cisèle un texte très évocateur et tout en délicatesse, comme l'art du kintsugi (art de réparer la vaisselle cassée avec des "soudures" d'or) ou du bingata (la peinture sur tissus) qui sont au coeur du récit tout comme la psychanalyse (le métier du héros qui prend conscience que c'est peut-être le cordonnier le plus mal chaussé).

J'ai passé un très joli moment avec Simon, loin de tout. J'ai beaucoup aimé.
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Qu'il est beau ce roman, empli de sérénité, le lire m'a fait passer quelques heures hors du temps au Japon, pays que j'aimerais tellement visiter.
Toute cette douceur est due à la plume de Jeanne Benameur qui réussit à remplacer la parole par des silences, par des non-dits, par des symboles.
Il faut dire que le silence et l'écoute font partie intégrante du travail de Simon, psychanalyste qui a passé sa vie à écouter les autres, peut-être pour ne plus entendre ses démons.
Un incident du quotidien lui fait prendre conscience de la vacuité de son existence. Les blessures remontent, la disparition de son ami Mathieu la séparation avec Louise qu'il a passionnément aimé.
Un impérieux besoin de faire une pause, de s'isoler, de tout quitter pour mieux se retrouver.
Sur les conseils d'un ami il s'envole pour le Japon dans les îles de Yaeyame où il rencontre une collectionneuse de tissus anciens et un artiste qui pratique l'art du Kintsugi, savoir-faire ancestral redonnant vie à des porcelaines anciennes en recouvrant leurs fissures de poudre d'or.
J'ai aimé suivre Simon dans ce voyage poétique dans un havre de paix propice au recueillement pour mieux se ressourcer.
La lenteur de l'histoire est un atout supplémentaire pour ce magnifique roman.
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J'avais été déçue par le dernier roman de Jeanne Benameur (Ceux qui partent) ,mais avec celui ci je retrouve avec un immense plaisir la grâce de son écriture, l'émotion qu'elle génère et la profondeur de ses réflexions.
Ici,le rythme est lent. Il offre le temps qui apaise, celui qui est indispensable pour vivre le présent et en comprendre le don ; pour s'en nourrir et oser le regard intérieur; Pour oser également caresser ses blessures ; Pour revisiter leur histoire, revenir à l'instant sans se soucier du lendemain.
L'histoire est celle de Simon, psychanalyste qui après une vie dédiée à l'écoute pour réparer les " fêlures" décide de s'engager vers " une vie désencombrée à défaut de nouvelle". Pour cela il a besoin de partir réellement, géographiquement. Il prend un aller simple pour les îles Yaeyama au Japon.
Le lieu et les personnes qui vont l'accueillir ont quelque chose de magique, peut-être parce ce que tout est offert dans la simplicité, l'authenticité et le respect. Ce rapport à ses hôtes va le conduire à accepter sa vulnérabilité et à oser la prendre en compte pour la vivre pleinement et peut-être , la dépasser. J.Benameur crée une atmosphère d'une très belle sensibilité et sensualité pour aborder avec tact et intelligence les blessures de l'âme mais aussi la beauté de l'amour,de l'amitié,des rencontres uniques qui marquent à jamais une vie. Si la parole est importante,les silences le sont tout autant. Les gestes et les regards aussi. le symbolisme des objets,des couleurs,des éléments naturels sont autant d'éléments qui contribuent eux aussi à cette quête presque initiatique de Simon . L'émotion qui se dégage de Simon et de tous les personnages qui composent ce roman est véritablement contagieuse !
La Patience des traces est un joli coup de coeur.
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Comme toujours, élégance, délicatesse et poésie rendent les livres de J.Benameur si singuliers. Un psychanalyste, Simon Lhumain(quel nom!) alors qu'il brise un bol , ressent le besoin d'enfin se faire face, lui qui n'a fait qu'écouter les autres pendant de si longues années.
Pour ce faire, il lui faut s'éloigner loin, très loin, ce sera dans les îles Yaeyama au large du Japon. Là seul avec des hôtes très discrets il part à la recherche de ses souvenirs, il a été troublé par une patiente qui un jour est partie sans un mot, pour ne plus revenir et qu'il pense avoir vue à l'aéroport. Il repense à Louise, son amour parti aussi . Il pense à Mathilde , une consoeur rencontrée il y a peu, à son ami Mathieu.
Les anciens textiles japonais sont rois chez ses hôtes, pour lui, les textes, même racine.
Peut-être trouvera -t-il ce qu'il est allé chercher ...
Ce texte est magnifique, comme son titre. C'est un bonheur de lecture que cet Actes Sud à la couverture sépia.
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Dans « La patience des traces », j'ai retrouvé toute la délicatesse de Jeanne Benameur. le sujet même du roman fait ressortir toute la quintessence du style de l'écrivaine, cette plume qui sait si bien nous raconter les silences, les émotions, les êtres…
L'atmosphère de ce roman m'a littéralement envoutée.
J'ai adoré partager ces moments avec Simon, psychanalyste, le suivre en voyage vers les îles Yaeyama, lorsqu'il rencontre le vieux couple japonais Akiko et Daisuke, qu'il se promène dans leur jardin, s'installe seul au bar avec son carnet pour y noter quelques mots, écoute la voix du vieux sage Daisuke et le regarde pratiquer l'art du Kintsugi, lorsqu'ils commencent à s'apprivoiser les uns et les autres, au point que leur rencontre et leur amitié deviennent comme une évidence.

Se dégagent une poésie, une force émotionnelle en la présence de Simon et du couple de japonais. Une envie d'être à leurs côtés pour apprécier toute la douceur, leurs bienveillances, leur générosité et cette sérénité.
Ressentir l'important, l'essentiel, une reconnexion avec le monde, avec ce qui nous entoure, avec la vie, une sorte d'abandon pour mieux se ressourcer, ressentir, éprouver… vivre
L'abandon des choses inutiles, des questionnements infertiles, des technologies hyper connectées, des discours éculés ou usants, pour se reconnecter avec le vrai, le primordial, le nécessaire.

Un de ces romans dans lequel on se laisse couler lentement, doucement. Un de ces romans où chaque geste, chaque regard, chaque mot, chaque respiration, chaque silence semblent choisis, avoir leur importance. Comme si tout était au ralenti tant chaque moment est observé, remarquable, à la fois grave et léger. Tout comme l'écriture de Benameur, il y a chez les personnages comme une économie des mots et des activités pour ne se concentrer que sur l'essentiel.
Benameur ne se s'embarque pas dans de longues explications, dans des paragraphes interminables pour dépeindre les personnages, leur vie quotidienne, leur état d'esprit. Elle façonne une phrase constituée de mots subtils, exacts, purs, pour faire naitre au lecteur toute une palette d'impressions, de ressentis, d'images dans sa tête. On apprécie chaque mot, on les hume, les intériorise avec délectation.
Et ses personnages font de même durant leurs conversations et leurs activités. C'était comme s'ils étaient entrés dans un temps suspendu, un temps qui ressemble à la cérémonie du thé, la pratique du tai chi ou encore à la note suspendue du bol tibétain, dont les ondes vibratoires favorisent le lâcher-prise et l'état méditatif. Tout est intérieur mais en ayant conscience du dehors, du vol du papillon à la brise soufflant dans les cerisiers japonais en fleur qui déversent leurs pétales en confettis.

Cette écrivaine sait créer une atmosphère qui nous fait du bien, qui malgré certains sujets douloureux nous reconnecte au monde, calme les battements de nos coeurs, calme nos inquiétudes. Pour s'approcher de la quiétude. D'une paix intérieure.
Comme si on calquait notre respiration au rythme des mots, aux pas mesurés des personnages, à cette musique intérieure, jusqu'à ces silences.
Ce roman est peut-être pour moi l'un des plus beaux qu'elle ait jamais écrit, en tout cas l'un de ceux qui m'a le plus ensorcelé, oubliant tout ce qui m'entoure, ne faisait que goûter à toute la musicalité, toute la délicatesse, toute la poésie de Jeanne. Et au Japon, l'art tissu et surtout au Kintsugi.
On comprend aisément la symbolique du Kintsugi, cet art japonais consistant à réparer les objets brisés en recouvrant avec de la poudre d'or les jointures et laissant ainsi les cicatrices apparentes. C'est une lente reconstruction de l'âme et du corps. Une lente reconnexion avec nous-mêmes, notre corps. Une lente acceptation de nos douleurs intérieures et des cicatrices de la vie visibles à même la peau. Et surtout au coeur.

Jeanne Benameur nous enveloppe de toute une bulle de protection, nous guide vers tout une panoplie de possibles pour soulager nos maux, notre mal à l'âme, pour se reconstruire, renaitre plus apaisé. Par le rythme, la musicalité, des sens, les 4 éléments (la terre par Daisuke, l'eau par les larmes et la mer dans laquelle Simon se baigne ou l'eau fraiche qu'il boit, le feu par la chaleur moite de l'île, la nuit du feu sur la plage, les sources chaudes, l'air par les respirations, cette ambiance), elle nous ouvre les portes vers un voyage intérieur qui nous marque pour longtemps.

Un roman magnifique, hypnotique, tout simplement.

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« Rien que des mots,
Des mots faciles, des mots fragiles,
C'était trop beau.
Des mots magiques, des mots tactiques,
Qui sonnent faux.
Encore des mots, toujours des mots ».

Des paroles, qui s'envolent, et la voix, de Dalida.
Comme ce bol, qui tombe au sol, et la soie, qui le guida.
L'émotion des mots, l'émoi de les dire, et moi ?
Emu je fus, à la lecture de ce petit roman de Jeanne Benameur.
Etonnante, l'association de ces deux mots, Jeanne Benameur, aucune lettre ne descend, quatre e, trois n, à létal du marché de Padipado, il y aurait-il un anagramme ?
Ame enrubannée j. L'âme enrubannée gît.
Et la patience des traces, une contrepèterie ? La science des patrasses.
Patrasse, en patois provençal, haillon.
Il n'y a jamais de hasard, les mots résonnent, des rubans de haillons, vraiment de quoi faire gésir l'âme !
C'est pourquoi le tissu est au coeur du livre, il se livre, il cache, il découvre, il suggère, il enveloppe, il réchauffe, le corps et l'âme.

Vous êtes encore là ? Pas las, j'espère, si je vous perds, j'ai les nerfs, hélas !

Revenons au bol, maladresse, la chute le casse, éclatement des souvenirs, les étapes de la vie qui ressurgissent, pas d'bol !
Surtout que c'est celle d'un analyste, psy pour les intimes, il va donc la disséquer sa vie, le Simon.
Revenons au livre, non, pas au contenu, au contenant. Facile à tenir, j'aime le petit format de chez Actes Sud, de la hauteur, mais peu de largeur, les lignes ont peu de mots, les yeux n'ont pas besoin de se fatiguer, ça se lit sans faire d'effort, le confort du lecteur, j'apprécie cet effort.
La couverture est presque floue, on y devine des fleurs sur une branche d'arbre, on imagine un rose éclatant, et pourtant c'est sépia. L'évocation du passé, c'est sûr, un passé composé, mais y a des morceaux à recoller, un passé décomposé, tout à recomposer.
Louise et Mathieu, ses amis, vont s'en occuper, de la psychanalyse, et Lucie, la patiente, qui cherche son moi en s'allongeant sur le canapé, mais qui n'en a plus de patience, et disparaît, sans crier gare. Car, des années plus tard, ce n'est pas en train qu'elle part, mais en avion, et Simon la croise dans l'aéroport, lui en partance pour le Japon, il se met enfin en vacance, un choix assumé, ni bon ni mauvais, juste nippon.
Il n'y a jamais de hasard, le destin est écrit, le festin est décrit, parfois des crimes, et ça qui ment.
N'allez pas croire qu'ils vont se retrouver sur cet archipel, qui appelle, îles Yaeyama, y a il, bien sûr, mais elle, y a pas.
Non, il est seul, mais avec sa conscience, qui l'accompagne au bout du monde, au pays du soleil levant, la science des patrasses, son âme est en haillons, la patience des traces, il en faudra, pour maîtriser les souvenirs, et faire disparaître ces empreintes que nulle neige ne peut recouvrir.
Là-bas, c'est tropique, du Cancer, le panier de crabes en pince pour sa mémoire, et il s'en pose des questions, mais ses hôtes, des petits vieux très charmants, vont apaiser ses tourments.
Lui est céramiste, il répare les objets brisés, mince, Simon n'a pas emporté les morceaux, c'est pas d'bol. Mais il cicatrise les blessures d'âme, avec sourire et silence, car les paroles s'envolent, mais les regards figent les souvenirs hagards.
Elle, collectionne les tissus anciens, et en toutes sortes d'étoffes, taille la douce soie et restaure les couleurs des sentiments, cachés par les stores occultes. C'est dans les voilages qu'on voit l'âge, et qu'on enveloppe les tissus de chair.

Jeanne Benameur distille les phrases, instille les émotions, d'une respiration tranquille mais sans en avoir l'air, avec adresse et délicatesse.

« La chute c'est fertile, la rupture crée.

La parole vraie, celle qui s'origine vraiment au plus profond de soi.

La rage, c'est de ne pas réussir à aimer ce qu'on désire.

L'âme, c'est un mouvement. Fugace. On l'atteint quand tout de notre être s'unifie pour pouvoir, dans un élan, se mêler enfin à tout ce qui n'est pas nous. »

Fugace, comme le saut de la raie Manta, qui prend le risque de quitter son eau pour sortir de son élément.
« L'élan qui rassemble tout », et qui permet « d'éclairer, un peu, chaque fois, l'obscur de notre vie ».

Une femme qui écrit la vie d'un homme, c'est émouvant.
Silence, ambiance, suggestion, réparation.
Des mots fragiles, des mots magiques, c'était trop beau.
Un style élégant et concis, avec récit et dialogues réunis, une unité dans l'espace et le temps.
L'âme enrubannée gît.
Un grand merci pour ce petit moment.
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Le 4ème de couverture résume bien le livre. Avec Simon, on part au Japon, plus précisément pour les îles subtropicales de Yaeyama. Il nous entraîne dans sa quête de soi. Psychanalyste, tant qu'il était en activité tout allait bien. Il ne laissait personne rentrer dans son intimité. Il ne s'attardait pas sur ses ressentis, sur lui.

Suite à un bête incident, il casse un bol auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux, il décide d'arrêter la psychanalyse et de partir en voyage. Il demande à un de ses amis de lui trouver un endroit lointain, calme, serein où il pourra « se retrouver ».

Il se rend chez Akilo et Daisuke, couple extraordinaire, chaleureux, tenant trois maisons d'hôtes qui vont l'accueillir comme le fils qu'ils n'ont pu avoir. C'est exactement le lieu qui convient à Simon pour renouer avec lui-même et s'ouvrir aux autres.

Alors que tout était gris chez lui, là il redécouvre la beauté des couleurs. Il découvre la réparation. Il découvre la sérénité, la plénitude.
J'ai aimé l'atmosphère de ce livre, la douceur qu'il en émane, la beauté des paysages, la reconstruction, petit à petit, de Simon.

Je doute qu'un tel endroit puisse exister, mais pourquoi pas après tout. A force de se méfier de tout et de tous, de se fermer sur soi-même, on ne discerne plus la sincérité et la beauté qui peuvent nous entourer. Ou peut-être ne cherchons-nous pas assez ?

Un petit moment de douceur et de bonheur.
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Le dernier roman de Jeanne Benameur conduit à l'introspection et à l'apaisement.

Simon a l'habitude de s'intéresser au subconscient, c'est même son métier, il est psychanalyste, mais ces dernières années, il s'est plus consacré aux autres qu'à lui-même.

Simon prend son café du matin toujours dans le même bol, souvenir d'un ami d'enfance et de sa mère, bol devant lequel il rêve encore et réfléchit déjà.

Mais, un jour, ce bol tombe et se brise en deux parties inégales. Ce qui pourrait paraître anodin va jouer comme un élément déclencheur.

A partir de ce moment, tout va changer. Simon va éprouver le besoin de faire une pause dans l'écoute, mais aussi dans la parole. A travers les silences, dans une magnifique retraite dans les îles subtropicales de Yaeyama au Japon, il va chercher à mieux comprendre sa vie et à se reconstruire.

J'ai aimé le fil conducteur : l'importance du langage.
« Ecouter et parler n'est-ce pas ce qui rend humain chaque être ? »

J'ai aimé ce voyage au Japon.
L'art japonais est présenté dans sa beauté épurée au milieu d'une nature luxuriante. Jeanne Benameur nous donne envie de posséder des tissus bingata, une spécialité des îles Okinawa, et des céramiques réparées avec la technique du kintsugi, la jointure par l'or.

J'ai aimé l'écriture.
Chaque mot est choisi, dans une très belle sonorité, avec des temps de silence.
« Les tissus cousus.
La céramique cousue.
Et lui, la bouche cousue ? Où le fil d'or ? »

J'ai aimé la morale de fin.
« Maintenant seulement il comprend le magnifique saut de la raie Manta.
Trouver l'élan qui fait prendre le risque de quitter son eau.
L'élan qui rassemble tout.
Il n'y a pas d'autres façons de conquérir, un à un, chaque instant d'âme.
Et d'éclairer, un peu, chaque fois, l'obscur de notre vie ».

Au-delà de ces quelques éléments, j'ai aimé tout ce roman.
Je ne peux donc que vous conseiller de suivre les chemin et cheminement de la patience des traces !
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Lors de cette rentrée littéraire hiver 2022, Jeanne Benameur n'hésite pas à proposer à ses lecteurs, souvent passionnés, deux livres, un de poésie et un autre, La patience des traces, un roman d'apprentissage autour d'un voyage initiatique.

Simon Lhumain est un psychiatre, devenu psychanalyste par goût depuis un certain nombre d'année. Un matin, sa tasse de café lui échappe des mains et se fend sur le carrelage. du coup, l'envie soudaine lui vint de cesser son travail. Les paroles, ça le connait, surtout celles des autres. Car, les siennes restent calfeutrées. En plus, depuis quelques jours, la fin d'une thérapie avec une patiente vient le hanter pour lui rappeler son échec.

Quitter devient vite une obsession ! Son ami Hervé organise son voyage et choisit Kyoto au Japon comme destination. Mais avant, il y aura les îles Yaeyama, une terre encore peu connue, idéale pour nager et marcher jusqu'à l'épuisement et découvrir une culture ancestrale.

Quelque fois un souvenir perturbe ses pensées, comme un scotch revient sous une chaussure, sans y prendre garde ! Simon s'est bien gardé d'aller jusque ce souvenir dans sa propre analyse. Mais, cette scène de son enfance avec Louise revient, encore et encore, surtout depuis l'épisode de la tasse. C'est Mathieu qui l'avait offerte à sa mère pour son anniversaire.

Simon qui ne voyage jamais va accomplir celui-ci dans ces îles perdues. Il abandonne une nouvelle relation avec une consoeur, Mathilde Mérelle, installée depuis peu dans sa ville. Il abandonne ses clients et leurs dossiers nombreux, seuls témoignages de son travail appliqué.

A travers la découverte de son lieu de retrait et grâce à la discrétion respectueuse et attentive de ses hôtes, il s'accorde le temps nécessaire pour redécouvrir son désir, celui d'avant les mots. Celui qu'il a enfoui profondément en lui. Car, après cette vie consacrée à l'écoute active des autres, Simon sent confusément qu'il est temps de regarder une partie de sa vérité et d'y faire face.

Avec son héros à nos côtés, Jeanne Banameur s'attarde autour de la collection de tissus ancestraux de Mme Itô Akido, son hôtesse ainsi que sur le travail de son mari, Dalsuke, céramiste spécialiste de l'art du Kintsugi. On se ressource sur les plages immenses à la mer translucide couleur turquoise avec sa mangrove aux arbres géants protecteurs et ces eaux chaudes d'une cascade en pleine jungle. Mais aussi, on découvre sur une une île toute proche une technique ancestrale de teintures de tissus aux plantes et notamment aux fibres de bananier.

Jeanne Benameur entraine son lecteur vers une introspection volontaire où les objets donnent sens, la parole, un précieux repère, et les silences, des soutiens. C'est une ode à la recherche de soi, seul et accompagné. Les mots y sont célébrés par la poésie de l'écrivaine. Ils sont posés avec justesse sur des maux décortiqués si justement.

Jeanne Benameur affirme par ce roman, encore très réussi, la nécessité de regarder en face sa vérité, celle qui fait souffrir, pas au point de devoir s'épancher dans un cabinet à heures régulières, mais celle qui laisse comme les cailloux du petit Poucet des images qui reviennent, encore et encore, jusqu'au moment où on accepte de les regarder en face. Elle soutient aussi que cet effort de méditation sur soi ne détruit pas mais, au contraire, éclaire le chemin qui reste à faire.

Jeanne Benameur promène dans ses livres et encore plus dans La patience des traces son amour de la liberté et son humanisme. L'écrivaine offre à son lecteur une histoire pleine d'espoir où il n'est jamais trop tard pour accomplir son désir personnel et singulier et l'assumer, rechercher la joie de l'échange et accepter l'apaisement que procure la contemplation méditative de la nature. Une bien belle façon de commencer l'année : Un vrai coup de coeur !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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