Les demeuréesJeanne Benameur
roman
Denoêl, 2000, 85p
C'est un ouvrage très court, entre prose et poésie, qui parle de plénitude et 'ouverture au monde.
C'est l'histoire d'une petite fille, née des amours d'une nuit d'une idiote et d'un certain M. M fasciné par le chant de la demeurée.
La demeurée travaille dans une grande maison et s'occupe de sa fille quand elle rentre dans la sienne. La demeurée, ou l'abrutie, ne voit que son espace familier, y a ses repères. La petite se trouve bien dans cet espace fermé. Mais un jour, elle doit aller à l'école. Elle refuse le savoir, elle a l'intuition qu'il la soustrairait à son monde simple et beau, l'air, les couleurs, les détails d'une chose, l'aile d'un oiseau, le fendillement du plâtre. Mais un monde où sa mère est là. Elle tombe malade.
Son institutrice, qui n'est que douceur et beauté, ne se console pas de cet échec. Elle tombe malade, elle aussi. Mais tandis que la petite se relève, l'institutrice s'enfonce de plus en plus dans une énorme dépression.
La petite a un don pour la broderie. La maîtresse de sa mère s'en aperçoit et ouvre la petite, dont le prénom, Luce, dit toute la lumière, à l'amour des lettres par la broderie.
Un jour, Luce fait offrir à son institutrice, un mouchoir qu'elle a brodé au nom de celle-ci. C'est une joie immense qui secoue l'institutrice qui ne fait plus attention à rien et se fait écraser par la voiture du laitier.
Luce n'ira plus à l'école, c'est acquis, a dit la maîtresse de sa mère, elle continuera à apprendre d'une autre façon et rendra hommage à son institutrice, vainquant ainsi la mort.
C'est un très petit livre, où l'autrice a quand même le temps de pénétrer à l'intérieur de l'esprit ou de l'âme des demeurées, d'analyser les différents blocages. Elle rend par petites touches percutantes l'ambiance d'un village. Elle montre qu'on peut apprendre d'une autre façon que scolaire, dans l'amour, la douceur, la sensation.