Après avoir été séduit par "
La Cocadrille" de
John Berger, j'ai voulu lire un second roman de cet auteur, et ce fut "
Flamme et Lilas". J'ai alors découvert qu'il s'agissait d'un ensemble. En effet, "
La Cocadrille" est le premier volet d'une trilogie intitulée « Dans leur travail », et "
Flamme et Lilas" en constitue le troisième et dernier volet. J'ai donc sauté une étape, et c'est peut-être la raison pour laquelle j'ai eu du mal à entrer dans le roman. Il me faudra donc lire le maillon manquant, "
Joue-moi quelque chose". Si le premier tome est consacré à la vie des derniers paysans, "
Flamme et Lilas" s'attarde sur leurs descendants partis à la ville et, plus largement, à tout ceux qui ont quitté les territoires de leurs ancêtres pour pouvoir gagner leur vie, poussés par le nouveau modèle économique et social. Une histoire d'amour, remarquablement évoquée par
John Berger, sert de fil rouge à ce tableau peu réjouissant d'une ville imaginaire appelée Troie. Elle pourrait ressembler à Gênes, Marseille ou Barcelone, plus largement à toutes les villes occidentales. Elle possède ses banlieues, ses docks, ses friches en reconstruction, ses autoroutes embouteillées, ses grandes places touristiques et ses bidonvilles. Elle est surtout le symbole de l'uniformisation et de la déshumanisation des territoires. A la manière de Jacques Tati ou, si l'on veut aller plus loin, de
Fritz Lang,
John Berger peint la ville moderne, comme une machine prédatrice, avalant les hommes, pompant leur sang, leur force de travail, et anéantissant leur vie sociale.