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EAN : 9782226391940
512 pages
Albin Michel (02/05/2018)
3.86/5   25 notes
Résumé :

Jérémie, « la Cité des poètes », est une petite ville d'Haïti qui semble coupée du monde faute de routes praticables. C'est là, face à une mer de carte postale, qu'atterrit l'Américain Terry White, ancien shérif de Floride, après avoir accepté un poste aux Nations unies. Rapidement happé par la vie locale et ses intrigues politiques, il se lie d'amitié avec Johel Célestin, un jeune juge respecté de tous, qu'il convainc de se présenter aux élections afin de r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Derrière un titre pour le moins énigmatique et une couverture naïve digne d'un tableau du Douanier Rousseau se cache un roman passionnant.
« Dieu ne tue personne en Haïti » nous plonge dans un pays méconnu sous nos latitudes. Quelques images effroyables arrivent parfois jusqu'à nous lorsqu'un cyclone ou un tremblement de terre le laissent au bord du chaos, dans une misère toujours plus grande pour la population.
Dans le roman Misha Berlinski l'ambiance haïtienne nous envahit dès les premières pages : la misère, les sourires, les croyances, l'air tropical qui vous colle à la peau, les odeurs des rues et des chemins poussiéreux, le peuple qui vit avec si peu et fait tout, les nantis qui vivent avec beaucoup et font si peu.

L'action se situe en pleine campagne électorale qui oppose le sénateur Maxime Bayard, l'homme en place, véreux, au juge Johel Célestin, qui a quitté New York pour revenir au pays de ses origines et promet de relier Jérémie à Port-au-Prince en construisant la route promise depuis des décennies et jamais construite faute d'argent.

Le roman déborde de personnages grands et petits qui disent la lutte pour la vie, d'histoires pleines de cris de plaisir et de douleur.

Par son écriture drôle et particulièrement précise dans ses descriptions, Mischa Berlinski nous entraine dans une histoire passionnante, mêlant passé et présent sans jamais perdre son lecteur.
Ce roman ne fait que confirmer le talent d'un auteur que j'avais particulièrement apprécié dans « le crime de Martiya van der Leun».


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DIEU NE TUE PERSONNE EN HAÏTI
de Mischa Berlinski, traduit par Renaud Morin
Éditions Albin Michel, collection "Les Grandes Traductions"

************** COUP DE COEUR **************

Quatrième de couverture :
Jérémie, "La Cité des poètes", est une petite ville d'Haïti qui semble coupée du monde faute de routes praticables. C'est là, face à une mer de carte postale, qu'atterrit l'américain Terry White, ancien shérif de Floride, après avoir accepté un poste aux Nations unies. Rapidement happé par la vie locale et ses intrigues politiques, il se lie d'amitié avec Johel Célestin, un jeune juge respecté de tous, qu'il convainc de se présenter aux élections afin de renverser le redoutable sénateur Maxime Bayard, un homme aussi charismatique que corrompu. Mais le charme de Nadia, la femme du juge, va en décider autrement, alors que le terrible séisme de 2010 s'apprête à dévaster l'île...

Tout d'abord, mille mercis à Léa Mainguet et aux éditions Albin Michel, car c'est grâce au  partenariat avec le Picabo River Book Club que j'ai eu la chance de découvrir ce magnifique roman pour lequel j'ai eu un énorme coup de coeur !

Pendant 500 pages (qui défilent à toute vitesse), Mischa Berlinski nous restitue l'âme d'Haïti, tel un peintre, pour en faire une oeuvre de fiction mais qui pourrait être vraie tellement tout sonne juste.

J'ai adoré être embarquée dans cette histoire parfaitement racontée par un narrateur qui ne dit jamais son nom, mais dont on devine très vite qu'il n'est autre que l'auteur. Ça parle de politique, de corruption, de trahison, d'amour, de jalousie, sans oublier le rhum. Et le final... WAOUHHH !!! Je n'en dirai rien sauf que je ne l'avais pas vu venir !

Un texte tout en finesse où l'humour est omniprésent. Et on ressent une grande empathie pour Haïti et ses habitants malgré la lucidité de Mischa Berlinski sur les problèmes propres à Haïti (ce qui donne aussi à réfléchir sur la soi-disant aide internationale qui s'apparente bien plus à de l'ingérence, chaque pays extérieur regardant Haïti avec beaucoup de condescendance).

La traduction de Renaud Morin est juste parfaite. Ce n'est pas pour rien que ce livre est publié dans la collection " Les Grandes Traductions".

Un livre à lire ABSOLUMENT et un auteur à suivre...
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Mischa Berlinski, né en 1973 à New York, est un écrivain américain. Après des études de lettres classiques à Berkeley et à Columbia, il a travaillé comme journaliste freelance en Thaïlande avant de se consacrer à l'écriture. Depuis 2007, l'écrivain vit en Haïti. Dieu ne tue personne en Haïti, son second roman, vient de paraître.
Le lieu : à l'extrémité ouest de l'île, Jérémie, un petit village. Les personnages : Terry White, ex-adjoint au shérif en Floride, désormais agent de police pour l'ONU et sa femme, Kay. Johel Célestin, juge aimé de tous, et Nadia son épouse. Dans le rôle du narrateur, ou plutôt du témoin des évènements, un anonyme, écrivain de son état, qui pourrait être Mischa Berlinski. L'intrigue : Terry encourage son ami Johel à se présenter aux élections sénatoriales pour lancer la construction d'une route reliant leur région à la capitale Port-au-Prince, un débouché économique qui assurerait des revenus à la population locale. Mais l'adversaire, Maxime Bayard, sénateur en titre est un vieux roublard ne reculant devant rien pour imposer ses vues…
Voici résumé à gros traits ce roman très dense. Chez un autre, j'aurais critiqué l'épaisseur du bouquin, ici tout coule de source, car là réside le grand talent de Berlinski, il sait raconter une histoire, « à mon sens, une bonne histoire est la plus grande de toutes les inventions littéraires » fait-il dire à son narrateur. Alors ce qui semblerait digression, et elles sont nombreuses, est une porte ouverte sur des précisions venant enrichir le roman : le passé des protagonistes, des détails sur la vie et les coutumes des autochtones, de précieuses informations sur l'organisation logistique ou politique de l'ONU sur l'île etc. Mischa Berlinski connait le pays, donc si tout est inventé pour les besoins de son récit, tout reste crédible et fort bien documenté.
J'avoue être entré à petits pas dans le livre car je craignais un étalage de misère, telle qu'on nous la livre aux actualités à la télé. L'auteur ne fait pas dans ce genre-là, certes elle n'est pas absente, comment pourrait-il en être autrement d'ailleurs quand on évoque Haïti ? Mais l'écriture et surtout le « ton » du roman, balaye, toutes les craintes. Tous les drames et les plus tragiques endurés par les locaux sont présents mais ça se lit sans épuiser la boite de mouchoirs en papier.
Lutte de pouvoir, combat politique, élections, fraudes et corruption, affrontement entre deux hommes Johel Célestin et Maxime Bayard a priori opposés, mais j'ai dit que le roman était dense, se construit sur un second plan, ce que j'appellerai de manière simplette, les relations sentimentales entre les couples. Rien de mièvre, au contraire, dur et touchant à la fois avec des parcours différents pour Terry et Kay, Johel et Nadia et pourquoi le cacher Terry et Nadia…. Une belle étude psychologique avec ses désirs, ses espoirs, ses déceptions et ses évolutions. le roman s'achève sur une explosion – un séisme - qui rebattra les cartes entre les uns et les autres, du moins ceux qui survivront.
Un très bon roman, sans manichéisme, il n'y a pas les bons d'un côté et les mauvais de l'autre, chacun à un moment ou un autre, est l'un ou l'autre, sous le regard neutre du narrateur. Une lecture vivement recommandée.

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Rédiger un avis, c'est parfois très facile, parfois non, c'est souvent le cas quand l'oeuvre lue est extrêmement dense. Je voudrai vous parler d'abord du narrateur, présent mais discret : témoin, il raconte l'histoire des autres, et non la sienne. Ces autres, ce sont deux couples : Terry et Kay ou la grandeur et la décadence du système américain, Johel et Nadia, grandeur et misère d'Haïti. Entre eux, contre eux, celui que l'on nomme le Sénateur, homme de pouvoir.
Mais le véritable personnage central de ce roman, c'est Haïti tout entière, son passé, son présent, sa culture, et plus particulièrement sa musique, des faits sordides, tragiques que l'on connaît peu, ou mal. C'est l'extrême pauvreté, des adultes, et par conséquent des enfants. La scolarisation pour tous, la santé, les soins médicaux sont encore utopiques malgré la présence de très nombreuses ONG – trop ? Haïti m'a semblé un pays sous tutelle, un pays incapable de se débrouiller tout seul, que les autres pays aident avec un brin de condescendance (suivez mon regard en direction des USA, mais pas que).
L'intrigue centrale nous saisit en pleine campagne électorale avec le Sénateur, qui est quasiment sûr de conserver son siège, et le juge Johel, qui se lance dans la bataille et entraîne à sa suite des soutiens variés et parfois inattendus. L'enjeu ? La construction d'une route. Vu de France – ou d'Amérique – construire une route peut paraître étrange, nous qui sommes tellement habitués à rouler quotidiennement sur des routes qui nous emmènent là où l'on veut. La diversité des enjeux autour de cette construction nous apparaît peu à peu dans ce roman foisonnant, à la tonalité variée – l'humour côtoie le tragique, rien n'est uniforme dans cette oeuvre, jusqu'au dénouement qui apparaît comme un coup de théâtre – ou un coup de tonnerre.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Merci à Léa de Picabo River Book et aux éditions Albin Michel de m'avoir permis de lire ce roman.
Je suis une lectrice de la littérature haïtienne et aime beaucoup les différents textes qui parlent de cette île, qui a une histoire passionnante (biographie de Toussaint Louverture, le fascinant roman de Madison Smartt Bell ) ou actuelle (les romans de Lyonel Trouillot, Dany Laferrière..) mais souvent mes lectures sont du point de vue d'auteurs haïtiens. Cette fois, il s'agit d'un auteur américain et de son point de vue de la situation de cette île et surtout la vision des humanitaires qui viennent sur cette île, depuis de nombreuses années, les « aider », que ce soient des européens, des onusiens ou des américains.
Ce roman se passe dans la ville de Jéremie, petite ville au bout de l'île et où il n'y a pas de route pour rejoindre facilement Port au prince, la capitale. L'enjeu de la construction d'une route va alors devenir l'un des sujets des prochaines élections sénatoriales. le vieux sénateur en place va alors se retrouver affronté à un plus jeune candidat, un jeune juge intègre. Johel Celestin va alors se lancer dans la campagne électorale, avec l'aide de Teddy, un fonctionnaire onusien, américain, ancien sheriff américain. Celui-ci vient de s'installer sur l'Ile. Nous allons aussi croiser Kate, la femme de Terry, qui va venir le rejoindre, Nadia, la femme de Johel. Raconté par un narrateur, écrivain, miroir de l'auteur (qui a été lui-même fonctionnaire humanitaire), ce livre est le récit aussi des rapports amicaux, amoureux de ce quatuor. Mais les personnages secondaires sont aussi touchants : le vieux sénateur qui ne veut pas perdre son poste, Jonathan, un jeune qui va se lancer dans la campagne électorale du jeune juge, le narrateur. Ce roman est foisonnant comme peut l'être la vie : des descriptions intéressantes du travail des humanitaires internationaux qui sont là pour aider ou pas d'ailleurs, la campagne électorale et les combines (clientélisme) et Haïti et ses traditions vaudou. J'ai beaucoup apprécié la lecture et les différents niveaux de lecture : un livre proche de ses personnages mais qui est aussi une leçon d'histoire récente de la situation haïtienne. Un livre avec de belles pages de poésie pure, des descriptions dures de la situation sociale de Haïti, des personnages touchants et aussi des notes d'humour décalé. Un livre que je conseille.
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critiques presse (2)
LeDevoir
06 août 2018
Avec ce roman à la précision efficace, l’écrivain parvient à poser un regard « oblique intérieur » sur la réalité haïtienne, sur les motivations souvent complexes qui poussent à faire de l’aide humanitaire à l’étranger.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
04 mai 2018
Dans « Dieu ne tue personne en Haïti », l’écrivain américain donne à voir et à entendre comme rarement la réalité du pays caribéen.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L’histoire que les habitants d’Anse-du-Clerc racontent pour justifier leurs malheurs est toujours une variation sur le même thème : la rancune conduit à la haine, la haine à la magie, la magie à la mort. Il existe un proverbe créole, « Pas gen mort Bondieu nan Haiti », qui signifie littéralement : « Dieu ne tue personne en Haïti », et, métaphoriquement, que personne n’y meurt de mort naturelle. Quand la souffrance semble dénuée de cause évidente, ils en inventent une, et la chose qui permet de passer de la cause à l’effet est le surnaturel. Quand on raisonne de cette manière, chaque mort est un meurtre, chaque infortune un crime ; et le monde s’éclaire alors d’une sorte d’affreuse logique meurtrière. C’est précisément le genre d’histoire que je vais vous raconter ici.
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J'avance l'hypothèse qu'il existe des affinités naturelles entre certaines langues et certaines formes de discours. Sibilant et cérémonieux, le français est sans nul doute, d'aprés mon expérience, la langue de la séduction et de la diplomatie, la langue des mensonges. L'italien en revance particulièrement entraînant est idéal avec ces diminutifs pour converser avec les enfants. Le grec ancien est à la fois la langue de l'épopée, de la tragédie et de la philosophie. J'irai au combat avec quel combattant parlant le latin, si brutal et incisif, et j'ai du mal à comprendre qu'on puyisse vouloir écrire un roman dans un autre idiome que l'anglais avec son vocabulaire surabondant et sa remarquable capacité à passer sans effort du lyrique au vulgaire, de l'obscéne au sublime. mais si je devais haranguer la foule je le ferai en créole. Le créole a cette faculté de ciondenser le sentiment et l'idée, une concision, une violence qui font des haîtiens de brillants orateurs, y compris les moins volubiles et dans la bouche de quelqu'un qui sait vraiment parler une langue magifique. p340
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Le Sénateur commença à rire à son tour, et cria quelque chose en créole à l'intention des badauds ; le seul mot que Terry parvint à saisir était "blan". Il se sentit humilié aux yeux de ses collègues, qui observaient la confrontation depuis l'entrée de l'hôtel.
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[....] à mon sens, une bonne histoire est la plus grande de toutes les inventions littéraires, le seul domaine de notre existence où pour chaque "Pourquoi?" il existe un "Parce que...". Ces mots "Pourquoi" et "Parce que" pourraient bien être la meilleure chose que notre espèce ait à offrir.
Et c'est donc ce chemin que nous suivons, franchissant d'un bond l'abîme terrifiant pour atterrir sur des pierres solides jusqu'à trouver, juste après le dernier "parce que", comme n'importe quel Haïtien le sait, quelque chose de sublime ; si près que vous pouvez le toucher, si proche que vous pouvez le sentir, si chaud qu'il peut vous brûler.
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J'avance l'hypothèse qu'il existe des affinités naturelles entre certaines langues et certaines formes de discours.
Sibilant et cérémonieux, le français est sans nul doute, d'après mon expérience, la langue de la séduction et de la diplomatie, la langue des mensonges.
L'italien en revanche particulièrement entraînant est idéal avec ces diminutifs pour converser avec les enfants.
Le grec ancien est à la fois la langue de l'épopée, de la tragédie et de la philosophie.
J'irai au combat avec quel combattant parlant le latin, si brutal et incisif,
et j'ai du mal à comprendre qu'on puisse vouloir écrire un roman dans un autre idiome que l'anglais avec son vocabulaire surabondant et sa remarquable capacité à passer sans effort du lyrique au vulgaire, de l'obscène au sublime. Mais si je devais haranguer la foule je le ferai en créole. Le créole a cette faculté de condenser le sentiment et l'idée, une concision, une violence qui font des haïtiens de brillants orateurs, y compris les moins volubiles et dans la bouche de quelqu'un qui sait vraiment parler une langue magnifique.
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Vidéo de Mischa Berlinski
Jérémie, « la Cité des poètes », est une petite ville d?Haïti qui semble coupée du monde faute de routes praticables. C?est là, face à une mer de carte postale, qu?atterrit l?Américain Terry White, ancien shérif de Floride, après avoir accepté un poste aux Nations unies. Rapidement happé par la vie locale et ses intrigues politiques, il se lie d?amitié avec Johel Célestin, un jeune juge respecté de tous, qu?il convainc de se présenter aux élections afin de renverser le redoutable sénateur Maxime Bayard, un homme aussi charismatique que corrompu. Mais le charme mystérieux de Nadia, la femme du juge, va en décider autrement, alors que le terrible séisme de 2010 s?apprête à dévaster l?île...
Portrait féroce du pouvoir et magnifique histoire d?amour, ce roman inspiré de l?expérience de l?auteur rend un vibrant hommage à l?énergie éclatante du peuple des Haïtiens et de leur culture. Avec le regard d?un journaliste et la verve d?un collectionneur d?histoires, mêlant la tragédie à un humour ravageur, Mischa Berlinski s?impose comme un incroyable conteur.
http://www.albin-michel.fr/ouvrages/dieu-ne-tue-personne-en-haiti-9782226391940
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