Ce qui m'a donné le plus envie de lire ce livre, c'était la perspective d'y glaner quelques évocations de la déportation en Nouvelle Calédonie de
Louise Michel après sa condamnation pour son rôle dans l'Insurrection de la Commune de
Paris. Cette femme, qui pourrait presque incarner à elle seule toute la révolte et tous les idéaux qui ont permis à la France de l'époque de finalement réussir à s'arracher à son passé monarchique, est aussi une source d'inspiration inépuisable pour les générations qui ont hérité de cette émancipation sans avoir eu à la conquérir.
A ma grande joie,
Jetés aux ténèbres s'ouvre sur un cri du coeur de
Victor Hugo, dont j'aime penser qu'il pourrait aussi se lire comme un résumé succinct de la vie de
Louise Michel et du ressort de son action politique, tant il colle avec l'intensité de son individualité.
Contre toute attente, je découvre juste après cette citation que le héros du roman est, tout à l'opposé, un jeune ingénieur centralien qui semble un peu tombé là par hasard et qui doit en grande partie sa survie mentale aux colis et lettres que lui envoient ses parents tout au long de cette terrifiante et interminable déportation à l'autre bout du monde.
Le récit confirme que les conditions inhumaines de cette tragique déportation n'ont pas donné d'autres choix aux Communards que le mode survie. Néanmoins, la perspective historique et l'aventure romanesque offrent la possibilité d'une belle réflexion sur les thèmes de l'exil et de la confrontation à la part d'illusion inhérente aux idéaux.
Quant aux évocations de
Louise Michel au fil du roman, ma représentation du personnage historique s'en est trouvée enrichie, à ma grande satisfaction. Je recommande cette oeuvre qui relie brillamment l'expérience de la déportation à son contexte, dans une Nouvelle Calédonie en proie aux violences de la colonisation, à ses débuts.