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EAN : 9782373852615
119 pages
Les éditions du Sonneur (12/05/2022)
3.97/5   86 notes
Résumé :
Prix du Lions Club France 2023

Une catastrophe a fait s'effondrer une mine. Reclus au fond, protégé in extremis par un wagonnet renversé, une berline, Fernand se remémore sa vie à mesure qu'il approche d'une mort presque certaine.

Crépuscule des années 1960, quelque part dans un pays de fer et de charbon. Une catastrophe a fait s'effondrer la mine. Reclus au fond, protégé in extremis par un wagonnet renversé, une berline, Fernand se r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Un vrai coup de coeur pour ce 1er roman magistral !Années 60, quelque part en Lorraine.
Fernand, 23 ans, travaille à la mine.
Le récit débute par son réveil. Il est dans le noir absolu, seul, le corps en compote.
Un effondrement s'est produit, balançant tout autour de lui et lui avec : les hommes, le matériel, les pierres…
Il est enfermé, coincé sous une berline qui l'a protégé mais le maintient prisonnier.
Rivé au fond, sa mémoire remonte. Dans le noir absolu, enfin il voit clair. le corps est certes pris au piège mais libéré du travail pénible, il peut dès lors « Penser, penser, penser, se souvenir, se rappeler, descendre dans sa vie comme dans un puits de mine, explorer sa mémoire pulvérisée, son histoire en miettes, rien d'autre à se mettre sous la dent, rien d'autre ».
Ni mort, ni vivant, il attend de l'aide.
Mi mort, mi vivant il attend la mort. Mais elle tarde à venir. Son envoyé est là pourtant. C'est cet oiseau noir qui, par ses remarques intempestives, relance la mécanique du souvenir. Chaque chapitre est un bloc de souvenirs qu'il soulève un à un : sa mère asséchée par une vieille douleur, son père taiseux, son oncle et sa tante, son ami de toujours Mario, son seul amour Martha et son village, et la mine, la mine bien sûr.
Qu'il est touchant Fernand avec sa culpabilité, sa résignation, son absence de rancune, son besoin d'amour.
La poésie côtoie de trivial au gré des divagations de Fernand, de ses états d'âme.
Et étrangement, il y quelque chose de théâtral dans ce long monologue intérieur pourtant écrit à la 3ème personne.
J'ai adoré l'entendre.
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Livre de 119 pages, très touchant. L'auteur nous décrit avec beaucoup d'émotion, de doutes et d'espoir, le thème de la mort, dans des conditions assez spéciales.

La mine s'écroula sous l'effet d'une forte déflagration sur Fernand. La déflagration avait plaqué son corps contre la paroi. Il ne savait pas dans quel état était son corps. C'était le silence complet, le trou noir dans sa tête. Etait-il mort ? Peut-être que c'était aussi cela, la mort. En tout cas, il était pire qu'en prison. Une prison, dont il ne pouvait même pas bouger. Soudain, il entendit une voix qui lui demandait de se réveiller.

Il se rappelait, alors, son grand-père et son père mineurs. Et lui, qui avait dit, qu'il ne travaillerait jamais dans une mine. Il voulait être jardinier, mais il n'avait pas eu le choix. « C'était comme ça », disait sa mère.

Il se rappelait sa mère, si silencieuse, dont il connaissait si peu de chose d'elle, qui répétait sans cesse « C'est comme ça. », lorsqu'il essayait de lui parler. Cette mère, qui lui faisait porter le lourd et douloureux fardeau de la mort de son aîné. Elle ne lui en avait jamais parlé, mais il avait compris lorsqu'ils allaient au cimetière. Lui, était le mort-vivant, vivant dans l'ombre de son frère. Toute sa vie, il avait été frustré par celle qui lui faisait comprendre que c'était sa faute, si elle souffrait ainsi. Il aurait tant voulu que sa mère l'aime. Jamais, elle ne l'avait pris dans ses bras, trop occupée à aimer cet autre enfant.
Il se rappelait son père, qui souffrait comme lui de la mauvaise humeur de cette femme. Ce père, si peu bavard lors des journées de pêche avec lui, mais qui lui parlait tout bas quand sa mère se mettait en colère. Il revit sa douleur, lorsque son père les avait quittés.
Il se rappelait son ami d'enfance, Mario, prit comme lui dans l'effondrement de cette mine. Il avait tant partagé de bons moments avec lui, le foot, les bagarres, les filles…
Et puis, il se rappelait Martha, à qui il n'avait jamais osé lui dire qu'il l'aimait.
Sa tête n'arrêtait pas de lui imposer des souvenirs.
Il voyait de vieilles pierres, des couleurs provençales. Il sentait l'odeur de la lavande. C'était beau là-bas.

Il sentit qu'il avait faim et soif. S'il mangeait un doigt, le sentirait-il ? Impossible, il ne pouvait pas bouger. Alors, il rêva qu'il mangeait. Il garda les yeux ouverts de peur de rater la lumière d'un réverbère, d'une étoile, d'un simple petit rayon de lumière. On ne sait jamais. La nuit noire, sous cette terre, était, désormais, son autre planète. Il voyait les mêmes oiseaux noirs voler au-dessus de lui, qu'il avait vus quand son père l'avait quitté. S'il n'était pas mort, celle-ci n'était pas loin. Allait-il rejoindre son père ? S'il s'en sortait, il se promit de tout aimer.

Soudain, tout se mélangea dans sa tête. Les visages qu'il connaissait se superposaient. Il avait mal, mais se sentait bien. Il crut entendre des voix qui l'appelaient. Son père peut-être ? Il voyait une légère lumière. La mort venait-elle le chercher ???

Magnifique roman et magnifique écriture, qui nous laisse sans mots…
Céline Righi a remporté avec Berline, le premier Prix, « Premières Paroles », en 2023.
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Eh bien pour un premier roman ,Céline Righi,peut être fière : une belle réussite!Nous sentons la parolière et les ateliers d'écriture derrière.
Un très bel hommage rendu aux " gueules noires" au travers le personnage de Fernand ,23 ans,mineur de fond .
Un éboulement s'est produit dans la mine où travaille Fernand ,et il se trouve coincé sous une berline.dans un semi coma, il ne sait pas si il est mort ou vivant au début puis petit à petit il prend conscience qu'il est en vie mais salement amoché.
Et surtout pour ne pas sombrer dans un état léthargique, il va s''obliger à faire remonter les souvenirs. Pages de vie auxquelles il va se "raccrocher".S'inventant un messager: l'oiseau noir ,afin de ne pas s'endormir,de ne pas mourir il refera le chemin à l'envers.L'image de la mère prédominante, m'a fait penser à Folcoche( vipère au poing de H.Bazin.) ,sauf qu'ici la brutalité physique est absente tout comme l'amour de cette femme " taiseuse".Elle ne dit rien est froide et dure comme une pierre.Court roman: 119 pages ,raconté à la 3ème personne.chaque personnage va nous être décrit: le père ,la mère,l'oncle et la tante ,la grand-mère et surtout le grand copain :Mario ,qui sourit tout le temps,ainsi que quelques habitants du quartier,et tout cela sublimé par une écriture ciselée ,pointue.Des tableaux sombres mais en même temps lumineux ,tellement tendres et humoristiques parfois, qui m'ont laissé en apnée au côté de Fernand : un petit bijou ce roman que je vous conseille fortement
d'ouvrir.
Lu dans le cadre du1er roman sélectionné par : Terres de paroles.⭐⭐⭐⭐⭐
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Mon coup de coeur dans les premiers romans en lice pour le prix Québec-France Marie-Claire Blais 2023-2024. J'étais membre du jury de présélection et ce titre avait franchi cette étape. Puis, les comités de lecture régionaux l'ont choisi comme lauréate.

Un roman à la fois noir et lumineux. Une oeuvre magistrale avec comme thématique les divagations et les états d'âme d'un mineur à l'article de la mort. Une écriture à la fois poétique (« le chagrin lui avait enfariné les cheveux en une nuit ») et sombre (« Il est sorti d'un trou noir pour atterrir dans d'autres trous noirs »). Personnages touchants, à commencer par le narrateur.

Tout au long du récit, le lecteur se sent prisonnier sous la benne avec Fernand dont le passé horrible remonte à la surface. Belle structure littéraire qui permet de découvrir progressivement la triste enfance du mineur, son adolescence, ses parents, son seul ami, son seul amour, son village ouvrier, ses frasques, les relations faciles avec son père, malaisées avec sa mère. le tout teinté de certains éclats d'humour qui mettent un baume sur le tragique de ce parcours.

Belle idée que cette petite voix intérieure qui se matérialise sous la forme d'un oiseau noir avec lequel Fernand échange. Belles métaphores, dont celle sur l'origine de la vie de Fernand et le sort qui l'attend.

Un éloge à la survie qui ne se concrétise qu'à la dernière phrase qui nous surprend et nous émeut.

Tout le drame de Fernand se résume dans cet extrait :

« Lui, ce qu'il aurait voulu, c'est être jardinier. Pas mineur, pas ouvrier, pas paysan: jardinier. Il aurait voulu travailler la terre par petits bouts, cultiver des couleurs, des odeurs, des morceaux de beauté. Être au-dessus, pas en dessous. À genoux sous le ciel, et creuser la terre à mains nues, s'écorcher aux cailloux, au rugueux des racines. Même avec le sang aux phalanges, il aurait été heureux comme ça, sous les soleils brûlants ou les pluies battantes. Travailler au grand jour. Respirer autre chose que la poussière et les fumées. Mais, au village, c'était la mine ou l'usine. Basta. »

Après une carrière d'enseignante en lettres modernes, Céline Righi, petite-fille de mineurs originaire d'Hussigny-Godbrange (département de Meurthe-et-Moselle, à la frontière avec le Grand-Duché du Luxembourg) et qui réside maintenant entre Strasbourg et sa maison en bois des Vosges se consacre entièrement à ses activités d'écriture. Chanteuse et parolière, elle anime des ateliers d'écriture auprès des détenus de la Maison d'arrêt de Strasbourg, de personnes âgées et d'enfants déscolarisés à la suite à des situations de harcèlement. En septembre 2021, elle remporte à l'unanimité le Grand Prix du jury du concours « Lire pour en sortir », parrainé par Leïla Slimani.

À propos de Berline, Céline Righi déclare :

« J'ai voulu apporter un peu de lumière au sein d'un destin très sombre. Et donner de l'espoir aux lecteurs. Nous ne sommes pas condamnés à vivre dans l'obscurité. Mon roman est un hymne à la liberté et à la compréhension. Oui, c'est un livre sur l'enfermement. Mais dans le noir, coincé sous cette berline, Fernand va cheminer vers une merveilleuse compréhension de lui-même. Il va pouvoir vivre sa vie comme il l'entend. C'est un roman lumineux. »

En Europe, le premier roman de Céline Righi a été multiprimé :

· Prix du livre à Metz – Marguerite Puhl Demange (2023)
· Prix national des Lions de Littérature (2023)
· Prix Roblès (2023)
· Prix du Festival du premier roman de Chambéry (2023)
· Prix Premières Paroles du festival Terres de Paroles en Seine-Maritime (2023)

Un dossier de presse est disponible sur le site des Éditions du Sonneur où on peut également télécharger un extrait en format PDF.

On trouvera également un résumé détaillé du roman réalisé par Chat GPT à la demande du journal en ligne ActuaLitté reproduit sur leur site web le 26 mai 2023 à l'occasion de l'annonce du Prix national Lions de Littérature 2023.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

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Si ma bibliothécaire ne me l'avait pas recommandé je n'aurai jamais ouvert ce premier roman à la couverture du sombre, sombre comme la mine, de or du récit. Bloqué sous terre. Fernand, 23 ans, retrace sa vie. Il paraît que c'est ce qui arrive quand on est aux portes du dernier voyage.
Dans une écriture à la fois simple, précise dans l'évocation d'une époque, les années 60, d'un milieu, la mine, le monde ouvrier, l'auteure comme le narrateur ausculte, décortique les étapes marquantes des souvenirs, les sentiments qu'ils laissent dans le coeur.
On s'y retrouve parfois, c'est a la fois simple et profond, c'est le genre de roman qui laisse des traces comme la suie sur le corps et les poumons. Prometteur.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
IL SE SENT MILLE. Il est sa mère, son père le Mario,Martha,l'oncle,la tante,le village tout entier.Il est toute l'humanité. Il est le courage et la lâcheté, la méchanceté et la gentillesse,la haine et l'amour.Il n'est plus sous terre il est là terre.Il n'est plus sous la pierre,il est la Pierre.Il est là nuit et le silence.Il dit oui à tout même à la tragédie, aux ombres à la mine ,aux ténèbres.
Devant lui,l'oiseau noir vibre d'une drôle de manière. Il se dédouble. De son bec ne sort plus le moindre son.Ses plumes expulsent des boules sombres,qui à leur tour deviennent des oiseaux: des corneilles, des corbeaux,des choucas qui se multiplient à l'infini,une nuée d'oiseaux charbon qui l'aspire, l'entraîne au fond de ce que fut sa vie.Flou.Fondu au noir.( Page 118)..........
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PREMIER BLOC

Il ne sait pas depuis combien de temps il est là, sous la chose.Il se demande s'il est vivant ou mort mais,s'il se pose la question ,c'est peut-être qu'il est encore un peu vivant. Il sent qu'il a mal, la sensation est confuse comme lorsque l'hiver vous pince le bout des doigts et que vous ne savez pas dire si c'est gelé ou brûlant. ( Page 7).
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Couic. À l’intérieur de la mère, l’effondrement. On enterre son petit. Le bien-aimé. Elle maigrit, se ratatine. D’une maigreur épouvantable, mondieumondieumondieu, qu’on est même demandé combien de temps elle allait pouvoir durer comme ça. C’est la tante qui raconte. Un matin, la mère s’est levée avec le haut du crâne tout blanc. Le chagrin lui avait enfariné les cheveux en une nuit. Et après ? Après, il arrive. Un an plus tard, comme un pet sur une toile cirée. Mais ça ne console pas la mère, tant s’en faut. Elle avait déjà misé tout son amour sur le premier, placé son affection comme on place une épargne, mais manque de bol, patatras, banqueroute. Le petit mort continue de vivre en elle, l’amour qu’elle a pour lui aussi,et ça lui mange toute sa chair. Lui ne montera jamais sur la première marche du podium, il sera comme l’autre, à vélo, qu’il avait vu une fois dans le poste de télévision, chez l’oncle et la tante : l’éternel second. L’ombre du mort, l’ombre d’une ombre. On ne lui dit rien, on ne lui explique pas qu’il y a eu un fils avant lui. Il sent seulement que sa vie sonne faux, que la mère a de drôles d’idées. Il a trois ou quatre ans. Elle l’emmène au cimetière presque tous les jours. Faut aller arroser, qu’elle répète.
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Sa respiration est calme,il ne fait plus le chien.Il ouvre les yeux,les ferme ,les rouvre,mais quoiqu'il fasse,il rencontre la nuit.Dans ce silence de mort,il est pris dans la solitude Tel un insecte dans l'ambre.Pourtant ,il ne se sent pas seul.La chose lui tient compagnie.Qui l'emprisonne autant qu'elle le protège, comme un sarcophage.S'il respire encore ,c'est grâce à elle.Sans cela, il serait mort comme les autres ,écrabouillé sous le minérai.Le sang frappe à ses tempes .La pointe de sa langue sonde l'intérieur de sa bouche ,tapote le palais ,lèche les dents.Sensation d'avoir la cavité buccale fourrée de feutrine.Quelque chose--du caillou? Obstrue sa gorge,et un goût de ferraille lui emplit le bouche.Relent d'enfance : l'odeur de l'évier en inox ,quand la mère le récurait au grattoir; plus elle frottait ,plus l'air se chargeait de métal .Ce souvenir lui soulève le coeur. En le recrachant, il reconnaît le goût du sang.( Page 58/59).
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La brise du printemps dispersait les odeurs de la rue et les bruits du quotidien, propulsait la plainte lourde de la sirène qui râlait toujours de la même façon : d’abord se gondolait, traçait une spirale sonore, voulait attraper sa note, puis se déroulait dans les graves et se tendait brusquement comme un serpent avant de mordre; le cri raidi se dressait dans le ciel et déchirait les nuages, finissait par se planter dans les oreilles des femmes, des enfants, ils la connaissaient bien, la vilaine mélodie qui chantait, Il est arrivé quelque chose. Tout le village se figeait. On priait le bon Dieu, sainte Barbe et tout ce qu’on pouvait pour que ce ne soit pas chez nous.
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