Ce livre n'est vraiment une biographie de Danton, mais plutôt un ensemble d'articles qui couvrent chaque période de la vie du tribun révolutionnaire et chaque aspect de sa personnalité. Ces articles émanent pour la plupart d'universitaires spécialisés dans la Révolution française et malheureusement cela se sent dans la forme et l'écriture.
Les deux premiers articles ne dépareraient pas une revue universitaire spécialisée, mais sont particulièrement pesants et peu accessibles au commun des mortels. La suite s'arrange quelque peu, et le lecteur lamda reprend des couleurs après avoir frisé la dépression.
Reste le personnage historique que les différents intervenants présentent de façon assez éloignée de l'hagiographie habituelle. On découvre un profiteur qui a su s'élever dans les charges de la magistrature royale, qui prend le train de la Révolution et sent au sein du club des Cordelier qu'il a une influence et un charisme particulier, grâce à une certaine maîtrise de l'art oratoire. Il est ministre de la justice en septembre 1792, lorsque des extrémistes exécutent en masse dans les prisons bien plus de prisonniers de droit commun que de politiques. A t-il laissé faire ? A t-il estimé qu'il fallait que le peuple passe sa colère pour que le pouvoir reprenne la main ?
Commissaire de la Convention en Belgique, pourquoi y couvre t-il Dumouriez, le général en chef, qui va finir par trahir ? Intérêt mercantile, intérêts croisés ? Danton revient à l'Assemblée plus ardent, plus désireux de porter la guerre à l'étranger (avec son fameux « de l'audace encore de l'audace »), plus acharné à écarter les tièdes, avant de fleurter dangereusement avec la frange modérée. L'imagerie historique l'oppose à
Robespierre, mais finalement les deux allaient dans le même sens, se soutenant l'un l'autre parfois, jusqu'à la crise finale où
Robespierre envoie Danton et Desmoulin à l'échafaud. le mythe se construit alors là.
A l'arrivée, le personnage n'est pas fait d'un bloc, et a du coup pu opposer des générations d'historiens, qui à l'aune de leur propre pensée l'ont placé de tel ou tel côté de l'échiquier politique. Mais finalement, il reste un homme de stature imposante, intéressé par l'argent, et peut être même corrompu, sincèrement révolutionnaire, mais aussi quelque peu changeant dans sa définition du peuple et de ses aspirations.
Ce livre a donc essentiellement le mérite de revoir le personnage historique de fond en comble, sans facilité. Merci à l'éditeur et à Babelio d'avoir entraîné cette révision devenue nécessaire de la période révolutionnaire.