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EAN : 9782021174267
272 pages
Seuil (04/02/2016)
3.92/5   13 notes
Résumé :
Dans ce portrait passionné et souvent inattendu, Pierre Birnbaum redonne pleinement vie à Léon Blum : le dreyfusard, l'homme de Juin 36 et de ses immenses conquêtes sociales, mais aussi le jeune dandy aux goûts littéraires d'avant-garde, l'homme d'action doté d'un réel courage physique, l'avocat de l'émancipation sexuelle des femmes, l'amoureux aux multiples vies. Il relit aussi ses engagements à la lumière de l'histoire de ces Juifs d'État, " fous de la République ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique


Je lis rarement des biographies mais cet homme me semblait en valoir la peine.

J'ignore si celle-ci est la meilleure mais elle m'a permis de mettre plus de vie sur ce nom attaché pour moi presque exclusivement au Front Populaire. Je ne savais pas que sa judéité était si importante pour lui, comme j'ignorais son dandysme de jeunesse qui m'a un peu surprise. Un personnage plus complexe que ce que je croyais.

Mission accomplie envers moi, monsieur Birnbaum.

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Forcément hagiographique, une biographie très documentée de cet homme d'Etat un peu oublié aujourd'hui, dont les idées ont profondément marqué la doxa socialiste mais auquel la très courte période où il a exercé le pouvoir n'a permis de réaliser qu'une petite partie de son projet.

J'avoue que, bien que situant le personnage dans le cours de notre histoire, je n'en connaissais presque rien. Avec cet ouvrage – un peu répétitif, difficile d'accès – je mesure à quel point les principes et tendances du Parti Socialiste d'aujourd'hui – avec toutes ses contradictions – découlent de ses idées. Je mesure aussi la violence de l'antisémitisme français pendant et après l'explosion de l'affaire Dreyfus, puis entre les deux guerres, et comment il s'est cristallisé avec l'arrivée au pouvoir du chef du parti socialiste, initiateur de la politique de Front Populaire dans une France exsangue, vouée aux violences des ligues d'extrême-droite.

L'auteur décrit l'homme comme plein de contradictions : un personnage hors du commun (il réussit le concours d'entrée à l'Ecole Normale Supérieure mais s'en fait exclure dès la première année pour absentéisme, puis réussit le concours du Conseil d'Etat et devient un juriste assidu et respecté), tout à la fois efféminé et viril (il soigne sa mise avec passion mais ne se refuse pas à de violents duels), admirateur de Stendhal, esthète et ami de Barrès, de Proust et d'Alfred Cortot, à la voix chantante et à l'apparence fragile, Juif amoureux de la littérature et des femmes pour lesquelles il prône l'égalité totale et les expériences sexuelles avant le mariage (il se marie trois fois, entretient pendant des années une liaison), un homme d'Etat qui proclame que la voie du progrès passe par les réformes et non la Révolution, patriote internationaliste avide de paix – on lui reprochera son absence d'intervention en faveur des Républicains espagnols - un passionné de son seul pays la France, mais qui ne cache pas ses engagements sionistes …

Léon Blum (1872- 1950) adopte et applique les idées de Jean Jaurès - c'est grâce à lui qu'il s'intéressera à l'Affaire Dreyfus – et incarne le haut fonctionnaire partisan d'un pouvoir exécutif fort qui garantit aux plus faibles l'amélioration de leur condition. le courage de demeurer minoritaire lors du Congrès de Tours de 1920 et le refus d'allégeance à l'URSS en toutes circonstances, puis l'alliance qui permet la victoire électorale de 1936 sont particulièrement bien expliqués. Ce sera l'application des 40 heures, les congés payés, la représentation syndicale, l'ensemble des dispositions du Front Populaire qui resteront dans les mémoires mais se termineront hélas sur une période dramatique.

Le livre est éclairant, mais je trouve que l'auteur insiste lourdement sur le statut de Juifs d'Etat « fous de la République » auquel il a déjà consacré un ouvrage et dont Léon Blum serait l'archétype. Mais, pour une néophyte comme moi, c'est un véritable trousseau de clés pour décoder les tiraillements des socialistes contemporains. Les hommes trépassent, mais leurs idées subsistent …

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Un portrait très intéressant de Léon Blum homme politique . le récit de sa carrière d'homme d'Etat est émaillé de citations de ses articles, livres et discours . Une belle révision des leçons d' Histoire du lycée .
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critiques presse (1)
LePoint
30 janvier 2017
Il s'agit ici de tirer un fil fécond, qui revisite aussi les chocs antisémites vécus par Blum lors de son accession au pouvoir puis sous Vichy, comme son long compagnonnage avec le sionisme, lui qui fut un de ses premiers soutiens. Chaque mot, pesé, pensé, sonne juste.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Stendhal comme Blum n’en deviennent pas moins de solides auditeurs au Conseil d’État, des fonctionnaires rigoureux dans leurs analyses juridiques qui n’entendent pas se détourner pour autant de l’objet de leur passion, la recherche éperdue du bonheur, de l’amour, mus par « l’avidité amoureuse, formée ou forcée par la lecture, alimentée par la rêverie [qui] dépendait de l’imagination seule  ». L’amour est la grande affaire de leur vie, l’amour attendu, recherché, conquis de haute lutte. Stendhal, le romantique, échoue pourtant à conquérir l’être aimé, ses maîtresses lui échappent et l’accomplissement de ses désirs demeure davantage de l’ordre de l’imagination. Léon Blum y parvient, lui, sans même respecter les fameuses étapes de la « cristallisation » prescrites par son « frère » Stendhal. À ses yeux, ce dernier « ne connut jamais l’impulsion dominatrice des sens dont la femme subit confusément l’empire et qui oblige l’homme à risquer  » !
Tout au long de sa vie, Blum fait figure de jeune homme décidé et entreprenant, il reste fidèle à l’adolescent rêveur qu’il a été, il conserve l’audace de Julien Sorel, le courage de Fabrice, les rêves de Lucien, préserve, mieux que Stendhal qui recule devant l’action, leur jeunesse, leur rêve de bonheur, leur optimisme jusqu’à en faire, dans les moments les plus tragiques, la règle essentielle de sa propre vie.
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Il a à peine vingt ans lorsqu’il fait paraître dans La Revue blanche, en septembre 1892, une longue dissertation sur le rêve et l’action dans la recherche du bonheur qui « donne à Fabrice del Dongo et à Julien Sorel cette fougue intérieure de passion 1 ». Dans la même veine, il publie peu après la nouvelle intitulée « Ceci et cela », récit des incertitudes amoureuses d’un jeune homme désemparé qui a « coutume de chercher dans Le Rouge et le Noir ces conseils précis d’action ; […] chaque soir Julien Sorel me faisait goûter la saveur [de la passion] jusqu’à l’ivresse. J’en étais arrivé à confondre peu à peu nos vies ; il était en moi la raison conseillère 2 ». Dès lors, le héros décide d’agir comme Julien, de saisir de la main sa propre Mme de Rénal avant que l’horloge ne sonne dix heures car autrement « Julien rougissait de moi » 3. Le jeune Blum qui se lance dans la carrière littéraire s’identifie corps et âme aux héros de Stendhal. Il s’engage dans la rédaction d’un livre tout entier consacré à l’écrivain.
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À l’instar encore des héros de Stendhal, il ne s’en laisse pas compter, il règle les affrontements à coups d’épée. On comprend que Julien Sorel, Fabrice del Dongo et surtout Lucien Leuwen, qui passent d’un duel à l’autre, hantent son imagination. Tout comme Stendhal encore, et avec Lucien Leuwen, Blum exècre le « juste milieu », ces hiérarchies sociales qui écrasent les aptitudes, les ambitions individuelles ainsi que les passions : comme Stendhal, il dénonce cette morgue des puissants qui méprisent le peuple et pervertissent la jeunesse en l’incitant aux compromissions. Dans ce sens, Blum fait sien le « mépris de l’argent ou des affaires » de Stendhal et de ses héros Fabrice ou Lucien, leur culte de la Révolution française, moment privilégié de remise en question de l’ordre social, de libération des énergies, d’ouverture des destins individuels et leur jacobinisme.
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Comme le De l’Amour de Stendhal, Proust écrit, dans Jean Santeuil, première ébauche de la Recherche, de longues pages qui seront intitulées « Sur l’amour » tandis que Blum fait paraître, au même moment, en 1907, son livre scandale, Du mariage. Tous deux voient en Stendhal un professeur d’énergie, un chantre de la jeunesse, de l’individualisme, de la passion. Jean, le héros de Jean Santeuil, écrit Proust, « pensait toujours » à lui, le théoricien de l’égotisme, lorsqu’il courtisait Mme S. en jouissant « plus de son amour que de son amante », avec un plaisir « dont il avait vu la vivacité chez Julien Sorel, chez Fabrice del Dongo, dans le livre De l’amour » . Blum demeure le plus constant dans son admiration : contrairement à Proust, il admire le volontarisme des personnages stendhaliens qui ne cantonnent pas leurs désirs à leur seule imagination.
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Vidéo de Pierre Birnbaum
Un débat avec les historiens Limore Yagil et Pierre Birnbaum, le 25 février, au Théâtre Libre. Félicie, Maria, Fabien... C'est une famille de paysans haut-pyrénéens, une famille comme ces milliers de Français qui ont caché des enfants juifs et défié les lois iniques du régime de Vichy. Après avoir longtemps négligé le souvenir de cet épisode, l'historien Pierre Birnbaum y revient dans un livre très personnel. Comment penser, aujourd'hui, la concomitance de l'abjection de la Révolution nationale et de l'héroïsme anonyme du sauvetage ?
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