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EAN : 9782491560263
160 pages
Le Realgar (24/08/2021)
5/5   2 notes
Résumé :
Des saisons, des sourires, des malheurs, des malices : en somme, des vies. Les raconter, c'est écrire des nouvelles, les rassembler c'est rédiger le roman d'un « petit pays ». Mais pas n'importe lequel.

« Il faut commencer par là : ce petit pays tient tout entier dans la main. Une paume suffit à le contenir, avec ses champs, ses bosquets, ses collines, ses routes, ses prés [...]. On aurait tort toutefois de croire que tout est paisible. La contrée ig... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quelle délicieuse lecture que ce roman-par-nouvelles, forme très personnelle inventée par Jean-Noël Blanc, qui consiste à rassembler des nouvelles pour rédiger un roman.
Pour nous Parler du pays, il commence avec Amédée, un taiseux, qui vit seul avec son père dans une ferme isolée. « Avant la mort du père, on lui arrachait quelques phrases. Depuis, il est comme une porte fermée ». Et pourtant, à la fin de cette première nouvelle, après un acte héroïque, quand on l'interrogera sur l'occupant nazi qui est passé par la ferme, il aura cette répartie : « un petit péteux ».
D'autres portraits, celui de Mademoiselle Martineau qui fait « sa petite couture », de Gros-Pif qui doit faire face aux moqueries de Raoul sur son acné, d'Igor le sculpteur qui modèle la glaise en s'adaptant au goût des touristes, de ce peintre amateur qui trouvera peut-être la gloire, de Massoud, ce SDF qui squatte l'ancienne ferme de Symphorien et sur qui le Marcel et le Loulou, à l'arrivée de la neige lancent le pari de savoir combien de temps il va tenir, et d'autres encore comme l'instituteur ou Michel ou Madame Chastaing.
Les pauvres, les riches comme ceux qui vivent à la Maladrerie, une nouvelle est d'ailleurs consacrée à son propriétaire à qui le curé vient donner l'extrême-onction, le bistrot, le bal, les saisons, un ensemble de récits qui sont là pour parler du pays, raconter la vie de ce village un peu perdu.
Jean-Noël Blanc saisit des instants de vie et parvient à les restituer à merveille. Les paysages, l'environnement, les personnages semblent présents : on voit, on respire, on sent, on entend … On a l'impression de faire partie du tableau. Il évoque avec poésie le vent ou l'orage, les saisons et notamment la rudesse de l'hiver montrant, comment ils façonnent le paysage tout comme les hommes.
Certaines descriptions de paysages ou l'évocation de l'exode rural m'ont parfois fait penser à la magnifique chanson de Jean Ferrat « La montagne ».
J'ai aimé ce regard ironique, très pertinent que Jean-Noêl Blanc porte sur la société. C'est toujours par petites touches, comme un peintre, qu'il avance dans ses descriptions pour rendre au final d'excellents tableaux. D'ailleurs, outre ses qualités d'écrivain, il fait preuve d'un talent certain pour le dessin et la peinture, en illustrant superbement lui-même son bouquin, rajoutant ainsi de l'âme à son texte.
Si l'auteur est stéphanois, il n'en connaît pas moins, très bien, la région lyonnaise. Preuve en est lorsqu'il décrit les tribulations de cet instituteur ayant fui le village, et cherchant refuge à Lyon où il a déjà vécu.
Des sourires, des peines, des moments heureux, d'autres malheureux, beaucoup de malice et d'ironie mais aussi de tendresse, de délicatesse et de poésie, composent ce roman-par-nouvelles empreint de chaleur humaine, rédigé avec une écriture précise, ciselée, au style très personnel, bref, un délice !
Si j'avais beaucoup apprécié le nez à la fenêtre, de Jean-Noël Blanc, je me suis à nouveau régalée avec Parler du pays, sa dernière publication, que j'ai pu découvrir grâce à Babelio et aux Éditions le Réalgar que je remercie infiniment.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ah la quiétude de la campagne ! Paix, camaraderie, vaches paisibles, petits oiseaux ? Euh…pas tout à fait ça, non ! Jean-Noël Blanc excelle dans la description OBJECTIVE de la nature et de ceux qui la côtoient. Et c'est un régal.

Dans un roman, enfin non, plutôt des nouvelles mais qui ont chacune un rapport entre elles, comme le village décrit dans ce livre, où les habitants sont racontés dans leur individualité, l'auteur dépeint l'émerveillement suivi souvent par le désenchantement ; il pointe son stylo là où ça fait mal, là où l'être humain se révèle très humain, càd très faillible. Avec une touche d'humour ou d'ironie bien placée, il nous narre la tromperie, la jalousie, le secret honteux, l'hypocrisie – religieuse ou non -, mais aussi quelques sentiments bien ronds, bien nets, bien pleins.

De l'instituteur au sculpteur, de la vieille fille à la toute jeune adolescente, du vieux fermier au collégien mal dans sa peau, du moribond aux fillettes pré-pubères, j'ai suivi avec ravissement les histoires qui s'entrecoupent.

Et puis, cerise sur le gâteau, la nature, omniprésente, est offerte avec tellement de poésie, tellement de diversité, que je n'ai qu'une envie, me rendre dans ce petit village non loin de Lyon, ville elle-même décrite dans une des nouvelles.

Ecoutons maintenant Jean-Noël Blanc parler de son pays.
« La burle, c'est quand le vent tourmente la neige. Ces tourments ne sont pas réservés à la neige. Les hommes eux aussi les connaissent. Voilà pourquoi c'est en hiver qu'il faut prendre la mesure exacte de ce pays d'hommes rudes, qui se taisent plus qu'ils ne parlent.
Autrement, il ne reste qu'à s'en aller. »

Moi, je reste.

Merci à Babelio et aux éditions le Réalgar pour ce cadeau lors de la dernière Masse Critique, je répète, j'ai adoré !
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Merci à Babelio de m'avoir permis de recevoir ce livre.
C'est d'abord un bel objet, agrémenté de dessins et peintures de l'auteur.
C'est une écriture sèche, comme le pays qu'elle décrit, des phrases courtes, avec quelquefois des expressions populaires, connues de tous.
C'est une série de nouvelles dures, acides, désespérées en quelque sorte : la vie telle qu'elle est, les humains tels qu'ils sont, dans ce village ou bien ailleurs, quand ils s'y déplacent. Un pessimisme à la Maupassant, pour vous donner une idée de l'impression que j'en ai eu. Et j'ai aussi pensé à Marie-Hélène Laffont, pour le style. "Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire", paraît-il. Un style contemporain, bien en accord avec le sujet. Une exposition des faits.
Un" roman-par-nouvelles" réaliste :
"C'est là qu'il convient d'être si l'on veut saisir les mystères et les drames de cette saison que le passant hâtif, qui se figure l'été comme une période aussi franche qu'une main ouverte, prend à tort pour un temps lisse, lumineux sans profondeur et sans vertige".



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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
On ne peut pas rater le café du village : il est sur la place, juste en face de l’église. Entre les deux, quatre platanes au garde-à-vous séparent l’espace des hommes de celui des femmes. Là-bas des senteurs d’encens et d’ombre, des chants étouffés et monotones, ici une terrasse, du soleil, des mots qui claquent et des odeurs de bière ou de pastis. La géographie sociale est implacable.
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Longue vie maintenant monsieur le président, tu n’écoutais pas, tu pensais comme je vais m’ennuyer à la Maladrerie, et ce con de toubib qui, Seigneur pardon pour le mot mais ce con de toubib avec son air par en dessous répétant mon vieux mets la pédale douce, j’étais sûr que j’allais m’emmerder. Le soir, parfois, un coup d’œil à la télévision, pas beaucoup, cette vulgarité. Mieux vaut lire. Surtout l’Histoire. L’expérience, les racines. Au moins que le repos serve à.
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La lumière est frileuse en hiver. Elle ne s’attarde pas, elle rentre tôt : les après-midi glissent dans l’ombre. De loin en loin, des clartés jaunes s’obstinent. Fenêtres, maisons, lampes, familles. Un peu de vie peut-être. Pas beaucoup. Plus pour longtemps. Déjà le jour abandonne le terrain. Le ciel n’a plus de profondeur, les reliefs s’affaiblissent, les contrastes se noient, tout coule dans une boue lente.
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La paix revenue, il est resté dans sa ferme, seul. Comme si rien ne s’était passé. La municipalité lui a installé l’eau courante, l’électricité, et même, bien plus tard, le téléphone. Ce téléphone, il s’en est servi une seule fois : pour appeler le médecin au moment où il a senti venir son attaque. Quand le docteur est arrivé, c’était trop tard.
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Comme tout centre qui se respecte, il a fignolé le décor. Murets de pierres sèches, cultures en terrasses, vignes agrippées au flanc d’une colline, vergers perchés, labours accrochés à des versants qui effraieraient une chèvre. Mais ce n’est pas par souci d’élégance. C’est par besoin, et par besogne ; Depuis longtemps, tout ici a été bâti de main d’homme et de peine d’homme.
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