Heinrich Böll est un grand écrivain allemand qu'il n'est pas donné à tous de bien apprécier. Quand on pense à lui, ce qui nous vient en tête, c'est surtout son prix Nobel ou deux-trois de ses romans les plus populaires. Mais c'est qu'il a eu une carrière littéraire prolifique et, dans les années 1960, alors qu'il se consacrait surtout à son engagement politique, quelques uns de ses romans sont passés presque inaperçus. C'est le cas de
Fin de mission, qui lui permettait de dénoncer un peu la situation en Allemagne. On y retoruve sa vision pessimiste tant du système judiciare que politique qui, selon lui, ne s'appuyaient pas sur des bases morales très solides mais plutôt sur l'avidité, la corruption, la pingrerie, la petitesse d'esprit, etc.
C'est un peu tout ça qu'on retrouve dans
Fin de mission. Dans une petite ville de Rhénanie (je ne me rappelle plus laquelle, mais ses habitants me donnaient l'impression d'avoir cet « esprit de village » propice à ce que Böll souhaitait dénoncer), Grulh père et fils ont mis le feu à un véhicule de l'armée qu'ils avaient subtilisés. Les deux répondent coupable aux accusations, tout aurait pu être réglé rapidement mais on insiste pour en faire un procès tapageur. C'est l'occasion pour beaucoup (allant du brigadier au curé) de laisser aller leurs bassesses et leur mesquineries tout à fait gratuitement.
Bref,
Fin de mission, c'est une parodie de procès mais surtout une critique sociale. Tellement que ça en devient drôle. Toutefois, d'un point de vue littéraire, c'est un peu lourd et mélangeant, la narration ne suivant pas un seul individu (ou quelques uns) mais se promenant chez tous les citadins impliqués de près ou de loin dans ce simulâcre procès. En particulier le journaliste. Aussi, quiconque a déjà lu du Böll sait qu'il s'attelle à une oeuvre intelligente et, conséquemment, pas toujours facile d'approche. C'est comme écouter un film tchèque avec des sous-titres anglais… Même si c'était intéressant (par moment) j'avais hâte d'arriver à la fin.