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EAN : 9782849905395
Editions des Equateurs (18/01/2018)
3.35/5   13 notes
Résumé :
« À l’épreuve du vide, j’appris à ne me fier qu’au territoire. Il est la seule matière, l’unique élément de la vie des hommes. Je me méfie du récit des origines, des sociologies, des familles. J’accorde peu de crédit au mythe de l’éducation et aux affres du travail, mais je crois absolument à la Bible que nous livrent les territoires. »

Le roman débute dans une petite ville française de bord de mer, construite comme un bastion. Une cale au regard de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pour commencer, je remercie les éditions des Equateurs ainsi que Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Ce livre est assez déroutant. A titres et à sens multiples.
Il l'est dans son statut : on parle de roman, mais c'est une autobiographie à peu près explicite, qui frise le récit. Difficile de savoir quels aspects et propos sont fictionnés. Mais de ça en fait on s'en fout. C'est le sujet actuel et quasi permanent en littérature, et qui, au fond, n'est ni un problème en soi ni une question à résoudre : c'est comme ça. C'est ok.

Déroutant quant au style : Justine Bo sait écrire, il y a pas mal de bonnes formules, de bonnes métaphores (même si certaines sont déjà connues et pour lesquelles on frôle parfois le carton jaune du cliché. Dommage parce qu'on sent que l'auteure voue sa vie à connaître, à creuser et chercher et donc - on imagine - qu'on peut sortir des clichés. (Je crois que parfois c'est tout bonnement impossible.))

Déroutant, puisque le livre se déroule dans plusieurs lieux, plusieurs "territoires". Qui, en principe, sont situés géographiquement de façon précise (longitude, latitude données; ainsi que d'autres détails colorant l'atmosphère du moment et du temps). On passe de l'un à l'autre parfois un rien brutalement aussi, parce qu'il y a quelques inclusions-flashes back, mais grosso modo ça va, on peut retrouver l'adhérence facilement.
Petite ville de province, en Normandie, marquée par la seconde guerre mondiale, Paris et ses castes, la Syrie et son horreur progressive jusqu'au désastre, des allusions à Hiroshima, au Maghreb et ses révolutions printanières, New-York et son cynisme, la déception, les Etats-Unis et tout son chapelet de vies pathétiques mise à nu sous l'oeil d'un média racoleur et faussement humaniste, Paris encore pour un retour dans l'actuel de l'auteure-cinéaste etc et son travail salutaire, pour elle et pour d'autres, espérons-le.

Déroutant parce que beaucoup de thèmes, sans doute trop. Un monde compliqué, complexe, profondément injuste, dégoûtant, violent, violant, malsain, pathétique, voyeuriste, où les larves cotoyent les requins, ou sont exclues des milieux montants...
Il y a de la douleur, physique, de la torture même, mais aussi de la douleur mentale, psychologique, de la torture même... du sociétal et de l'intime.

C'est aussi le journal d'une femme, dans un monde qui reste patriarcal, machiste, et qui observe, qui subit, qui agit, qui marche, qui trébuche, qui avance...

Déroutant sur la forme, ou les formes. L'auteure place des inclusions de chansons, de rêveries, de "fausses" scènes et de dialogues de personnages parfois étranges, de vraies citations.

Et oh, oui, crucial : l'importance des mots, du sens des mots, de l'étymologie. A de multiples reprises, l'auteur part, repart de l'étymologie de mots tant radotés aujourd'hui qu'on n'en saisit plus le sens. Et l'auteure fait son travail d'archéologue des mots et c'est l'occasion ensuite de reposer des idées, relancer un débat...
Un exemple : "Je reconnais ces visages dans la démarche des badauds : ce poids lent, mou, qui me rappelle mes propres gestes chaque fois que je dus me fondre dans le moule de l'employé. Employé : lorsqu'on nous emploie, on n'agit plus, on est un participe passé. On nous emploie. On nous utilise. On nous utilise. On dit j'ai employé ce type dans tel bureau comme in dirait j'ai employé le couteau pour éplucher les patates. L'homme employé est interchangeable, idéalement anémié du cerveau et résigné à l'idée que sa situation 'évoluera pas."

Les mots et le langage, à la fois indispensable et tellement vain.
Les territoires, les terres, les lieux eux sont premiers, les seuls qui restent, et en même temps, eux aussi, sont imaginaires, pas si réels que ça, flous, floués...
L'homme n'est que de passage. Se prolonger a-t-il lui aussi du sens ?

Etant un psychologue travaillant dans les assuétudes, tout le passage sur son frère toxicomane et alcoolique, la perdition totale, progressive, les épisodes familiaux dramatiques y touchant, l'écart que sa soeur a dû mettre entre eux, pour se protéger... Tout ça m'a beaucoup parlé et touché. Témoignage honnête, sincère.
Connaissant moins bien les autres thématiques, je ne peux pas les "juger" de la même façon, mais j'imagine que ceux qui les connaissent bien auront le sentiment qu'elles sont également traitées de façon honnête, sincère, authentique, vraie, que sais-je... En cela, on peut estimer que Justine Bo a réussi son ouvrage. de façon générale, elle écrit avec un regard, un oeil, une voix, des idées et tente de nous les transmettre, on peut ou pas s'y sentir proche et apprécier.

Personnellement, j'ai plutôt apprécié ce livre, qui à la fois ne sert strictement à rien, et qui sera très probablement noyé dans la masse des livres de l'année, livre qui traite de trop de choses pour être identifié, et en même temps, ce côté "couteau suisse" est plaisant, on ne s'ennuie pas. Et on apprend. On n'a jamais fini d'apprendre de ce monstre humain. de grâce.



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C'est un roman de l'aventure et de l'intime qui vient de trouver sa place dans le catalogue des Editions des Equateurs. Justime Bo propose Si nous ne brûlons pas, le récit de pérégrinations aussi bien à l'intérieur d'elle-même qu'à l'intérieur de son (ses ?) pays. Lettres it be a fait le voyage avec la jeune auteure née en 1989 à Cherbourg et vous en dit un petit peu plus.


# La bande-annonce



« À l'épreuve du vide, j'appris à ne me fier qu'au territoire. Il est la seule matière, l'unique élément de la vie des hommes. Je me méfie du récit des origines, des sociologies, des familles. J'accorde peu de crédit au mythe de l'éducation et aux affres du travail, mais je crois absolument à la Bible que nous livrent les territoires. »


Le roman débute dans une petite ville française de bord de mer, construite comme un bastion. Une cale au regard de l'univers. La narratrice a 27 ans et une conviction : échapper au piège de la reproduction. Elle étudie la rage au ventre, avec l'obsession de « s'en sortir », de déjouer les frontières. de la côte Atlantique au Proche-Orient, puis aux États-Unis, elle part à la recherche de son identité. Mais il n'est pas de fuite ni d'ascension qui ne connaisse de chute.


La géographie intime de Justine Bo fouille les lieux honnis : ceux de l'origine et de la déchirure. Sa plume âpre révèle la violence de notre société, engoncée dans ses territoires. L'insurrection passe alors par l'écriture et la création. Ce road movie incandescent dresse autant le portrait d'une époque que celui d'une évadée.


# L'avis de Lettres it be


Pour son troisième roman, Justine Bo s'aventure sur des pistes plutôt périlleuses de la littérature. Après le remarqué le type qui voulait arrêter de mourir paru en 2016 ou encore Fils de Sham sorti pour sa part en 2013, Justine Bo renoue une fois encore avec ses terrains de prédilection : le voyage et la parole donnée aux gens d'en bas et d'ailleurs. Facile de glisser dans le lieu commun et le déjà lu lorsque l'on fait se confronter sa plume à de telles thématiques. Et pourtant, par un exercice d'équilibrisme globalement bien mené, l'auteure délivre un ouvrage intéressant, captivant par moment, rudement bien écrit. C'est d'ailleurs sur ce point que l'on retire la principale grande force de ce livre : Justine Bo sait écrire, et même plutôt bien. de quoi donner à la forme un important retentissement que l'on ne retrouve pas forcément, et à regret, dans le fond.


La jeunesse d'ici et d'ailleurs, l'incommensurable envie de révolution, les aspirations manquées, ceux qui ne sont pas l'élite, Paris, les abords de Sciences Po, Damas, les Etats-Unis … Justine Bo s'empare de tous ces thèmes, de tous ces personnages et de tous ces lieux pour construire pièce par pièce son histoire. Une histoire qui se mêle d'ailleurs beaucoup avec celle de l'auteure, au point que l'on se surprend à croire souvent à une autobiographie, tout du moins une autofiction. Malgré cela, on voyage avec le personnage de ce récit, on va de continent en continent suivant les envies de la jeune fille narratrice-actrice. Mais de l'envie d'ailleurs au caprice d'une nantie, il n'y a qu'un pas qui semble être parfois franchi dans ce livre où l'on peine à suivre tous les mouvements proposés, et qui le sont même parfois sans réelle transition. C'est surprenant, et pas forcément plus mal.



Justine Bo multiplie les originalités d'écriture dans son roman, c'est indéniable. Les petits arrêts étymologiques, les latitudes et longitudes des endroits évoqués, les vagabondages à travers les continents, les ressassements du passé etc. Autant d'éléments qui ponctuent la lecture de façon agréable. le parallèle est vite fait d'ailleurs avec Frederika Amalia Finkelstein, une auteure qui semblerait similaire à Justine Bo si ce n'est physiquement mais surtout dans ce rejet de l'aujourd'hui et cette envie d'ailleurs. Sauf que toute l'originalité de l'écriture de Justine Bo est exactement ce qui semble les séparer. Malgré tout, on regrettera l'aspect « Journal intime d'une pré-adulte » qui, lorsque les pages se tournent et que la fin approche lentement, peine à captiver et garder en haleine. Mais cette navigation entre autofiction et récit de voyages intérieurs/extérieurs convainc en grande partie et montre Justine Bo a, sans nul doute, de beaux jours et de belles pages devant elle.


Retrouvez toute la chronique sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Dans ce livre autobiographique l'auteur nous emmène dans les différents lieux de sa vie : de Cherbourg à paris, puis karashi Londres new York...
Justine Bo, issue d'un milieu social ouvrier, arrive grâce à l'école, à sa passion des mots et sa persévérance à monter dans l'échelle sociale. Elle nous livre ses états d'âmes de l'époque ainsi que son analyse sociologique d'aujourd'hui, avec le recul.
Tout ceci dans une belle écriture je trouve.
Le récit est parfois sombre, et justine Bo est tres critique envers notre sociétés et ses analyses ne manquent pas d'interet. Sa vie croise la misère bien souvent.

Un livre assez intéressant, même si parfois C'est un peu "lourd. Pour les adeptes de lecture legeres, fuyez !
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Livre reçu dans le cadre de Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Equateurs.
Plutôt qu'un roman, j'ai abordé ce livre comme un récit, récit autobiographique ou plutôt série de récits autobiographiques, pas spécialement dans l'ordre chronologique, mais disposés de façon à comprendre le cheminement de l'auteur pour sortir du carcan que ses origines lui traçait. Dès l'enfance, elle est confinée dans un territoire : celui de sa petite ville, de son milieu social modeste, de sa condition de fille mais aussi de son prénom. Première étape, les études et pas moins que Science-Po. Puis c'est une sorte de fuite à travers le monde : Damas, Paris, New-York et son obsession pour les coordonnées GPS et par l'étymologie des noms.
Beaucoup de sujets dans ce livre, un peu trop même.
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Un roman d'apprentissage qui explore les rues du monde entier, de Ramallah jusqu'à Paris.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La Syrie n'est plus un territoire. Elle est un corps outragé Il faut anéantir les hommes jusqu'au dernier. Lorsque le pays sera un désert, enfin, tout pouvoir y apparaîtra comme la solution : sans peuple, plus de problèmes. Face à ce ravage, le monde n'a qu'un rire jaune. Cette grimace, c'est la mienne. Celle de l'impuissance. Damas ne sera plus une ville, elle ne sera qu'un monceau de ruines. Il n'y a qu'une putain de guerre pour me faire citer la Bible. Mon cerveau est gazé au sarin, mes neurones brûlés au napalm.
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Une révolution, C'est d'abord un malentendu. Sinon elle n'a pas lieu. Puis elle dure, et on appelle cela une guerre. De là à dire que toute guerre s'ouvre sur un malentendu...
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Vidéo de Justine Bo
« Et la voici, Eve Melville, sculptée d'un seul pan de glaise, pas un pli, pas une ride, pas un mot plus haut que l'autre, qui se redresse au milieu de Halsey Street, au milieu des voisins à leurs fenêtres et des enfants réunis sur la route vide, qui nous regarde un à un et qui murmure
ma maison est noire »
Un matin d'août 2016, un cri déchire le coeur de Brooklyn : la maison d'Eve Melville a été peinte en noir pendant la nuit. Eve la tient de son arrière-grand-père, Solomon Melville, né esclave en Géorgie. Ce stigmate sur sa façade avive le souvenir. L'héroïne tranquille devient inquiétante, s'accroche à sa propriété comme à sa mémoire et se révolte contre les promoteurs qui défigurent le paysage de son enfance.
Entre l'affranchissement de Solomon et la furie d'Eve, ce roman entrechoque les mythologies américaines : la torture dans les plantations d'indigo, les spectres du Vietnam, l'apparition du sida et les émeutes qui secouèrent Brooklyn à l'aube des années 1990.
Dans une langue incantatoire, magnifique, puissante, ce cantique pour Eve Melville remonte aux racines d'un pays qui rejoue sans cesse ses batailles.
Née en 1989, Justine Bo est écrivain. "Eve Melville, Cantique" est son septième roman.
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