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EAN : 9782246827108
224 pages
Grasset (05/01/2022)
3.38/5   4 notes
Résumé :
“Un jour, j’ai cessé de vivre. Mon corps chutait. Je disparaissais. Il fallait écrire l’inceste. Non pas écrire sur l’inceste. Mais écrire par l’inceste. Par circonvolutions. Par va-et-vient. Écrire par le chaos. Il était temps de “donner forme à la mémoire”. Je suis allée en Atlantique. J’ai rendu visite à mon oncle Yórgos. J’ai tout enregistré. Il disait, “dis-moi où et quand”. J’étais dans son pavillon, comme vingt-sept ans auparavant. Mon oncle m’exhortait de di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Jeune écrivaine, Justine Bo choisit pour son cinquième roman, Alphabet, de raconter la violence du monde faite à Junon, sorte de double pour ce roman autobiographique, qui va lui permettre de reconquérir la maîtrise de sa vie.

Junon décide de refaire à l'envers la route vers le traumatisme dont elle garde trace dans sa personnalité sans qu'elle en est un souvenir précis. Elle se remémore la main intrusive, la chaleur du visage trop proche, ses jambes dans le vide mais un trou noir entoure la suite sans qu'elle puisse lever le voile qui trouble sa conscience. Normal, elle n'avait que cinq ans !

Néanmoins, même en mettant de la distance, même en rompant avec sa famille proche, Junon arrive à l'évidence qu'il faut qu'elle regarde en face le déséquilibre qu'elle ressent et qu'elle fasse le voyage pour chercher des réponses. Ce voyage se fait jusqu'en Grèce, pour retrouver un oncle par alliance.

Justine Bo décrit ce lent cheminement pour reconnaitre le trouble, comprendre qu'il devient indispensable de le considérer à sa juste place et décide de partir à la rencontre de cet homme qui l'a agressée. Dans sa quête, elle englobe l'histoire familiale depuis plusieurs générations, puisqu'il en fait partie. Et, la question du manque de protection devient lancinante.

Un énième roman sur l'inceste, direz-vous ! Oui, certes, mais doublée d'un objet littéraire d'une grande qualité. Les mots sont hachés, propulsés sur le papier pour dire la violence, l'effraction, la combustion dont Junon est victime. Les phrases sont scandées, hurlées, décortiquées mais très souvent gardent la poésie des sons et du sens.

Au delà de l'acte lui-même, interdit, les réactions des membres de la famille recouvrent une violence que Justine Bo montre parfaitement. Il y a vraiment un avant et un après la révélation. Plus rien ne sera comme avant. Une famille se disloque sous nos yeux. Mais, Junon a de la chance: ses parents, malgré leurs propres malveillances, vont la suivre, même si ils en ressortiront tous choqués à jamais !

Le sujet d' Alphabet est rude et insoutenable. L'écriture de Justine Bo est ample, allant chercher l'accusation directe pour redonner du souffle à son héroïne afin qu'elle cesse enfin de ressasser pour s'ouvrir à sa vie. Une réussite !
Merci à @NetGalleyFrance et @Editionsgrasset pour la découverte de #Alphabet de #JustineBo

Lien : https://vagabondageautourdes..
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Une lecture qui laisse des traces.
Le thème n'est clairement pas un thème facile à lire et encore moins facile à vivre.
L'inceste. Comment peut-on s'en sortir, affronter ses démons, ses silences? Peut-on le surmonter vraiment?
Ce roman a aussi une écriture particulière. J'ai eu un peu de mal à m'y faire, mais je trouve que cela va bien avec ce roman. Je pense que soit on y adhère, soit ça ne passera pas.
Un court roman, mais qui restera dans ma mémoire.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Me gagne sans cesse l'impression qu'on me fait violence. Alors écrire, c'est faire violence. Te faire violence à toi, lecteur, une violence à côté de la violence, une violence qui se réfléchit, une violence sans réel, une violence à retardement, à fragmentation, une violence surréelle. La violence est l'endroit où corps et esprit en moi se trouvent. Le monde un champ de bataille.
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L' Europe tire son essence du crime de Zeus. Le viol nous initie. Il est apprentissage. Apprentissage de la barbarie. Apprentissage de la civilisation. L'entrée dans la civilisation par la barbarie. Le viol est notre barbarie intérieure. Il est à l'origine. Sacré. Il est un rite sacrificiel. Il est notre alphabet. Un massacre lent, cellule à cellule, sur des siècles, par saillies infimes à toute heure du jour et de la nuit, entre les tâches ménagères, pendant les repas, dans les transports, au hasard ou avec préméditation, par désir, par coutume ou habitude, amertume, dépit, colère, curiosité, par confort, par sauvagerie, par humanité. Nous avons intégré cet abécédaire
de violence.
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Le silence est le rivage sublime de la violence. Il est sa beauté. Le silence sert à maintenir intact le sacré de la violence. Dire la violence, c'est détruire. Non pas le monde autour, mais la violence elle - même. Violence sacrée. Sanctifiée par le silence. Honorée par lui. Énoncée par lui. Lui seul capable de dire la violence. Les mots, entachant la pureté du silence, annulent la violence.
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Trembler pour les mains d'un soudeur de troisième zone dans une culotte de coton que je n'avais pas choisie et qui, si j'en crois les standards de l'époque, devrait porter des fleurs ou tout autre motif qui me déplaisait, trembler pour ça ne vaut pas la peine du tremblement.
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Je suis l'écrivain, l'absente. Je n'existe que par des mots consignés sur des lignes, contretemps dans nos partitions archaïques.
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Videos de Justine Bo (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Justine Bo
« Et la voici, Eve Melville, sculptée d'un seul pan de glaise, pas un pli, pas une ride, pas un mot plus haut que l'autre, qui se redresse au milieu de Halsey Street, au milieu des voisins à leurs fenêtres et des enfants réunis sur la route vide, qui nous regarde un à un et qui murmure
ma maison est noire »
Un matin d'août 2016, un cri déchire le coeur de Brooklyn : la maison d'Eve Melville a été peinte en noir pendant la nuit. Eve la tient de son arrière-grand-père, Solomon Melville, né esclave en Géorgie. Ce stigmate sur sa façade avive le souvenir. L'héroïne tranquille devient inquiétante, s'accroche à sa propriété comme à sa mémoire et se révolte contre les promoteurs qui défigurent le paysage de son enfance.
Entre l'affranchissement de Solomon et la furie d'Eve, ce roman entrechoque les mythologies américaines : la torture dans les plantations d'indigo, les spectres du Vietnam, l'apparition du sida et les émeutes qui secouèrent Brooklyn à l'aube des années 1990.
Dans une langue incantatoire, magnifique, puissante, ce cantique pour Eve Melville remonte aux racines d'un pays qui rejoue sans cesse ses batailles.
Née en 1989, Justine Bo est écrivain. "Eve Melville, Cantique" est son septième roman.
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