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2.57/5 (sur 131 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1991
Biographie :

Frederika Amalia Finkelstein fait son entrée en littérature avec un livre de mémoire nommé L’Oubli (2014). Salué par la critique à sa sortie et notamment par l’auteur JMG Le Clézio, ce roman se présente comme une suite de pensées calquée au rythme d’une marche erratique dans Paris.

Voulant oublier, Alma n’y parvient pas, et sans cesse refluent dans sa mémoire les images dont elle cherche à se débarrasser. Son deuxième roman, Survivre (2017) est également un livre de déambulation, celle-ci ahurie par les attentats du 13 novembre. Jeune autrice, Frederika Amalia Finkelstein s’inscrit donc dans le sillage de celles et ceux qui cherchent à penser la manière dont l’Histoire, le contexte politique et social, impriment leurs marques sur les subjectivités et leurs expressions.

Après un détour musical sous le pseudo Alma Este, dans laquelle elle chante d’une voix légère The Story of Alma, l’écrivaine revient avec un troisième roman, Aimer sans savoir, être sans comprendre. L’occasion parfaite pour l’interroger sur ses sources d’inspirations et ses méthodes de travail.


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Source : villa gillet
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Bibliographie de Frederika Amalia Finkelstein   (3)Voir plus


Frederika Amalia Finkelstein à propos de son roman L`Oubli


Alma, le personnage de votre roman, est hantée par les souvenirs de la Shoah et revendique le droit à l`oubli. Pouvez-vous nous parler d`elle plus en détails ?

Ce n`est pas véritablement un livre sur la Shoah. C`est un livre sur la difficulté de vivre au XXIe siècle et sur le tragique de la mémoire ; le temps passe et les événements s`éloignent. Alma refuse cette loi inévitable, en même temps qu`elle refuse la façon dont la société organise la transmission des génocides, notamment la Shoah. C`est un livre sur une jeune femme qui ne connaît pratiquement rien de son passé, qui se sent perdue dans le présent et qui n`a aucune notion du futur. J`ai voulu créer une héroïne, une figure forte et vulnérable, qui donne plus qu`elle ne devrait, qui donne trop. Il y a une forme d`inconscience dans son rapport au monde ; une innocence presque excessive, une soif de vivre et de vaincre à la hauteur de ses désillusions. C`est un être qui désire violemment être libre, dans un temps où ce mot a perdu toute saveur. Où le lyrisme, la gloire, la mélancolie, l`amour, la peur, sont à dissimuler.


Il y a un côté fictionnel dans L`Oubli, puisque l`on suit quelques heures de la vie d`Alma, mais les nombreuses réflexions font aussi pencher l`ouvrage du côté de l`essai. Quelle était votre intention de départ quand vous avez décidé d`écrire ce livre ?

Je voulais écrire un livre qui changerait ma vie et qui pourrait changer le cours du monde. C`est un rêve impossible, illusoire, et pourtant j`y ai follement cru, je m`y suis employé d`une manière déraisonnable. Je voulais arrêter le temps ; le fixer dans un lieu clos, physique : dans un livre. Aussi, je voulais créer un univers où je déciderais de tout car cela m`était interdit dans le réel. Enfin, cela peut paraître un peu puéril, mais je voulais dire au monde entier, en le criant presque : je ne m`amuse plus.


Alma nous fait part de ses nombreuses réflexions. Dans quelle mesure vos idées rejoignent celles de votre personnage ? Sont-elles exactement les mêmes ou bien sont-elles adaptées au caractère de ce personnage fictionnel ?

En chacun de nous demeure une part sombre. Certains la cachent, d`autres l`ignorent, d`autres l`exhibent ; je crois qu`un écrivain la prend et la fait jouer avec le feu. Je partage des idées avec Alma — je ne dirais pas à quel point, car cela serait la faire sortir de son lieu : le royaume de la fiction.


Dans une société où les jeunes générations sont éloignées de cette période de la Shoah, pensez-vous que ces problématiques liées à l`oubli pourront les toucher, ou bien que, à l`instar de la jeune fille rencontrée par Alma dans le livre, ils ne se sentent pas concernés par ces réflexions ?

Il y a effectivement quelque chose de tragique dans la mémoire ; j`ai aussi écrit ce livre pour que nous parlions d`une certaine indifférence et d`un gavage ressentis et subis par les nouvelles générations, mais nous ne pouvons pas les accuser : comme je l`ai dit, le temps efface les événéments et il est toujours compliqué de commémorer une violence à laquelle on n`est pas lié par le temps ou par le cercle familial. J`aimerais cependant que les génocides soient regroupés (mais pas désingularisés) dans les manuels d`histoire et enseignés conjointement : le génocide de la Shoah, du Rwanda, le génocide Arménien… Il faudrait qu`il y ait un cours consacré à la violence : un cours sur l`histoire de la violence.
En tous les cas, un de mes vœux est que L`Oubli soit lu par les jeunes générations. Il y a une forme de bien-pensance qu`il est parfois difficile de surmonter.


Vous faites beaucoup référence à une culture américanisée dans votre livre qui contient de nombreuses références au Coca-Cola, à la technologie, aux donuts… Etait-ce une façon d`ancrer votre roman dans la modernité ?

C`est une façon d`ancrer mon roman dans le temps qui le fait naître : 2014. le monde occidental, aujourd`hui, fonctionne ainsi. Nous sommes abreuvés de culture américaine : nourriture, divertissement, art, outils de travail et de communication, que cela soit dans les grandes villes ou dans les provinces. Ne pas le faire aurait été pour moi refuser mon temps. Or ma vision de l`écrivain est celle d`un sismographe.


Votre roman a rencontré un fort succès critique, avez-vous été surprise et qu`avez-vous ressenti ?

J`ai vécu ces quatre dernières années dans l`angoisse et la solitude. Je travaillais sans cesse pour achever le livre que je rêvais de lire. Maintenant qu`il est achevé, je m`en sens éjectée. Il appartient aux lecteurs. Que le livre ait été vu par quelques grands lecteurs est un soulagement à la hauteur de la tache que je m`étais fixée, et qui réellement me terrifiait autant qu`elle me portait. Mais je ne baisse pas la garde. La difficulté de la publication demeure.


Après ce premier essai, avez-vous déjà des idées d`œuvres futures ?

Je ne brusque rien, je suis encore vidée. Je garde seulement en vue cette phrase : ne pas perdre le feu.


Frederika Amalia Finkelstein et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Obermann, de Etienne de Senancour.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...)?

François-René de Chateaubriand… Il parvient toujours à garder une once de sa superbe, même dans les situations les plus risibles.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Le bruit et la fureur, de William Faulkner. J`ai pour la première fois lu la vitesse telle que je me l`imaginais.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Probablement Lolita, de Vladimir Nabokov.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Je ne le sais pas encore…


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

J`adore Trans-Atlantique de Witold Gombrowicz. Cela évoque un polonais qui vient trouver le refuge à Buenos Aires en 1939. Un des livres les plus hilarants et hallucinés que je connaisse.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

La Chartreuse de Parme, de Stendhal. Je le trouve mal écrit.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« La logique est la première chose dont vous devez vous débarrasser » — J. D. Salinger.


Et en ce moment que lisez-vous ?

Luz ou le Temps Sauvage, de Elsa Osorio, qui est un long écho à la dictature militaire en Argentine. Une partie de ma famille a subi cette époque, je m`y intéresse doublement. Et puis Le livre des violences, de William T. Vollmann.


Découvrez "L`Oubli" de Frederika Amalia Finkelstein aux éditions Gallimard :


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« Écrire, c'est une activité du présent d'abord, qui essaie de sauver le passé, mais pas seulement, qui est aussi tournée vers l'avenir. Écrire, c'est en somme donner de l'avenir au passé », écrit Annie Ernaux, qui vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Mais comment raconter ce passé quand on a grandi avec des silences ? Peut-on s'approprier une histoire que l'on ne connaît que partiellement ? Et comment trouver sa propre voix/voie pour dire un traumatisme transmis mais non vécu ? Voici autant de questions auxquelles s'est confrontée notre invitée, la journaliste Sonia Devillers, pour écrire son premier livre. Les Exportés nous mène au coeur d'une histoire familiale et d'un grand scandale de l'Histoire, dans la Roumanie communiste. Un récit marquant, dans la fabrique duquel nous vous proposons de plonger dès maintenant, au fil d'un entretien. Et dans le prolongement de cet échange, nous parcourrons une sélection d'ouvrages qui, tous, s'attachent à la question des silences et du poids de l'histoire avec lesquels on grandit. Bibliographie : - Les Exportés, de Sonia Devillers (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21126300-les-exportes-sonia-devillers-flammarion - L'Oubli, de Frederika Amalia Finkelstein (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/9894583-l-oubli-frederika-amalia-finkelstein-folio - Quand tu écouteras cette chanson, de Lola Lafon (éd. Stock) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21196781-quand-tu-ecouteras-cette-chanson-lola-lafon-stock - Black Indians de la Nouvelle Orléans (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21317333-black-indians-de-la-nouvelle-orleans-au-musee--collectif-beaux-arts-ed *L'extrait lu dans l'épisode est tiré de Quand tu écouteras cette chanson, de Lola Lafon, éd. Stock, pages 42-43.

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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
"Le nom de Hitler n'est pas loin d'être aussi célèbre que le nom Jésus-Christ et que le nom Michael Jackson. Nous mettons tous les noms de l'Histoire dans un grand sac puis nous les confondons. Parfois, je me demande si nous sommes encore en état de faire la distinction entre les bons noms et les mauvais noms: si réellement nous la faisons. Il y a une forme d’indifférence. Je pense qu’aujourd’hui Hitler est un mythe au même titre que Jésus-Christ … et … Mickael Jackson … : nous ne pouvons pas oublier ces noms parce qu’ils sont ancrés dans notre mémoire. Les 14.000.000 d’êtres humains exterminés entre 1933 et 1945 ne sont pas des mythes : nous ne connaissons pas leurs noms. Ils sont poussière, ils sont chiffres. Que cela soit juste ou pas, là n’est pas la question. La morale est comme le fait de gagner : elle est une illusion.
Voilà ce que nous avons fait. Nous avons fait des victimes un amas de chiffres, puis nous avons fait des bourreaux un amas de mythes."
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"L'absence de solution n'est pas exprimable"
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Perdre la mémoire de son passé, c'est avoir la possibilité de démarrer à zéro: vivre libre. Libre mais hanté par l'ignorance de ce qui, un jour, a été. Je voudrais faire de mon ignorance ma grande occasion d'espérer.
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Je suis un peu morose aujourd'hui. Cela m'arrive un jour sur trois ; un jour sur deux peut-être. Pour parer à l'angoisse et à la mélancolie, je fais du sport. Je vais courir trois fois par semaine dans un stade municipal près de la porte de Pantin. J'ai adopté une méthode pour rythmer mon pas : je récite mentalement des listes entières de morts. Plus précisément, j'apprends par cœur des listes de massacres et d'attentats meurtriers sur Wikipédia, et je me les récite dans ma tête tout en faisant des tours de stade. Ce n'est pas plus difficile que d'apprendre des poèmes, et cela me permet de m'abstraire de la peine engendrée par l'effort. [...] Inutile de dire que je sue abondamment, et c'est sans doute pour cela que je cours : c'est comme cela que je pleure, par les pores de la peau (pp. 31-32).
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Je n'ai jamais aimé Edgar. Je voulais simplement que lui, il m'aime. N'est-ce-pas à celà que servent les chiens : à donner de l'affection.Nous adoptons ou achetons un chien pour recevoir de l'affection ainsi qu'une certaine forme de fidélité. Car, je le répète, nous sommes seuls au monde.
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J’éprouve un léger haut-le-cœur; il faut purifier son cerveau des horreurs qui le parsèment, comme des traces d’excréments sous les semelles de ses chaussures. Je dois éliminer ce qui obstrue mes émotions. Il faudrait que je pleure. Cela fait si longtemps. Il le faudrait. J’étais au Drugstore des Champs-Élysées hier matin et je n’ai pas réussi. J’aurais aimé pleurer devant le bar, ou devant les livres, ou devant le rayon frais, mais je ne pensais qu’à Daft Punk et à mon soda, et aussi je pensais à la mort, je pensais à l’horreur qu’on nous a fait vivre ici-même il y a quelques années, à Paris : les rafles, les trains à bestiaux qui ont contenu des Juifs. Ma canette était froide. J’ai aimé ce Pepsi, il m’a rendu le plus grand des services : il m’a désaltérée. »
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Je suis à la recherche d'une solution à mon existence qui n'a jamais été possible pour la simple raison que je suis immergée dans un monde sans solution au problème posé. Il se peut cependant que je me trompe, et que la solution existe mais qu'elle soit sans visage. Comme un n dans une opération arithmétique. Je me dis qu'un tel n pourrait être la solution au problème de mon existence, soit potentiellement n'importe quel chiffre correspondant à un entier naturel. Le chiffre caché derrière le n existe mais jamais il ne pourra être dévoilé parce que sa possibilité est infinie. Dans une telle configuration la solution serait donc cette absence. C'est une pensée que je pourrais admettre car elle me convient. Je pourrais envisager le monde à partir de cette lettre. Je pourrais dire : j'ai trouvé la solution au problème majeur de la vie, à ce mot ingrat qui ne satisfait aucun raisonnement : à la naissance, à la mort, à ce lieu maintenant, à moi, à vous. La solution peut être nommée, elle s'appelle n mais son visage est une ombre. Là-dessus, je ferai silence, nous n'avons pas besoin d'en savoir plus car nous ne le pouvons pas.
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Ma canette était froide. J'ai aimé ce Pepsi, il m'a rendu le plus grand des services : il m'a désaltérée.
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Enchantée,je m'appelle Alma,j'ai entre 20 et 25ans.Alma-Dorothéa est mon véritable prénom,mais tout le monde m'appelle Alma depuis l'adolescence lorsqu'on me demande "comment tu t'appelles?" je me contente de répondre :Alma et de cacher le reste.On m'appelait Dorothéa dans mon enfance mais je veux oublier l'enfant que j'étais pour toujours car nous voulons oublier ce qui en nous se déchire;appelez-moi comme bon vous semble,je vous laisse me nommer.
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Je n'ai pas connu la faim. Je n'ai pas connu la drogue. Je n'ai pas connu la torture. Pour moi la violence se limite aux images, et à l'endurance dont je dois faire preuve pour chaque jour les ingurgiter : ne pas succomber aux écrans. Garder un lieu dans ma tête, si infime soit-il, un lieu dénué de bruit, d'agitation, un lieu dépourvu de haine. Pour l'instant les livres me protègent.
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