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EAN : 9782867466243
190 pages
Liana Lévi (22/08/2012)
3.31/5   70 notes
Résumé :
Sait-on jamais tout de ses proches? Une jeune femme traque les indices discordants dans la biographie lisse de son grand-père, un instituteur au soir de sa vie. Remontant la piste d’un piano silencieux et de vieilles partitions de films muets, elle exhume un passé familial insoupçonné, celui d’une célèbre dynastie de marionnettistes forains. La voici dépositaire du monde féerique du Grand Théâtre Pitou. Auguste, un garçon épicier fasciné par les saltimbanques, l’a f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un petit roman entre saga et biographie familiale qui a fait mon plaisir.

Etre la descendante d'une famille de marionnettistes est bien original !
On imagine une roulotte, des forains allant de ville en ville, dressant un chapiteau éphémère. On imagine aussi des yeux d'enfants émerveillés et des spectateurs fascinés par un spectacle qui rompt leur quotidien de labeur, y apportant magie et évasion.

Il y a de la « commedia del arte » dans notre imaginaire collectif.

La descendante des Pitou qui interroge son grand père instituteur, découvre par les souvenirs du vieux monsieur un passé inconnu et un savoir-faire insolite. Car il s'agit ici de marionnettes à fils, dont l'utilisation requière doigté, force et complexité pour imiter au plus près le naturel.

De l'ancêtre Auguste en 1850 qui quitte un avenir tracé d'épicier normand pour partir faire la route avec un saltimbanque itinérant, à Emile son fils, aux doigts d'or pour imaginer trucages, ce sont trois générations qui se racontent, parlant mise en scène, costumes, décors, et têtes de bois. Une famille qui tient le cap en dépit des guerres et de la discrimination due à leur statut de forains. Quand la sédentarisation arrive au 20ème siècle, les spectacles ne peuvent concurrencer le cinéma et une page se tourne dans un théâtre suranné à la mort annoncée. le Grand Théatre Pitou a vécu…

J'ai aimé ce livre empli de poésie, de liberté, de créativité. L'atmosphère est dépaysante, prend son temps pour nous embarquer dans une roulotte brinquebalante. La narration est intimiste et véhicule de jolies émotions. Elles sont vivantes et attachantes, ces marionnettes ! On se désole d'imaginer notre société avancer beaucoup trop vite pour ces talents artistiques dépassés, qui réunissaient petits et grands dans les mêmes rires et émerveillements.

J'ai moi-même retrouvé avec nostalgie le souvenir de séances de Guignol où mon grand-père riait plus fort que moi et me faisait un peu honte !
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Au milieu du XIXe siècle, les ancêtres de l'auteur étaient saltimbanques. Se déplaçant en roulotte, ils présentaient des spectacles de marionnettes à fils. Des pièces d'inspiration religieuse d'abord, plus fantaisistes et satiriques ensuite avec leur personnage vedette : Crasmagne. Malgré la concurrence de Guignol (marionnette à gaine d'origine lyonnaise) dans la région, ce Grand Théâtre Pitou avait du succès, et l'affaire se transmettait d'une génération à l'autre, évoluant au fil des années pour s'adapter aux attentes du public.

Ce témoignage d'un vieillard - retranscrit artistiquement par sa petite fille - est superbe, sans nul doute. On est très loin des épanchements nombrilistes et creux de certains auteurs en mal d'inspiration qui s'essaient maladroitement à l'autofiction.
Je suis donc particulièrement désolée de ne pas avoir su l'apprécier comme il le mérite. le style de Lucile Bordes n'a rien de banal, il est riche, mais il peut dérouter et décourager. Je n'ai pas réussi à m'y installer, j'ai trop souvent décroché, d'autant plus que les personnages – pourtant consistants – m'ont semblé insaisissables, froids, déprimants.

Je précise que j'avais des a priori négatifs dès la couverture : elle m'évoque les cadavres des épouses de Barbe-Bleue. Les marionnettes à fils ont d'ailleurs tendance à me rebuter d'une manière générale, je trouve leurs visages figés sinistres, macabres et effrayants.

Bref, mon rejet à l'égard ce livre est une conjonction de réticences personnelles.

- 4/5 pour la beauté du livre - 1.5/5 pour l'ennui tout au long de ma lecture
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Un après-midi, une jeune femme entreprend de questionner son grand-père. Elle aimerait comprendre pourquoi, lorsqu'elle était gamine, il était interdit de toucher au piano de l'appartement familial, aux vieilles partitions de films muets. Et pourquoi il a vécu dans une roulotte jusqu'à l'âge de onze ans... Elle exhume en l'écoutant un passé insoupçonné : ils sont les descendants des Pitou, une célèbre dynastie de marionnettistes qui sillonna la France à la tête d'un théâtre d'une surprenante modernité.
A son tour dépositaire de cette histoire insolite, la narratrice imagine les temps forts de leur parcours de saltimbanques : la fondation par Auguste, premier du nom, qui abandonne sa place de garçon d'épicerie en 1850 pour suivre les marionnettes ; le succès au tournant du siècle, porté par Émile, metteur en scène de génie qui intègre les progrès techniques de l'époque ; la mutation enfin, lorsque la famille installée dans la Loire tente de se reconvertir dans le cinéma.
En contrepoint, elle esquisse un portrait sensible de son grand-père (l' arrière-petit-fils d'Auguste Pitou), de ses derniers jours, de ses regrets peut-être... En privilégiant l'art de l'ellipse sur la précision historique, Lucile Bordes réussit le tour de force de brosser en un court récit empli de fantaisie poétique un siècle de la vie d'une famille hors du commun, la sienne.
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L'histoire s'ouvre sur les paroles enregistrées qu'un grand-père laisse à sa petite-fille pour lui raconter qui était sa famille. Puis nous remontons au coeur du XIXe siècle, pour suivre une troupe de marionnettistes, les Pitou, qui sont les ancêtres de la narratrice. de père en fils, cette troupe sillonnera la France, vivra de hauts et de bas pour faire survivre une tradition chère à la famille, passera du spectacle de marionnettes au cinéma muet. le sujet est intéressant, mais j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. J'aurais aimé pouvoir m'attacher aux personnages, mais le temps file et les uns meurent, les autres prennent leur place, tout va trop vite. J'aurais aimé me remplir de ces spectacles de marionnettes, mais ils ne se sont pas imprimés en images dans ma tête, faute de descriptions plus détaillées. Un peu déçue, donc, au terme de cette lecture.
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La narratrice raconte l'histoire d'une partie de sa famille, à partir d'Auguste, garçon épicier, qui décide un jour de quitter la boutique pour suivre des montreurs de marionnettes sur les routes. Son fils va continuer la tradition, mais la troisième génération se tourne vers le cinéma et se sédentarise. le grand-père de la narratrice constitue le dernier représentant de la famille à avoir connu la roulotte puis le cinéma, avant de devenir instituteur. Entre faits et rêves, réalité et reconstitution Lucile Bordes nous dresse une galerie de personnages, et aussi en filigrane des époques qu'ils ont traversées.
Un très joli livre, dont le charme tient en grande partie à l'écriture, toute à l'économie, qui va à l'essentiel, sans grandiloquence, mais avec un rythme, une cadence bien à elle. Et le spectacle, et les marionnettes, forcément liées à la magie de l'enfance, sont une belle façon de voyager dans le temps et dans l'espace. Un livre très court (140 pages) mais très dense, où rien n'est de trop.
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critiques presse (1)
Lexpress
23 novembre 2012
Lucile Bordes rend un hommage aussi sensible que passionnant à ses propres ancêtres.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Car la guerre [1939-1945] n'a pas arrêté le cinéma. Les actualités, oui, c'est actualité unique. Mais les Allemands tiennent à ce qu'il y ait du spectacle, pour éviter que les gens se réunissent par désoeuvrement. Les bals, c'est défendu. Sortir en voiture, c'est défendu. Les cinémas marchent bien, du coup, y a plus que ça, comme distraction ! Et c'est bon pour la propagande. Pour un film français avec Fernandel, il faut louer un film allemand. Ils ne sont pas obligés de tout passer, mais enfin... les Allemands aiment mieux qu'on loue leurs films.
(p. 128-129)
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Pour le voyage de noces, le père d’Eugénie les conduit avec leur barda au village voisin. Assis les rênes à la main, il bougonne bien encore un peu, mais l’Emile a raison, bientôt tout le monde prendra le train et les voituriers disparaîtront, alors qu’il y aura toujours des gens pour aller au spectacle… Marionnettiste, un métier d’avenir, le beau-père a quand même du mal à s’y résoudre, habitué qu’il est à être le point fixe autour duquel rayonnent les charrois. Il a du mal à croire que ce n’est plus le pas de ses chevaux qui mesurera l’espace. Depuis cinquante ans temps que la ligne Saint-Étienne-Lyon est ouverte – cinquante ans, beau-père, cinquante ! – Il ne peut croire qu’elle mène vraiment quelque part. Pour le charbon et les marchandises, il peut comprendre, mais qu’il y ait des gens pour voyager droit sur cette voie unique… Aussi est-il mal assuré de quel parti prendre, s’il doit se réjouir ou se désoler de voir sa fille faire la route et non l’étape.

Assise à ses côtés, Eugénie ne dit rien. Elle regarde la route comme si elle la prenait pour la première fois, alors qu’elle a souvent, enfant, accompagné son père dans ses courses. En grandissant, on lui a appris qu’il n’était pas convenable pour une jeune fille d’aller ainsi, que ce n’était pas dans la poussière des chemins qu’elle trouverait un mari. Miracle ! Allégresse ! Elle crierait bien aujourd’hui si elle ne craignait autant Dieu, alléluia ! La route lui a apporté un époux, et, telle la vague qui se retire, les reprend tous les deux ! Le grincement des roulottes sonne à ses oreilles un hymne joyeux, qui lui chante qu’elle est femme, et libre, émancipée de la tutelle de sa mère et de ses sœurs, de la maison aux aguets dans le pli du Couzon, du linge à battre, de l’âtre auprès duquel raclent les chaînes qu’épouses et filles traînent derrière elles, tournant autour de son œil sombre comme les mules au moulin. D’un si petit appétit d’habitude, Eugénie se découvre une faim de loup.
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Émile grandit sur les routes. Il aime par-dessus tout les départs, lorsque son père le réveille à des deux trois heures du matin pour faire l’étape en une seule fois. Les rouliers qui les accompagnent jusqu’à la ville suivante encouragent leurs bêtes par des claquements de langue secs comme des cris d’oiseau et plaisantent à voix basse pour se donner du courage, ils lui demandent s’il n’a pas peur du loup. Du loup, point. Mais peut-être bien des quelques malandrins croisés dans les forêts sombres, même s’ils lorgnent davantage les chevaux du voiturier que leurs caisses. Et aussi un peu des cavaliers pressés qui dépassent le convoi en jurant. Le plus souvent cependant il n’y a personne. La route et la nuit pour eux.

Ils avancent aux étoiles, et parfois la lune est si belle qu’on peut imaginer y vivre. Chaque route a son odeur, son père les reconnaît aussi à l’oreille : le silence obstiné de la route à pacage, le ruissellement de celle à peupliers, le ressac que celle-là coince au sommet des mélèzes, le feulement de la pierre au passage des cols.

À l’arrivée les hommes détellent, prennent leur argent, puis s’éloignent les chevaux au poing tandis qu’Auguste s’active autour des chariots naufragés. Ils montent le théâtre pour quelques jours, parfois un mois, si les recettes sont bonnes. Ils évitent les vogues où se produisent trop de petits théâtres ambulants, et où la tranquillité du public n’est pas toujours assurée. Dans le Beaujolais par exemple, la maréchaussée doit régulièrement intervenir pour calmer les esprits… Et les poings.
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Emile avait un pays, le théâtre, le périmètre de la baraque, l'espace qu'occupaient ses figures de bois.
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Videos de Lucile Bordes (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucile Bordes
Ravi de vous retrouver pour ce 2e épisode de la Voix des libraires, consacré aux derniers coups de coeur de nos équipes !    Les livres chroniqués, disponibles en librairie, sur decitre.fr (https://www.decitre.fr/) et furet.com (https://www.furet.com/) :  
L'étoile absinthe - Jacques-Stephen Alexis - Ed. Zulma Final Fantaisie - François Cusset - Ed. POL Etats d'urgence - François Szabowski - Ed. le Tripode Que faire de la beauté - Lucile Bordes - Ed. Les Avrils Le chemin de la liberté - Jennifer Richard - Ed. Albin Michel Les pantoufles - Luc-Michel Fouassier - Ed. Folio Tu as vu le visage de Dieu - Gabriela Cabezon Camara - Ed. de l'Ogre Les abeilles grises - Andrei Kourkov - Ed. Liana Lievi Un long si long après-midi - Inga Vesper - Ed. La Martinière Le rat, la mésange et le jardinier - Fanny Ducassé - Ed. Thierry Magnier La passeuse de mots - Alric et Jennifer Twice - Ed. Hachette Romans Lore Olympus - Rachel Smythe - Ed. Hugo BD
Musique : Joakim Karud - Longing
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