J'aurais tellement aimé aimer ce recueil ! Des univers surprenants, des concepts forts, des réflexions philosophiques, que demander de plus ?
Eh bien c'est une vraie question. Je n'ai pas réussi à entrer dans ces histoires. Que m'a-t-il manqué pour apprécier cette lecture ?
Peut-être est-ce le temps qui m'a manqué. Chaque nouvelle dure seulement quelques pages. C'était beaucoup trop court, j'aurais eu besoin de plus de développement des idées.
Peut-être est-ce le manque d'intrigue ou de personnages, n'importe quel vecteur auquel me raccrocher pour m'immerger dans ces mondes impossibles.
Ces
nouvelles, pour la plupart, m'ont semblé ne pas être des «
fictions », mais plutôt des concepts forts d'univers, des idées brutes sans vraie histoire tissée autour. Ou peut-être bien que c'en sont, des «
fictions », de simples bribes de choses fictives que l'on nous décrit.
Ou bien le manque de cohérence des univers décrits ? J'ai eu beaucoup de mal à concevoir ces univers car je ne vois pas la logique qui les a menés à la situation qui nous est décrite. Les très courtes explications ne m'ont pas convaincue. Si ce sont de purs univers fictifs, ça n'a pas réussi à me les rendre tangibles. Et si c'est censé être un reflet de notre monde véritable, ces explications trop rapides ne rendent pas la métaphore crédible.
Peut-être enfin est-ce la motivation qui m'a manquée ? Après deux ou trois
nouvelles à me sentir comme perdue dans un labyrinthe à huit dimensions, je me suis retrouvée à lire les dernières en diagonale, ce qui n'a pas permis de leur laisser une chance.
Les thèmes de réflexion récurrents sont tout de même intéressants : le hasard, l'absurdité des coutumes, la linguistique, l'infini, les
labyrinthes...
De cette lecture, je retire tout de même des concepts amusants qui invitent à réfléchir.
Dans « le Jardin aux sentiers qui bifurquent », on découvre un peuple dont la langue n'a pas de nom, uniquement des verbes. Pour eux tout est action : « la lune était dans le ciel » devient « il lunait dans le ciel ».
« La loterie de Babylone » présente une société dont tous les aspects sont peu à peu régis par une loterie.
Dans «
La bibliothèque de Babel », la bibliothèque éponyme contient la totalité des livres possibles étant des combinaisons de lettres et ponctuation sur 410 pages. C'est donc complètement aléatoire, mais certains les regardent avec superstition, y cherchent toute leur vie du sens. Certains y cherchent même des livres sacrés pour leurs religions, ou veulent supprimer les livres inutiles.
Ou encore, dans « La mort et la boussole », l'enquête se résout en jouant avec le quatrième mur, puisque le détective élimine les solutions qui ne seraient pas intéressantes en terme de narration.
En conclusion, ma lecture n'a pas été agréable, mais l'expérience de lecture était... intéressante. Trop étrange pour que j'entre dans les histoires, mais « étrange » signifie aussi différent de ce qu'on a l'habitude de lire.
Quand un livre respecte les codes, on peut le juger sur si ces derniers sont bien respectés et apportent ce que le lecteur en attend. Mais dans un cas comme celui-ci où les codes sont brisés, on se retrouve juste face à une interrogation : pourquoi ce livre ? Il détruit les codes, mais que retirer de ce qu'il construit par-dessus ?
Si vous aimez les
nouvelles ayant des concepts forts qui retournent le cerveau, je vous conseille de le lire et de vous faire votre propre opinion. Je ne voudrais pas décourager des lecteurs et lectrices pour qui ce pourrait être une révélation, un coup de coeur personnel ou un chef-d'oeuvre.
Je relirai peut-être ce recueil à l'avenir, en me renseignant davantage pour mieux l'appréhender et réussir à tirer profit de cette lecture.