Je suis Juan de Pareja est une biographie romancée de Vélazquez.
Juan de Pareja a également réellement existé et de nombreux faits décrits dans ce romans sont tout à fait plausibles ce qui n'a fait que renforcer mon plaisir de lire ce livre.
J'ai, il est vrai, passé un excellent moment. Ce livre de littérature jeunesse mérite d'être plus largement connu et lu par tous. Si Vélazquez et la peinture sont au premier plan, le thème de l'esclavage prend une place importante. Juan de Pareja est effectivement le fils d'une esclave et sera de longues années au service de Vélazquez . Les liens qui unirent ces deux hommes sont émouvants et l'auteur nous informe que ce lien a réellement existé !
Je ne regarderai plus les tableaux de Vélazquez de la même façon et je vais avoir encore plus de plaisir à marcher sur la place Major à Madrid ...
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J'ai beaucoup aimé ce livre sensible qui m'a permis de découvrir l'intimité d'un peintre que je ne connaissais pas. Je trouve qu'il est fort bien écrit. Et même si les descriptions sont en nombre, elles sont justes et vivantes et n'alourdissent pas le récit.
L'auteur a du prendre des libertés mais, vu le caractère des personnages, tout aurait très bien pu se passer comme il l'a décrit. Les émotions de Juan de Pareja, ses pensées... tout semble vrai. On perçoit ses relations faites d'amitié et d'admiration envers son maitre et on découvre l'oeuvre du peintre dans une période historique et artistique foisonnante (17e).
Le passage le plus important me semble être la réalisation du portrait de Juan de Pareja mais tout le livre est intéressant car il raconte une période de l'histoire marquée par l'épanouissement et l'échange des connaissances et des arts. le regard que porte un esclave sur cette société est instructif.
En conclusion, j'ai vraiment apprécié ce livre qui m'a appris beaucoup et j'ai aimé que l'auteur place les oeuvres de Velasquez dans le contexte historique et raconte leur création, Je le recommande à tous.
(chronique de mon fils)
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Publié pour la première fois en 1966, ce roman n'a rien perdu de sa fraîcheur et de son humanité. L'auteure, née en Californie en 1927, poétesse connue, épousa un Mexicain, ce qui lui donna l'occasion de s'initier à la culture latine encore méconnue à cette époque aux États-Unis. Mais, c'est son fils qui lui raconta la relation singulière de Juan et de Diego Velásquez, et qui lui donna envie de raconter cette histoire dans un premier roman.
Alors, en quoi cette histoire est-elle si singulière ?
Juan était mulâtre, esclave, il fut acheté par Diego, et les deux devinrent amis. Quand on sait que ce récit se déroule au 17e siècle dans l'Espagne puritaine et ultra conservatrice, tout près encore chronologiquement de la « Controverse de Valladolid », autrement dit de ce long débat destiné à décider si les Indiens avaient ou non une âme, on prend la mesure de l'audace d'une telle relation !
Velásquez, le plus grand peintre de son époque, et sans doute un maître universel de la peinture (c'était en tout cas l'opinion de Manet) confia les secrets de son art à un esclave noir qu'il affranchit. Il fit même son portrait, que l'on peut admirer sur la couverture du livre. Un tableau célèbre aujourd'hui, comme le sont, dans une moindre mesure, ceux de Juan, accrochés depuis dans bien des musées du monde !
Dans un autoportrait, Diego Velásquez apparaît sombre et austère. C'est qu'il dut se battre pour être reconnu, concurrencé par les peintres italiens considérés comme les plus grands en ce temps. C'est sans doute cette lutte qui lui a permis de rester un homme juste. Et s'il a peint les têtes couronnées, il n'a jamais oublié les plus humbles, les paysans, les gens simples, qu'il a magnifiquement immortalisés sur ses toiles.
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Nous sommes plongés dans l'Espagne du XVIIėme siècle. le petit Juan est un esclave mulâtre qui va se retrouver au service du grand peintre Velázquez. Il va apprendre la peinture en secret et devenir artiste malgré les interdits liés à sa condition et par là même conquérir sa liberté.
La relation singulière qui va se tisser entre les deux hommes, le maître et l'esclave, est très bien décrite : basée sur la confiance et l'affection d'un côté et le respect et la loyauté de l'autre. Quand Velàzquez exécutera son portrait, il ne peindra pas un esclave mais un homme digne et altier.
Juan nous fait également partager l'intimité du grand peintre : au travail dans son atelier ou avec sa famille dans son foyer.
Le style d'Elizabeth Borton de Treviño est très agréable et elle traite son sujet avec une grande modernité. J'ai été surprise de constater que ce roman avait été écrit en 1965. Très bien documentė, elle a su le rendre captivant en agrémentant les faits historiques avec des éléments narratifs imaginės mais tout à fait cohérents. Écrire à la première personne, incarner Juan de Pareja, rend le récit très vivant. Elle redonne également toute son humanité à cet homme intelligent, bon et sensible qui ne s'est jamais laissé réduire à sa condition d'esclave.
J'ai dévoré ce roman en quelques jours et je suis ravie d'avoir rencontré ce personnage au destin exceptionnel. Je me suis d'ailleurs hâtée de découvrir ses oeuvres et j'ai pu admirer tout son talent.
Je ne claresserais pas ce roman en littérature jeunesse. C'est tout simplement un grand roman qui passionnera ses lecteurs.
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Un roman aussi passionnant qu’émouvant, qui se lit d’une traite dès 14 ans.
Lire la critique sur le site : Ricochet
L'oeil est une machine compliquée. Il mélange les couleurs à notre place, expliqua le maître. Le peintre doit défaire le mélange et les reposer sur la toile, nuance par nuance, et puis l'oeil du spectateur prend le relais, et les mélange à nouveau.
Quand sa présence m'intimida un peu moins, je me risquai un jour à interrompre une de ses rêveries pour lui demander pourquoi il restait ainsi sans rien faire.
-Je travaille, Juanico, répondit-il simplement. Je travaille en regardant.
Je ne compris pas et, pensant que cette réponse énigmatique ne visait qu'à me faire taire, je gardai le silence. Mais au bout de plus d'une semaine, il se mit à parler comme si je venais à peine de lui poser ma question, et sa réponse fut :
- Quand je reste ainsi à regarder un objet, je cherche à percevoir sa forme, pour que mes doigts la possèdent déjà complètement au moment où je commence à en dessiner les contours. J'analyse aussi les couleurs. Par exemple, tu vois ce morceau de brocat, là, sur la chaise ? De quelle couleur est-il ?
- Bleu, répondis-je aussitôt.
- Non Juanico. Il y a un léger arrière-fond de bleu, mais dans ce bleu il y a du violet, une touche infime de rose, et les reflets de la lumière sont rouges et vert vif. Regarde encore.
C'était de la magie. D'un coup, je les voyais, toutes les autres couleurs, exactement comme il venait de les décrire.
Souvent aussi, il restait seulement assis à regarder fixement... une pièce de velours drapée sur une chaise, ou un vase de cuivre, ou parfois moi-même.
Quand sa présence m'intimida un peu moins, je me risquai un jour à interrompre une de ses rêveries pour lui demander pourquoi il restait ainsi sans rien faire.
-Je travaille Juanico, répondit-il seulement. Je travaille en regardant.
Les apprentis, bien entendu, étaient libres et blancs, mais ils avaient envers le Maître des obligations particulières et ils devaient lui obéir, exactement comme moi ; en réalité j'étais plus libre qu'eux car je faisais partie de la maison. Je jouissais de la confiance du Maître, et il me la démontrait dans toutes sortes de petits détails familiers.
Velázquez était un homme qui aimait la vérité, aimait la peindre et ne se flattait pas de l'améliorer.