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EAN : 9782246813866
128 pages
Grasset (07/02/2018)
3.4/5   15 notes
Résumé :
Ellen vient d'avoir onze ans. Elle a prié Dieu pour que son père meure, elle a souhaité de tout son cœur qu'il disparaisse et qu'il cesse de venir à la maison. Ses parents étaient divorcés mais les visites de son père alcoolique, colérique, se faisaient de plus en plus menaçantes. Avant cela pourtant, la famille avait été heureuse, sa mère était l’une des comédiennes les plus célèbres de Suède. Puis son père avait changé et elle avait commencé à prier.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
“Le silence avait toujours été là, comme une possibilité.”
C'est, Ellen, une fillette à l'aube de l'adolescence, qui se confie. Elle ne parle plus. Elle n'écrit plus.
Son père qui avait sombré dans la folie, est mort. Un père dont elle avait peur et dont elle a souhaité la mort, et a prié pour qu'il le soit. Un père qui n'habitait plus avec eux depuis longtemps, mais qui les menaçait.
Sa mère, actrice de théâtre vaque à sa propre vie et s'obstine à regarder la vie de son côté “lumineux “ ,-« nous étions une famille lumineuse. Nous étions inattaquables, tout simplement parce que maman le voulait. »-.
Son frère aîné, en plein adolescence est dans sa propre bulle.....
Trop de questions, une vie trop lourde à porter. Elle n'a plus de repères, -“C'était ça, la différence entre l'enfance et l'âge adulte ? Être capable ou non de laisser entrer la lumière ? J'étais quoi, maintenant ? Je n'étais pas adulte. Mais je n'étais plus vraiment une enfant. Je n'étais pas encore adolescente, je devais donc être une enfant quand même. Une enfant qui s'agrippait à l'obscurité. C'était terrible.”
Un court roman complexe et poignant sur la fragilité de l'équilibre de nos vies, de nos relations, de notre psyché, où tout peut advenir à l'improviste et changer à jamais le cours des choses.
Je remercie les éditions Grasset et NetGalley pour l'envoi de ce beau livre.

« Grandir, ce n'est pas simple. »


P.s. L'écrivaine était la femme du fameux auteur norvégien Karl Ove Knausgård, qui a écrit une saga de six tomes autobiographiques, best-seller dans le monde entier.A ce qu'il parait ce livre est aussi autobiographique, et on pourrait trouver des informations ultérieures dans les livres de son ex. Avis pour les curieuses et curieux.
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Bienvenue en Amérique
Linda Boström Knausgaard
roman, traduit du suédois par Terje Sinding
Bernard Grasset 2016/18, 122p


Comment choisit-on un livre parmi d'autres sur une étagère ?

L'auteure est suédoise, et j'aime la littérature scandinave (Danemark, Suède, Norvège). Elle porte le même nom que l'auteur -et pour cause, elle a été sa femme de 2007 à 2016, et lui a donné quatre enfants- de Comme il pleut sur la ville, un livre que j'ai beaucoup aimé, mais je crois que j'aime les livres qui racontent une vie, surtout quand elle doit nous dire comment naît un écrivain. Enfin il est question d'Amérique, encore que très peu, la mère de la narratrice est actrice, et figure la Liberté portant le flambeau, lumineuse donc comme elle veut l'être, et saluant les immigrants.
« Lumineuse » c'est l'adjectif récurrent du roman. La narratrice à la première personne est une enfant de onze ans qui ne cesse de grandir, et qui ne se regarde pas dans le miroir, de peur de s'y voir changée, et devenue une adulte, alors qu'elle constate les transformations physiques de son frère aîné.
Lumineuse qualifie sa famille dans la bouche de sa mère, une famille qui n'a pas encore récupéré du choc que causa la mort du père, une mort que la narratrice a souhaitée et dont elle se sent coupable ; depuis elle a décidé de ne plus parler. Son père, avec ses crises d'angoisse et sa dépression, lui faisait peur, qui la forçait à écouter la chanson qu'il préférait pendant des heures ; il battait sa mère, responsable sans doute d'avoir sacrifié sa vie tranquille à lui à ses ambitions à elle. Mais aussi il emmenait sa petite famille à la pêche, et c'étaient des jours heureux.
Lumineuse est sa mère que petite, elle accompagne au théâtre où elle joue ; et l'enfant se sent en sécurité. Elle se rappelle aussi quand elle se blottissait, plus petite encore, sur ses genoux, et qu'elle pouvait en pleine confiance se laisser aller, quand sa mère la caressait intérieurement, lui enlevant tous ses tracas.
Maintenant son père mort revient la hanter, sa mère va d'amant en amant toujours plus jeune, son frère est brutal mais aimant, grandit, s'isole dans une musique bruyante et cloue la porte de sa chambre, connaît une fille, toutes choses qui réjouissent sa mère.
La narratrice observe, et se protège des autres. le frère et la mère se résignent à son silence qui finira, ils le savent. Déjà elle a écrit dans le cahier que sa mère a mis à sa disposition pour qu'elle y écrive les choses importantes. Elle se souvient d'épisodes passés, du temps où elle était innocente ; elle se souvient aussi de sa mère forte, qui s'opposa au directeur de l'école qui suggérait de ne pas la laisser entrer au collège. Elle boit toujours comme avant son lait aux myrtilles.
C'est un récit concis, le roman n'est pas épais, d'une petite fille qui ne parle pas mais qui, précisément grâce au silence, se rend compte qu'une époque est en train de disparaître. L'écriture de son cahier intime est mélancolique, sensible à ce qui se passe, aux aguets de la vie qui s'agite sans qu'elle y prenne part activement, elle qui se tapit dans sa chambre mais se rend dans la cuisine quand elle a faim. Les mots économes laissent toute la place à la nostalgie d'une enfance déjà marquée par le drame, celui d'une lumière perdue et d'une période qui ne durera pas. C'est comme de la neige qui colle encore à une fenêtre, mais fond déjà.

Comment on choisit un livre parmi d'autres n'est pas dû au hasard. Cela doit relever d'une opération secrète, guidée par un rêveur et un sourcier.
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Ce court roman plonge le lecteur sans préambule dans le journal intime d'une ado de 11 ans. Et un peu comme dans Virgin Suicides (sans faire de comparaison), on peut se dire que la vie d'une ado de 11 ans est bien torturée.

Orpheline de père, vouant à sa mère une admiration certaine, et craignant son frère (dans lequel elle retrouve sans doute des traits paternels), elle exprime ses doutes, ses peurs et sa volonté de ne plus parler, de ne plus communiquer.

Car la dernière fois où elle a exprimé un souhait par rapport à Dieu, elle a demandé la mort de son père. Et il est mort. Elle oscille depuis entre soulagement et culpabilité. Ses parents avaient divorcé. Son père était visiblement atteint de folie.

C'est très souvent intense, le format "journal intime" est un bon moyen pour développer le récit par petites touches. Ici, peu à peu, l'auteure remonte le cours de l'histoire familiale par petites bribes d'information distillées via le journal intime. La dernière page reprend l'élément déclencheur, assez faible finalement, et il est alors possible pour le lecteur de dérouler le fil à reculons.

Mais le format "journal intime" a ses limites également. Il se prête mal à la longueur, et on se retrouve dans le récit en "je" uniquement. Cela induit une certaine monotonie, On déroule le tapis, sans éclat, sans revirement, sans explosion. Evidemment, le côté glauque et pesant, l'atmosphère empreinte d'un recueillement mortuaire ressort pleinement. Et cela vient en contrepoint d'un leitmotiv exprimé par la jeune fille, "sa famille est lumineuse"... mais rien ne l'indique dans le récit du journal intime. D'ailleurs, la phrase qui sert de titre est une phrase que sa mère prononce dans un spectacle de théâtre assez baroque, un brin destroy, qui a fortement frappé l'imagination de la jeune fille. Sa mère est lumineuse, clairement. L'empreinte qu'elle laisse sur sa fille est indélébile.

J'ai bien aimé ce récit familial où tout s'imbrique. J'ai moins aimé le format choisi.
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Ce livre est un paradoxe à lui tout seul puisque tout au long de ces pages, nous entendons Ellen, une toute jeune fille qui ne parle plus. Elle ne communique même plus, puisqu'elle n'utilise pas le cahier que lui donne sa mère pour qu'elle écrive. Ellen tient bon, Ellen ne cède pas, quel que soient les circonstances.
Ce qu'elle nous raconte, c'est sa vie au milieu d'une famille qui est qualifiée de « lumineuse » par la mère. C'est d'elle que vient la lumière, et je n'ai pas besoin de dire que la lumière peut éblouir et brûler aussi. Elle peut empêcher de voir ce qui entoure – et la mère de ne pas voir la violence de son fils, d'ignorer son mal être, tout comme elle feint de ne pas voir les souffrances de sa fille. Vivre le plus normalement possible, maintenir la famille à flot, pas si facile.
Ellen observe ce qui l'entoure, malgré son silence. Elle se souvient aussi, des moments heureux, de ceux qui le sont moins, de ceux aussi qui étaient source de désespoir. Ce qu'elle a vu ? Ce que je qualifie de « dépression » du père, dépression vu à hauteur de cette gamine de onze ans qui a subi le comportement de son père. Bienvenue en Amérique est peut-être, finalement, l'histoire d'une enfant qui ne parle plus parce que tous les mots n'ont pas été dits dans sa famille, parce que les mots qui ont été dits n'ont pas forcément été compris, parce que les mots qu'elle a pensé étaient indicibles.
Bienvenue en Amérique, ou une variation sur le langage et ses limites.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Ce qui m'a attiré vers ce livre c'est qu'il a été écrit par l'ex-compagne de Karl Ove Knausgaard. Et comme je suis avec intérêt le cycle autobiographique de cet auteur, j'étais curieuse de savoir si l'inspiration était contagieuse dans la famille. Bien que les deux plumes soient foncièrement différentes, j'ai été touchée par ce court récit.

La narratrice, Ellen, fait partie d'une famille un peu bancale : son père est mort, sa mère donne l'illusion que rien n'a changé et son frère la martyrise dès qu'il en a l'occasion. Ellen a tellement souhaité que son père disparaisse, qu'elle se mure dans le silence dès que son voeu s'exauce. Est-elle responsable de l'éviction parentale ? Ardemment désirer quelque chose, est-ce lui donner une place trop importante dans nos vies ?

Voici un fort beau roman qui m'a rappelé, sur la même thématique, "La vraie vie" d'Adeline Dieudonné. J'aime lire sur les déséquilibres familiaux et sur les différentes postures adoptés par ces membres impliqués pour contourner un problème. C'est à la fois psychologique et profondément ancré dans une réalité alors ça se dévore.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On aurait dit que mon frère lui avait offert un cadeau. Enfin un peu de changement dans notre quotidien. J'ai pensé que je ferais mieux de ne pas me montrer : comme ça, mon frère n'aurait pas à présenter sa sœur, à exhiber le phénomène de foire. S'ils dînaient dans la cuisine, je serais encore trop près d'eux. J'espérais que maman l'avait compris, qu'elle mettrait la table dans le séjour.
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Notre Père qui es aux cieux. Fais que papa meure. Je veux qu'il meure et Tu dois m'aider. Nous allons le faire. Toi et moi. Ensemble. Nous allons le tuer. C'est mon désir le plus cher. Amen. (p.57)
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La nuit était le moment que je préférais. Le silence, la sensation que tout s'arrêtait, se figeait dans l'attente du matin. L'obscurité permettait de se reposer. On n'avait pas d'obligations. Tout était calme.
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La nuit était une amie. Dans le noir, se taire n'avait rien d'étrange. Et la solitude était naturelle.
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La mort de papa était un triomphe pour moi et pour Dieu. Ce fut notre première collaboration. (p.59)
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