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Olangar tome 1 sur 3
EAN : 9782375790496
445 pages
Critic (23/08/2018)
4.12/5   94 notes
Résumé :
Dix-sept ans ont passé depuis la bataille d'Oqananga, où la coalition entre les Elfes et les Hommes a repoussé les Orcs par-delà les frontières. À l'approche des élections, Olangar est une capitale sous tension, véritable poudrière où seule manque l'étincelle. Tandis que les trois candidats noircissent les journaux de leurs promesses, les accidents se multiplient sur les chantiers navals ; les salaires se font attendre et la Confrérie des Nains menace d'engager un m... >Voir plus
Que lire après Olangar, tome 1-1 : Bans et BarricadesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Clément Bouhélier est un auteur habitué des éditions Critic, puisqu'on lui doit déjà trois romans parus dans cette maison d'édition : un thriller fantastique (« Passé déterré ») et un post-apo en deux volumes (« Chaos »). On le retrouve cette année avec « Bans et barricades », un nouveau diptyque dont les tomes sont sortis (chose assez rare) presque simultanément. Vendue comme une série de fantasy « palpitante et engagée », le roman m'avait tapé dans l'oeil dès sa parution, mais il aura fallu la chronique enthousiaste d'un troll des cavernes pour me pousser à le lire plus tôt que prévu. Et j'ai bien fait, car le roman mérite toutes les louanges qu'on a pu lui faire. L'action se situe essentiellement dans la cité d'Olangar, une ville engagée sur le chemin de l'industrialisation et encore marquée à la fois par la révolution politique qui a mis fin un siècle plus tôt à la monarchie absolue, mais aussi par l'éprouvante guerre menée contre les Peaux-vertes (comprenez les orques) quelques années auparavant. On y fait la connaissance de trois personnages qui vont occuper le devant de la scène pendant la majeure partie du récit. le premier est un vétéran elfe, ancien héros de guerre renié par son peuple et dont les cauchemars demeurent hantés par le souvenir de sa mutilation ainsi que de la boucherie de la bataille d'Oqananga. La seconde est une jeune fille de noble qui cherche à percer le mystère entourant la mort de son frère et s'adresse, pour se faire, à un ancien ami de son père : notre fameux elfe en disgrâce. le dernier, enfin, est un syndicaliste nain et l'un des principaux leaders de la Confrérie qui cherche à protéger les ouvriers de la misère et des mauvais traitements de leurs employeurs (quitte parfois à faire passer le message par un ou deux meurtres de contremaîtres...). Ajoutez à cela une mafia puissante ayant parvenue à se placer auprès des plus grandes instances du pouvoir, une élection opposant les deux candidats des partis traditionnels, talonnés pour la première fois par un petit nouveau en politique, sans oublier des grands patrons peu scrupuleux, et des soldats sur les dents. Bref, Olangar a tout de la cocotte-minute qui ne demande qu'à exploser.

Parmi les nombreux aspects positifs qu'on peut trouver au roman, le décor de la ville d'Olangar est sans aucun doute le premier qui vient à l'esprit. Et pour cause, quelle cité ! L'auteur opte en effet pour une fantasy se déroulant non pas dans un cadre médiéval mais presque contemporain, et la chose est loin d'être courante. On retrouve ainsi toutes les caractéristiques de la ville industrielle : des usines et des chantiers à n'en plus finir, une urbanisation qui ne cesse de s'étendre, sans oublier la pollution et la misère sociale d'une grande partie de la population. Une vraie capitale, donc, avec ses grosses entreprises, ses « quartiers populaires », ses lignes de chemin de fer, ses poteaux télégraphiques, et bien sûr la masse grouillante qui y habite. Clément Bouhélier opte à ce sujet sur une fantasy plus classique, puisqu'on retrouve les races propres au genre depuis Tolkien, à savoir des nains, des elfes et des orques. Si chaque « race » a ses particularités, toutes cohabitent néanmoins en plus ou moins bonne entente dans l'incroyable capharnaüm qu'est la cité d'Olangar. Les elfes se font toutefois assez rares (ils préfèrent la nature à la ville), de même que les orques qui subissent depuis la fin de la guerre le sort des vaincus et ne montrent plus guère leur trogne dans la capitale (sinon pour servir de spectacle macabre à la foule avide de sang). Les nains, en revanche, représentent une communauté bien plus importante, au point de s'être organisés en une Confrérie qui sert d'intermédiaire entre leurs congénères (des ouvriers, pour la grosse majorité) et les hommes. On a donc affaire à une cité pleine de vie mais à l'équilibre précaire, et dont l'auteur entend nous faire côtoyer autant (sinon plus) les bas-quartiers que les belles demeurent. Car c'est que, depuis la Révolution, le rapport de force entre le peuple et ses dirigeants s'est un peu modifié : cela fait maintenant un siècle qu'Olangar est devenue une monarchie constitutionnelle démocratique, avec des élections organisées à intervalles réguliers pour élire le nouveau Chancelier (le roi est toujours présent mais n'a plus guère qu'un pouvoir vaguement symbolique). Deux partis s'opposent et alternent ainsi depuis des années au poste tant convoité : les unionistes et les régionalistes. Mais si la forme a changé, le fond, lui, reste le même : les clivages sociaux sont toujours aussi présents, et la manière de gouverner n'a pas tellement changé.

C'est à ce niveau que le roman de Clément Bouhélier fait preuve du plus d'inventivité et de la plus grande originalité : le récit nous parle de politique, certes, mais dans laquelle la masse informe qu'on nomme souvent de manière un peu dédaigneuse « le peuple » ne se contente pas de jouer le rôle de spectateurs. Or il faut admettre que, si la chose est peut-être un peu plus fréquente en SF, elle l'est moins en fantasy, un genre pour lequel les auteurs semblent plutôt favoriser des systèmes politiques disons plus « archaïques » (empire, monarchie, oligarchie...). Bref, si intrigues politiques il y a bien, elles sont plus généralement explorées du point de vue de ceux qui sont en haut de l'échelle sociale : rois et reines, princes et princesses, chefs de guerre... (c'est un peu l'histoire vue par Stéphane Bern : on ne se concentre que sur les « Grands » car c'est par eux et par eux seuls que l'histoire est censée arrivée). L'auteur prend ici le contre-pied de tout cela, et c'est d'autant plus rafraîchissant que cela permet d'aborder des thèmes de société ô combien d'actualité : la communication envers le peuple (multiplications d'effets d'annonce, importance du symbole en politique...), l'accroissement des financements privés et leurs conséquences, les coulisses d'une campagne électorale, les enjeux d'une grève générale... Quelques clins d'oeil sont un peu plus appuyés (le terme « sans-dents » revient à plusieurs reprises, de même que l'on devine sans mal derrière la figure du candidat à l'ascension fulgurante celle de notre royal président), mais n'allez toutefois pas croire qu'il s'agirait là d'un simple pamphlet politique visant à faire la propagande de telle idéologie. Oui cela parle d'injustice sociale, oui on y est témoin des rapports de force (déséquilibrés, est-il utile de le préciser ?) entre les grands patrons et les syndicats d'ouvriers, oui le roman vante les mérites de la convergences des luttes, mais l'auteur ne commet jamais l'erreur de tomber dans le manichéisme. Les ouvriers sont loin d'être des anges, et certains grands patrons ne sont pas les gros méchants qu'ils semblent être : il y a des ordures et des opportunistes des deux côtés. Il n'empêche que l'injustice est bien là, de même que la violence (qui n'est pas uniquement physique ou matérielle, chose qu'on a souvent tendance à oublier de nos jours lorsqu'on commente l'actualité). La lutte qui oppose les grands armateurs de la capitale à leurs employés fait d'ailleurs autant penser aux événements qui peuvent avoir lieu aujourd'hui qu'aux grands conflits sociaux qui ont agité tout le XIXe siècle, et on se prend parfois à penser à d'autres auteurs ayant abordé le sujet, Zola en tête.

L'impact de toutes ces réflexions auraient néanmoins pu être atténué par une intrigue bâclée ou des personnages médiocres. Fort heureusement il n'en est rien. le récit est bien construit et repose sur deux fils rouges dont on devine qu'ils sont liés sans pouvoir encore bien en saisir toutes les implications ou les enjeux. On suit donc d'un côté l'enquête menée par l'elfe et la jeune noble de province qui soupçonne qu'il y a plus à découvrir sur la mort de son frère que ce que l'armée lui en a dit, et de l'autre celle menée par un syndicaliste nain qui met le nez dans un certain nombre de magouilles en lien avec les chantiers navals sur lesquels une partie de ses congénères travaillent. le récit est bien rythmé, et alterne efficacement grosses scènes d'action (l'attaque du train est exceptionnelle !) et moments plus calmes visant à laisser le lecteur respirer et permettre à chacune des forces en présence d'avancer ses pions. Quoique soignée, la plume de l'auteur vise avant tout la fluidité, ce qui permet une immersion rapide dans le récit qui comprend également tout un tas de dialogues et répliques bien sentis. Mention spécial d'ailleurs pour le discours de Baldek qui électrise autant la foule de nains venues l'écouter que le lecteur qui se retrouve à deux doigts de poser son livre pour rejoindre le premier cortège venu. Les personnages sont eux aussi à la hauteur du décor, même s'ils ne représentent clairement pas l'élément le plus important du récit. J'ai pour ma part beaucoup aimé le personnage de Baldek, de même que les membres qui gravitent dans son entourage. Torgend, l'elfe usé par la guerre, est lui aussi très bien campé et ne tarde pas à s'attirer la sympathie du lecteur. le mystère qui plane autour du passé du personnage n'y est d'ailleurs pas étranger, et il me tarde de savoir ce que l'auteur va nous révéler à ce sujet dans le second volume. Je serais un peu plus nuancée sur le personnage d'Evyna qui, bien que forçant le respect par son courage et sa détermination, n'en possède pas moins une sensibilité peut-être un peu trop exacerbée. le roman possède également tout un cortège de personnages secondaires qui évoluent en lisière de l'intrigue mais à propos desquels il me tarde là encore d'en apprendre plus, qu'il s'agisse des trois candidats à la chancellerie, du chef de la pègre Mandrac, ou encore de la grande héroïne de la guerre contre les orques, celle que tous nomment la Femme Diable.

Clément Bouhélier signe avec le premier tome de ce diptyque un roman et un univers très prometteurs, qui abordent pour une fois la politique du point de vue de monsieur et madame tout le monde, et non plus seulement des grands de ce monde. Cela permet évidemment à l'auteur d'aborder des thématiques actuelles qui, parce que replacées dans un tout autre contexte, peuvent nous apparaître sous un tout autre jour. Après tout la fantasy, c'est fait pour ça aussi. Une belle découverte, que je m'en vais évidemment poursuivre avec le second volet.
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Olangar, ville gigantesque au ciel encombré de la pollution secrétée par les usines. Olangar, ville dont la géographie témoignage des injustices : les pauvres en bas, dans les immondices ; les riches en haut, là où l'atmosphère est plus dégagée. Olangar, une ville où les rapports de force sont la norme, avec ses règlements de compte, ses luttes de pouvoir. Et au milieu de tout cela, une jeune femme venue d'une région éloignée, qui cherche à comprendre et venger la mort de son frère. Comme un coup de pied dans la fourmilière…

Alors que les éditions Critic viennent de publier le quatrième et dernier tome de cette saga consacrée à la ville d'Olangar, je me suis dit qu'il était temps de découvrir cette cité dont j'avais entendu dire tant de bien (enfin, des romans, parce que la ville elle-même n'est pas à proprement parler attirante). Et je ne regrette absolument pas le voyage. Quelle maitrise de la part de l'auteur, Clément Bouhélier ! L'histoire est prenante du début à la fin, avec un suspens haletant, une richesse de l'intrigue enthousiasmante et des personnages d'une grande justesse.

Le récit commence par un prologue poignant et plein de force : un elfe, que l'on devine au bout du rouleau, miné par son passé, revit, lors d'une bagarre qu'il a lui-même initié, la bataille qui a déclenché sa chute : Oqananga. La lutte des hommes, des elfes et des nains contre la horde des orcs. Un combat sanglant, sans merci, sans pitié. Qui a laissé des traces atroces dans l'esprit de ceux qui ont survécu. Dont Torgend Aersellson, détruit par ce qu'il y a vécu. Mais il finit par trouver son salut ou, du moins, un répit, grâce à la jeune femme arrivée de sa province, Evyna d'Enguerrand. Son père connaissait Torgend et elle réclame son aide pour découvrir la vérité sur la mort de son frère. Ce dernier, soldat sur le mur qui protège encore la civilisation de la violence des orcs, aurait été tué lors d'une incursion ennemie. Mais certains indices ne collent pas. Evyna mène donc son enquête.

Mais elle ne connaît pas Olangar et ses us et coutumes. Or, comme je le disais dans l'introduction, tout y est rangé à sa place. Et malheur à celle ou celui qui risque de bousculer cet ordre. Et, bien entendu, Evyna va, sans réellement le vouloir, déclencher une suite d'évènements aux conséquences gigantesques et dévastatrices. Et nous voilà témoins des luttes secrètes pour le pouvoir. Il faut dire, d'abord, que les élections sont proches : la Révolution est passée par là et le peuple choisit à présent son dirigeant, après avoir fait chuter son roi. le traditionnel affrontement entre les deux partis habituellement au pouvoir est mis à mal par l'irruption d'un troisième candidat, plein de fougue et de démagogie. On sent bien qu'un changement est en cours. Les forces occultes sont mises à contribution. Dont le terrible et sans pitié Mandrac, chef d'une pègre toute puissante et tentaculaire. Et là, tous les coups, violents et cruels de préférence, sont permis.

Face à lui et à ses commanditaires (dont on ignore le nom encore à la fin de ce tome), Evyna et Torgend ne font pas le poids. Heureusement qu'ils obtiennent l'aide de plusieurs atouts, dont Baldek, un des chefs des nains. Les nains, justement, parlons-en. Ils forment un groupe d'ouvriers, dans les chantiers navals, dans les mines, exploités par les patrons. Germinal (ou la Londres du XIXe siècle) version fantasy. C'est là une bonne idée de l'auteur : mêler des préoccupations réalistes et modernes (à un siècle ou deux près) à des histoires situées dans un monde imaginaire. Cet ancrage dans le réel renforce la présence du récit, nous le rend plus proche. Il est terriblement facile de ressentir les difficultés de ces opprimés, de s'indigner du sort qui leur est réservé. Ou de prendre le parti des oppresseurs (mais l'auteur ne va clairement pas dans cette direction). C'est la lutte finale… on se calme...

Présentés séparément, tous ces éléments peuvent paraître intéressants, mais sans plus. Ce qui en fait un roman passionnant et difficile à lâcher avant la fin, c'est le talent de l'auteur qui sait doser ses ingrédients et rendre le mélange addictif. Des personnages tout de suite attirants, avec leurs faiblesses mais aussi leurs forces. Et leur part de mystère, qui se dévoilera progressivement. le mystère, justement, dont on aimerait connaître le coeur (ce ne sera que très partiellement le cas à la fin de ce tome : il faut attendre le deuxième volume, que je suis en train de dévorer à son tour). Et l'ambiance générale de la ville et du reste du pays, très juste, très « vraie » : on croirait une vraie société, avec ses tensions et ses habitudes, ses routines et ses travers.

C'est toujours une joie de découvrir une série qui vous tient en haleine. Et ce d'autant plus qu'elle est entièrement publiée (donc pas de mauvaise surprise de non traduction de la fin, pour les livres venus d'ailleurs, ou d'interruption pour cause de « non-rencontre avec son public »). Je sais que je connaitrai la fin (et si la saga continue à me plaire autant, cela ne devrait pas tarder), ce qui est un soulagement. Car Olangar séduit par les troubles qui la rongent, les êtres qui se battent pour sa conquête, les aventures qu'elle accueille. Je suis sous le charme.
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Des Nains, des Hommes, des Elfes, et des Orcs dans un univers industriel! Clément Bouhélier amène la fantasy française sur un terrain nouveau, et avec succès!

Bans et Barricades
Publié aux Editions Critic, décidément très active ces derniers mois avec des sorties en Fantasy comme L'Empire du Léopard D'Emmanuel Chastellière, Des Sorciers et des Hommes de Thomas Geha. Ou bien en SF avec le dernier tome de la série Spire de Laurent Genefort, et Les Légendes d'Agrégats de Etienne Cunge. La maison d'édition rennaise nous offre ici le nouveau roman de Clément Bouhélier Bans et Barricades, de la Fantasy dans une époque semblable à la révolution industrielle.

L'auteur
Clément Bouhélier est diplômé de Sciences Politiques. Suite à ses études il devient journaliste pour le Dauphiné Libéré. Il s'implique alors dans le milieu politique, rédigeant des discours pour des politiciens. Il constate rapidement les carences du système politique français, et se dirige ensuite vers le milieu associatif. Il devient directeur de l'association Vitacolo, qui organise des projets de colonie de vacances militants.



Il se lance en 2016 dans une carrière d'écrivain, avec Chaos un roman qui nous plonge dans un Paris post Apo et Passé déterré un an plus tard, un thriller qui nous amène dans la campagne Rhodanienne sous fond d'assassinat et de vengeance.

L'univers
C'est selon moi le point fort du livre. L'auteur a réussi à créer un univers cohérent et riche, la politique y tient une place de premier ordre. Les coulisses du pouvoir, mêlant corruption, collusion entre les élus et la pègre, élections, l'opposition entre le prolétariat, et les populations rurales contre la noblesse et la bourgeoisie donnent envie d'en découvrir davantage au fil des pages. Viennent s'ajouter des thèmes contemporains, comme l'incompétence des politiques (on sent que l'auteur veut nous toucher deux ou trois mots de son expérience dans le milieu ahaha), et la montée du populisme.

Le contexte historique et culturel est également mis en avant dans le livre. Premièrement, le choix de l'époque. La révolution industrielle avec la lutte des classes, l'exode rural, le déclin de la religion, le progrès technologique, la course à l'armement, et les tensions politiques et raciales grandissantes entre les peuples sont rarement abordées en Fantasy. le livre commence par une description de bataille où se mêlent piquiers, armures, arcs et flèches avec fusils à 6 coups et canons capables d'envoyer des dizaines d'hommes outre tombe. Ce mélange des genres devrait classer le livre parmi la Steampunk Fantasy. Un sous-genre de la Fantasy se déroulant dans un univers industriel, qui revient sur le devant de la scène chez les Anglo saxons depuis quelques années. Grâce des titres comme The Aeronaut's Windlass de Jim Butler ou Leviathan de Scott Westerfeld:





Bon après peu importe le genre, sous genre etc.. Un bon livre reste un bon livre, la combinaison des armes blanches et modernes dans les combats me fait beaucoup penser à Warhammer. Mais aussi à la dernière époque des Chroniques du bout du monde pour les connaisseurs.







L'auteur nous donne des repères historiques au fil du livre, qui aident à s'imaginer le contexte plus facilement. Il fait notamment référence à une révolution qui ressemble fortement à 1789, ayant fait chuter la noblesse un siècle environ avant les événements du roman. Cependant d'autres éléments font plutôt penser à une période qui correspondrait plutôt à l'entre-deux-guerre, avec entre autre la présence d'un "Grand Mur" qui fait sacrément penser à notre bonne vieille Maginot. de plus, la haine raciale exacerbée par les différents nationalismes des peuples présents et la montée du populisme nous font plutôt quitter le XIX em siècle.

Comme dit précédemment le racisme est un élément crucial du livre. Clément Bouhélier y ajoute les différences culturelles et géographiques, chaque peuple est unique certes. Mais aussi chaque région, les spécificités géographiques culturelles, économiques et politiques régionales sont très détaillées. L'auteur ne s'arrête pas aux différences raciales.

Le Monde
Forêts, montagnes, plaines, déserts, recouvrent Olangar, péninsule bordée par des mers tumultueuses, un très bon point du livre la présence d'une carte. C'est un ajout très appréciable pour moi, pour se plonger encore plus dans un roman.



Intéressons nous maintenant aux races qui peuplent ce monde. Trois races vivent en Olangar, humains, nains, elfes et orcs. Je trouve juste un peu dommage que l'on reste sur des races que l'on retrouve très souvent en Fantasy, de la nouveauté de ce côté aurait rajouté encore de l'originalité au livre.

Les Hommes


La race dominante de Olangar, administrée par une monarchie constitutionnelle établie depuis un siècle des suites d'une révolution qui a fait chuter la noblesse. Ils sont divisés en deux camps:

Le Nord: Montagneux et industriel, couvert de chemins de fers, de mines, de villes ouvrières abritant une multitude d'usines de chantiers navals. Politiquement ils sont majoritairement "unionistes" un parti qui s'apparenterait aux Jacobins. Olangar ville industrielle et tentaculaire, est leur capitale.

Ils s'opposent au:

Provinces du sud: moins industriel, possédant une économie restée plus rurale que celle du nord et qui de fait fournie celui-ci en denrées alimentaires. le sud est plus conservateur et traditionaliste, politiquement ils sont dominés par le Parti régionaliste des Girondins donc.

Il y a entre les deux partis une aversion très forte, ceux du Sud reprochant au Nord d'avoir eu un comportement horrible durant la révolution. Et ceux du nord considérant les Sudistes comme des aristos, vieille noblesse, fait penser guerre de Vendée.

Les Nains


Ils vivaient majoritairement dans les montagnes entourant Olangar, travaillant jadis comme bergers, ou fermiers. L'arrivée de la modernité les a poussée à migrer vers les grandes villes humaines. Dotés d'une grande résistance physique, ils sont devenus un peuple de prolétaires au service des humains. Régulièrement ils se révoltent contre les hommes pour exiger de meilleures conditions de travail.

Ils se divisent entre les mineurs occupant les petites villes industrielles des montagnes. Les ouvriers des chantiers portuaires. Leurs grèves conduites par le syndicat révolutionnaire la Confrérie redoutée des hommes, sont meurtrières. Ainsi que les nains opérants dans le textile.
Les Elfes


Peuple fière, à tendance isolationniste resté religieux ils s'aventurent rarement hors de leur royaume, le Pradennad. Situé au centre Est le long du Grand Mur. Agile et doté d'une excellente vue, ce qui en fait de redoutables soldats, notamment à longue distance. Ils furent les alliés de circonstance des hommes pendant la guerre contre les Orcs. Ils payèrent un lourd tribut en vies humaines durant ce conflit, ils se virent même amputés d'une partie de leur territoire.

Les Orcs


La race la plus puissante physiquement du monde. Ils sont presque invulnérables au corps-à-corps, avec leur biologie et grâce à leur grande maîtrise des armes blanches. Ils sont craints et haïe des autres races. Cela est dû à leur tentative de conquête des Royaumes elfiques et humains qui échoua d'extrême justesse, grâce aux efforts combinés des hommes des elfes et des nains. Hors de leurs terres ils sont réduits en esclavage ou exposés comme des bêtes de foire. Ils espèrent prendre leur revanche et mènent des incursions de plus en plus fréquente au niveau du "Grand Mur" construit spécialement pour les empêcher de revenir.

Le style
Directs et châtiés, sont les deux qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour décrire la plume de Clément Bouhélier. La lecture se fait facilement, les chapitres sont très courts cela peut être aussi considéré comme un défaut. J'ai pour ma part perdu parfois un peu le fil de l'histoire au fil des pages, c'est tout à fait subjectif mais je ne suis pas trop amateur des chapitres ne dépassant pas la dizaine de pages. Surtout quand le nombre de personnages est assez conséquent.

La forme est quant à elle est plutôt agréable à lire, l'emploi de langage châtié et d'argot dans les dialogues me fait un peu penser à Gagner la guerre de Jawroski. C'est un pari risqué beaucoup d'auteurs tombent dans l'excès en blindant les échanges d'insultes, mais ça fonctionne bien ici.

La narration quant à elle ajoute beaucoup de détails historiques, économiques, culturelles et politiques à l'histoire de façon détaillée mais sans que l'on s'y perdent.

Le scénario
C'est l'autre atout du livre selon moi. le livre débute de manière assez classique, par le récit de la bataille d'Onanga, qui fut la bataille décisive entre les Orcs et la coalition défensive des Hommes, des nains ainsi que des Efles, qui vit la victoire in extrémiste de ces derniers. Nous faisons ensuite un saut de 17 ans dans le future, en retrouvant les protagonistes principaux de cette bataille. Notamment Torgend Aersellson un elfe bannie de son royaume, qui sombre dans l'alcoolisme. Il sera amené à coopérer avec Evyna d'Enguerrand, fille d'un seigneur du sud, vétéran de la guerre lui aussi et qui a combattu au côté de Torgend. Evyna vient au Nord pour faire la lumière sur la mort de son frère, qui a perdu la vie dans des circonstances mystérieuses dans la zone du "Grand Mur". Elle espère trouver auprès de Torgend de l'aide.

On retrouve aussi Alnarea de Boiseaux, l'auteur accorde une place importante aux femmes dans le livre. Alnarea fut la générale des forces armées humaines durant la guerre contre les Orcs. Elle est l'héroïne de la Bataille d'Onanga, respectée dans tout le royaume, charismatique, elle partage le pouvoir avec la chancellerie.

Les Orcs menacent toujours les royaumes voisins, et l'ombre d'une nouvelle guerre qui s'annonce encore plus meurtrière que la précédente plane sur Olangar.

Là où l'histoire trouve son originalité de mon point de vue, c'est grâce à l'utilisation du contexte politico-économique. Avec l'approche des élections, qui montrent les divisions existant au sein des hommes. 3 candidats s'affrontant:

Ettor Aspremont: le chancelier en place, représentant le Parti unioniste qui domine traditionnellement la partie Nord du Royaume des hommes. Il est décrit comme un homme d'Etat médiocre et impopulaire, occupant son poste presque par défaut, de façon similaire à un F.Hollande. Il est à la tête d'un Royaume avec une classe politique inapte à répondre aux attentes du peuple.

Ransard d'Alverny: le régionaliste, parti défendant les intérêts des provinces du sud. Malheureusement pour les Sudistes d'Alverny est l'archétype de l'apparatchik, dépourvu de charisme, la corpulence d'un Donald Trump couplée à la sexualité d'un DSK en fait un candidat peu attrayant pour les électeurs.

Isabeau Malberg: le populiste, c'est le troisième homme de cette campagne, jeune et charismatique. Il use d'une rhétorique ultra-nationaliste, protectionniste, et belliciste pour séduire les masses populaires et l'armée. Ajouté à cela ses promesses de baisse d'impôts et ses origines sudistes lui font gagner des voix parmi la classe dominante et dans le sud conservateur.

Trop peu souvent utilisée, la politique donne de la valeur au roman. de plus la présence de courants idéologiques divers, avec des personnalités antagonistes ne nous fait pas tomber dans une histoire trop manichéenne.

Clément Bouhélier réussit de même à donner à son roman de l'intérêt avec son traitement de la lutte des classes. Il nous plonge dans le combat des dockers nains qui avec l'aide de la Confrérie et leur leader charismatique Baldek Istomin entament une grève, qui va mettre en exergue les conditions de vie âpres et la rancoeur des nains exploités par les hommes. Cela instaure une ambiance pré insurrectionnel au scénario, qui en plus de la menace Orc, fait présager le danger d'une nouvelle guerre civile qui mettrait à feu à sang le Royaume humain.

Sont également abordés des sujets de société comme la consommation de drogue, de l'alcoolisme et les trafics qui y sont liés. le livre accorde donc une place importante au chef de la pègre, Mandrac: Criminel redoutable, qui contrôle le commerce d'Abniss une drogue puissante consommée par les ouvriers faisant penser à l'Opium. Mandrac a des contacts très haut placés au sein de la chancellerie, cela va nous plonger dans les méandres du système politique corrompu d'Olangar.

Conclusion
Ce fut une très belle découverte, j'ai vraiment apprécié qu'un auteur français s'attaque au SteamPunk Fantasy moderne, sous genre très marginal en France, le pays de Jules Verne un comble! C'est bien dommage, l'histoire de France du second empire, de la Belle Epoque, et du début du XXe siècle est vraiment très riche: découverte scientifique, colonialisme, lutte des classes, querelle entre conservatisme et modernité, racisme, et guerre bien entendu, pourraient être merveilleusement traités.

Ce qui est vraiment appréciable dans le livre, c'est l'univers que j'ai abordé très largement dans cette présentation, mais aussi les personnages qui sortent du champ traditionnel de la fantasy. Ceux qui tiennent le mauvais rôle dans ce roman ne sont pas des sorciers, des rois cruelles, ou des voleurs, mais des politiques, des industriels et des mafieux. Ils ne sont pas tous blanc ou noir certains sont certes complètement machiavéliques, mais d'autres brillent juste par leur incompétence ou médiocrité. Comme certains de nos dirigeants contemporains.

Le point faible du livre d'après moi, c'est qu'il est trop court pour atteindre pleinement son potentiel. Certes l'histoire est divisée en deux parties, le second opus De Bans et Barricade est déjà en vente, et ce premier livre a pour rôle principal d'introduire l'univers. Mais à mon sens la volonté de l'auteur de retranscrire un univers si riche, et trop restreinte par le format qu'il a choisi. Je pense que "Bans et Barricades" aurait eu encore plus de charme sous forme de trilogie, avec des chapitres prenant plus le temps de développer chaque histoire, et insister encore plus sur le contexte historique et politique.

Cela reste un très bon livre, et j'ai hâte de commencer la suite, je conseille vivement aux amateurs de Fantasy voulant sortir de l'univers médiéval fantastique de se lancer dans l'univers De Bans et Barricades!
Lien : https://t.co/bxA5NkPnAv
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je ne vais pas écrire une grosse tartine, nous sommes dans un monde peuplé par les créatures de fantasy classique, Elfes, Nains, Trolls et humains.
Il n'y a parcontre pas de magie, l'originalité de cette univers vient du fait que nous sommes plonger en plaine révolution industrielle.

Le train existe ainsi que les armes a feux, les gens travaillent dans des usines, il y a des organismes qui font office de syndicat.

Nous suivons une demoiselle qui enquête sur la mort de sont frère militaire et qui demande l'aide d'un Elfe connaissance de son père pour faire tout la lumière sur cette histoire.
En parallèle nous suivons également la lutte des Nains ouvriers pour améliorer leur quotidien de travailleurs.....

Le récit a un côté social surprenant est très agréable, le rythme est enlevé, ont s'ennuie pas un instant, les péripéties s'enchaînent....
Ont est dans un livre adulte, avec une bonne dose de violence, les protagonistes hésite pas à découper et à faire recours aux flingues si besoin.....

Franchement j'ai passé un très bon moment de lecture, les pages ont defilées a toutes vitesse.


Petit bémol peut-être, les opinions politiques de l'auteur sont bien visibles est si la lutte des classes et autres joyeuseté de gauche vous dérange peut-être que les thèmes du livre et le traitement de l'histoire peut déranger.....

Après je pense réellement que cette série mérite d'être découverte, que l'écriture est de qualité et le récit est vraiment bien prenant et l'immersion en terre d'Olangar en vaut le détour....
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Il y a un moment, il faut bien se mettre au travail et commencer à bosser sur ce fichu mémoire concernant l'écologie et les luttes sociales dans la fantasy française. Et ça tombe bien, Clément Bouhélier a sorti un joli bouquin de 900 pages que les éditions Critic ont coupé en deux mais tout en acceptant de sortir ses suites, Bans et barricades. Premier tome de la trilogie Olangar, il déploie un monde de fantasy tout à fait classique, à l'exception d'un léger détail : le cadre médiéval a été remplacé par la Révolution industrielle.
C'est donc parti pour la découverte du royaume d'Olangar, dont la capitale du même nom tente de faire survivre une illusion de démocratie. Après une Révolution que l'on devine très proche de celle de 1789, le pays s'est enfermé dans le compromis de la monarchie parlementaire, où le chancelier possède malgré tout la plupart des pouvoirs et est élu en fonction des élections législatives. Depuis des siècles, le pouvoir est réparti entre les unionistes (en gros : LREM) et les régionalistes (en gros : le PS). Mais depuis une guerre contre les orcs ayant profondément traumatisé les citoyens, un troisième parti prônant ouvertement les discriminations des non-humains a fortement gagné en popularité. Les nobles réactionnaires, les pauvres sans éducation politique, et les petits propriétaires soucieux de garder leurs bénéfices peuvent désormais tous s'unir dans une haine fraternelle contre l'étranger. C'est-y pas magnifique.
On pourrait donc penser qu'il s'agit d'un simple décalque de la politique française à l'époque où est sorti le bouquin, LR et LFI en moins. Mais Bouhélier sait distiller de petites variantes afin de ne pas accoucher d'un pamphlet doté de la subtilité d'un AK-47 : si en France la centralisation s'est imposée avec la victoire des Jacobins sur les Girondins, ici elle est beaucoup plus contestée. C'est donc plus sur un clivage centralisation-décentralisation que sur le clivage gauche-droite que Bouhélier construit son monde politique. La gauche traditionnelle, habituellement associée au productivisme (PCF, SFIO, trotskystes, ect.), reprend donc une caractéristique de la Deuxième Gauche et s'oppose ainsi autrement aux mécanismes du capitalisme qui voudrait concentrer le plus de capitaux en un endroit précis et sous-traiter les périphéries.
L'idée de décentralisation n'est jamais traitée de manière manichéenne : elle permet aux provinces du Sud une semi-indépendance et donc à ses habitants de s'auto-déterminer face à un Nord plus autoritaire. Mais il est aussi un des derniers bastions du pouvoir religieux, et si les luttes du prolétariat y ont fait leur petit bonhomme de chemin grâce aux doctrines sociales de la religion locale (une sorte de christianisme revu façon lutte des classes avant Robespierre), celles-ci pourraient bien laisser place à des idéologies beaucoup plus réactionnaires. Ce qui nous amène à Malberg.
Malberg n'est que la face visible d'une extrême-droite que l'on devine bien plus tentaculaire. Si le parallèle avec le RN est évident, il existe également d'autres organisations beaucoup plus violentes, qui m'ont évoqué le GUD, Génération Identitaire, les mafias traditionnelles, et toutes ces autres organisations dangereuses et nauséabondes faisant la fierté de notre terroir. On trouvera le Groendal, mystérieuse association dissoute mais aux membres encore bien actifs ; Alnarea de Boixseaux, officière de l'armée m'ayant pour ma part beaucoup fait penser à Marion Maréchal le Pen ; mais aussi la pègre de Mandrac, sorte de méchant en mode maître du monde mouhahaha, mais suffisamment froid et rusé pour être crédible.
Enfin, si comme moi vous ne vous reconnaissez pas dans toutes les organisations qui vous ont été présentées, sachez qu'une extrême-gauche existe aussi, mais en-dehors des partis. le syndicat de la Confrérie, spécialement créé pour les nains (mon Dieu, une organisation non-mixte !), pèse beaucoup grâce à son leader Baldek Istömin. Mais autant vous prévenir, ses méthodes sont moins proches de la CFDT que de Don Corleone ! Torture, assassinats, soulèvements armés : ce nain est engagé dans une spirale de violence qui pourrait bien détruire tout le monde, y compris lui-même.
Et c'est tout à l'honneur de ce bouquin de faire valdinguer à ce point tout manichéisme : aucun camp n'est parfait, qu'il s'agisse du parti centriste corrompu ou de l'association extrême prête à tuer sans état d'âme. Si nous suivons principalement le camp des travailleurs, nous ne les idéalisons pas non plus : leur lutte est brutale, au jour le jour, et sans transcendance.
On ne s'étonnera donc pas de retrouver des tropes du polar ou du western dans cet univers impitoyable. Nous y suivons Evyna d'Enguerrand, jeune noble du Sud venant libérer Torgend Aersellson, elfe banni des siens pour avoir combattu auprès des humains. Elle enquête en effet sur l'assassinat de son frère à l'armée, lequel pourrait bien avoir un lien avec les élections qui sont sur le point d'arriver. Commence alors un périple à travers tout le royaume d'Olangar, dévoilant un monde tourmenté par une industrialisation dévorante : des longues plaines monotones à l'enfer de Frontenac, nous affrontons un univers où l'être humain a définitivement pris le pas sur la nature, et pourrait bien sombrer à son tour s'il ne calme pas son orgueil.
Bref, rien qu'avec un background pareil, je ne pouvais pas passer une mauvaise lecture. Pourtant, j'ai eu l'impression que l'auteur pouvait pousser son délire encore plus loin. Prenons la décentralisation des régionalistes : elle pourrait être un premier pas vers des revendications écologistes dont cet univers aurait grand besoin. Mais que dalle, on en reste à de simples luttes de pouvoir entre nobles ayant rejoint la bourgeoisie. Pareil pour la société elfique : si au départ elle semble tout ce qu'il y a de plus cliché, on la découvre peu à peu sclérosée dans son conservatisme, mais nous n'en saurons jamais beaucoup plus sur ses luttes internes.
Les personnages eux aussi auraient gagné à être exploités davantage. J'ai beaucoup aimé Evyna pour son petit côté « catho de gauche », assez peu exploité en fantasy, mais il disparaît bien vite dès lors que sa quête de vérité se transforme en quête de vengeance. de la même manière, Baldek Istömin ne rencontre jamais de contradicteur sérieux qui lui permettrait de réagir en déployant sa vision du monde en profondeur : moi qui aime les personnages jusqu'au-boutistes et tourmentés, je trouve qu'on perd en fascination pour le personnage.
Enfin, l'absence de réel espoir sur une bonne partie du roman crée une ambiance quelque peu étouffante. Pour quelqu'un qui comme moi a tendance à ne voir aucune issue à la montée des fascismes, au désastre écologique et social et aux répressions des luttes contre les minorités (du moins jusqu'à récemment : je vous avoue que je vois la grève actuelle d'un très bon oeil), le fait de découvrir une société exactement « comme la nôtre, mais en pire » est un assez gros frein. L'absence d'un parti progressiste, certes nécessairement imparfait, mais réellement exigeant dans ses engagements manque à un univers ne se voulant pas dark fantasy mais tout de même bien sombre par moments. La révolution est considérée comme déjà passée, tout n'est désormais plus qu'affaire de luttes sans fin ; or pour une histoire se déroulant en plein pseudo-XIXe siècle, il serait bête de passer à côté de thématiques comme la révolution socialiste, sachant que même un univers comme Dragon Blood que je considère plus axé sur l'aventure et le divertissement possède un équivalent féminin de Karl Marx.
Bref, ce premier tome d'Olangar offre une fantasy postmédiévale d'une grande maîtrise et d'une grande maturité, proposant un univers politique complexe et cohérent ainsi qu'une intrigue riche et trépidante. Mais l'absence de tout espoir (du moins dans sa première partie), et l'impression que certains pans auraient pu être encore plus développés, font que je n'ai pas non plus eu de véritable coup de coeur. Reste que ces défauts relativement légers s'estompent peu à peu, ce qui n'augure que du bon pour les suites. Que je lirai naturellement avec un grand plaisir car après tout, c'est pour ma culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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critiques presse (3)
Syfantasy
20 juillet 2021
Avec un prologue explosif et une fin tonitruante qui s’inspire des Misérables de Victor Hugo, Clément Bouhélier promet une fresque de fantasy à l’ère de la Révolution Industrielle remplie de réalisme, de politique et d’actions !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
SciFiUniverse
04 septembre 2018
Avec un style fluide et dense, l’auteur nous promène entre témoignage de guerre, scène digne d’un western et guerre civile façon Trois Glorieuses ou même Commune. Les descriptions d’action sont très vivantes, précises et réalistes.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Elbakin.net
31 août 2018
Le lecteur est ainsi entraîné dans les lieux emblématiques de la période, des fonderies aux docks, des quartiers ouvriers aux demeures bourgeoises. Loin d’être un simple élément de décor plaqué en arrière-plan du récit cette révolution industrielle en est un acteur principal par les problématiques qu’elle soulève.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quand tu y auras vécu plusieurs jours, tu comprendras. Tu sauras dans quel antre tu as mis les pieds. Une ville à l’allure de putain crasseuse.
Pas besoin de plusieurs jours. Quelques minutes suffisent, Olangar ne produit rien de sain. Aucun verger ici, aucun champ de légumes. La capitale est le ventre du royaume. Un ventre qui se gave des denrées fournies par les provinces du Sud. Les bas quartiers sont ses boyaux.
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À cet instant, un gros homme chauve surgit derrière le comptoir et s’époumone en invectives. Le patron. Les habitués le savent : il tient à son grand miroir mural plus qu’à ses recettes du mois. Il le lustre tant qu’il peut. Étrange, cette glace dans cette taverne ? Risqué ? Pas vraiment. Les rixes ne sont pas monnaie courante en ce lieu. Plusieurs putes du port s’y vendent. En cas de bagarres régulières, elles iront ailleurs, les clients en sont conscients. Ils évitent donc de faire du raffut. Et il y a une autre raison. La Confrérie des nains organise certaines de ses réunions dans cette taverne : ses membres apprécient la discrétion, et personne n’a intérêt à se fâcher avec eux. De fait, l’endroit reste calme. Le patron exhibe sans crainte son grand miroir. Les clients peuvent y voir leurs trombines de dockers, d’ouvriers, de « gueules noires » ou de voleurs. Ils peuvent constater que la même suie les recouvre. Ils peuvent aussi reluquer le reflet du cul des putes qui s’assoient sur le comptoir. Habituellement, le verre ne risque donc rien.
Habituellement…
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Nous devons aller au combat, confrères. Dès demain, je vous invite à déposer vos outils et à prendre vos armes Dès demain, je vous invite à vous rendre aux chantiers, non pas pour y travailler, mais pour les occuper ! Montrons à nos dirigeants corrompus que nous savons encore opposer la force du nombre à celle de l'argent ! Montrons-leur notre colère ! Rappelons-leur ce qu'est un soulèvement ouvrier ! Confrères ! Rappelons-leur à tous ce qu'est la grève générale ! 
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Une société qui accepte de vivre sur l’écrasement de certains de ses membres ne mérite pas mieux. Elle est coupable dans son ensemble…
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Comme nombre de politiciens, il souffrait d'un profond complexe d'autorité et perdait patience à la moindre contrariété.
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Lecture du début du Tome 1 d'Olangar de Clément Bouhélier
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